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temps. Il est. principalement connu de nos jours par le sulfate de soude qui porte son nom (sel de Glauber). Malgré ses excentricités, Glauber travailla utilement pour la science, et ses ouvrages eurent une grande vogue pendant la seconde moitié du dix-septième siècle.

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Glauber semble avoir, le premier, entrevu l'existence du chlore. Nul, dit M. Hofer, n'avait montré jusque là autant de sagacité que lui dans l'explication des phénomènes de la composition et de la décomposition des corps. » Il connaissait le bleu de cobalt, la laque de carmin, les émaux, etc.

Jean Kunckel, de Laverstern, né vers 1612, mort en 1702, s'attacha surtout à l'étude des faits. A l'exemple de Boyle, il attaquait les théories des alchimistes, tout à la fois par les résultats de l'expérience et par les traits de la satire. Il attacha son nom à l'une des plus importantes découvertes qui aient été faites en chimie pendant le dix-septième siècle : nous voulons parler de la découverte du phosphore, que nous raconterons avec détails dans sa biographie.

François Sylvius (Dubois) appliqua la chimie à la médecine. Il s'était livré de très-bonne heure à l'étude des sciences médicales. Persuadé que toutes les fonctions de la vie se réduisent à des opérations chimiques, il étudia spécialement la chimie, et composa, en partant de ce point de vue, un traité sur la physiologie, la pathologie et la pharmacopée. Il se montra le défenseur ardent de la circulation du sang, découverte par Harvey. Il connaissait la différence qui existe entre le sang contenu dans le côté gauche du cœur et celui qui occupe le côté droit, et il attribue la coloration en rouge du sang artériel à l'action de l'air absorbé par la respiration.

Nous ne devons pas oublier dans cette énumération des chimistes du dix-septième siècle, Nicolas Lefèvre, qui occupa la première chaire de chimie au Jardin des Plantes. Il est l'auteur d'un excellent Traité de chymie raisonnée, qui popularisa en France la chimie naissante. Glazer, successeur de Nicolas Lefevre au Jardin des Plantes et auteur d'un autre Traité de chimie, ajouta peu de chose aux théories de Lefèvre. Il lui reste la malheureuse célébrité d'avoir vendu des poisons à la Brinvilliers. Anatomie et physiologie. Les travaux de Harvey dominent toute la physiologie du dix-septième siècle. Des découvertes

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comme celles de la circulation du sang et celle du mécanisme de la génération chez les mammifères sont de nature à révolutionner toute une époque scientifique. Nous examinerons, avec le soin qu'elles méritent, ces deux grandes découvertes. dans la biographie de Harvey. Dans ce tableau sommaire, nous ne pouvons que consigner les travaux secondaires qui furent provoqués chez ses contemporains par le retentissement des immortelles recherches du physiologiste anglais.

On n'avait jusque là considéré, pour ainsi dire, que dans sa masse, chacun des viscères, des muscles et des os: on ne s'était occupé que d'une manière superficielle, de ses éléments intimes. On commença, dès cette époque, à examiner la structure des parties dont la connaissance est nécessaire pour expliquer leurs fonctions; car chaque masse glanduleuse, chaque viscère, exerce ses fonctions, non-seulement par son ensemble, mais aussi par chacune de ses petites fibres, et par les moindres éléments qui composent son tissu organique. Malpighi, Ruysch et Leuwenhoeck entrèrent avec succès dans cette voie.

Malpighi était né en 1628, près de Bologne. Il fut d'abord professeur à Messine; puis successivement à Bologne et à Pise. Il devint médecin du pape Innocent XII, et mourut à Rome, en 1694. Malpighi passait la plus grande partie de sa vie à la campagne, entouré de corps dont il étudiait la structure, après les avoir soumis à diverses préparations, telles que la macération, l'ébullition, l'injection. Il étudiait, à l'aide du microscope, les parties les plus fines et les plus délicates de l'économie animale et végétale. Tous les parenchymes lui semblèrent se réduire en petits globules, et tous ces globules lui paraissaient d'une nature glanduleuse. Il étudia aussi les poumons, le cerveau, la langue, l'organe du toucher, les viscères glanduleux, etc. Son anatomie du ver à soie et du papillon de ce ver, fut le premier essai d'une anatomie des insectes. Avant lui, ni Fabricius, ni Harvey, ni aucun autre, n'avaient appliqué le microscope à l'étude intime de l'organisation animale ou végétale.

Les ouvrages de Malpighi, réunis en deux volumes in-folio, furent publiés à Londres, en 1686 (Opera omnia). Il existe, en outre, de lui, un volume d'Euvres posthumes, publié à Londres,

en 1697. C'est une sorte de traité de physiologie expérimentale, qui renferme des particularités très-curieuses.

Ruysch, né à La Haye, en 1638, fut le contradicteur constant de Malpighi. Il avait commencé par être garçon apothicaire, et il avait même tenu boutique à La Haye. Mais bientôt, ayant pris du goût pour les préparations anatomiques, il se livra à l'étude de la chirurgie et de la médecine. Il fut nommé, en 1665, professeur d'anatomie au Collège des chirurgiens, à Amsterdam. Il avait, pour la préparation et la conservation des pièces anatomiques, des procédés qu'il tenait secrets, et qu'aucun de ses successeurs n'a pu découvrir. Ses injections remplissaient exactement tous les vaisseaux, qui, dans l'état naturel, contiennent un liquide, comme le sang. Le résultat de ses recherches fut contraire à celui qu'avait obtenu Malpighi. Il battit en brèche les petites glandules, qui, selon ce dernier, formaient l'épanouissement des derniers vaisseaux sanguins dans les différents organes. Il eut souvent de grandes discussions, lui qui était très-peu lettré, avec Boerhaave, le savant le plus éloquent de son temps; et Boerhaave n'eut pas toujours l'avantage de son côté. Les ouvrages de Ruysch forment l'équivalent de deux volumes in-4°.

Antoine Leuwenhoeck, né en Hollande en 1633, n'était pas plus lettré que Ruysch; il l'était peut-être moins. Il ne fut ni médecin, ni professeur. Ses principales occupations, pendant cinquante ans, furent de tailler et de polir des lentilles de verre pour les microscopes. Il se servait de ses lentilles perfectionnées pour faire, avec une patience admirable, des observations microscopiques sur des corps de toute nature, et il envoyait à la Société royale de Londres les résultats de ses observations. Il fit le premier connaître les globules qui remplissent divers liquides du corps des animaux. Il étudia les animalcules spermatiques, la structure des poils, des fibres musculaires, des lames et des fibres du cristallin, les pores de l'épiderme, etc. Il suivit le mécanisme de la circulation avec le secours du microscope. Dans des expériences qu'il fit sur des animaux vivants, Leuwenhoeck vit distinctement des globules de sang, entraînés par le mouvement rapide de la circulation, passer des artères dans les veines, etc.

Zoloogie. Parmi les hommes studieux qui, après Belon,

Rondelet et Gesner, contribuèrent au progrès de l'histoire naturelle, on cite Aldrovande, qui réunit jusqu'à vingt volumes in-folio de figures d'animaux, peintes en couleur, Aldrovande avait formé, à l'exemple de Gesner, un cabinet d'histoire naturelle, où se trouvaient réunis, en assez grande quantité, des objets précieux pour la science. Aldrovande, né à Bologne en 1527, appartenait à une riche famille patricienne. Sa passion pour la science l'entraîna dans de telles dépenses, qu'à la fin il se trouva complétement ruiné. A l'age de soixante-dix-huit ans, devenu aveugle, il alla mourir à l'hôpital. Il laissa une énorme quantité de manuscrits sur la zoologie.

Fabius Columna, médecin à Naples, où il était né en 1567, appartenait à une famille illustre. Il composa des ouvrages importants sur différentes parties de l'histoire naturelle. Observateur patient et original, il dessinait et gravait lui-même, Il mourut en 1650.

La découverte de l'Amérique et d'autres contrées qui s'ouvrirent postérieurement devant les navigateurs, offrirent aux naturalistes, pendant le dix-septième siècle, des régions immenses et entièrement nouvelles à explorer dans les trois règnes de la nature. Le nombre, la richesse, la prodigieuse variété des productions animales, végétales et minérales du Nouveau Monde, frappèrent d'admiration les naturalistes qui, les premiers, se trouvèrent à même de les contempler. Les investigations et les travaux auxquels on se livra, en zoologie, furent nombreux pendant le dix-septième siècle.

Un médecin du grand-duc de Toscane, François Rédi, né à Arrezzo, en 1626, fit de curieuses recherches sur les vipères et leur venin. Il décrivit la glande qui produit le venin, et la dent qui verse ce liquide dans la plaie. Il fit aussi des expériences qui l'amenèrent à admettre la génération spontanée des insectes. Il fit connaître, dans un ouvrage publié en 1671, l'anatomie de la torpille. En 1684, il exposa ses observations sur les animaux qui vivent dans d'autres animaux vivants. Rédi qui était poëte, physicien et naturaliste, avait étudié à la manière des anciens, et il possédait des talents et des connaissances variés.

Botanique. Jusqu'au seizième siècle, les travaux concernant la botanique s'étaient bornés à des commentaires faits sur les ouvrages des anciens ou sur ceux des Arabes, lesquels,

ayant fort peu écrit sur les plantes, ne laissaient pas grande matiere aux commentateurs. Ce ne fut qu'au dix-septième siècle que la botanique prit un essor sérieux. Un tableau des progrès de cette science jusqu'au dix-septième siècle sera donc ici bien à sa place.

L'un des savants qui contribuèrent le plus, au quinzième siècle, à l'avancement de la botanique, fut Théodore Gaza, Grec de Thessalonique, qui traduisit et commenta les ouvrages d'Aristote et de Théophraste. George Valla, en 1499, publia, à Plaisance, dans son livre De expetendis fugiendisque rebus, une liste de tous les simples connus des anciens. En 1486, un autre naturaliste, nommé Cuba, avait publié un travail analogue.

On fit, à la même époque, plusieurs commentaires de Pline. Hermolaus Barbaro, noble Vénitien, écrivit un examen critique des manuscrits et des éditions de Pline; il signala plus de cinq mille corrections à faire à l'histoire naturelle de cet auteur ancien. Son travail, qui fut publié en 1492, servit à la révision des éditions de Pline.

Barbaro commenta, de la même manière, les œuvres de Dioscoride. Le Florentin Marcello Vergilio et Nicolas Leonicennus commentèrent également Dioscoride et Pline; mais leurs ouvrages sont aujourd'hui oubliés.

Un botaniste italien, Léon Monandi, publia, en 1462, un commentaire des ouvrages des anciens, et donna le premier une appréciation de ces ouvrages. Il prouva que les œuvres des Orientaux sont beaucoup plus précieuses, au point de vue de la botanique, que toutes les dissertations des anciens.

Un de ses élèves, Brasavola, fut le premier qui étudiat la botanique sur la nature, bien que son livre, Examen omnium simplicium medicamentorum, qui fut publié à Rome en 1536, conserve encore quelque ressemblance avec les purs commentaires qui l'avaient précédé.

En 1536, Ruel publia le premier ouvrage de botanique qui ait paru en France. C'était un résumé des livres de Théophraste, de Dioscoride et de Pline. Seulement il commit une erreur grave en assimilant les plantes que ces deux anciens naturalistes décrivent, soit en Italie, soit en Grèce, avec celles qui croissent en France.

Les auteurs allemands suivirent, dans l'étude de la botanique,

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