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supérieur pour aller voir cette merveille de la mer, les marsouins.

En effet, les voilà! Les poissons vont vite, ils viennent vers le bateau; on dirait qu'ils ont appris à nager en ligne droite. Ils ne sautent ni à droite ni à gauche; ils 5 viennent comme des écoliers conduits par leurs maîtres.

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Mon ami, qui n'a jamais vu de marsouins, tâche de les compter:

"Ces poissons sont nombreux, dit-il, comptons-les, si nous pouvons.

-Un, deux, trois, quatre, cinq... dix, vingt!... Impossible de les compter. Ils sautent hors de l'eau de tous les côtés; il nous semble que la mer est remplie de marsouins....

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10

Ils viennent vers notre bateau, dit mon ami, comme 15 s'ils le connaissaient.

-Ils viennent dîner avec nous, dit une grosse voix

5

derrière nous. Je reconnus immédiatement la voix de notre Espagnol.

-Il va effrayer ces marsouins avec sa voix d'ouragan, me dit mon ami.

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- N'ayez pas peur! ces poissons sont habitués au tonnerre et à la tempête.

Ces marsouins connaissent les bateaux français, dit l'Espagnol; ils nous accompagnent à chaque voyage, car ils aiment le pain, les choux, les restes de viande que les 10 garçons leur jettent. Ils semblent préférer la cuisine française et ils ne manquent jamais de faire visite aux bateaux de cette ligne. Je les vois chaque fois que je fais la traversée et je suis sûr qu'ils connaissent personnellement le chef de cuisine du bateau."

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L'Espagnol alluma un cigare et alla se promener sur le pont. Nous restâmes à regarder les marsouins. Ils avaient fini de manger les restes de table; ils sautèrent encore un peu hors de l'eau et puis ils disparurent.

Une soirée en mer.

Tout le monde est invité au salon, nous allons avoir 20 une soirée musicale. Les sœurs, les enfants, les institutrices, l'Espagnol farouche, le professeur artiste, mon ami et moi, tous nous nous rendons au salon.

D'abord nous chantons la Marseillaise. Nous la chantons de bon cœur car la musique est belle, et puis nous 25 sommes sur un bateau français. Ensuite un voyageur chante une ballade américaine et comme nous la connaissons tous, nous la chantons ensemble. C'est une ballade du Sud, Suwanee River, et ses notes plaintives nous font penser au beau pays de chez nous.

30 Une vieille dame française qui a conservé toute la vi

gueur de sa première jeunesse, commence à chanter une

chanson qui est bien connue de tous les Français : l'Histoire d'un Petit Navire.

de voy

"J'aime cette chanson, me dit mon compagnon age; je vais la chanter à mon retour en Amérique.”

A ce moment le formidable Espagnol s'approche du 5 piano. Il s'assied et commence à jouer. Tout le monde le regarde: il va certainement casser les touches! Malheur au pauvre instrument! Les sœurs, les novices, les enfants le regardent avec épouvante, il fait des gestes terribles! Il se tourne vers nous:

“Messieurs et mesdames, dit-il, je ne fais pas souvent de la musique. Seulement ce soir je me sens inspiré et je me ferai un plaisir de vous jouer mon morceau de prédilection."

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Sa voix roule comme le tonnerre qui approche, il 15 lève les deux mains, il va les abattre sur le pauvre instrument....

Il joue la Chanson de Printemps de Grieg, mélodie simple et gracieuse que les dames et les jeunes filles aiment à jouer et à entendre. On dirait la main d'une 20 jeune demoiselle passant doucement sur les touches d'ivoire au lieu de l'ouragan nous avions la brise!

Nous voyons la France.

Après avoir passé plusieurs jours en mer, on commence à trouver la vie un peu monotone. On connaît les voyageurs, on parle au capitaine, aux officiers, aux garçons. 25 On se fatigue de la vie en mer. Et puis les vues se ressemblent, le bateau occupe le centre d'un cercle dont l'horizon forme la circonférence. Le cercle semble rester toujours à la même place tandis que l'horizon demeure immobile. Le mouvement du bateau nous avertit que le bateau 30 marche toujours.

Mon ami et moi, nous nous promenions sur le pont, quand tout-à-coup un voyageur s'écria: "La terre!... je vois la terre!..."

En un clin d'œil tout le monde fut sur le pont. L'Es5 pagnol, car c'était bien lui, ne s'était pas trompé. "En effet, dis-je à mon ami, je vois la terre, là-bas à l'horizon. Je vois une ligne, dit-il, mais je la vois indistincte

ment.

Bientôt la ligne

- Néanmoins vous voyez la terre. 10 deviendra plus noire et vous pourrez distinguer de petites élévations sur la ligne, ce sont les collines.

-Je vois aussi de petits points blancs, dit-il, qui apparaissent et qui disparaissent continuellement.

- Ce sont des bateaux de pêche qui ont des voiles 15 blanches. Mais regardez! voyez-vous le bateau qui vient là-bas et qui s'avance tout droit vers nous ?

C'est le bateau qui nous amène le pilote. Il sera ici dans quelques minutes et nous verrons le pilote venir à bord.”

Le pilote de la Manche.

Pourquoi faut-il donc un pilote dans la Manche? 20 Notre capitaine ne saurait-il pas diriger son bateau au port? Oui et non! Il y a dans cette mer certains dangers qu'un pilote seul peut bien connaître. Les courants et les abords de la côte changent et pour cette raison le gouvernement français ne permet pas à un vaisseau 25 d'aborder sans pilote. Celui-ci est un guide diplômé qui a subi des examens rigoureux pour prouver son savoir.

Le gouvernement ne paie pas de salaire aux pilotes. Ceux-ci sont payés par les compagnies maritimes qui les emploient. Ils sont tout le temps en mer: ils attendent 30 l'arrivée du bateau. Pendant les tempêtes seulement ils restent dans les ports. Leur responsabilité est très grande,

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