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alors. Ils étaient les plus riches de tous les insulaires, comme ayant dans leur île des mines d'or et d'argent, si que de la dîme du produit, ils en ont consacré à Delphes un trésor égal aux plus riches, et chaque année se partageaient les sommes provenantes de ces mines. Or, quand ils faisaient ce tréils demandèrent à l'oracle si leurs biens présents leur devaient long-temps demeurer. La Pythie leur fit cette réponse: Alors que dans Siphnos Pritanée blanc sera, et blanc le sourcilleux marché, Siphnien sagement fera si caut en son ile caché, il évite embuche de bois et rouge heraut. Le marché de Siphnos, en ce temps-là, et le prytanée étaient revêtus de pierre de Paros; ils ne surent comprendre l'oracle, ni lors, ni depuis à la venue des Samiens; car les Samiens dès qu'ils eurent pris terre en Siphnos, envoyèrent sur un de leurs navires des parle mentaires à la ville. Tous les vaisseaux jadis étaient peints de vermillon, et c'était cela que la Pythie avait prédit aux Siphniens parlant d'une embûche de bois et d'un héraut rouge venus, ces envoyés requirent les Siphniens de leur prêter dix talents, ce que ceux-ci refusèrent, et les Samiens se mirent à piller le pays, quoi entendant, ceux de Siphnos accourent pour défendre

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leurs biens, et dans le combat eurent du pire; même beaucoup d'entre eux ne purent regagner la ville, le chemin leur ctant coupé par les Samiens qui leur firent payer ensuite cent talents.

Ils eurent pour argent des Hermionéens une île près du Péloponèse, Hydrée, qu'ils remirent aux Trézéniens comme dépôt, puis fondèrent en Crète Cydonie, n'étant pas venus dans ce dessein, mais bien pour expulser de l'île les Zacynthiens. Ils y demeurèrent et vécurent en prospérité l'espace de cinq ans, tellement que tous les lieux sacrés qu'on voit maintenant à Cydonie, sont leur ouvrage; aussi est le temple de Dictyne. Mais la sixième année, ceux d'Egine les vainquirent dans un combat naval et les firent esclaves; les proues qu'ils ôtèrent de leurs vaisseaux, faites en hures de sanglier, ils les consacrérent dans le temple de Minerve à Egine. Les Eginètes en usèrent de la sorte avec les Samiens, par une haine envenimée que de long-temps ils leur portaient; car les Samiens les premiers, régnant Amphicrate à Samos, passèrent en Egine armés, firent aux Eginètes de grands maux, et non moins en eurent à souffrir, de quoi la cause ne fut autre.

Or ai-je voulu m'étendre un peu sur le

propos des Samiens, parce que les trois plus grands ouvrages de la Grèce entière sont faits par eux. D'une montagne haute de cent cinquante orgyes, la fosse ou trouée, commençant d'en-bas avec double ouverture, sept stades sont la longueur de la fosse, hauteur huit pieds, largeur égale; par le milieu de celle-ci une autre fosse de bout en bout a de profondeur vingt coudées, trois pieds de large, par où l'eau d'une grosse source est conduite jusqu'à la ville dans des tuyaux; de laquelle fosse ou trouée l'architecte était de Mégare, Eupalinus, fils de Naustrophus, et voilà un des trois ou vrages; le second, c'est une levée dans la mer autour du port, profondeur quelques vingt orgyes, longueur de la levée, plus de deux stades; le troisième qu'ils ont fait, est un temple le plus grand de tous les temples connus, dont fut le premier archi tecte Rhocus, fils de Philès, né du pays; pour cela j'ai voulu davantage m'étendre au sujet des Samiens.

Cependant que Cambyse séjournait en Egypte, faisant tels actes de démence, deux hommes se rebellent contre lui, tous deux mages et frères, dont l'un avait été par lui laissé gouverneur de sa maison. Il se souleva parce qu'il vit la mort de Smerdis tenue

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secrète, que peu en étaient informés; la plupart même des Perses le croyaient encore en vie prenant son parti là-dessus, il attente à la royauté. Il avait un frère que j'ai dit s'être soulevé avec lui, tout-à-fait semblable de visage à Smerdis, fils de Cyrus, celui que Cambyse son frère avait fait mourir. Il ressemblait donc à Smerdis, et de plus avait nom comme lui Smerdis : cet homme, à la persuasion du mage Patizithès son frère, qui se faisait fort de lever toute difficulté, se laissa conduire et placer sur le siége royal, et cela fait Patizithès envoie des hérauts partout, et en Egypte aussi, mandant à l'armée d'obéir à Smerdis, fils de Cyrus, et non plus à Cambyse. Les autres herauts proclamèrent cela où ils allèrent, et aussi fit celui qui alla en Egypte; il trouva Cambyse et l'armée à Ecbatane de Syrie, et debout au milieu, proclama ce qu'avait ordonné le mage. Cambyse entendant cela, et pensant être vrai le dire du héraut, et que Prexaspès l'avait trahi en ne tuant pas Smerdis quand il en avait l'ordre, regarda Prexaspès, au visage, et lui dit : « Ainsi as-tu fait, Prexaspès, le devoir que je t'imposai? » L'autre dit : « Maître, il n'est pas vrai, et ne peut être que Smerdis ton frère se révolte aujourd'hui,

ni que jamais il ait querelle avec toi, grande ni petite; car moi-même ayant fait comme tu commandais, l'ai enseveli de mes propres mains: si à présent les morts reviennent, attends-toi de voir revenir aussi le Mède Astyagès; mais il s'en va comme devant et selon l'ordre de nature, oncques de lui nulle nouveauté ne s'élèvera contre toi. Or, à cette heure, mon avis est qu'il convient appeler le héraut, afin de savoir par quel ordre il nous vient ici proclamer obéissance au roi Smerdis. »

Ainsi fut fait, la chose approuvée par Cambyse, le héraut mandé arriva, et venu Prexaspès l'interroge : « Homme qui te dis messager de Smerdis, fils de Cyrus, confesse ici la vérité et tu t'en iras sans nul mal; est-ce lui Smerdis, qui présent à tes yeux, t'a donné cet ordre, ou quelqu'un de ses serviteurs? » l'autre répond : « Je n'ai point vu, depuis que le roi Chambyse est parti pour l'Egypte, Smerdis fils de Cyrus; le mage que Cambyse a laissé pour gouverneur de sa maison, m'a dépêché ici, disant que c'était Smerdis fils de Cyrus, qui me commandait de parler à vous comme j'ai fait. " Cambyse alors : « Prexaspès, en homme de bien tu as fait mon commandement, et partant tu es sans reproche; mais qui

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