Page images
PDF
EPUB

M. Malfre, ne consultant que leur raison, ne peuvent admettre des dogmes qui répugnent à l'intelligence; et comme celle-ci se développe avec les siècles, ils n'admettent de croyances religieuses que celles qui sont dignes de l'époque; alors la religion n'est pas un obstacle à l'esprit humain, elle progresse avec lui. Voilà la sympathie avec le siècle établie; ainsi le protestantisme de M. Malfre consulte tour à tour la conscience et l'Evangile uniquement, et puis la raison aussi uniquement. Il ne sait pas s'il est dans la vérité, il progresse avec le siècle. — Application. Les confessions de foi déterminant d'une manière positive ce que leurs partisans admettent, ils n'ont plus le droit de croire autre chose; en conséquence ils sont intolérans, ils ne peuvent progresser ni sympathiser avec le siècle; donc « l'anarchie se<«< rait un mal, et les symboles un bien, qu'il n'en resterait pas « moins vrai que ce mal est inhérent à notre religion (à celle « de M. Malfre), et que ce bien lui est absolument contraire. »

M. Malfre termine par ces mots : « Au sein des confessions << de foi peut-il exister de protestantisme? Non. » L'auteur aurait dû au moins prendre la peine de définir ce qu'il entend par protestantisme; car toute sa thèse roule sur ce mot qu'il substitue, comme les néologues et les latitudinaires, à celui de Christianisme. Entend-il, par protestantisme, le néologisme ou le latitudinarisme? sa thèse est vraie. Entend-il le Christianisme? elle est fausse; sans cela il faudrait en conclure en dernière analyse qu'un protestant ne peut pas être chrétien, et que M. de Lamennais aurait raison de déclarer que la religion protestante est purement négative; ce qui est vrai du protestantisme néologue ou latitudinaire, mais non du protestantisme chrétien.

Nous invitons M. Malfre à revoir sa thèse, à consulter l'Evangile seul et à prier Dieu d'éclairer son jugement et son cœur, et nous ne doutons pas, s'il le fait, que Dieu ne bénisse son travail, et qu'il ne trouve la vérité qui donne la vraie liberté, et qui, sans nous imposer la nécessité de tout admettre sans examen, nous fait un devoir de croire ce que Dieu dit quand il a parlé, et d'aimer tous les hommes en combattant leurs erreurs sans quartier.

INSTRUCTIONS CHRÉTIENNES A L'USAGE DE LA JEUNESSE

, par

les pasteurs de l'Église évangélique des Billettes à Paris, br. de 101 pages in-12 (1).

Les travaux qui ont pour but l'instruction de la jeunesse sont sans contredit des plus importans, entre ceux du ministère évangélique. Ce n'est jamais ni trop tôt ni trop bien que l'on a appris à connaître Dieu et à l'aimer; aussi est-ce sincèrement que nous payons notre part de remercîmens à toutes les personnes qui consacrent une partie de leur temps et de leurs talens à faire atteindre ce but noble et vraiment digne de nos efforts à la jeunesse qui nous environne ou à celle qui vit loin de nous. C'est dire que nous approuvons et que nous encourageons les motifs qui ont dirigé la composition des Instructions chrétiennes qui nous ont été adressées par MM. les pasteurs de l'Eglise des Billettes. A cet égard, nous ne cesserons de le répéter, c'est une bonne chose que de travailler et d'écrire pour les enfans et les jeunes catéchumènes; mais nous considérons cette œuvre comme si importante, que nous ne saurions trop demander de soins et d'attention, quand il s'agit d'y mettre la main. Un peu d'erreur, un peu de déviation de la véritable voie peut mener bien loin du but, humainement aussi bien que vinement parlant; et nous ne dissimulerons pas que nous ne sommes pas entièrement satisfaits du travail qui nous est soumis. Il se divise en deux parties principales : la première embrasse le dogme, la seconde la morale. Nous n'approuvons pas cette division; mais nous ne nous y arrêterons pas pour le moment. La partie morale nous paraît un peu chargée de divisions et de

di

(1) Prix : 50 cent. en feuilles, 55 cent. broché, pris à Paris; 5 fr. en feuilles, et 5 fr. 65 c, brochés, la douzaine avec le treizième en sus pour les Consistoires, les commissions consistoriales et MM. les pas

teurs.

Les auteurs n'entendent point faire du produit de cet ouvrage leur profit personnel; ils l'ont consacré aux fondations naissantes par lesquelles leur Consistoire cherche à pourvoir aux besoins futurs des veuves des pasteurs et des pasteurs émérites de son Eglise.

sous-divisions, qui fatiguent la mémoire, sans offrir l'avantage de la simplicité et de la clarté, et qui donnent une couleur humaine aux enseignemens religieux, en nécessitant l'emploi d'expressions généralement admises dans le langage ordinaire, mais qui réveillent plus ou moins les idées fausses qui s'y rattachent dans l'esprit des hommes.

[ocr errors]

La partie dogmatique nous paraît défectueuse à plusieurs égards. On n'y retrouve pas cette assurance lucide des enseignemens apostoliques qui fait de la Bible un livre si enseignant. La vérité de plusieurs dogmes importans y chancelle, si elle n'y disparaît pas entièrement au milieu d'expressions vagues et mal choisies ; c'est ainsi qu'à cette question : « D'où vient que << souvent l'homme néglige ses facultés et les laisse dépérir? » il est répondu : « C'est l'effet de la sensualité qui fait que « l'homme préfère souvent ses plaisirs à ses devoirs et que le « mal lui semble plus facile à faire que le bien, et c'est là ce qu'on « nomme fragilité originelle ou péché originel. » Certes saint Paul, que l'on cite dans l'ouvrage à l'appui de cette réponse, était bien autrement positif. « Je vois, disait-il, une autre loi << dans mes membres, qui combat contre la loi de mon esprit et qui me rend captif sous la loi du péché qui est dans mes mem« bres. » (Rom. VII, 22, 23.) Ce n'est pas là un semblant que le mal est plus facile à accomplir que le bien; c'est un principe de corruption actif, vivant, qui combat et qui triomphe tant que l'homme n'est pas régénéré par le Saint-Esprit. L'œuvre de Jésus-Christ, en géneral, nous semble être également mal exposée, dans plusieurs demandes et réponses telles que celles-ci : « Comment la doctrine de Jésus-Christ mérite-t-elle le nom d'Evangile?-Elle le mérite par la lumière qu'elle a répandue « dans le monde, par le bien qu'elle a opéré, par les consola<< tions qu'elle nous a données, et par les espérances auxquelles «elle nous autorise. » Oui; mais ce langage général n'enseignera à personne que la lumière, le bien, les consolations et les espérances dont l'œuvre de Jésus-Christ a été la source et qui lui ont fait donner le nom de bonne nouvelle, n'ont de réalité pour l'homme que dans le fait de la mort de Jésus sur la croix, à la place des hommes: en un mot, l'expiation des pé

"

[ocr errors]

chés par Jésus-Christ n'est pas enseignée là comme elle l'est dans la Bible, et c'est cependant cette expiation qui constitue la bonne nouvelle. Nous pouvons au reste appliquer cette réflexion au chapitre XII tout entier, qui traite de la rédemption opérée par Jésus-Christ. La vérité y est dans les passages cités au bas des pages à l'appui des enseignemens, et néanmoins ces enseignemens ne disent pas ou disent mal ce que les citations scripturaires proclament on ne peut plus clairement. Nous pourrions appuyer nos observations de beaucoup d'autres citations qui les justifieraient pleinement. Les réflexions que nous avons publiées en 1826 (vol. IX, p. 305) sur les Principes de la religion chrétienne, par les pasteurs de la même Eglise, s'appliquent pour la plupart à l'opuscule qui nous occupe. Il y a de la vérité, cependant ce n'est pas LA VÉRITÉ. Des doctrines fondamentales y sont passées sous silence, d'autres y sont présentées sous un jour que nous ne pouvons considérer comme en harmonie avec la Parole révélée. Plus d'une fois les mots y sont, et les choses n'y sont pas. Bref, ce n'est pas dans notre conviction un ouvrage propre à donner une idée complète ní entièrement juste de l'Evangile. Il est cependant sur plusieurs points à l'abri de tout reproche, et il ne faudrait pas le confondre avec les catéchismes anti-évangéliques publiés à Genève et ailleurs. Ainsi, par exemple, le dogme fondamental de la divinité du Sauveur y est formellement et franchement énoncé. Nous citons avec joie les lignes qui suivent:

« D. En qui croient donc les Chrétiens qui adoptent le sym« bole des Apôtres ?-R. En un seul Dieu, Père, Fils et SaintEsprit, auquel aussi Jésus a ordonné qu'ils fussent consacrés. «< -D. Comment nomma-t-on dans la suite des temps cette doc«trine?-R. Le mystère de la Sainte-Trinité. » Au chapitre X, la divinité de Jésus-Christ est encore établie sans aucune am

biguité en même temps que son humanité. Il y a des personnes qui appellent cela de la théologie; nous l'appelons de la vérité et du Christianisme, et nous remercions MM. Gœpp, Boissard et Cuvier d'avoir élevé ainsi l'étendard de JésusChrist, Dieu sur toutes choses, comme ils le déclarent euxmêmes, dans un temps où l'on cherche de tant de côtés à le

rabaisser, et où l'on affirme que, vu les progrès du siècle, le Seigneur de gloire doit de nécessité être ravalé au rang des créatures. Cette seule vérité sera, nous l'espérons, un gage de bénédictions pour l'Eglise au milieu de laquelle elle est si fran-' chement proclamée. Nous avons encore remarqué dans cet écrit un progrès dont nous félicitons les auteurs, c'est qu'ils ont renoncé complètement à citer les livres apocryphes comme des autorités, comme cela avait été fait dans le Précis de la doctrine chrétienne et dans le Manuel des catéchumènes. Ce petit volume se termine par un petit nombre de prières, dont nous ne dirons rien, sinon que nous y avons remarqué les mênies erreurs que nous avons signalées plus haut, relativement au péché, à la corruption du cœur et à la rédemption; mais il ne pouvait en être autrement, car les auteurs sont des hommes droits et consciencieux. Mais comme, malgré les intentions les plus pures, le plomb s'allie facilement à l'or dans les ouvrages! des hommes, nous engageons les pères de famille et toutes les personnes chargées de l'instruction religieuse des enfans à renoncer à tout catéchisme et à n'employer d'autre livre que la Bible elle-même; la Bible est le livre des enfans, comme celui des hommes faits et des vieillards, et d'un bout à l'autre elle proclame cette sublime vérité, mobile pour tous d'amour ét de sainteté, que NOUS VIVONS, PARCE QUE CHRIST EST MORT, ET

PAR LA FOI EN LUI.

MÉLANGES RELIGIEUX ET MORAUX.

IL Y A UN BUT PROVIDENTIEL ET MORAL DANS LES CALAMITÉS
PUBLIQUES.

Produire, au moyen d'une même cause, à l'aide des mêmes élémens, combinés d'une manière habile et féconde, un grand nombre d'effets divers, tel est, personne ne peut en disconvenir, l'un des caractères auxquels se reconnaissent la force et la sagesse du génie.

Depuis les créations les plus compliquées de l'art jusqu'aux

1832.

15e année.

14

« PreviousContinue »