Et la neige, en tombant, le couvrait à demi, Qu'il vienne à nous, celui qui pleure," Avec leurs grands sommets, leurs glaces éternelles, Par un soleil d'été, que les Alpes sont belles! Tout dans leurs frais vallons sert à nous enchanter, La verdure, les eaux, les bois, les fleurs nouvelles. Heureux qui sur ces bords peut longtemps s'arrêter! Heureux qui les revoit, s'il a pu les quitter! Quel est le voyageur que l'été leur envoie, Bientôt de la colline il prend l'étroit sentier; Est un pain de froment qu'il garde tout entier. Pourquoi tant se hâter à sa course dernière? Et ne point s'arrêter qu'il n'ait vu son hameau, Les voilà!..tels encor qu'il les a vus toujours, Tout joyeux il arrive et regarde... Mais quoi! La porte cède: il entre; et sa mère attendrie, „N'est-ce pas mon fils qui revient?" Son fils est dans ses bras qui pleure et qui l'appelle; „Je suis infirme, hélas! Dieu m'afflige", dit-elle, „Et depuis quelques jours je te l'ai fait savoir, Car je ne voulais pas mourir sans te revoir." Mais lui: „De votre enfant vous étiez éloignée: Et les mains de l'enfant, des siennes détachées, Sa mère l'embrassait et respirait à peine; Symbole consolant que les ans ont noirci. C'est lui, je le savais, le Dieu des pauvres mères Lui qui me consolait, quand mes plaintes amères C'est le Pasteur divin que les mères implorent, Qui sauve nos enfants du froid et de la faim. Nous gardons nos agneaux, et les loups les dévorent; Nos fils s'en vont tout seuls, et reviennent enfin." Toi, mon fils, maintenant me seras-tu fidèle? Ta pauvre mère infirme a besoin de secours; Elle mourrait sans toi!" L'enfant, à ce discours, Grave, et joignant les mains, tombe à genoux près d'elle, Disant: Que le Bon Dieu vous fasse de longs jours! Jusqu'à ce qu'il s'achève Le clocher du village Sa voix, comme un hommage, Signal de la prière, Aux sons que l'écho roule C'est la pauvre orpheline C'est l'aveugle que guide Et dont la main dévide Son rosaire enfumé. |