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par cette soif même de félicité qui est en lui? Son Créateur lui a-t-il donné un besoin qui ne doive jamais être satisfait? Il doit l'être sans doute; mais ce ne peut plus être sur cette terre; ce ne peut plus être ici « le lieu de notre repos; car il est souillé. » N'usons donc pas les jours de cette courte vie à courir après un fantôme que nous ne saurions atteindre, et qui fuit d'autant plus rapidement devant-nous que nous mettons plus d'ardeur à le poursuivre. Le seul moyen d'être heureux dans ce monde, c'est de renoncer à être heureux par ce monde.

Pauvres âmes travaillées et chargées, qui soupirez depuis tant d'années après la délivrance et le bonheur, et qui n'avez recueilli de tant d'efforts que lassitude et que désappointemens sans cesse renouvelés, croyez-en ceux qui se sont traînés comme vous sur ce pénible sentier où croissent tant d'épines. Nous aussi, nous avons long-temps demandé à ce monde une félicité qu'il n'est pas en son pouvoir de donner; nous avons connu cet isolement du cœur, се vide de la vie, ce sentiment du néant des biens de la terre qui ferait presque désirer les peines; car la souffrance au moins est une réalité. Nous avons souffert comme vous: pourquoi ne trouveriez-vous pas la paix comme nous? pourquoi ne la chercheriez-vous pas auprès de Celui qui nous l'a donnée, de Celui qui la donne à tous ceux qui la demandent, de Celui qui désire plus vivement de vous l'accorder que vous ne pouvez désirer de l'obtenir?

NOUVELLES RELIGIEUSES.

PALESTINE.-Suppression des droits levés jusqu'ici sur les pèlerins. -Au mois de février, Ibrahim-Pacha, gouverneur de Djidda, a adressé le firman suivant au mollah, au sheikh et aux autres magistrats de Jérusalem : « Jérusalem contient des temples et des monumens que les chrétiens et les juifs viennent visiter des contrées les plus éloignées. Mais ces nombreux pélerins ont à se plaindre des énormes droits qu'on lève sur eux pendant la route. Désirant mettre un terme à ces abus criaus, nous ordonnons à tous les musulmans des pachaliks de Saide et des districts de Jérusalem, Tripoli, etc., de supprimer les droits et impôts de celle espèce sur toutes les routes et à toutes les stations, sans

exception. Nous ordonnons aussi que les prêtres qui demeurent dans des édifices appartenant aux églises, dans lesquels l'Evangile est lu, et qui officient suivant les règles de leur religion, cessent d'être obligés de payer les contributions arbitraires qui leur ont jusqu'ici été imposées.» Nous ne prenons pas grand intérêt, on le comprend, à ce que les pélerinages soient rendus plus faciles; mais nous aimons à signaler le progrès vers la tolérance que l'on trouve dans ce firman.

ANGLETERRE.Société Biblique. La Société Biblique Britannique et Etrangère a tenu le 2 mai sa vingt-huitième assemblée générale. Elle a mis en circulation dans l'année 193,655 Bibles et 390,233 NouveauxTestamens, ensemble 583,888 exemplaires des Livres-Saints, ou 112,959 exemplaires de plus que l'année dernière. Ses recettes ont été de 81,735 liv. sterl. et ses dépenses de 98,409 liv. sterl. Elle a en outre des engagemens pour plus de 40,200 liv. st. Plus de 130 nouvelles Sociétés auxiliaires se sont formées depuis la dernière assemblée générale. FRANCE. T M. Boudet, ayant donné sa démission des fonctions de pasteur de l'Eglise réformée d'Orléans, a été remplacé par M. Petit, qui remplissait depuis quelque temps celles de suffragant de M. Lagarde, pasteur de la mème Eglise.

ANNONCES.

LE CANTIQUE DE LA VICTOIRE, ou le Psaume CXVIII, mis en musique et distribué en différens cheurs, solo et autres groupes de chanteurs, d'après l'indication du texte sacre; par A. Bost, ministre de JésusChrist. Chez J.-J. RISLER, rue de l'Oratoire, no 6. Prix: 4 fr. 25 c.

Le chant sacré a été jusqu'à présent fort négligé parmi nous. La musique profane, qui a acquis par contre un fort grand développement, et qui est devenue un besoin, a seule le privilége d'intéresser. Nous appellerions volontiers musique profane les oratorios, ces chefs-d'oeuvres des grands-maîtres, inaccessibles à cause de la difficulté de leur exécution à ceux qui n'ont pas fait de la musique une étude approfondie, et que l'on peut entendre, soit au Conservatoire, soit chez M. Choron. Le simple chant sacré, le chant auquel une assemblée entière peut prendre part, est encore fort misérable. On y apporte en général peu de soins et on se prive ainsi d'un puissant moyen d'édification.

Rien de plus touchant, de plus solennel que l'ensemble d'une multitude de voix qui s'élèvent pour glorifier le Seigneur, et qui, pour le faire dignement, renoncent aux accens vulgaires auxquels on se borne en général, et s'appliquent à rendre la musique à sa destination première, en consacrant à Dieu ce qu'elle a de beau, de noble et de pur. Le chant du choeur ne saurait certes présenter l'idée de la difficulté vaincue ; mais

il est à désirer qu'il s'exprime par des sons plus harmonieux, par des voix plus exercées, et c'est à chacun à étudier et à apporter à l'ensemble sa petite part d'efforts.

Nous avons grand besoin que des compositeurs viennent former notre goût et développer notre sentiment musical, en nous donnant des œuvres graves, simples et harmonieuses à exécuter. M. Bost, auquel nous devons déjà les Cantiques de l'Apocalypse, dont l'effet est si grand, le chant si beau et si bien fait pour élever les pensées vers le séjour de la gloire, où les chants de triomphe et d'actions de grâces retentiront durant toute l'éternité, vient de faire paraître un nouveau cantique, qui nous a semblé présenter tous les caractères des précédens.

C'était une chose difficile que de mettre en musique le psaume CXVIII, si varié, si admirable, si plein de pompe et de grandeur. Il était chanté chez les Juifs, ainsi que le XXIVe et d'autres encore, par différens chœurs qui se répondaient. M. Bost a introduit dans sa composition cette manière qui lui donne bien plus de vie, de vérité et d'énergie. Son cantique renferme plusieurs chants parfaitement adaptés aux paroles. Nous serions heureux de l'entendre exécuter avec toutes ses parties et par un nombre de voix suffisant. L'effet doit en être bien solennel; et quand on le chante, en attachant aux paroles le sens qui leur appartient, en se les appropriant et en s'en servant pour exprimer ce que notre propre âme éprouve, il doit édifier profondément. La musique ne présente aucune difficulté qui puisse empêcher qu'elle ne soit bien exécutée, si on s'y applique un peu, et elle a cependant un caractère d'originalité et d'élevation très prononcé.

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BIBLIQUE PROTESTANTE DE PARIS. — Nouveau mode de publication.

Le long retard qu'a éprouvé la publication du Bulletin de la Société Biblique provient de l'application qui lui a eté faite d'une disposition de la loi du 25 mars 1817, qui n'excepte du timbre que les publications contenant au moins deux feuilles d'impression. Les démarches que le Comité a faites dans l'espoir de continuer à obtenir la franchise du timbre pour ses publications au-dessous de deux feuilles étant demeurées sans succès, le Bulletin ne paraîtra dorénavant que trois fois par an, de trois mois en trois mois, et le Rapport annuel tiendra lieu d'une publication de trimestre. - Le N° 92 vient de paraître.

Il va sans dire que cette feuille n'ayant d'autre but que celui de faire connaître les nouvelles relatives à la propagation de la Parole de Dieu, et étant composée d'extraits de divers ouvrages et d'articles qui ne sont pas soumis au Comité tout entier, celui-ci ne peut être regardé comme responsable des jugemens qui y sont portés sur les hommes et sur les choses. Sans prétendre contester ce qui est dit, dans le numéro que

nous avons sous les yeux, du savoir de feu M. le docteur Haffner, nous croyons cependant qu'on ne doit voir qu'une opinion individuelle dans la manière dont le Bulletin s'exprime sur ce théologien. Nous ajouterons même qu'il nous paraîtrait désirable que, se bornant à rapporter des faits et s'interdisant la discussion des questions nombreuses que l'on peut élever à leur occasion, les personnes qui fournissent des articles au Bulletin ne fussent jamais que simples narrateurs. C'est une règle que suit la Société Biblique de Londres pour la publication de sa feuille mensuelle, et elle s'en est bien trouvée. La Société Biblique de Paris paraissait aussi l'avoir adoptée: elle aurait tort, à notre avis, dans l'intérêt même de son œuvre, d'y renoncer.

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LE CHOLERA-MORDUS, Ode, suivie de Réflexions sur les bals en faveur des cholériques; par J. J. GARDES, pasteur à Nismes. Se vend au profit des pauvres. Nismes, 1832, chez BIANQUIS-GIGNOUX; à Paris, chez J. J. RISLER, rue de l'Oratoire, N°6. Br. in-8° de 24 p. Prix: 1 fr. Nous ne pouvons mieux annoncer ce nouvel écrit du fidèle serviteur de Jésus-Christ, dont il porte le nom, que dans les termes mêmes de l'auteur. « Je n'ai publié, » nous dit-il dans une note, « une ode sur le «< choléra que pour saisir une nouvelle occasion de publier les vérités <«< du salut. Si certains me blâment de pouvoir composer des vers dans « des circonstances si solennelles, je répondrai que, voulant annoncer «<l'Evangile à des hommes du monde, j'ai cru trouver ainsi plus de lec<< teurs parmi eux que si je leur avais offert un sermon ou une lettre pas. << torale. Dieu m'est témoin qu'aucun motif vain ou frivole ne m'a mis la «< plume à la main. » Le zèle et la fidélité de M. le pasteur Gardes sont connus de nos lecteurs. Nous désirons sincèrement qu'il atteigne le but pieux et honorable qu'il s'est proposé. Cette ode est suivie d'une réfutation rapide et concluante des motifs allégués en faveur des bals dits de charité en général, et des bals pour le soulagement des cholériques en particulier. Nos lecteurs connaissent déjà notre opinion sur ces prétendues charités, par lesquelles le monde se flatte d'allier ce que Dieu a déclaré incompatible : l'amour de Dieu et l'amour du monde, qui est inimitié contre Dieu.

Second livret de LECTURE à l'usage des écoles primaires. Strasbourg, 1832, chez F. G. LEVRAULT; se trouve à Paris, chez J. J. RISLER. Br. in-18 de 68 pages.

Nous recommandons ce livret qui nous paraît réunir la plupart des conditions désirables dans un ouvrage de ce genre: piété, clarté, simplicité, bon sens, absence de toutes les sottises dont sont trop souvent remplis les livres destinés aux enfans. Les enfans le liront à la fois avec plaisir et avec fruit; il les instruira et tournera leurs pensées vers Dieu et vers le Sauveur.

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REVUE LITTÉRAIRE ET RELigieuse.

DES MISSIONS ÉVANGÉLIQUES, par M. CELLERIER FILS, professeur de théologie à l'académie de Genève. Br. in-12 de 82 pages. Genève, 1831. Chez ABRAHAM CHERBULIEZ; à Paris, chez J. J. RISLER, rue de l'Oratoire, no 6. Prix: 1 fr. 50 c.

Cette brochure est la réimpression de quelques articles sur les missions évangéliques, qui ont paru, il y a environ un an, dans un recueil périodique. L'auteur est un homme connu par plusieurs ouvrages distingués, M. Cellérier fils, professeur de théologie à l'académie de Genève. Nous avons lu cet opuscule avec le plus grand intérêt; nous dirons même que nous y avons puisé des lumières, de sages conseils, de salutaires avertissemens et, dans plusieurs endroits, de l'édification. Il règne dans toute cette discussion un calme et une impartialité qui font du bien; on y reconnaît un penseur qui examine les faits, qui cherche à les apprécier, qui ne confond pas les hommes avec les choses, les faiblesses des instrumens que Dieu emploie pour faire son œuvre avec l'œuvre de Dieu elle-même, et qui désire prononcer sur toutes les questions qu'il se pose à lui-même un jugement éclairé et conforme à la vérité. M. Cellérier fils a étudié le sujet qu'il traite; il a lu et bien lu les principaux documens relatifs à l'histoire des missions modernes; il connaît les objections qu'on a faites contre cette œuvre ; il sait démêler les prétextes aussi bien que les causes légitimes qui peuvent y avoir donné lieu, et autant il se montre fort et victorieux dans la réfutation des puérils argumens d'un monde irréligieux qui trouve commode de blâmer l'œuvre des missions, afin d'acheter à ce prix le triste privilége de ne pas s'en occuper, autant il est modéré et bienveillant dans les avis qu'il croit devoir adresser aux sociétés de missions, dans le but de les engager à faire cesser certaines préventions que, selon lui, elles ont excitées contre leurs travaux. La polémique faite dans cet esprit n'est point une arme dangereuse; elle est utile,

1832. 15° année.

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