Page images
PDF
EPUB

Le mot de siècle ne doit point être pris ici au pied de la lettre; cay l'ère moderne de l'invention, dans les sciences mathématiques, s'étend depuis le triumvirat de Cavalieri, du P. Grégoire de saint Vincent et de Viette, à la fin du XVIe siècle, jusqu'à Jacques et Jean Bernouilli, au commencement du XVIII®; et il est très vrai que cette époque fut celle de la foi et des factions religieuses. Un homme de ce dernier siècle, qui paraît n'avoir eu aucun égal pour la variété et l'étendue des connaissances et des talents dégagés de tout alliage nuisible, le P. Boscowich, croyait en 1755, non-seulement qu'on ne pouvait rien opposer alors aux géants de l'époque qui venait de finir, mais que toutes les sciences étaient sur le point de rétrograder, et il le prouvait par une jolie courbe. (Voy. Rog. Jos. Boscowich S. J. Vaticinium quoddam geometricum, in Supplem. ad Bened. Stay, philos. recent. versibus traditam. Romæ, Palearini, 1755; in-8° tom. I, pag. 408.) Il ne m'appartient point de prononcer sur ces Recreations mathématiques ; mais je crois qu'en général, et en tenant compte de quelques exceptions qui peuvent aisément être ramenées à là régle, l'étroite alliance du génie religieux et du genie inventeur demeurera toujours démontrée pour tout bon esprit.

XII.

(Page 237. Ces atomes étaient faits comme des cages dont les barréaux, etc.)

[ocr errors]

« Cet excès de la longueur des barreaux sur la largeur doit être ex

primé, au moins, par le nombre 10 élevé à la 27o puissance. Quant <«< à la largeur, elle est constamment la même, sans exception quelcon<«< que, et plus petite qu'un pouce d'une quantité qui est 10 élevée à « la 13° puissance.» Ici il n'y a ni plus, ni moïns, ni à peu près; le compte est rond.

XIII.

(Page 238.... Que l'antiquité s'est accordée à reconnaître dans les oiseaux quelque chose de divin, etc.)

Aristophane, dans sa comédie des Oiseaux, fait allusion à cette tradition antique :

Ούτος δὲ (έρως) χάει πτερόεντι μιγεῖς νυχίῳ κατὰ τάρτα ρον εὐρὺν

Ενεόττουσε γένος ἡμέτερον, καὶ πρῶτον ἀνήγαγεν ἐς φῶς. Πρότερον δ' οὐκ ἦν γενὸς ἀθανάτων...

Ille verò alatus mistus chao et caliginoso, in tartaro ingente,

Edidit nostrum genus, er primum eduxit in lucem :

Neque enim deorum genus antê erat....

(Aristoph., Aves, V, 699, 702.)

XIV.

(Page 239... Si au lieu de lire Lucrèce qu'il reçut à treize ans des mains d'un père assassin, etc.)

Ibid. pag. 23. Il appelle quelque part Lucrèce son maitre dans la physique. Il ne doute pas d'avoir trouvé la solution du plus grand problême que les physiciens se soient jamais proposé, et que la plupart d'entre eux avaient toujours regardé, ou comme absolument insoluble en soi, ou comme inaccessible à l'esprit humain, pag.244. Cependant il se garde bien de se livrer à l'orgueil : Il n'a eu de plus que les autres hommes que le bonheur d'avoir été mené, encore écolier, à la bonne source, et dy avoir puise. (Page 150.) Et pour faire honneur à son maître, il dit en annonçant la mort d'un Ecossais de ses amis : Que le pauvre homme s'en est alle quo NON NATA JACENT. (Page 290.) Personne au moins ne saurait lui disputer le mérite de la clarté.

XV.

(Page 240. Lisez, par exemple, les vies et les procès de canonisation de saint François Xavier, de saint Philippe de Néri, de sainte Thérèse,

[blocks in formation]

Je crus devoir chercher et placer ici la narration où sainte Thérèse décrit cet état extraordinaire :

<«< Dans le ravissement, dit-elle, on ne peut presque jamais y résis« ter....... Il arrive souvent sans que nous y pensions........, avec une impé« tuosité si prompte et si forte, que nous voyons et sentons tout d'un «< coup élever la nuée dans laquelle ce divin aigle nous cache sous «<l'ombre de ses ailes... Je résistais quelquefois un peu, mais je me << trouvais après si lasse et si fatiguée, qu'il me semblait que j'avais le

264

NOTES DU DIXIÈME ENTRETIEN.

«< corps tout brisé... C'est un combat qu'on entreprendrait contre un << très puissant géant...... En d'autres temps, il m'était impossible de ré<«< sister à un mouvement si violent: Je me sentais enlever l'âme et la <«<tête et ensuite tout le corps, en sorte qu'il ne touchait plus à la terre. << Une chose aussi extraordinaire m'étant arrivée un jour que j'étais à « genoux au chœur, au milieu de toutes les religieuses, prête à communier, j'usai du droit que me donnait ma qualité de supérieure pour « leur défendre d'en parler. Une autre fois, etc.>>

[ocr errors]

(OEuvres et vie de sainte Thérèse, écrite par elle-même et par l'ordre de ses supérieurs. Traduction d'Arnaud d'Andilly, Paris, 1680; in-fol., cap. XX, pag. 104.) Voy. encore les encore les vies des Sa des Saints, trad. de l'anglais de Butler; 12 vol. in-8°.—Vie de saint Thomas, tom; II, pag. 572.-De saint Philippe de Néri, tom. IV, note D, pag. $41, seqq. — Vie de saint François Xavier, par le P. Bouhours, in-12, tom. II, pag. 572. — Prediche di Francesco Masotti, della compagnia di Gesù. Venezia, 1769, pag. 330, etc., etések za

»{!,ty་

[merged small][ocr errors][merged small]

ONZIÈME ENTRETIEN.

LE CHEVALIER.

QUOIQUE Vous n'aimiez pas trop les voyages dans les nues, mon cher comte, j'aurais envie cependant de vous y transporter de nouveau. Vous me coupâtes la parole l'autre jour en me comparant à un homme plongé dans l'eau qui demande à boire. C'est fort bien dit, je vous assure; mais votre épigramme laisse subsister tous mes doutes. L'homme semble de nos jours ne pouvoir plus respirer dans le cercle antique des facultés humaines. Il veut les franchir; il s'agite comme un aigle indigné contre les barreaux de sa cage. Voyez ce qu'il tente dans les sciences naturelles ! Voyez encore cette nouvelle alliance qu'il a opérée et qu'il avance avec tant de succès entre les théories physiques et les arts; qu'il force d'enfanter des

prodiges pour servir les sciences! comment voudriez-vous que cet esprit général du siècle ne s'étendît pas jusqu'aux questions de l'ordre spirituel ? et pourquoi ne lui serait-il pas permis de s'exercer sur l'objet le plus important pour l'homme, pourvu qu'il sache se tenir dans les bornes d'une sage et respectueuse modération?

1

LE COMTE.

Premièrement, M. le chevalier, je ne croirais point être trop exigeant si je demandais que l'esprit humain, libre sur tous les autres sujets, un seul excepté, se défendit sur celuilà toute recherche téméraire. En second lieu, cette modération dont vous me parlez, et qui est une si belle chose en spéculation, est réellement impossible dans la pratique : du moins elle est si rare, qu'elle doit passer pour impossible. Or, vous n'avouerez que, lorsqu'une certaine recherche n'est pas nécessaire, et qu'elle est capable de produire des maux infinis, c'est un devoir de s'en abstenir. C'est ce qui m'a rendu toujours suspects et même odieux, je vous l'avoué, tous les élans spirituels des illuminés, et faimerais mieux mille fois....

« PreviousContinue »