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VARIÉTÉS.

UNE RÉCEPTION DE CATÉCHUMÈNES DANS LA MAISON CENTRALE DE DÉTENTION DE NISMES.

Cette maison fut d'abord une citadelle construite sur les débris du Rohan, et destinée à l'oppression des protestans

rable doyen, notre ami, notre frère bien-aimé; Marron, connu et estimé de tout Paris pour ses connaissances variées, la puissance de sa parole, l'aménité de son caractère, ses manières douces et prévenantes; Marron, pendant plus de cinquante ans l'un des ornemens et des plus fermes appuis de l'Eglise dont il fut le fondateur; Marron qui, dans la longue tourmente des graves et difficiles circonstances par lesquelles nous venons de passer, unissant toujours le zèle à la tolérance, la vérité à la charité, a si dignement représenté et si généralement fait respecter le protestantisme dans la capitale de la France.

« C'est à ce dernier titre qu'il nous appartenait, à nous aussi; qu'un large tribut de reconnaissance lui est dû par tous les protestans, que sa mémoire demeurera en bénédiction parmi nous. Et qui de nous ne se rappelle ici avec émotion, qui pourrait jamais oublier l'esprit de sagesse et de douceur, de support et de fraternelle conciliation qu'il manifestait dans toutes ses fonctions pastorales, ainsi que dans tous les rapports que nous eûmes avec lui, et dans nos discussions sur nos communs intérêts? Eloigné de tout zèle amer et exclusif, ami de la paix tant recommandée par le Sauveur à ses disciples, de quelle vive et sainte joie l'heureux accord qui existe entre nos Eglises ne faisait-il pas toujours battre son cœur! Et certes il n'a pas tenu à lui qu'une union encore plus intime, une fusion complète, telle qu'elle vient de s'opérer dans plusieurs autres pays, où l'on a reconnu que quelques légères nuances d'opinion ne doivent pas tenir plus long-temps séparés les élus de Christ, ne se consommât aussi de son vivant entre nous. Le temps n'était pas venu pour une œuvre si belle et si désirable; mais, n'en doutons pas, il viendra, il approche. Sur la tombe de notre vé◄ nérable défunt, et dans son esprit, d'après ses vœux, j'aime à en exprimer le doux espoir. L'Esprit de l'Evangile, esprit de lumière et de paix, ne peut manquer d'étendre de plus en plus sa salutaire influence; il ralliera en un seul et même corps ceux qui, sous diverses dénomi→

de la contrée. Après la révolution elle fut transformée en dépôt de mendicité, et depuis 1820 en maison d'arrêt. Les détenus, au nombre de onze cents, se livrent journellement à des travaux manuels de tout genre. Les protestans-nés, qui ne s'élèvent qu'à quarante, c'est-à-dire à un vingt-septième de la population de la maison, assistent à un culte divin qui se célèbre, chaque dimanche, dans un temple consacré à cet usage, et auquel, depuis plusieurs années, quelques prisonniers catholiques-romains n'ont pas manqué de se rendre avec régularité ; mais, depuis quelques mois surtout, leur nombre s'était accru d'une manière si considérable que, le temple se trouvant envahi et les portes encombrées avant l'heure du service, l'administration locale a cru de son devoir d'intervenir pour remédier à ce qu'elle a nommé une confusion. Jusqu'alors les détenus étaient obligés (tout en conservant la liberté du choix) d'assister à l'un des deux cultes célébrés dans la maison; mais à présent, par suite de nouvelles mesures prises pour empêcher l'envahissement du protestantisme, ils ont obtenu la faveur, lorsque la cloche appelle aux prières, de s'y rendre, ou bien de rester librement dans les préaux.

Cet adoucissement de discipline a déjà porté ses fruits; l'auditoire du temple s'est réduit de moitié, et la chapelle catholique a perdu trois cents assistans environ. Cependant, et c'est ce qui nous réjouit bien sincèrement au Seigneur, le temple compte encore plus de cent auditeurs, dont soixante appartenaient naguère à la communion romaine; c'est la réception de quatorze de ces derniers au sacrement de la SainteCène qui a eu lieu le 7 de ce mois.

nations, sont depuis long-temps unis en charité; et les efforts, 6 notre cher frère, que tu fis dans ta longue et honorable carrière pour propager cet esprit, le nourrir et le faire triompher, nous en recueillerons les heureux fruits.

<«< Notre reconnaissance, ainsi que celle de toutes les personnes qui ont eu occasion d'apprécier ton noble caractère, tes généreuses intentions et tes utiles travaux, t'est acquise à jamais. Nos bénédictions t'accompagnent devant le trône de l'Eternel!»

Les meilleurs renseignemens avaient été donnés sur leur conduite depuis l'époque de leur captivité et, outre leur zèle à fréquenter les saintes assemblées, ils avaient tous été d'une assiduité exemplaire à l'école d'enseignement mutuel instituée par les soins de M. le pasteur Frossard, et sous la protection immédiate de M. le préfet.

M. Frossard, qui avait pris pour texte de son discours ces paroles des Actes: Ce fut premièrement à Antioche que les disciples furent nommés Chrétiens (XI, 26), a parlé avec entraînement et avec onction; son but a été de faire comprendre à ces nouveaux convertis que celui qui embrasse Christ par la foi doit être une nouvelle créature. Ses paroles, écoutées avec attention, ont été recueillies avec foi, et il en a reçu bientôt la douce assurance, puisque, immédiatement après la cérémonie, il a reçu de ses catéchumènes la lettre suivante, que nous nous faisons un devoir de transcrire littéralement:

A M. Frossard (Emilien), pasteur de l'Eglise de Nismes, aumônier de la maison centrale de détention et du collége royal.

« Monsieur le pasteur,

« Nous venons aujourd'hui vous témoigner notre reconnaissance pour toutes les peines que nous vous avons données, ainsi que pour tous les soins que vous nous avez prodigués. Nous venons en même temps vous prier de ne pas nous abandonner. Nous avons pris la ferme résolution de suivre la religion évangélique que vous nous prêchez du haut de la chaire chrétienne. Oui, la Parole de vérité que vous nous annoncez a ému nos cœurs et nous a réveillés du sommeil de mort où nous étions plongés depuis long-temps. Quel jour heureux pour nous que celui où Dieu, par sa grâce, nous a ouvert le cœur comme à Lydie pour comprendre les SaintesEcritures!.. Nous venons, cher pasteur, vous protester devant Dieu que nous suivrons désormais les divins préceptes contènus dans le Livre de vie que nous avons le bonheur de posséder. Veuillez ne pas oublier de joindre vos prières aux nôtres, dans ce jour où nous allons nous approcher de la table sainte pour 1832. — 15° année.

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demander grâce et pardon à Dieu et nous réconcilier avec lui. Nous vous prions aussi d'inviter toutes les personnes charitables de se joindre à nous par leurs prières, afin que nous puissions, au sortir de notre captivité, devenir des hommes nouveaux et de zélés serviteurs de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, pour publier hautement le grand bien qu'il a fait à nos âmes en vous envoyant au milieu de nous pour nous faire choisir la seule chose nécessaire. Dieu veuille, dans ce monde, nous rendre les objets signalés de sa grâce et, après notre mort, nous recevoir dans le ciel ! Dieu veuille aussi ouvrir le cœur de tous nos compagnons d'infortune, afin qu'ils puissent comprendre à leur tour les Ecritures et parvenir par elles à connaître quelle est la vraie religion du Christ..... Nous finissons, monsieur le pasteur, en vous priant de continuer envers nous tous vos soins, et nous prierons tous ensemble le Seigneur de bénir vos travaux auprès de nous, pauvres et misérables pécheurs.

« Oui, monsieur, nous prions et nous prierons pour vous. Votre présence nous réjouit, et que le Seigneur vous bénisse ! « Vos très humbles et très fidèles serviteurs,

<< SALOMON BOUISSONNAT, P. COLIN,
A. BOURGUIN, M. CARRETIER, H. Du-
FOUR, C. FRECON, F. BENEDICTIS,
ROUSSON GILBERT, JACOB (JEAN-BAP-
TISTE), CH. RHOC, L. COUDERT, J.

PRIT, LIABAR, MELLET, L. DIXonne. »

Le 7 juillet 1832, Nismes, maison centrale de détention.

Heureux le serviteur de Christ qui voit ainsi son ministère couronné par d'aussi évidens succès!... Ou plutôt gloire éternelle à Jésus qui sait amener des âmes captives à son obéissance dans les prisons comme dans les palais!

A. BORREL, pasteur.

ECOLE DE THÉOLOGIE ÉVANGÉLIQUE DE GENÈVE.

Cours d'été de 1832 et Cours d'hiver de 1832-1833.

Beaucoup des lecteurs des Archives prenant un vif intérêt à l'Ecole de théologie de Genève, il leur sera sans doute agréable que nous fassions précéder l'annonce des cours d'hiver d'un rapport succinct sur les cours d'été.

M. Hævernick, retenu à Berlin par l'impression d'un ouvrage de théologie exégétique, a commencé ses leçons plus tard que ses collègues. Il a présenté à ses auditeurs une introduction générale à la grammaire hébraïque, ou une histoire de cette langue, dans laquelle il s'est appliqué à développer les divers points de vue qui forment comme les bases de l'édifice qu'il doit faire connaître. Il a de plus expliqué quelques passages de la Genèse d'après les règles d'une exégèse à la fois philologique, critique, historique et dogmatique, appropriée aux besoins de tous les étudians.

Dans le but d'établir des exercices plus particuliers sur la langue hébraïque, il a partagé les étudians en deux classes, après les avoir examinés. Ceux de la première classe ont exercé leurs forces dans l'explication des psaumes, soit par des compositions écrites, soit par des expositions orales. Ceux de la se-conde classe se sont appliqués aux élémens de la grammaire.

M. Steiger a ouvert, le 7 mai, son cours d'introduction générale aux livres du Nouveau-Testament par quelques idées sur l'origine, le but, la nature et le contenu des Saintes-Ecritures. Dans la suite de ces leçons, données d'abord plusieurs fois et plus tard seulement une fois par semaine, il a traité du nom du NouveauTestament, de l'idée de l'introduction au Nouveau-Testament, du canon ou des différentes collections du Nouveau-Testament dans les Eglises des premiers siècles, de la forme du texte dans les manuscrits, des instrumens eux-mêmes et du texte différent qu'ils contiennent, ou des leçons et des systèmes principaux de critique sacrée. Il a fini ce cours par l'indication et la description des anciennes versions du Nouveau-Testament, en réservant pour un autre cours ce qui regarde les traits caractéristiques de

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