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Mézeray parle de l'introduction des femmes à la cour. « Du commencement, dit-il, » cela eut de fort bons effets, cet aimable sexe y ayant amené la politesse et la cour» toisie, en donnant de vives pointes de gé» nérosité aux âmes bien faites. Mais depuis » que l'impureté s'y fut mêlée, et que l'exemple des plus grands eût autorisé la corruption, ce qui était auparavant une belle » source d'honneur et de vertu, ADVINT UN » SALE BOURBIER DE TOUS LES VICES; le dés» honneur SE MIT EN CRÉDIT, LA PROSTITU"} TION SE SAISIT DE LA FAVEUR, on y en

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» trait, on s'y maintenait par ce moyen; » bref, les charges et les emplois se distri» buaient à la fantaisie des femmes, et parce » que d'ordinaire, quand elles sont une fois » déréglées, elles se portent à l'injustice, aux fourberies, à la vengeance et à la ma»lice avec bien plus d'effronterie que les » hommes mêmes, elles furent cause qu'il » s'introduisit de très méchantes maximes » dans le gouvernement, et que l'ancienne » candeur gauloise fut rejetée encore plus » loin que la chasteté. Cette corruption » commença sous le règne de François Ier, » se rendit presqu'universelle sous celui de » Henri II, et se DÉBORDA ENFIN JUSQU'AU >> DERNIER PÉRIODE Sous Charles IX et

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» Henri III. » Mézeray, Hist. de Fr. » Henri III, tome 3, pag. 446-447.

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Voyons maintenant comment Bassompierre s'exprime sur le compte d'un courtisan. « C'é> tait un homme assez mal fait, et il y a lieu » de s'étonner qu'il ait réussi en ce temps-là, » où l'on ne parvenait à rien que par les femmes, comme je pense qu'il en a été » DE TOUT TEMPS, dans TOUTES les cours, et » crois que qui voudrait y regarder de bien près, TROUVERAIT PLUS DE MAISONS QUI SE SONT FAIT GRANDES PAR CETTE Voie qu'au

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» TREMENT. »

Je pourrais multiplier ces citations à l'infini, il faut se borner; passons à un autre point.

Le dernier chef d'accusation a été soutenu avec moins d'insistance, et si quelque chose m'étonne encore, c'est qu'on ne l'ait pas entièrement abandonné. Vous penserez comme moi, sans doute, quand je l'aurai remis sous vos yeux.

"O vous, législateurs nommés par les pré» fets, prévenez ce malheur (le morcelle»ment des grandes propriétés); faites des » lois, empêchez que tout le monde ne vive! » ôtez la terre au laboureur et le travail à » l'artisan, par de bons priviléges, de bonnes » corporations. Hâtez-vous; l'industrie, aux

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champs comme à la ville, envahit tout, >> chasse partout l'antique et noble barbarie. » On vous le dit, on vous le crie: que tar >> dez-vous encore? qui vous peut retenir? » peuple, patrie, honneur? lorsque vous » voyez là emplois, argent, cordons et le » baron de Frimont. »

Je dois vous le confesser; dans ma simplicité, j'avais imaginé que, par une méprise étrange, mais qui n'est pas plus étrange que le reste de l'accusation, le ministère public avait pris au sérieux les conseils ironiques de l'auteur, et qu'il allait lui reprocher d'avoir engagé les pouvoirs législateurs à faire des lois pour empêcher que tout le monde ne vive, etc., etc.... C'est ainsi seulement que je concevais la possibilité d'une accusation d'outrage à la morale publique, et je me promettais de vous désabuser facilement.

Je m'étais trompé : l'accusation a pris une autre marche; et ici, je ne la comprends plus.

S'il s'agissait d'une accusation politique, je la trouverais seulement très mal fondée, mais enfin, je la concevrais, puisque le passage a trait à la politique : mais c'est une accusation de morale publique qu'on vous présente;

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qu'ont de commun avec la morale publique, le mode d'élection des députés, et la recomposition de la grande propriété ?

C'est insulter la nation que de prétendre qu'elle abandonne à ses préfets le choix de ses législateurs? Toujours des reproches étrangers à la question! Mais qu'a donc écrit ici M. Courier, que le gouvernement luimême n'ait dit cent fois à la tri ne? Les ministres ne nous ont-ils pas souvent entretenus de la nécessité de donner au gouvernement de l'influence dans les élections? Et comment le gouvernement exerce-t-il cette influence? Par ses agents, apparemment? Et ces agents, qui sont-ils, dans les départe ments? Les préfets. Qu'a donc dit M. Cou

rier.

Vous offensez les Chambres, en les supposant disposées à faire des lois pour éter le pain au laboureur. Encore une accusation étrangère au procès, car nous ne sommes point accusés d'offense envers les Chambres, mais d'outrage à la morale publique.

Je répondrai d'un seul mot: si les Chambres se croyaient offensées, elles avaient droit de rendre plainte et de provoquer des poursuites. Elles ne l'ont pas fait; elles ne se sont donc pas jugées offensées; et vous, vous n'avez pas droit, quand elles gardent le silence, de devancer leur plainte et d'agir sans leur provocation.

Avant de quitter cette discussion, je veux,

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Messieurs les jurés, vous proposer une épreuve irrécusable pour discerner la vérité de l'erreur, et pour apprécier les charges de l'accusation. Vous n'ignorez pas, et c'est un des plus simples axiomes de la logique, que le contraire d'une proposition fausse est nécessairement une proposition vraie : par la même raison, toute proposition qui outragera la morable publique, aura nécessairement pour contraire une vérité fondamentale de morale publique. Ainsi qu'un auteur fasse l'apologie du larcin ou du mensonge, vous n'aurez qu'à renverser sa proposition, et vous trou, verez que le mensonge, que le larcin sont des actions répréhensibles: ce sont là, en effet, des principes de morale incontestables.

Si, au contraire, la proposition ainsi renversée ne nous donne qu'un sens insignifiant, indifférent ou ridicule, il est évident que la proposition primitive ne renfermait pas d'ou irage à la morale publique.

Appliquons aux propositions incriminées cette méthode d'appréciation.

La cour donne tout aux princes; Les prétres donnent tout à Dieu; Les apanages, les listes civiles ne sont pas pour les princes;

Le revenu des abbayes n'est pas pour Jésus-Christ;

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