Page images
PDF
EPUB

<< de mesurer l'éternité même; essayez de calculer ces périodes qui n'ont « point de nombres, ces périodes dont tous les grains de poussière de « la terre, tous les grains de sable des rivages, toutes les gouttes d'eau « des mers, toutes les étoiles des cieux, ne sauraient, dans leurs som« mes accumulées, achevant l'infinie grandeur, ces périodes, dont l'in«< commensurable longueur ne peut être égalée que par l'incommensu<< rable durée de vos dévorans remords; essayez de vous faire une idée << de cette éternelle misère qui vous menace, et, si vous y parvenez, << vous aurez une idée de ce qu'est le Livre qui peut conduire à un éter<< nel salut, vous aurez une idée de ce que c'est que la Bible; car c'est à la << balance de l'éternité, car c'est au poids de la gloire infiniment excel«<lente (1), c'est au poids du malheur infiniment accablant que l'on « doit peser la Bible. La Bible, c'est la Parole qui peut arracher à « l'enfer. La Bible, c'est la Parole qui conduit à Christ, mon maître, << au ciel! La Bible, c'est la Parole du salut, c'est le Livre que Dieu «< ouvre un jour dans la vie devant le pécheur pour le sauver, et qu'il «< doit un autre jour, dans l'éternité, ouvrir devant lui pour le juger!... « Ah! si, dans ce moment, un ange envoyé de Dieu venait vous an« noncer ici qu'il doit se lever demain, ce grand jour de la colère et <«< du juste jugement de Dieu, ce jour qui doit surprendre les hommes «< comme un larron dans la nuit, ou comme le déluge au temps de « Noé (2), que feriez-vous? Quelle part la Bible aurait-elle dans vos <«< empressemens et dans votre ardeur? quelle part dans votre vie? << Interrogez vos consciences!... Eh! bien, ce que vous feriez dans ce « cas, allez et faites-le dès aujourd'hui ; car c'est là la mesure d'hom« mage, de zèle et de soumission que vous devez à la Bible. La Bible, «< c'est la Parole du salut ! »

Nous regrettons de ne pouvoir citer tout entier cet excellent discours qui a dû produire une vive impression.

Le Consistoire de l'Eglise réformée de Paris a nommé dans sa séance du 7. septembre M. Athanase Coquerel à la place de quatrième pasteur de cette Eglise, devenue vacante par suite de la mort de M. le pasteur Marron.

Nous saisissons cette occasion de rappeler que la place nouvelle créée pour le departement de l'Oise, à la résidence des Ageux, n'est pas encore pourvue. Le Consistoire de Paris s'occupe de cette nomination et désire que MM. les candidats qui voudraient se présenter se fassent connaître à lui. Cette place ne peut guère convenir qu'à un pasteur jeune, robuste et doué d'un zèle plus qu'ordinaire pour

(1) 2 Cer. IV, 17.

(2) Rom. II, 5; 1 Thess. V, 2; Matth. XXIV, 57-59.

la gloire de son Maître et le salut des âmes. Le traitement, qui est de troisième classe et peu susceptible d'augmentation, est en raison inverse du travail et de la fatigue. Les limites de cette vaste paroisse sont celles du departement de l'Oise lui-même. C'est une véritable mission, mais une mission digne d'enflammer le zèle d'un fidèle serviteur de l'Evangile.

Le lendemain du jour du mariage de S. M. le roi des Belges avec la fille aînée du roi des Français, M. le pasteur Goepp, qui, comme nous l'avons dit, avait été appelé à donner la bénédiction nuptiale aux époux, a été offrir au prince la Bible qui avait servi pendant la cérémonie. Elle a été acceptée avec empressement et respect. M. le pasteur Goepp, M.V. Jægle, ministre du Saint-Evangile, et M. Eichhoff, bibliothécaire de la reine, et membre du comité de la Société Biblique de Paris, qui l'accompagnaient, se sont surtout, pendant cette visite, entretenus avec le roi de l'état du protestantisme et des travaux qui ont pour objet la dissémination des Saintes-Ecritures.

Mlle D. C., juive de naissauce, après avoir été instruite de la doctrine et des devoirs de l'Evangile, et avoir fait publiquement profession de la foi chrétienne, a été baptisée, le 16 août dernier, dans l'église de l'Oratoire. Un juif et sa femme, M. et madame T., ont été baptisés aussi à Paris, il y a quelques semaines. Enfin, une jeune fille juive suit, dans ce moment, le cours public d'instruction religieuse donné à l'Oratoire. Dieu veuille que ce soient là les prémices d'une abondante - moisson, et qu'un nombre toujours plus grand d'enfans d'Israël regardent à ce Sauveur que leurs pères ont percé!

ANNONCES.

LETTRES SUR CETTE QUESTION: Pourquoi la révolution de juillet a-t-elle trompé les espérances de la nation? avec cette épigraphe : Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il change?—Extrait du SEMeur. Br. in-8°. Paris, chez J.-J. RISLER, rue de l'Oratoire, n° 6. Prix : 1 fr.

Le Semeur, qui a pris rang, par une rédaction habile, parmi les meilleures feuilles non-quotidiennes qui s'occupent de politique, de philosophie et de littérature, s'en distingue par l'esprit chrétien qui règne dans tous ses numéros. Celui des collaborateurs de ce recueil qui est plus particulièrement chargé des articles politiques vient de répondre d'une manière très supérieure, dans une série de lettres, à

cette importante question: Pourquoi la révolution de juillet a-t-elle trompé les espérances de la nation? Elles ont été réimprimées séparément, et nous en recommandons la lecture à tous ceux qui ne les connaissent pas encore. L'auteur a cnvisagé nos affaires politiques sous le point de vue religieux : « C'était, dit-il lui-même dans une courte préface, se résoudre à heurter toutes les opinions dominantes; il a rempli ce devoir, parce qu'il est persuadé que l'avenir du pays tient ́essentiellement à l'avenir du Christianisme. Les amis de l'Evangile sont encore peu nombreux en France; depuis le grand naufrage de la foi chrétienne au dix-huitième siècle, on doit même reconnaître qu'ils n'y forment qu'une imperceptible minorité; mais la valeur des principes qu'ils soutiennent compense leur faiblesse numérique. Dans notre état actuel de civilisation il est impossible que la force reste long-temps aux mains des passions ou des masses; elle doit bientôt revenir, par l'effet d'une autre force plus puissante, aux idées morales et aux maximes d'ordre qui peuvent scules la gouverner. » Nous partageons cette espérance, et nous remercions l'auteur d'avoir montré à la France quelle confusion il y a généralement dans les idées sur les conditions essentielles au bonheur du pays. De déplorables erreurs règnent sur ce sujet dans tous les partis. « Si en examinant leur marche il a quelquefois, dit-il, employé des expressions énergiques, il l'a fait sans aigreur. Les sentimens de haine lui sont étrangers, et il n'a pas voulu composer une satire. Mais il aime assez la France pour ne taire aucune des vérités qu'il regarde comme essentielles à son bonheur, et il estime assez les Français pour croire qu'ils sont capables de les entendre. » Cette publication est utile, et nous espérons qu'elle portera ses fruits.

DISCOURS sur quelques sujets religieux. Avec cette épigraphe : « Ceux « à qui Dieu a donné la religion par sentiment de cœur sont bien << heureux et bien persuadés ; mais pour ceux qui ne l'ont pas, nous « ne pouvons la leur procurer que par raisonnement, en attendant 1 que Dieu la leur imprime lui-même dans le cœur, sans quoi la foi « est inutile au salut. » (PASCAL.) Par A. VINET. 2e édition, revue et augmentée. 1 vol. de 372 pages in-8°. Prix : 4 fr. 50 c.

Nous ne sommes pas surpris d'avoir déjà à annoncer une seconde édition de cet ouvrage, quoique la première n'ait paru qu'il y a huit mois. Il est, en effet, peu de livres religieux qui soient aussi appropriés aux besoins de notre époque, et dont nous espérions autant, sous la bénédiction de Dieu, pour ramener les hommes à l'Evangile. Nous reviendrons sur cette seconde édition; aujourd'hui nous n'avons plus que la place nécessaire pour dire que l'auteur y a fait des additions importantes et d'assez grands changemens.

CORRESPONDANCE.

CONSECRATION DE M. JEAN SOHIER DANS L'Église de
MONTIVILLERS (Seine-Inférieure).

A Monsieur le Rédacteur des Archives du Christianisme.

Octobre 1852.

L'Eglise de Montivillers, section de l'Eglise consistoriale de Bolbec, vient d'être témoin de la consécration de M. Jean Sohier, jeune candidat qui avait été appelé à la desservir après la mort de son vénérable père. Quelques détails sur cette cérémonie religieuse ne seront pas, nous l'espérons, sans intérêt pour vos lecteurs.

De temps immémorial, peut-être même depuis la révocation de l'Edit de Nantes, on n'avait vu dans cette partie de la Normandie aucune consécration au saint ministère. Les jeunes gens de cette contrée qui s'étaient voués aux études théologiques avaient habituellement obtenu l'imposition des mains avant de revenir dans leur lieu natal. Mais pour cette fois un concours de circonstances dont on doit s'applaudir ramenait parmi nous notre jeune frère, bien qu'il ne fût pas encore consacré.

La nouvelle de cette cérémonie inconnue dans notre Eglise. consistoriale avait excité partout un vif sentiment d'intérêt. Les uns, qui apportent autant de zèle à s'enquérir des moyens d'édification que les hommes du monde à trouver des moyens de fortune, se réjouissaient de pouvoir puiser à cette source inaccoutumée d'émotions religieuses. Les autres, qui ne savent encore chercher dans la religion que des spectacles curieux et imposans, se promettaient, comme les Athéniens à l'arrivée de saint Paul, de voir et d'entendre quelque chose de nouveau, et ils s'intéressaient d'autant plus à cette cérémonie que leur imagination, livrée à elle-même par la longue absence 1832. 15e année.

28

de toute fête de ce genre, pouvait sans nul obstacle et la colorer et l'embellir.

Aussi, le 16 septembre, jour fixé pour la consécration, une affluence considérable se rendit à Montivillers de toutes les sections de la Consistoriale de Bolbec. Le temple, qui n'est que trop vaste dans les temps ordinaires, n'en put recevoir que la moindre partie. On remarquait dans l'enceinte un grand nombre de pasteurs: MM. Maurel, Alègre et Félice, pasteurs de l'Eglise consistoriale de Bolbec; MM. Paumier et Lemaître, pasteurs de l'Eglise consistoriale de Rouen ; MM. Mark Wilks, Fivaz et Mines, pasteurs de diverses dénominations; MM. Dardier et Daniel de Félice, ministres du SaintEvangile.

Le discours de consécration fut prononcé par le pasteur de l'Eglise réformée de Bolbec, M. Félice. Il avait choisi pour texte ces paroles de saint Paul à Timothée: « Persévère dans << ces choses, car en faisant cela, tu te sauveras toi-même et «< ceux qui t'écoutent. » (1 Tim. IV, 16.) L'orateur s'était proposé d'examiner l'importante question des rapports du ministère évangélique avec l'état actuel des Eglises réformées de France. Il a signalé trois grandes plaies, trois vers rongeurs dans la situation religieuse du protestantisme français : l'incrédulité, l'indifférence et le pharisaïsme; puis il a cherché comment le pasteur de nos jours peut guérir ces plaies, et quels sont les moyens qu'il doit employer pour vaincre de si redoutables ennemis. Nous ne donnons aucun extrait de ce sermon; il a lieu de penser que, sur la demande presque unanime des pasteurs présens et d'autres fidèles, il sera bientôt livré à la publicité.

y

Après avoir achevé son discours, M. Félice a invité le candidat à prendre les engagemens qui devaient témoigner de la pureté de sa foi et de la fidélité de ses doctrines. Voici le contenu des promesses qui ont été demandées par le pasteur et faites par le récipiendaire :

« Cher frère ! Conformément à la discipline de nos Eglises réformées, d'après laquelle le candidat au saint ministère de l'Evangile doit rendre témoignage de la pureté de sa foi, avant de recevoir l'imposition des mains;

« PreviousContinue »