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tions ont de commun avec le commerce intérieur. Au fond, il y a là un service d'hygiène publique d'une certaine importance, qui a d'étroites affinités avec un service analogue placé au ministère de l'intérieur et comprenant les hôpitaux et hospices, les asiles d'aliénés, etc; 4o les institutions de prévoyance (caisses d'épargne, caisse des retraites pour la vieillesse, caisses d'assurance par l'État au profit des classes Ouvrières). Pourquoi ces établissements ne seraient-ils pas réunis au service des Sociétés de secours mutuels, création de même nature, qui fonctionne au ministère de l'intérieur, et, mieux encore, pourquoi ne pas placer sous la même direction, dans l'un ou l'autre des deux ministères, et les établissements charitables et les établissements de prévoyance, également destinés aux mêmes classes de la société. Ces derniers ne sont-ils pas charitables sur quelque côté ? Et par exemple, la caisse des retraites de la vieillesse et les deux caisses d'assurances par l'État, n'en reçoivent-elles pas un secours, la première sous la forme d'une gestion gratuite et de la mise à la charge du pays des risques que peut amener l'insuffisance du tarif des primes; les secondes d'une subvention en argent, et, en outre, du double bénéfice pour les assurés de la gestion gratuite et de l'exonération de tout risque?

La direction du commerce extérieur contient un service des plus importants et qui exerce réellement la plus grande influence (bonne ou mauvaise, selon le système économique adopté par le gouvernement) sur notre commerce intérieur; c'est la préparation du tarif des douanes. Mais ce service ne devrait-il pas relever de l'administration des douanes, au ministère des finances? Ne pourrait-il pas relever également de la direction des affaires commerciales, au ministère des affaires étrangères, el, avec d'autant plus de raison, que la négociation des traités de commerce et de navigation appartient à ce ministère? Comment comprendre que le même service, les mêmes questions, les mêmes intérêts relèvent simultanément de trois ministères distincts? Où peut être l'unité de vues et de doctrines avec une parcille trilogie administrative?

Pourquoi ne pas rattacher au ministère de l'intérieur, le plus charitable, le plus aumônier des neuf ministères, les secours aux survivants de nos anciens colons dépossédés de Saint-Domingue et les secours spéciaux pour pertes matérielles et événements malheureux?

Ministère des Travaux publics. C'est le ministère de la paix, c'est le ministère des travaux utiles, des travaux qui féconden! l'ensemble des forces productives du pays. Mais la situation financière du pays lui impose, en ce moment, de très-grandes réserves; il ne doit entreprendre que les travaux véritablement urgents, pour lais

ser à un avenir meilleur l'accomplissement, dans notre système de viabilité, des améliorations, des perfectionnements même les plus séduisants.

Nous avons peu de choses à dire de l'organisation du corps des ponts et chaussées et des mines. Peut-être pourrait-on reprocher aux ingénieurs du premier de ces deux services (de beaucoup le plus actif des deux, les ingénieurs des mines n'ayant, en France, qu'une mission de surveillance et d'inspection) de ne pas tenir, dans les travaux qui leur sont confiés, un compte suffisant des nécessités financières du pays. Faire grand (selon une expression célèbre) et faire beau est, chez eux, une préoccupation trop exclusive. On peut en dire autant des architectes auxquels sont confiés les bâtiments de l'État et les palais nationaux. En Angleterre, les rares travaux publics à la charge de l'État sont toujours mis en adjudication, tant pour le plan que pour l'exécution; aussi le gouvernement n'a-t-il ni ingénieurs officiels, ni architectes attitrés.

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Le ministère des travaux publics est, à un très-haut degré, selon nous, un ministère de l'agriculture, de l'industrie et du commerce, puisqu'il a dans ses attributions le grand élément vivificateur de ces trois branches de la richesse nationale, les grandes voies de communication de terre, de fer et d'eau. Le service des routes départementales, qui lui a été retiré, en droit, si ce n'est en fait, - par l'avant-dernière loi sur les attributions des conseils généraux, lui sera rendu quand la fièvre de la décentralisation à tout prix se sera calmée. Peut-être, sous l'influence d'une réaction en sens contraire, lui donnera-t-on la haute direction du réseau vicinal. Ce serait un véritable bienfait pour les communes, l'étude des tracés devant alors être soustraite aux influences locales.

Au nombre des attributions purement agricoles du département qui nous occupe, mentionnons l'obligation d'entreprendre ou de favoriser des travaux qui touchent directement aux intérêts du sol, et notamment l'ouverture ou l'entretien des routes forestières de la Corse, des routes agricoles, le curage des petits cours d'eau, les desséchements et irrigations, l'assainissement des marais communaux, l'entretien de l'école d'irrigation du Lézardeau (Finis!ère), les travaux préventifs ou préservatifs des inondations, etc.

A tous ces points de vue, il est urgent de revenir à la fusion des deux ministères.

III

Nous avons terminé cet examen, un peu long en apparence, trop court en réalité, de nos dépenses publiques. Nous avons indiqué les économies à réaliser soit immédiatement, soit dans un avenir peu éloigné. Nous avons, en outre, signalé, en passant, les moyens de recruter désormais dans de meilleures conditions le personnel de nos services publics.

Seulement, hélas! nous ne pouvons nous le dissimuler, quelques-unes des mesures que nous avons conseillées exigent une initiative d'une telle énergie, que le cœur faillira longtemps aux gouvernements appelés à se succéder en France, avant qu'ils osent y recourir. Mais l'homme d'État convaincu qui osera en poursuivre la réalisation aura, selon nous, bien mérité du pays.

A. LEGOYT.

L'ITALIE

ÉTUDES HISTORIQUES, PAR ALPHONSE DANTIER1

A quoi mène l'histoire? Y a-t-il vraiment un enseignement dans ce récit interminable de guerres qui succèdent à des révolutions et de révolutions qui succèdent à des guerres, si ce n'est de nous montrer que le repos n'est pas fait pour l'homme, que la lutte doit toujours succéder à la lutte, le travail au travail, sans que la lutte amène jamais la victoire, sans que le travail donne jamais son fruit? Y a-t-il vraiment, dans l'existence du genre humain, quelque chose de progressif et de régulier, une loi certaine, un point de départ et, après des phases successives, un point d'arrivée, comme nous le voyons pour la vie physique de l'homme? Y a-t-il, en un mot, pour les peuples de la terre, une fin, un but, un état normal et définitif, si ce n'est au delà et au-dessus de la terre? Toutes les lois qu'on a prétendu reconnaître à la vie du genre humain, tous ces systèmes d'évolutions nécessaires et de progrès successifs dans lesquels se sont complu les imaginations allemandes ou quasi allemandes, ne sont-ils pas démentis par l'étude des événements, quand ils ne le seraient pas déjà par l'évidente certitude du libre arbitre de l'homme? Le but et la fin de l'histoire ne doivent-ils pas être cherchés hors de ce monde, et saint Augustin, dans sa Cité de Dieu, et Bossuet, dans son Discours sur l'histoire universelle, n'ont-ils pas écrit la vraie philosophie de l'histoire, la seule sérieuse et à laquelle on n'ajoutera rien?

Plus que jamais, cette réflexion me frappe en lisant M. Dantier, en songeant aux annales de l'Italie. Quand l'Italie, cette contrée si belle, si favorisée par son climat, si grande par ses arts, dans laquelle tant de races diverses, venues ou du Midi ou du Nord, se sont rencontrées 1 2 vol. in-12. Paris, chez Didier.

pour être d'autant plus fécondes; ce théâtre de si grandes choses; ce centre, on peut le dire, de la vie historique du monde; quand l'Italie a-t-elle eu un jour de paix véritable, un repos glorieux après ses luttes, une heure de paisible triomphe? Ce n'est pas au temps de la vieille Rome, dans cette vie rude et grossière du peuple de Romulus, dans ces combats de pâtres sabins ou samnites, se disputant pied à pied la terre qui doit leur donner une maigre nourriture et le bouf qu'ils attelleront à leur pauvre charrue. Ce n'est pas, sous les empereurs romains, dans cette période de corruption et de décadence, où les peuples nous étonnent également et par leur patience servile à laisser régner des tyrans, et par l'indifférence avec laquelle ils laissent renverser, quand ils en ont, des maîtres supportables. Est-ce au temps des Barbares, lorsque la civilisation italienne, bien malade, a sans cesse besoin de faire la paix avec de nouveaux envahisseurs, capitulant avec eux, leur demandant merci, les adoucissant de son mieux; les faisant ses captifs, je le veux bien, comme la Grèce vaincue avait fait Rome sa captive, mais, comme la Grèce, opérant ce travail au prix de sa gloire, de sa richesse et de sa liberté; trop heureuse d'avoir pour ambassadeurs auprès de ces Barbares de grands papes comme saint Léon et saint Grégoire le Grand qui, s'ils ne détournaient pas toujours le fléau, le modéraient au moins? Est-ce enfin sous les papes? Mais la vie des papes a été une lutte continuelle. Même à ces temps du moyen âge où parfois l'on croit pouvoir nous représenter le pape régnant sur l'Europe chrétienne comme un souverain absolu et incontesté, il n'est pas un pape qui n'ait rencontré, et en Italie et hors d'Italie, quelque ennemi puissant et acharné devant lequel, plus d'une fois, il a paru tout près de succomber. Rappelez-vous, au onzième siècle, l'empereur Henri IV en face de Grégoire VII; au douzième, Frédéric Barberousse et Alexandre III; au treizième, Frédéric II et Grégoire IX; au quatorzième, l'exil d'Avignon et le schisme d'Occident. La lutte a toujours duré et durera toujours.

Certes, la race italienne a reçu de grands dons intellectuels, et je ne pense pas qu'aucune race en Europe puisse s'égaler à elle. Bien autrement que nous autres gens du Nord, elle a le sentiment de l'art. et de la poésie; et en même temps, dans la théologie, dans la philosophie, dans la jurisprudence, dans les sciences exactes, dans l'observation de la nature, quel pays peut se comparer à la patrie de saint Thomas d'Aquin, de Galilée, de Torricelli, de Galvani, de Volta? L'habileté politique, où s'est-elle le plus perfectionnée, si ce n'est dans cette vie si agitée et si diverse des républiques italiennes, si ce n'est dans la personne de ce Machiavel, que M. Dantier fait si bien connaitre en ces pages dont les lecteurs du Correspondant ont gardé le souvenir?

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