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térer l'élément gaulois, de l'affaiblir, de le détruire. Mais, la décomposition ne s'accomplissant pas assez vite au gré de l'empereur Auguste, il fallut chercher des dissolvants plus énergiques à l'effet d'opérer la fusion des deux peuples: la ressource des colonies militaires fut un de ces dissolvants. Comme on savait la Gaule une contrée riche, belle et fertile, le gouvernement impérial y fit passer avec de larges priviléges une foule de vétérans légionnaires dont il restait à récompenser les services or les émigrants apportaient dans leur nouvelle patrie les mœurs, les habitudes, les usages du pays natal; ils transplantaient avec eux sous le ciel gaulois la religion, le langage, l'esprit, la civilisation de leur ciel italien, et ils les acclimataient chez les Barbares, qui subissaient insensiblement l'influence de ces brillants étrangers.

Une autre cause vint en aide à l'œuvre d'assimilation. Pour que les colons, qui la plupart s'arrachaient malgré eux aux douceurs de la mère-patrie, se crussent toujours à Rome, ou du moins pour qu'ils en retrouvassent, dans les endroits de leur résidence, un reflet, une empreinte, une image capables d'atténuer la vivacité de leurs regrets, on leur bâtissait à profusion des curies, des temples, des thermes, des cirques, des amphithéâtres, des capitoles, tels qu'ils en avaient laissés sur les bords de leur Tibre aux alentours et dans le voisinage de ces édifices, s'élevaient de nombreuses habitations à la physionomie romaine, et le sol se couvrait ainsi de villas, de bourgades, de villes que des voies de communication venaient relier entre elles. Presque toutes les colonies établies chez les Séquanais datent du règne d'Auguste. La ville d'Isernore, entre Thoirette et Nantua, le bourg de Jeurre (vicus Jurensis) et la ville d'Antre, bâtie à deux lieues de Saint-Claude, sur la pente occidentale du troisième chainon du Jura, remontent, on n'en peut douter, à cette époque. Il ne paraîtra pas invraisemblable d'assigner la même date soit à la fonda

1 On trouve dans le précieux ouvrage de M. Édouard Clerc, la Franche-Comté à l'époque romaine, représentée par ses ruines, une dissertation neuve et brillante sur cette fameuse ville d'Antre qui a tant occupé les savants. Le nom seul de la ville d'Antre, dit M. Clerc, dont nous reproduisons ici en substance l'argumentation, rappelle la colonie la plus romantique, la plus bizarre et, au premier coup d'œil, la plus inexplicable qui se rencontre des deux côtés du Jura. L'histoire de cette colonie est cependant facile à expliquer. Il faut se souvenir qu'au moment où l'empereur Auguste soumit la Gaule, ces retraites reculées du Jura, ces solitudes àpres et sauvages du lac d'Antre étaient le sanctuaire le plus vénéré, le plus redoutable du culte druidique. L'empereur, pour ruiner la puissance des druides, abolit leurs sacrifices, répandit des colonies dans la Gaule, substitua lentement à l'ancien culte le culte des Romains; et les courtisans firent élever près de Lyon, au confluent de la Saône et du Rhône, un temple gigantesque, dédié à Rome et à César Auguste, monument sur le marbre duquel les députés des soixante-quatre cités de la Gaule inscrivirent le nom de leurs provinces. Les Gaulois sentaient qu'une force surhumaine les poussait sous la main de Rome; mais, comme s'ils eussent voulu ne s'avouer vaincus que par les dieux, ils semblaient avoir besoin, pour se résigner au joug, de diviniser leurs maitres. Or, on découvre dans ces faits toute l'histoire de la ville d'Antre, qui n'était située qu'à vingt lieues de la province lyonnaise, séjour favori d'Auguste. Cet empereur avait fait conduire à Antre, par deux chefs romains, une colonie de soldats du Nil pour surveiller le Jura, dont les sombres forêts et les sanctuaires menacés pouvaient devenir un centre de révolte, surtout au sein de la jeunesse nombreuse et mal façonnée au joug, que gouvernaient les druides. Les soldats égyptiens envoyés là par Auguste y apportèrent leur patrie, leurs monuments, leurs monnaies, leurs divinités; et voilà pourquoi l'on y recueille tant de médailles au palmier et au crocodile enchaîné; pourquoi les statuettes de leurs dieux sont répandues dans tout le voisinage; pourquoi ces soldats

tion, soit au développement de plusieurs autres localités dont les découvertes de l'archéologie moderne ont révélé l'importance ou la splendeur passées ainsi, nous nommerons Corre, ce village historique élevé sur le sol où plusieurs savants placent l'ancienne et célèbre Dittation, et où l'on a déterré tant de souvenirs du peuple-roi; Port-sur-Saône (le Portus Abucinus des Romains), où la science a découvert de nombreux fragments d'architecture romaine, des vases, des statues en marbre; Jussey, au pied des Vosges, qui montre sur son sol les traces d'une voie stratégique et les fondations de vastes édifices; Marnay sur l'Ognon, que l'on croit occuper l'emplacement de la ville romaine de Ruffey; Seveux, sur la rive gauche de la Saône, nom dans lequel on s'accorde à reconnaître l'ancienne Segobodium, cité illustre qui possédait dans ses alentours cette magnifique villa de Membrey dont les ruines couvrent plus de trois cents mètres; Dôle, où l'on a retrouvé les restes d'un amphithéâtre, d'un aqueduc et d'une voie militaire; Orchamps et Tavaux, sur le territoire de Dôle, lieux célèbres, le premier par sa station romaine, le second par ses débris d'antiquités; Petit-Noir et Pierre, deux villages qui abondent aussi en vestiges d'antiquités; Chemin, renommé par la voie romaine qui le traversait dans toute sa longueur; Annoire, où le sol a restitué des médailles romaines, des débris d'armures, des coiffures militaires; Grozon, qui a fourni à l'archéologie un riche contingent en médailles, en armes, en tombeaux, en statues; Céseria, Buvilly, Villette-les-Arbois, Arbois lui-même, féconds en souvenirs de l'époque impériale; Salins, dont l'importance et l'antiquité se prouvent par les voies romaines qui s'y croisaient; Poligny, où l'on voit encore, à côté d'autres débris, des traces de voies stratégiques; Orgelet, qui rappelle les divinités du paganisme par son mont Orgier ou mont des déesses Orgies, sa forêt de Fau (silva Faunorum), en l'honneur des dieux faunes, et son mont Jouvent (mons Jovis), consacré à Jupiter; Lons-leSaulnier, où passait une grande ligne stratégique; Grandfontaine près de Besançon, les Andiers près de Thise, jadis bourgades romaines; Luxiol, le Loposagium de la Carte théodosienne, dont la terre est riche en débris antiques; Rang sur le Doubs, village dans lequel on croit reconnaitre le Velatadurum de l'Itinéraire; Voujaucourt, près de Mandeure, grande bourgade de l'époque romaine. On pourrait écrire le nom de maints autres lieux, déchus aujourd'hui.

Sous le règne d'Auguste principalement, les monuments et les édifices de toutes sortes se multiplièrent sur le sol de la Séquanie: Jallerange, Saint-Sulpice, Poligny, Dôle, Moirans, Vaudrey, Corre, Mandeure, Besançon, offrent des débris de ces bains riches et célèbres où les Romains prodiguaient le marbre, le porphyre, le jaspe, et venaient plus souvent chercher les émotions de la volupté que l'hygiène du corps. D'après des conjectures probables, le magnifique bâtiment des bains à Luxeuil avait quatre cents pas en longueur et presque autant en largeur. Les temples bâtirent sur les bords mêmes du lac d'Antre un temple à Jupiter Ammon. Voilà pourquoi l'on trouve une ville en ces lieux. A l'exemple de ce qui se passait à Lyon, la colonie égyptienne construisit près de ce temple de Jupiter le temple de Mars Auguste. Et comme tout annonce qu'avant la conquête romaine, la nation séquanaise avait coutume de porter au lac d'Antre ses hommages et ses vœux, elle conserva ces habitudes sous la domination impériale; elle fit graver sur la pierre, dans ce sanctuaire du nouveau culte, le nom des grands hommes qu'elle voulait honorer; ce qui explique l'existence de ces monuments d'honneur érigés par la nation tout entière aux Séquanais illustres.

aux dieux de Rome n'étaient pas moins nombreux que les thermes : l'archéologie en a découvert des vestiges et des débris à Besançon, à Mandeure, à Luxeuil, à Dôle, à Grozon, à Isernore, à Jeurre, à Antre; et quelques-uns de ces monuments ont laissé reconnaître leur enceinte, leur figure, leur distribution. La Séquanie ne manquait pas non plus de ces vastes édifices consacrés à l'amusement du peuple-roi. Mandura ou Epamanduodurum, l'illustre cité séquanaise réduite à n'être plus aujourd'hui que l'humble Mandeure, avait un théâtre qui contenait de seize à dix-huit mille spectateurs. Il était construit de forme demi-circulaire, à trois étages de gradins; son pourtour extérieur comptait deux cent cinquante-trois mètres, et son centre en mesurait cent quarante. L'amphithéâtre de Dôle était situé sur l'emplacement qu'occupe aujourd'hui le palais de justice'. De figure ovale et bâti sur le roc, il s'ouvrait par deux grandes portes, tournées l'une au nord et l'autre au midi; on y a retrouvé les cages où l'on enfermait les bêtes féroces destinées au combat. L'amphithéâtre de Besançon était un vaste édifice assis sur la rive droite du Doubs, à l'endroit qui s'appela plus tard la rue d'Arènes. Il avait été construit par les soldats égyptiens qu'Auguste dispersa dans la Gaule après la bataille d'Actium; le frontispice du monument portait cette inscription: A Rome et à Auguste les soldats du Nil. Il fallait aux Romains de ces jeux sanglants d'animaux et de gladiateurs pour occuper leur esprit; et les Séquanais venaient oublier, dans les émotions de ces spectacles, leurs souvenirs d'indépendance et leur rang de sujets.

Cependant la nationalité gauloise ne résistait pas à toutes ces attaques dirigées contre ses mœurs et ses traditions; de jour en jour elle se sentait vaincue. L'empereur Auguste était venu fréquemment visiter la Gaule, pour s'assurer par lui-même des progrès de sa politique, et pour mieux se pénétrer, en parcourant les provinces, des moyens les plus propres à lui faire atteindre promptement et complétement son but. Presque toujours la rigueur et la violence se trouvaient, il est vrai, au fond de ces moyens; mais, on doit le reconnaître, le système impérial, malgré son despotisme et ses exigences, était intelligent et protecteur : il savait habilement mettre en relief, aux yeux des populations, les ressources et les avantages de l'état civilisé; il poussait à grands pas dans la voie des progrès sociaux et matériels; et, somme toute, l'assimilation de la Gaule à la chose romaine était un bienfait. L'empereur Auguste, outre l'ardeur qu'il avait apportée par lui-même à détruire l'esprit gaulois, s'était entouré des hommes les plus capables de le seconder dans sa politique: parmi ces hommes il faut placer sur le premier plan le ministre et gendre de l'empereur, le célèbre Agrippa, qui contribua puissamment à renouveler la société gauloise. Sous l'impulsion de ce grand ministre, le sol de la vieille Gaule s'anima, se vivifia, se couvrit de travailleurs; les terres se défrichèrent, le cours des fleuves sans lit se régularisa, les forêts continuèrent à s'éclaircir devant la hache civilisatrice et se sillonLa rue principale qui passe devant ce palais s'appelle toujours, à cause de ce souvenir, la rue des Arènes. C'est le quartier qu'habitaient les Francs d'Arans. Ce renseignement nous a été fourni par M. Pallu, l'érudit et consciencieux bibliothécaire de la ville de Dôle, et dont l'obligeance égale le savoir Le zèle tout affectueux avec lequel cet excellent compatriote s'est empressé de nous offrir le fruit de ses recherches, et de répondre à nos doutes sur divers points historiques concernant Dole, nous a bien vivement touché que cette feuille porte à M. Pallu l'expression de notre profonde reconnaissance.

nèrent de ces chaussées merveilleuses, telles que le génie des Romains savait les exécuter. Agrippa occupait à ces travaux les bras de plus de deux cent n.ille hommes: il avait fait ouvrir à Lugdunum (Lyon) quatre grandes voies militaires qui de là s'étendaient jusqu'aux extrémités de la Gaule, en reliant le Rhin, la Manche, l'Océan, les Pyrénées; et de ces quatre lignes principales, combinées de manière à leur faire traverser le plus de villes possible, se détachaient une multitude de rameaux secondaires destinés à faciliter les relations entre toutes les parties du pays. Ce fut à ces admirables travaux que la Séquanie dut les chemins stratégiques dont elle vit avec le temps sa surface se couvrir dans tous les sens : chemins pavés avec tant d'art et construits avec tant de solidité, qu'aujourd'hui encore l'on retrouve, après plus de dix-huit cents ans, leur trace empreinte sur le sol. Tel était le secret du génie des Romains, de cette race antique, de ce peuple géant : tout ce qu'ils faisaient, ils le mesuraient à la hauteur de leur taille; tout ce qu'ils touchaient, ils le marquaient du cachet de leur puissance. Ils voulaient que leurs œuvres fussent d'airain et de ciment en quelque sorte, qu'elles fussent durables comme ils croyaient que durerait leur empire, et qu'elles pussent défier, à force de grandeur et de solidité, la pioche de l'homme et le marteau du temps.

L'une des quatre grandes voies militaires d'Agrippa, celle qui était dirigée de Lyon au Rhin, traversait, dit M. Clerc, la Séquanie dans toute sa longueur, depuis la Bresse jusqu'à la grande ouverture entre le Jura et les Vosges : là elle se divisait et plus loin se bifurquait une seconde fois, pour aller, par deux rameaux, atteindre le Rhin, d'un côté vers Kembs, Bâle et la cité des Rauraques, de l'autre vers Neufbrisach et Strasbourg'. » En sortant de la Bresse, cette route entrait dans la Séquanie par Pont d'Évan, gagnait Saint-Julien, Monetay, Céseria, traversait la plaine d'Orgelet et le camp romain du Puits-de-Fiole, parcourait la ligne de Nogna, Publy, Vevy, Crançot, Fied, arrivait à Poligny, continuait par Buvilly et par Grozon, passait dans le voisinage d'Arbois, se retrouvait à Villette, à Villersfarlay, à Cramans, franchissait la Loue à Arc, visitait Senans, s'engageait dans le canton de la forêt de Chaux appelée la Combe du Vernois, se dirigeait sur Villars Saint-Georges, conduisait à Osselle et au bois de Torpes, arrivait près de Grandfontaine, entrait à Besançon par

Dans le remarquable ouvrage précédemment cité, M. Édouard Clerc, l'un de nos plus éminents compatriotes, a consacré de longues pages à la description des voies romaines en Séquanie. C'est un travail magnifique: il laisse loin derrière lui tout ce qu'on a fait jusqu'alors sur le même sujet. Aussi avons-nous négligé les autres sources, généralement trompeuses, pour ne nous attacher qu'à celle-là ; ajoutons que ce que nous disons ici des voies romaines de la Séquanie est tiré de l'ouvrage de M. Clerc. Le texte de la Franche-Comté à l'époque romaine est accompagné d'une carte stratégique bien précieuse, car l'auteur l'a dressée sur les lieux; il a exploré lui-même les chemins qui y sont marqués, il a suivi leurs traces, il les a cherchées sous le sol là où elles offraient des solutions de continuité. En examinant cette carte, œuvre d'admirable patience, et nous pouvons dire de dévouement patriotique, on est surpris de voir à quel point la politique romaine avait multiplié les communications de la province séquanaise avec la province lyonnaise. La Franche-Comté à l'époque romaine est un livre digne de l'auteur qui a écrit l'Essai sur l'Histoire de la Franche-Comté. Par la publication de ces deux ouvrages, M. Clerc a rendu à l'histoire de notre pays un de ces services qui restent comme un titre de gloire. Pour notre part, nous savons tout ce que nous devons à l'auteur de ces deux œuvres remarquables, et nous sommes heureux de pouvoir lui payer ici, avec notre tribut de reconnaissance, un sincère tribut d'admiration pour son beau talent.

le pont romain de Battant, sortait de cette ville dont elle quittait le territoire à Palante, passait entre le Doubs et la grande bourgade romaine des Andiers, continuait par Roche et Roulans, arrivait à Luxiol, prenait dans son parcours l'Hôpital SaintLieffroy, Pompierre, Rang sur le Doubs, et après avoir traversé Bussans, SaintMaurice, Colombier, Dampierre, elle arrivait à Voujaucourt, se détournait sur Mandeure, puis un peu plus loin elle se partageait en deux branches, qui se rendaient au Rhin, l'une par Bâle et la cité des Rauraques, l'autre par Neufbrisach et Strasbourg. Outre cette grande voie romaine on remarque, sur la carte de M. Clerc, trois autres lignes principales: la route de Besançon à Lyon, par Poligny, Lons-le-Saulnier et Bourg-en-Bresse; la route de Besançon, par Orchamps, Tavaux, Chalon-surSaône, et celle de Besançon par Petit-Noir et Pierre, toutes deux se dirigeant aussi sur la Gaule lyonnaise. « Telles sont du nord au sud, dit M. Clerc, les quatre grandes lignes qui liaient alors la Séquanie au midi de la Gaule. Avec le magnifique complé ment des voies nautiques de la Saône et du Doubs, dont le cours est dirigé dans le même sens que ces routes, leur direction laisse apercevoir toute la pensée de la civilisation romaine sous le rapport des communications et du commerce. Mais elles ont une bien autre importance: elles tendent au Rhin par Besançon. Le Rhin! redoutable fleuve au delà duquel habitaient alors, par millions entassés, d'implacables ennemis ! C'est par là que Rome et la Séquanie devaient périr, quand, sur ces routes commodes et multipliées, les Barbares descendirent au midi, et que dans tous les lieux où nous venons d'en suivre les traces on entendit ces cris effrayants : « Les « hautes montagnes, les fleuves, les rocs inaccessibles ne peuvent défendre villes « et châteaux. On voit luire la flamme qui dévore les temples de Dieu! La mort! «partout la mort! »

La Séquanie possédait d'autres grandes voies que celles qui viennent d'être nommées il y avait la route d'Italie à Besançon, par les rochers inaccessibles du SaintBernard et les épaisses forêts du Jura; celle de Besançon en Lorraine, par Sceysur-Saône et Corre; celle des Vosges, par Luxeuil et Plombières; celle du Rhin à Langres, par Béfort, Luxeuil et Port-sur-Saône; celle de Besançon à Autun; celle de Besançon à Alise et Langres, par Dammartin et Pontallié-sur-Saône. Un grand nombre de routes secondaires s'éparpillaient à travers le sol séquanais et servaient à la communication des villes, des bourgades, des petites localités entre elles : tels étaient, par exemple, le chemin de Langres à Dammartin, par Montseugny et Mantoche près de Gray; celui de Besançon à Ruffey sur l'Ognon; celui de Mirebeau à Seveux; de Luxeuil à Corre; de Luxeuil à Lure et à Mandeure; du Rhin à Salins, par la moyenne montagne; le rameau de la voie du Saint-Bernard à Poligny et à la ville d'Antre, par Boujailles, Chavancy et Pont-du-Navois; la voie de Poligny à Tavaux; celle de Verdun à Poligny, par Bellevaivre et Scellières; de Dijon au mont Jura et au Saint-Bernard, par Salins et Pontarlier; de Chalon à Arlay et à Lons-leSaulnier; de Besançon à la ville d'Antre, et d'Antre à Lyon.

En même temps que les grandes voies militaires d'Agrippa se déroulaient dans les plaines de la Gaule, les rivières et les fleuves, rendus dociles par la science de l'homme, prêtaient leurs ondes aux nombreux bâtiments qui servaient à l'échange des produits entre les diverses provinces et tout ce mouvement, tous ces travaux,

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