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soleil avait été regardée comme inaccessible par sa petitesse : Vendelinus en donna une détermination. Il avait, à cet égard, sur les anciens tout l'avantage que le télescope donne sur la vue simple.

Snellius, Blacus, Hortensius, astronomes hollandais, ne firent aucune découverte importante. Ils contribuèrent néanmoins, bien qu'indirectement et dans une mesure restreinte, au progrès de la science Snellius, par son aptitude à résoudre des problèmes difficiles de mathématiques; Blacus, par la manière dont il représenta sur des globes, sur des sphères la disposition des planètes dans le système de Kopernik; Hortensius, par sa détermination des diamètres des petites planètes.

En Italie, le célèbre auteur de la méthode des indivisibles, Cavalieri, professait l'astronomie. Il composa, d'après les tables de Lansberg, une machine en carton, au moyen de laquelle on pouvait sans calcul trouver les positions des planètes. Remeri, disciple de Galilée, s'occupa, suivant la recommandation de son maître, à observer les satellites de Jupiter et à dresser des tables de leurs mouvements.

Le P. Zucchi découvrit les bandes obscures qui entourent, comme d'une ceinture, le disque de Jupiter.

Le P. Riccioli était né à Ferrare, le 17 avril 1598. Il entra chez les jésuites en 1614. Il professa, à Parme et à Bologne, la rhétorique, la poétique, la philosophie et la théologie. C'était un homme d'une érudition immense, mais dépourvu de génie. Son Almagestum novum est un vaste répertoire où l'on trouve toutes les observations, toutes les méthodes, toutes les explications physiques des phénomènes présentées tant chez les an-` ciens que chez les modernes. Il est bon à consulter, non pour connaître les appréciations et les idées qui appartiennent en propre à l'auteur, mais pour retrouver, en remontant à l'origine des temps historiques, les faits, les hypothèses, les opinions, que Riccioli a puisés aux sources mêmes. Quant à la portée de son esprit, il en a donné lui-même la mesure par la manière dédaigneuse dont il a parlé de Keppler, qu'il n'était pas assurément en état de comprendre.

Riccioli fut aidé dans son travail par le P. Grimaldi, religieux de son ordre, qui'fit beaucoup d'observations. Ils dressèrent ensemble un nouveau catalogue d'étoiles. Le P. Grimaldi

s'est rendu célèbre, en physique, par la découverte de la diffraction de la lumière. Un rayon lumineux qui passe très-près d'un corps, se détourne un peu de sa direction; il s'infléchit vers ce corps tel est le phénomène auquel on donne le nom de diffraction.

En France, Peyresc, conseiller au parlement d'Aix, protecteur de Gassendi, n'eut pas plutôt entendu parler du télescope et de la découverte des premiers satellites de Jupiter, qu'il voulut jouir des merveilles de cet instrument. Il se procura un télescope, reconnut, à son tour, les quatre satellites, et se proposa d'en déterminer le mouvement. Il chercha des aides et résolut de fonder un observatoire. On dit qu'après avoir multiplié les observations, il prépara des tables qu'il eût publiées s'il n'eût appris que Galilée s'occupait lui-même de ce travail. Il avait eu aussi l'idée de faire servir les configurations des satellites de Jupiter à la recherche des longitudes.

Jean-Baptiste Morin, que Peyresc voulut associer à ses travaux astronomiques, et qui fut professeur de mathématiques au Collége de France, ne nous semble appartenir à l'histoire de l'astronomie que par ses prétentions mal fondées. Bien que Delambre ait jugé à propos de lui consacrer un chapitre de 38 pages in-4o de son Histoire de l'astronomie, nous ne trouvons rien de véritablement important à dire de lui.

Il ne faut pas demander à Descartes d'observer attentivement les phénomènes du ciel, comme le faisait Galilée, ou de combiner laborieusement, par le calcul et par les constructions géométriques, à la manière de Keppler, les résultats d'une foule d'observations faites avant lui. Descartes était un homme de génie; mais la méthode admirable qu'il recommande, il ne l'appliqua presque jamais, ou négligea de la suivre. Dans les cas où, d'après lui-même, il faudrait, avant tout, interroger la nature et attendre sa réponse, il cherche cette réponse dans sa seule imagination. Pour expliquer notre système planétaire, il conçut son ingénieux roman des tourbillons, et tout grand géomètre qu'il était, il le fonda sur des vues également contraires aux faits les mieux constatés et aux principes mathématiques les mieux établis. Par exemple, les mouvements des planètes étant elliptiques, il faut admettre que les tourbillons dans lesquels ces planètes circulent, doivent nécessairement

affecter la même forme. Mais pourquoi les tourbillons sont-ils elliptiques? C'est, répond Descartes, par un effet de la compression des tourbillons voisins. Mais, pour qu'il en fût ainsi, il faudrait que toutes les orbites des planètes fussent allongées du même côté, ce qui est tout à fait contraire à la réalité. Il semble aussi, comme le fait observer Montucla, que le soleil devrait occuper le centre commun de toutes les orbites, et non leurs foyers. Il y aurait encore d'autres raisons de plus d'un genre à opposer au système des tourbillons; mais des théories qui ne se fondent ni sur l'expérience ni sur l'observation, ne sauraient trouver leur place dans un tableau des découvertes scientifiques réelles et positives.

Les travaux de Bouillaud, ainsi que ceux de Thomas Street, Rock, Vincent Wing, Nicolas Mercator, Albert Linnemann, et de plusieurs autres, que nous omettons, contribuèrent, mais dans une mesure restreinte, aux progrès de l'astronomie. Nous nous hatons d'arriver à Hévélius, qu'on regarde comme le plus habile observateur qui ait paru dans cette période, après TychoBrahé.

Hévélius (en allemand Hevel ou Hevelke), était né à Dantzig, le 28 janvier 1611, et il vécut jusqu'à l'âge de soixante-seize ans. Il fit ses premières études comme on les faisait alors dans tous les colléges. Son professeur de mathématiques, P. Cruger, l'engagea à se livrer tout entier à l'astronomie. Il s'était aussi appliqué au dessin et aux arts mécaniques, et il construisait lui-même les lunettes et tous les instruments dont il avait besoin pour faire ses observations. Il eut même une imprimerie, et il fit paraître une partie de ses ouvrages sans aucun secours étranger. En 1641, il éleva au-dessus de sa maison un observatoire, dans lequel il plaça d'abord un sextant (instrument composé de la sixième partie du cercle) un quart de cercle de trois à quatre pieds de rayon, et diverses lunettes. Il fut élu consul, ou sénateur, par ses concitoyens. Mis par Colbert sur la liste des savants, il eut une pension de Louis XIV. Sa femme, qu'il a représentée dans une des planches de sa Machine céleste, l'aidait à faire des observations. En 1679, sa maison, ses livres, ses instruments, et l'édition presque entière du deuxième volume de sa Machine céleste, furent dévorés par les flammes.

Le recueil manuscrit des observations d'Hévélius forme dixsept volumes in-folio. La Sélénographie, ou description de la lune et de ses taches, fut son premier ouvrage. Il chercha le moyen de donner un diamètre sensible aux étoiles, et de le mesurer en le comparant aux taches de la lune. Il regarde les occultations des étoiles par la lune, comme les phénomènes les plus propres à la recherche des longitudes. Il compléta, sur le phénomène de la libration de la lune, l'explication commencée par Galilée. Aux deux causes que Galilée avait indiquées, savoir : la parallaxe et le changement de latitude, il en ajouta une troisième, qu'il découvrit dans le mouvement en longitude. Il découvrit, en outre, une seconde libration dans le sens de la longitude. Mais il ne put en indiquer la véritable cause. Un peu plus tard, Dominique Cassini la découvrira.

Hévėlius publia deux ouvrages remarquables sur les apparitions, les mouvements, et les singulières apparences des comètes. Il fait entrer dans ces deux traités non-seulement ses propres observations, qui sont précieuses pour la science, mais en outre une immense érudition astronomique. S'il est une science où la connaissance du passé soit indispensable, c'est surtout l'astronomie, et la raison en est trop évidente pour que nous ayons même besoin de l'indiquer. La belle comète de décembre 1664 avait été l'occasion de ce travail. Hévélius établit trois mouvements apparents dans les comètes, dont deux sont produits par le double mouvement de la terre, le troisième est celui de la comète elle-même; les trajectoires décrites sont des courbes allongées. Il se fait au surplus une idée très-fausse des comètes, et il est, sur ce point, beaucoup moins éclairé que ne le fut Sénèque chez les anciens; il place les comètes dans la catégorie des corps, accidentellement formés, qui ne peuvent avoir une existence durable.

Hévélius se trompa relativement à Saturne; il crut cette planète formée de trois corps ou globes séparés, et il fit à ce sujet des hypothèses toutes gratuites.

Un homme qui montra plus de génie qu'Hévélius, et qui se distingua par de grandes découvertes en mécanique, en géométrie, en astronomie, et qui, en outre, en perfectionnant l'art de tailler et de polir les verres, parvint à construire des télescopes bien supérieurs à celui de Galilée, fut Christian

Huygens, seigneur de Zuylichem. Grâce à ses excellents télescopes, Huygens put voir avec détail et d'une manière distincte, les phénomènes célestes qui n'avaient pu s'offrir que confusément à Galilée. Nous donnerons dans l'histoire de sa vie le détail de ses observations astronomiques.

Dans la seconde moitié du dix-septième siècle, un prêtre, nommé Mouton, faisait en astronomie des observations utiles. Delambre lui consacre un chapitre de cinquante-deux pages de son Histoire de l'astronomie. Il s'y prit d'une manière fort ingénieuse pour mesurer, au moyen du pendule, le diamètre du soleil. Le père Mouton était un de ces hommes laborieux et modestes, qui, en se vouant à une étude patiente et assidue des détails, contribuent efficacement au perfectionnement des sciences et des arts.

Les étoiles, malgré leur fixité apparente dans le ciel, ont des alternatives de disparition et de réapparition; on l'a du moins observé pour un certain nombre. Par exemple, celle que David Fabricius avait découverte, en 1596, dans le Col de la Baleine, diminua peu à peu d'éclat, et finit par disparaître. On ne savait ce qu'elle était devenue, lorsque l'astronome Holward la vit reparaître en 1638, à peu près à la même place où elle avait été découverte par Fabricius. Elle fut observée pendant plusieurs années par Holward, et constamment suivie en 1648 et en 1660 par Hévélius. Bouillaud et Riccioli supposèrent que le globe de cette étoile avait une partie lumineuse et une partie obscure, et qu'en tournant sur elle-même elle montrait tantôt l'une, tantôt l'autre, d'où résultaient les phénomènes de son apparition et de sa disparition. Ils trouvèrent que la période de la rotation de l'étoile de la Baleine est de trois cent trente-trois jours. Mais Hévélius, observateur consciencieux et appliqué, assure qu'elle demeura quatre ans sans reparaître.

On savait fort bien alors que le nombre et l'étendue des phénomènes qu'on peut découvrir dans le ciel, dépendent du degré de puissance des lunettes; on s'occupa donc de tous. côtés avec ardeur, de perfectionner ces instruments. En Italie, l'opticien Campani excella dans ce genre. Parmi les lunettes qu'il construisit, à la demande de Louis XIV, pour Dominique Cassini, il s'en trouvait de 86 pieds, de 100, et même de 136 pieds de long.

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