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produit le burin de V. Foulquier, et en offrent 51, parmi lesquelles un superbe portrait de La Fontaine. Les amateurs se disputent les exemplaires numérotés, qui ont été tirés sur papier de Hollande, pour chacun des volumes de la collection. Déjà plusieurs sont épuisés, et il ne reste qu'un petit nombre des autres.

Travaillant avec les soins les plus persévérants à élever à la belle langue du dix-septième siècle un monument digne de cette grande époque, la maison MAME prépare en ce moment le Théâtre de Racine, en deux volumes.

Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs le catalogue de la Bibliothèque et du Magasin illustrés d'Education et de Récréation de la librairie Hetzel. Bon nombre des ouvrages de cette collection ont été couronnés par l'Académie française et sont en possession de la faveur publique. L'œuvre complète de M. Jules Verne en fait partie. La bibliothèque de mademoiselle Lili, composée de 47 albums, dont les textes sont dus à M. Stahl et les dessins à MM. Froment, Froelich, Detaille, constitue, pour le premier âge, une bibliothèque véritablement aimable et charmante. Parmi les nouveautés ajoutées cette année à cette gracieuse collection, nous citerons: Le premier cheval et la première voiture; la Chasse au volant, dessins de Froment et de Frolich; - les Caprices de Manette, de M. le marquis de Chennevières; le Cirque à la maison, pour le second àge; — l'Histoire d'un âne et de deux jeunes filles, de Stahl; puis, pour la jeunesse : Mon premier voyage en mer et les Planteurs de la Jamaïque, de Mayne Reid; — l'Histoire d'une forteresse, de Viollet-le-Duc; - la Plante, de Grimard;le docteur Ox et le Tour du Monde en quatre-vingts jours, de Jules Verne, et une édition nouvelle de l'Histoire sainte, de M. de Meissas.

L'ARMEE FRANCAISE

DEPUIS LA GUERRE

Loi sur le recrutement de l'armée, du 27 juillet 1872. Loi relative à l'organisation générale de l'armée, du 24 juillet 1873. Rapport fait au nom de la commission de la réorganisation de l'armée sur le projet de loi relatif à la constitution des cadres et des effectifs de l'armée active et de l'armée territoriale, par M. le général Chareton, membre de l'Assemblée nationale (annexe au procèsverbal de la séance du 3 août 1874). - Projet de loi relatif aux cadres de l'armée active et de l'armée territoriale, et aux officiers de réserve, présenté par M. le maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta, président de la République française, et par le général de Cissey, vice-président du conseil, ministre de la guerre.

I

La loi des cadres de l'armée active et de l'armée territoriale va se discuter à l'Assemblée nationale. C'est là une de ces mesures fondamentales qui, déterminant l'étendue des forces militaires de la France, sont appelées à exercer une influence marquée sur son a venir.

Pour faire connaître les questions qui sont actuellement en discussion, il est nécessaire de rappeler les changements déjà opérés dans l'organisation militaire de notre pays depuis la fin de la dernière guerre. Ces changements sont contenus dans deux grandes lois, celle du 27 juillet 1872 sur le recrutement, et celle du 24 juillet 1873, qui est relative à l'organisation générale de l'armée.

On sait trop quels sont les malheureux événements qui ont contraint l'Assemblée nationale à entreprendre la tâche difficile de remanier, dans l'ensemble et dans les détails, toute la constitution militaire du pays. Mais quelque pénible qu'il soit de revenir sur de N, SÉR. T. LXI (XCVII® DE LA COLLECT.). 6° LIV. 25 DÉCEMBRE 1874.

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tels souvenirs, nous devons indiquer à grands traits les faits caractéristiques de nos désastres.

Nous avions, avec toute la confusion que produit une trop grande hâte, organisé incomplétement huit corps d'armée comptant ensemble trois cent mille hommes. Leurs éléments, provenant de tous 'es points de la France et de l'Algérie, n'étaient pas encore réunis dans le voisinage de la frontière quand l'ennemi se trouva prêt à envahir notre territoire avec trois armées qui devaient se compléter bientôt après et s'élever à un effectif dépassant six cent mille hommes.

L'armée prussienne avait formé des corps d'armée permanents qui subsistaient avec tous les éléments de leur organisation, pendant la paix aussi bien que pendant la guerre, et qui savaient se compléter et se mobiliser avec une promptitude dont les autres armés n'approchaient pas. Ce fut là son premier moyen de succès contre les armées allemande et autrichienne qu'elle surprit en voie de formation, et qu'elle mit promptement en déroule dans la guerre de 1866. Ce fut malheureusement encore la première cause de ses succès contre nous en 1870.

Si déjà, en 1804, l'empereur Napoléon Ier avait dispersé ainsi avec facilité toutes les forces militaires de l'Autriche, c'est qu'une armée, pour agir à la guerre, n'a pas besoin seulement de soldats encadrés dans des compagnies, des bataillons et des régiments formés de longue main, il lui faut des services chargés de pourvoir à à sa solde, à ses vivres, aux besoins de son habillement, de son campement, de ses blessés et de ses malades. Si un seul de ces services fait défaut, l'armée souffre et elle peut même se trouver paralysée complétement.

A cette cause d'infériorité, tenant au temps beaucoup plus long qui lui était nécessaire pour passer du pied de paix au pied de guerre, c'est-à-dire pour devenir mobilisable, l'armée française joignait encore une infériorité numérique qui était écrasante. Cela venait de ce que la Prusse, placée beaucoup au-dessous des trois autres grandes puissances continentales par le chiffre de sa population, qui ne s'élevait pas tout à fait au chiffre de onze millions d'habitants, en 1815, et par la configuration désavantageuse de son territoire, avait mis en œuvre deux principes nouveaux destinés à la rendre capable de tenir son rang. Ces deux principes étaient: La guerre doit mettre toute la nation sous les armes.

L'armée sera, pendant la paix, l'école militaire de la nation. La Prusse, en appliquant ces deux principes, était arrivée à ne faire rester le soldat sous les drapeaux que pendant un temps beaucoup moindre que dans toutes les autres armées, d'où l'on avait cru

pouvoir conclure que ses troupes, jusque-là inaguerries, seraient peu redoutables dans le combat quand elles verraient en face des soldats plus longtemps exercés au métier des armes.

Si les faits de la guerre, loin de confirmer ces conclusions qu'il fut trop facile de faire admettre, les ont démentis en tous points, on en trouve l'explication dans les progrès que l'art d'instruire les troupes a faits dans cette armée. On y avait adopté le fusil à tir rapide, se chargeant par la culasse, longtemps avant que les autres armées en eussent apprécié les avantages, et l'on avait su prévoir que ce nouvel armement apportait un élément nouveau qui devait modifier l'organisation du bataillon, son ordre de bataille et sa manière de combattre. Alors un moyen d'instruction inconnu dans les autres armées fut mis en pratique. Chaque soldat, chaque sousofficier, chaque officier fut mis en mesure de s'exercer pendant la paix aux opérations de la guerre, et de réfléchir sur ce qu'il aurait de mieux à faire s'il était devant l'ennemi. Le soldat apprit ainsi à faire bon usage de son arme; le sous-officier et l'officier à se servir de leur libre arbitre dans le commandement qu'ils exercent. C'est ainsi qu'ont été réalisées dans l'art de faire la guerre des innovations qui ont concouru aux succès de nos ennemis.

Leur cavalerie précédant tout entière le gros de leur armée masquait ses mouvements et ses projets; elle lui donnait le moyen de s'étendre, de vivre sur le pays et d'exécuter des marches rapides.

Leur infanterie, pendant le combat, se dérobait à la vue d'une façon toute nouvelle. Les soldats, habitués à profiter de tout ce qui pouvait servir à favoriser leur action, s'avançaient avec une grande hardiesse, sans éprouver beaucoup de pertes, et ils exécutaient sur notre infanterie déployée et même sur notre artillerie un feu trèsefficace.

Leurs batteries offraient moins de prise que les nôtres. Elles savaient exécuter un feu plus décisif par la régularité du tir, par l'étendue de portée et par l'éclatement du projectile au point de chute. Dans beaucoup de rencontres, nos meilleures troupes, combattant à nombre égal, n'ont pu réussir, malgré toute leur valeur, à obtenir un succès décisif. De tels effets caractérisent, sans aucune contestation possible, l'influence exercée sur le sort des combats par les progrès opérés dans l'art de la guerre.

Tels sont les motifs et le point de départ des réformes opérées dans l'armée française depuis la fin de la guerre. Nous allons main'tenant en indiquer la nature pour en discuter les effets.

II

La loi du 27 juillet 1872 sur le recrutement porte :

Art. 1. Tout Français doit le service militaire personnel.

Le remplacement est supprimé.

Les obligations de service militaire qui incombent à tous les citoyens sont ensuite réglées de la manière suivante :

Tout Français qui n'est pas déclaré impropre à tout service militaire fait partie :

De l'armée active pendant cinq ans ;

De la réserve de l'armée active pendant quatre ans ;

De l'armée territoriale pendant cinq ans;

De la réserve de l'armée territoriale pendant six ans.

Le service militaire compte à partir du 1er juillet de l'année qui suit celle dans laquelle l'homme a atteint vingt ans révolus. Ce service comprend en tout un laps de vingt ans après lesquels l'homme reçoit un congé définitif.

L'armée active se compose de tous les jeunes gens déclarés propres à un des services de l'armée et compris dans les cinq dernières classes appelées; mais la loi qui le déclare ainsi produit une ambiguïté ou une illusion, car les cinq classes ne peuvent jamais se trouver tout entières sous les drapeaux en temps de paix, à cause de l'exagération qu'il y aurait dans l'effectif et dans la dépense, tandis qu'en temps de guerre l'effectif doit comprendre, en outre, les quatre classes de la réserve.

Cette réserve de l'armée active comprend les quatre classes qui ont précédé immédiatement les cinq classes de l'armée active.

L'armée territoriale comprend tous les survivants des cinq classes qui ont précédé la classe la plus ancienne de la réserve de l'armée active.

La réserve de l'armée territoriale se compose des six classes plus anciennes que celles de cette armée.

Les régiments de l'armée territoriale, ainsi que ceux de la réserve, doivent comprendre tous les hommes domiciliés dans une même région, tandis que les jeunes soldats de l'armée active provenant d'une même région doivent être répartis entre divers corps de l'armée. En d'autres termes, le système du corps d'armée régional, qui est en usage en Prusse, a été repoussé chez nous pour l'armée active. Nous

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