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Les hommes ne peuvent pénétrer le secret de la réconciliation de l'homme avec son Dieu; c'est une transaction qui se passe entre Dieu et chaque âme. Elle tient, dans un certain sens et d'après le témoignage de témoins dignes de confiance, au fait de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ pour la rémission des péchés et la justification de son peuple. La connaissance de cette merveilleuse manifestation de miséricorde est une chose qui n'appartient pas aux étrangers. Dieu connaît ceux qui sont siens ( 2 Tim. II, 19), et il leur fait connaître directement qu'ils lui ont été rendus agréables en son bien-aimé (Eph. I, 6), par la démonstration du Saint-Esprit, et par la Parole de la vérité qui est l'Evangile. Ce n'est pas un fait qu'il soit donné aux autres hommes de connaître ; il se passe entre le pécheur et Jéhovah, et celui qui a son témoignage ne peut être trompé.

Mais quant à l'ordre de choses dont il est question dans le passage de saint Jacques, non-seulement les hommes peuvent en prendre connaissance, mais encore ils le doivent. Saint Jacques, depuis le quatorzième verset jusqu'à la fin du second chapitre de son Epître, démontre l'inutilité d'une simple profession extérieure du Christianisme, et explique comment la possession de la vérité divine doit-être distinguée d'un acquiescement vague et sans vie à ses doctrines : Que servira-t-il à un homme de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres? Remarquez qu'une grande partie de la force de ce passage repose sur le mot « DIRE>>: Que servira-t-il à un homme de DIREqu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres?.. Cette foi, ou plutôt cette assertion qu'il a la foi, cette profession extérieure qu'il croit aux vérités de l'Évangile, cette foi pourra-t-elle le sauver? sûrement non; vous ne trouverez pas dans toute la Bible que l'assertion qu'on a la foi soit un moyen de salut; mais il y est positivement et solennellement affirmé, et attesté de la part de Dieu, que celui qui possède la foi en Jésus-Christ est passé de la mort à la vie, qu'il est délivré de la condamnation, qu'il est sauvé, et que le ciel et la terre passeront plutôt qu'il ne peut arriver que Dieu manque de remplir ses promesses de pardon et de grâce envers ceux qui ont vraiment reçu la foi; car Dieu n'est pas homme pour mentir ni fils de l'homme pour se repentir. L'inutilité d'une simple pro

fession des lèvres est démontrée dans les versets suivans d'une manière qui doit faire naître la conviction dans tous les esprits et produire une forte impression sur nos sentimens naturels : Si un frère ou une sœur sont nus et qu'ils manquent de la nourriture qui leur est nécessaire chaque jour, et que quelqu'un d'entre vous leur DISE: Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez, et que vous ne leur donniez point ce qui leur est nécessaire pour le corps, à quoi cela servira-t-il?

Ici encore on doit remarquer la force du mot DIRE. Si un frère ou une sœur en Christ, qui font profession de croire à l'Évangile comme vous le professez, d'avoir les mêmes espérances, de reposer sur le même fondement, et d'être voyageurs, ainsi que vous, vers la cité céleste; si une telle personne était dans un état de pauvreté et d'abandon et vous faisait connaître sa triste situation, et si vous, qui appartenez en apparence au même corps, qui faites profession d'être animé du même esprit, et qui attendez la même gloire qui sera manifestée dans la plénitude des temps; si vous qui avez le moyen de soulager sa misère, vous vous contentiez de mettre ce pauvre frère ou cette pauvre sœur à la porte, en lui disant d'un air de compassion et de tendresse cette parole dénuée de sens: Allez en paix, chauffezvous et vous nourrissez, à quoi cela servirait-il? Vos paroles réchaufferont-elles celui qui est nu? nourriront-elles celui qui a faim? convaincront-elles le pauvre de la sincérité de votre intérêt? sûrement non. Que penseriez-vous de l'affection d'un prétendu ami, qui aurait en abondance de quoi subvenir à vos besoins et qui vous dirait: Mon cher ami, je souffre vraiment de votre situation, et je désirerais de tout mon cœur vous aider, et puis, qui ne ferait rien pour cela? le croiriezvous? non sans doute. Il n'y aurait aucun profit pour vous dans cette pitié bavarde; elle ne fournirait aucune preuve de sincérité. De même aussi, ajoute l'apôtre, la foi (c'est-à-dire la vaine apparence de la foi ), si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. - Une simple profession de croire sera stérile et ne pourra produire les fruits qui découlent du principe vital de la sainteté; et cela étant, on la reconnaitra pour morte et inutile. Saint Jacques démontre plus loin comment la sincé1832. 15° année.

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rité de la profession extérieure d'un homme peut être reconnue: Quelqu'un dira: Tu as la foi, et moi j'ai les œuvres. Montre-moi (remarquez ici encore la signification absolue de ce mot) MONTRE-Moi donc ta foi par les œuvres, et moi je te montrerai ma foi par mes œuvres. Voilà la pierre de touche qui doit éprouver la sincérité de celui qui DIT qu'il croit. On pourrait demander: «Y a t-il quelque moyen par lequel vous puissiez me convaincre que vous croyez véritablement ce que vous faites profession de croire? Vous m'assurez que vous croyez à l'Évangile : comment reconnaîtrai-je que vous ne me trompez pas? Quels effets votre foi produit-elle? Quelle influence a-t-elle sur votre esprit, sur votre âme, sur votre vie, sur votre conduite? Vos vues, vos idées sur Dieu, sur Jésus-Christ, sur le péché, sont-elles aussi confuses que jamais? Etes-vous toujours aussi mondain, aussi léger? Votre simple assurance que vous croyez ne peut jamais être pour moi une preuve suffisante que vous possédez la foi des élus de Dieu, si, en causant avec vous, vous ne pouvez me donner aucune raison scripturaire de l'espérance que vous prétendez avoir, et si, après diverses circonstances, je vois qu'elle ne produit point en vous les fruits de l'Esprit. » Une telle foi n'est en rien supérieure à celle des démons. Elle peut sans doute être une confession des vérités révélées de Dieu; mais, de même que la connaissance de l'unité de l'essence divine, cette foi laisse l'homme ce qu'il était

avant.

L'apôtre donne plus loin un autre exemple à l'appui de ce qu'il avance, quand il dit : Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu'il offrit Isaac son fils sur un autel? Or, on peut lire au quinzième chapitre de la Genèse qu'Abraham fut tenu pour juste, ou justifié, long-temps avant que le fait dont parle saint Jacques eût eu lieu. Nous voyons ce patriarche, appelé par le Seigneur à quitter le pays des Chaldéens, obéir à ce divin commandement et quitter son pays, sa parenté et la maison de son père, sans savoir où il irait. L'Esprit-Saint nous dit que ce fut par la foi qu'il en agit ainsi (Hébr. XI, 8). Nous le voyons se confiant inébranlablement en la promesse du Seigneur, lorsque, malgré son grand âge et les circons

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tances peu favorables dans lesquelles il se trouvait, Jéhovah lui promit que sa semence serait comme les étoiles du ciel. Il est dit à cette occasion qu'il crut au Seigneur. Et quel est le sens exact de ces paroles? Il crut que ce que le Seigneur avait dit arriverait certainement, et cela lui fut imputé à justice (Gen. XV, 6). Quant au sacrifice d'Isaac, l'apôtre saint Paul déclare, dans l'Epître aux Hébreux, qu' Abraham l'offrit par la foi; ce fut une manifestation de ce principe, une œuvre qui, lorsqu'il fut éprouvé, rendit sa foi évidente et montra qu'elle venait de Dieu; de sorte que cet exemple que cite l'apôtre saint Jacques a pour but de faire voir qu'Abraham, lorsqu'il se disposa à offrir son fils unique, objet de tant de promesses, possédait réellement la persuasion qu'il professait avoir de la fidélité de Dieu; qu'il n'était pas un imposteur, et par cela il est justifié devant le monde et devant l'Eglise, à travers les siècles, comme ayant la foi qui est un don de Dieu.

L'apôtre fait encore mention des œuvres de Rahab à Jérico, lorsqu'elle cacha les espions, et les allègue comme une preuve de la vérité de son argument. Nous savons quelle était sa vie ; nous savons aussi qu'elle ne pouvait se vanter d'aucune œuvre morale, et qu'au contraire ses mœurs étaient condamnables sous tous les rapports. Et même cette œuvre que saint Jacques loue, qu'était-elle aux yeux du monde, et pour nous servir du langage du monde, sinon une basse trahison de son souverain et de ses concitoyens ? Cependant c'est par cette œuvre-là qu'il est dit qu'elle fut justifiée. Serait-ce devant Dieu ? se serait-elle rendue agréable par cette trahison aux yeux de Jéhovah, qui a dit que la rébellion est autant que le péché de la divination? Non; mais ce même acte la justifiait dans un autre sens et prouvait la réalité de sa foi au Dieu d'Israël. Elle avait entendu parler des dispensations du Seigneur envers les Israélites, et elle assura qu'elle savait que Jéhovah leur avait donné le pays; quand les espions vinrent dans sa maison, elle honora Jéhovah dans ses serviteurs et les reçut comme ses envoyés. Cette action de Rahab est aussi désignée par l'Esprit de Dieu comme ayant été faite par la foi (Hébr. XI, 31), et comme servant à prouver qu'elle possédait réellement ce principe,

ainsi qu'elle le déclara devant les messagers de Jéhovah. Que concluerons-nous donc de tout cela? Nous dirons que ces faits. ont été conservés comme des exemples, pour nous montrer comment l'homme est justifié aux yeux de ses semblables par des œuvres produites par la foi, et non pas par une simple profession de foi seulement. Ce passage ainsi compris est en parfaite harmonie avec les autres déclarations de Dieu, et je suis convaincu que c'est la seule explication claire et satisfaisante qu'on peut en donner.

VARIÉTÉS.

CONFESSION DE FOI DE LA PAROISSE DE CARLSHULD, DANS LE
DONAU-MOOS.

Nous sommes convaincus que nos lecteurs accueilleront avec intérêt tous les renseignemens que nous pourrons leur donner sur la paroisse de Carlshuld, dans le Donau-Moos, dont nous leur avons annoncé la séparation de l'Eglise romaine. Ils apprendront avec intérêt qu'elle vient de publier une confession de foi, que précède une introduction dont voici les principaux passages (1):

<«< Grâce et paix vous soient de la part de Dieu notre Père et de notre Seigneur Jésus-Christ!

« Nous vous présentons ici en toute humilité, mais aussi en toute confiance et avec joie un sommaire abrégé des vérités chrétiennes, telles que nous les avons reconnues et senties par la grande miséricorde de Dieu.....

« C'est pour chaque Chrétien un devoir rigoureux, indispensable, de rendre témoignage à la vérité chrétienne selon la mesure des lumières que Dieu lui a départies par sa grâce, et de la confesser publiquement. Puis donc que, par la grâce de Dieu, par la méditation persévérante de sa Parole, par la prédication de l'Evangile,

(Nous empruntons ces détails à la Feuille Religieuse du Canton de Vaud, à laquelle nous devions déjà les premiers renseignemens que nous avons donnés sur les événemens de Carlshuld.

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