En dépit de soi-même, avoir à son aspect Depuis lors, Dieu merci, j'ai bien pris ma revanche. «< Dès lors, grâces au ciel, mon destin fut changé; << Où cherchais-tu si loin dévoûment, sacrifice? << A nous femmes, d'atteindre un glorieux sommet. <«< Aimer et secourir, et végéter dans l'ombre, << N'est-ce point, ici-bas, le sort du plus grand nombre? << Fais comme elles, soumets l'orgueil de ton esprit. << La vie est un combat, ainsi qu'il est écrit; « Et Dieu garde là-haut les véritables joies ◄ A qui marche humblement par les arides voies. >> J'essayai; le Seigneur me prêta son appui, Et mon cœur, moins troublé, lui rend grâce aujourd'hui. » Ainsi, baissant les yeux, parlait la noble femme, Éblouissante fleur, vis et meurs inconnue! >> Sans trahir un secret fidèlement couvert, Que faisait-il, absent depuis des jours sans nombre? VII Les jours suivants, l'orage habitait sa demeure. Au filial amour. De ce déchaînement, VIII A mon propre foyer, vers la fin de novembre, Et me dit brusquement : « Savez-vous la nouvelle? «Parlez donc!... -Pierrevert est chez lui de retour. Qu'annoncez-vous, grand Dieu! depuis quand? -De ce jour. Il arrive, dit-on, d'un continent sauvage, Et puis ne croyez pas aux revenants, mon cher ! », Éternelle pour moi fut cette nuit d'hiver! La nouvelle était vraie: après vingt ans d'absence, Il avait tout vendu, manoir, champs nourriciers, IX Les jours vinrent bientôt de la saison néfaste, Abandonnent gaîment leurs châteaux assombris, De ma chère Lucy j'allai prendre congé. Je quittais pour longtemps mon rustique héritage. « Adieu, lui dis-je, adieu, grand cœur, pieux courage! >> Elle serra ma main. J'avais le cœur en deuil; Oppressé, je sortis et m'arrachai du seuil. Enfin, quand j'eus franchi le vallon, la bruyère, Je fis sur la hauteur une halte dernière. Je voulus saluer d'un suprême regret Cette maison perdue et toute la vallée ! » J. AUTRAN. REVUE SCIENTIFIQUE LA MACHINE ANIMALE Tout le monde sait les progrès rapides que l'emploi de la méthode expérimentale a amenés dans la connaissance des phénomènes naturels. Appliquée à l'étude des phénomènes physiques, aussitôt après qu'elle eut été exposée par Bacon, dans son Novum organum, elle produisit les découvertes auxquelles sont attachés les noms de Pascal, de Descartes, de Mariotte, etc. Plus tard, entre les mains de Lavoisier, elle créa la chimie. Enfin, c'est grâce à l'emploi de l'expérience que, dans ce siècle, ces deux sciences sœurs, la physique et la chimie, ont été amenées au degré d'avancement où nous les voyons aujourd'hui. Jusqu'à ces derniers temps, la physiologie et la médecine avaient dû leurs progrès à l'emploi pour ainsi dire exclusif de l'observation. Ce sera le grand titre de gloire de M. Claude Bernard d'avoir introduit l'expérience dans l'étude de ces sciences; les belles découvertes de ce savant sont bien certainement dues autant à la perspicacité de son génie qu'à l'excellence de la méthode qui lui sert d'instrument. En suivant la même voie, M. E.-J. Marey, aujourd'hui professeur au Collège de France, a entrepris d'élucider les principaux faits constituant la mécanique animale. Dans un premier ouvrage intitulé: Du mouvement dans les fonctions de la vie, il s'est occupé de ce que l'on pourrait appeler la mécanique animale intérieure, c'est-à-dire des lois du mouvement dans la circulation du sang, la respiration, etc. Dans ces dernières années, il a porté ses investigations principalement sur la mécanique animale extérieure, c'est-à-dire sur les conditions dans lesquelles s'effectue la locomotion des animaux. Nous voudrions aujourd'hui donner à nos lecteurs une idée des méthodes employées par M. Marey dans ces études sur la locomotion et des principaux résultats qu'il en a conclus. 1 La machine animale, locomotion terrestre et aérienne, par E.-J. Marey, professeur au collège de France, membre de l'Académie de médecine. Paris, Germer-Baillière, 1875. |