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vent ce qui en est, qui ont quelque intérêt à ce que le soleil luise enfin sur cette caisse importante et mystérieuse, et qui pourraient se trouver compromis par un plus long silence; nous en appelons aux hommes loyaux et amis de la liberté de tous les partis et de toutes les opinions; nous en appelons enfin à l'opinion publique, et nous demandons, au nom des Eglises de France, auxquelles ont été donnés dans le temps les fonds jusqu'ici secrets, que des comptes soient régulièrement rendus, et qu'elles soient informées, comme elles ont le droit et le devoir de demander à l'être, de l'origine et de l'importance de ces fonds, de leur emploi, et de la manière dont ils sont administrés. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que nos feuilles seront ouvertes à toutes les communications que nous sollicitons et qu'on voudra bien nous faire sur ce grave sujet.

a

SOCIÉTÉ DE Prévovance et dE SECOURS ÉTABLIE A BORDEAUX EN FAVEUR DES VEUVES ET ORPHELINS DE PASTEURS APPARTENANT A

L'ÉGLISE PROTESTANTE DE FRANCE. 3 année, 1831.

La Société s'est réunie en assemblée générale à Bordeaux, le 27 et le 28 juin dernier. Le rapport du conseil d'administration a été présenté par M. le pasteur Vermeil, mais n'a pas été publié, l'assemblée générale ayant décidé, par un motif d'économie très louable en lui-même, de ne livrer à l'impression qu'un court extrait des procès-verbaux de ses séances, en autorisant spécialement cette année tout membre de l'association à demander communication aux secrétaires de l'original de ces procès-verbaux, et même à en prendre ou faire prendre des copies. Nous approuvons le principe; cependant il nous semble qu'il aurait pu céder cette fois à d'autres considérations plus importantes, et nous regrettons que l'assemblée n'ait pas cru devoir publier au moins tout ce qui, dans ces procès-ver baux, concerne une détermination d'une grande importance dont nous nous occuperons ci-après. L'autorisation de prendre communication ou copie est à peu près illusoire', puisque la plupart des membres de l'association ne résident pas à Bor

deaux, que la copie de ces documens qui sont, nous dit l'extrait que nous avons sous les yeux, fort étendus, entraînerait des frais que nos pasteurs ne peuvent pas faire, et puisque enfin cette autorisation est bornée aux membres actuels de la société, et ne regarde pas ceux qui auraient le plus d'intérêt à connaître cette discussion dans tous ses détails, pour savoir s'ils doivent ou non se joindre à l'association.

Le nombre des membres de l'association était de soixante-six, et plusieurs pasteurs avaient écrit pour s'y affilier. Une ordonnance royale, en date du 19 janvier 1832, a autorisé la Société comme établissement d'utilité publique, à charge par elle 1o de ne faire aucune modification à ses réglemens sans l'autorisation du gouvernement; 2o de soumettre son réglement intérieur à l'approbation du ministre de l'instruction publique et des cultes; 3° d'adresser tous les six mois au préfet de la Gironde et au ministre un extrait de son état de situation.-Les comptes, arrêtés au 31 décembre 1831, présentaient alors un actif de fr. 12,902.05. La plus stricte économie a présidé aux dépenses qui, somme totale, ne se sont élevées, dans l'année, pour impression du réglement et des rapports, ports de lettres, affranchissement du rapport, copies, registres et frais divers, qu'à fr. 197.35. Trois pasteurs ont été admis au nombre des membres de la Société, et sont compris dans les soixante-six. Six pasteurs ont cessé de faire partie de la Société, parce qu'ils n'ont pas satisfait à la souscription, et deux en ont été exclus, parce qu'ils ne sont plus salariés par l'Etat. -- Le montant de la souscription a été fixé à 50 fr. pour 1832 (1). A l'avenir, les séances générales annuelles auront lieu au mois de février. Nul n'a salué avec plus de joie et d'approbation que nous la naissance de la Société; nul n'a formé pour sa prospérité des vœux plus vifs ni plus sincères; nous en appelons à cet égard à notre livraison de septembre 1830 (13° année, p. 400). Nul ne peut donc voir non plus avec plus de regrets que cette insti

(1) Dans l'état actuel de la Société, nous ne comprenons pas bien

cette diminution,

tution si utile, si nécessaire dans nos églises, ne marche pas en avant; qu'elle languit, et que l'on peut craindre dès à présent qu'elle n'atteigne pas le but qu'elle se propose. Cet état de langueur est manifeste par le compte-rendu que nous avons sous les yeux. Le nombre des sociétaires diminue au lieu d'augmenter; il y a eu en 1831 trois accessions et huit radiations. Après trois ans d'existence, une association qui devait, ce semble, réunir les efforts et les vœux de tous les membres de nos églises et en particulier des consistoires en état de la soutenir, n'a pu, entre les dons et les souscriptions, parfaire le capital de 15,000 francs, sagement exigé par le réglement pour ouvrir les pensions, et déjà, depuis 1830, une veuve attend le moment de jouir des droits que lui a acquis la souscription de son mari.

Quelle est la cause de ces faits qui, nous le répétons, nous affligent plus que personne? Sans doute l'obligation de payer après l'âge de trente ans, pour devenir membre de la Société, avec l'intérêt à 5 pour 100, les sommes qu'on aurait versées si l'on s'était fait recevoir à cet âge, plus un droit d'entrée qui, pour trois ans de retard, s'élève à 40 fr. et augmente de 20 fr. chaque année; sans doute la pauvreté générale de nos pasteurs, le manque d'ensemble et d'union dans nos Eglises, peuvent les expliquer jusqu'à un certain point; cette explication n'est cependant pas, à notre avis, suffisante, et nous sommes conduits à nous demander si une des causes ne serait pas le manque de largeur dans la base sur laquelle la Société s'est assise, en ne voulant admettre dans son sein que les pasteurs nommés par le gouvernement dans les Eglises légalement reconnues comme faisant partie du corps que les lois actuelles désignent par Eglise réformée ou protestante de France (1).

Dès l'origine nous avons aperçu ce vice dans l'organisation de la Société ; mais nous nous sommes abstenus d'en entretenir le public par la crainte de nuire à la Société, tant que nous avions l'espoir de voir modifiées ces dispositions de son régle

(1) Réglement, art. 2, ct arrêté de l'assemblée générale du 18 et du 19 août 1831. Cette description comprend-elle ou non les pasteurs de la confession d'Augsbourg?

ment. L'année passée encore, nous avons préféré ne rien dire de la séance générale du mois d'août que de dire ce que nous pensions de l'exclusion de MM. les pasteurs Audebez et Reclus, prononcée à cette époque, parce que la question de principe avait été renvoyée à l'examen du conseil, et que nous n'avions pas encore perdu l'espérance de la voir résolue dans le sens que réclamait impérieusement, selon nous, l'intérêt de la Société comme celui de nos Eglises et de nos pasteurs. Mais aujourd'hui qu'une solution définitive est intervenue, solution malheureusement en opposition avec les vrais principes qui nous semblent devoir régir la matière, nous entrerons librement dans l'examen de cette question, et cela dans l'intérêt même dans lequel la Société de Bordeaux a été fondée, et que nous avons à cœur autant que qui que ce soit.

Le conseil a présenté à l'assemblée qui nous occupe un long travail sur l'article 8 du réglement (1). MM. les pasteurs Vermeil et Villaret, chargés par le conseil d'examiner cette question, avaient conclu, 1° qu'il n'y a pas lieu à modifier le texte de cet article; 2° qu'il y a lieu à interpréter ledit article; et ils avaient présenté un système d'interprétation. Le conseil, et après lui et sur sa proposition, l'assemblée générale ont adopté la première conclusion de la commission et ont rejeté la seconde, c'est-à-dire qu'aucun pasteur non nommé par le gouvernement et non reconnu par un consistoire ne peut demeurer membre de la Société.

C'est moins, à notre avis, l'article 8 qui demande, non une interprétation, mais une modification fondamentale, que l'article 2 qui veut qu'un pasteur ou professeur soit nommé par le

(1) Cet article stipule que tout souscripteur cesse d'être membre de Ja Société, s'il cesse ses fonctions de pasteur dans l'Eglise, aujourd'hui dite nationale, pour tout autre motif que celui de l'âge ou de la santé. Si à l'époque de sa démission, (et nous supposons aussi de sa destitution, quoique l'article ne le dise pas,) il a encore sa femme ou un enfant audessous de quinze ans, la société lui rembourse les trois quarts des sommes qu'il a versées; s'il n'a ni sa femme, ni enfant au-dessous de quinze ans, elle ne lui rembourse rien.

gouvernement pour pouvoir devenir membre de la Société. Une interprétation un peu large de l'art. 8 aurait diminué le mal sans doute, mais ne l'aurait pas déraciné, le principe que nous considérons comme fàcheux subsistant toujours.

C'est contre ce principe, qui nous paraît étroit et nuisible aux véritables intérêts de l'association, que nous nous élevons, et c'est dans l'adoption de ce principe que nous trouvons une des causes de la langueur avec laquelle se développe une institution qui aurait dû jeter de profondes racines dans nos églises. Nous ferons remarquer d'abord qu'il ne suffit pas d'être reconnu par le gouvernement pour qu'un pasteur ait le droit d'acheter de la caisse des veuves de Bordeaux l'assurance tranquillisante qu'il ne laissera pas sans pain sa femme et ses enfans, c'est-à-dire qu'il ne suffit pas que l'Eglise qu'il paît ait fait à l'autorité toutes les déclarations voulues par nos lois, et qu'il exerce paisiblement son ministère sous la protection de l'autorité; il faut qu'il soit nommé par le gouvernement et par conséquent salarié sur les fonds du budget, et appelé par un consistoire.

Nous ne traiterons pas la question sous le rapport de l'union, de la fraternité, etc., puisque l'assemblée générale l'a déclarée tout-à-fait étrangère à toute question de tolérance, de charité, de doctrine, etc.; nous aurions peut-être bien quelques observations à faire; mais nous acceptons cette déclaration, et nous ne dirons quelques mots que de la question financière.

Nous cherchons, sans pouvoir le trouver, quel est le rapport qui existe entre être reconnu et salarié par l'Etat, et assurer, par une contribution annuelle, une pension à sa veuve et à ses enfans. Une société de ce genre est une véritable assurance mutuelle, et il est évident que si la Société cst fondée sur ses véritables bases, celles du calcul et de l'expérience, la contribution pourra être d'autant moindre et les avantages pourront ètre d'autant plus grands et plus assurés, que le nombre des sociétaires sera plus considérable. C'est dans ce nombre qu'est, humainement parlant, toute la prospérité et toute la solidité de la Société. Bien loin donc de créer des incapacités, il faut s'étudier à faciliter les affiliations par tous les moyens qui ne

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