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elle la doit au caractère pittoresque de ses montagnes, de ses lacs, de ses vallées, de ses paysages, en un mot à cet ensemble de beautés naturelles qui la poétisent. Mais si l'Écosse n'avait pas eu du bonheur, si la plume n'avait fait pour elle autant et peut-être plus que la nature, elle partagerait le sort de la Franche-Comté on n'en parlerait pas. La z neilleure preuve qu'on en puisse donner se trouve dans la ressemblance frapp ante qui existe entre ces deux contrées. Elles sont l'une et l'autre belles, accidentées, pittoresques; elles ont l'une et l'autre ce que recherchent l'artiste et le voyageur:

Si l'Écosse est fière de ses prairies, de ses vallons, de ses collines, de ses forêts, de la variété de ses aspects, la Franche-Comté ne lui cède rien sous ce rapport.

Si l'Écosse a des cascades que l'on admire, des torrents qui attirent, des lacs aux eaux bleues qui scintillent, des grottes aux pétrifications étranges que l'on vient voir de loin, il y a tout à travers la Francl e-Comté, des lacs, des torrents, des cascades et des grottes que la Suisse envien ait.

Si l'Écosse étonne par quelqu'une de ces bi zarreries familières à la nature, par quelqu'un de ces tableaux étalant d'un côté des fleurs odoriférantes et des fruits vermeils, la richesse et l'animation, de l'autre des fleurs étiolées et des arbustes décrépits, l'allanguissement et la ruine; ces bizarreries-là, ces tableauxlà se retrouvent dans la Franche-Comté.

Si l'Écosse montre avec orgueil ses montagnes majestueuses, cachant leur tête dans la brume des cieux et déroulant à leur pied des prairies éclatantes de verdure, les montagnes de la Franche-Co inté offrent le même spectacle. Jusqu'ici la ressemblance des deux pays es t: assez parfaite pour leur donner des droits égaux à la curiosité du touriste. En poursuivant le parallèle, on retrouve entre l'Écosse et la Franche-Comté, plus qu'un air de famille, plus que des caractères de similitude, mais de l'ilentité dans de certains phénomènes, dans quelques noms propres, jusque dans la constitution physique des habitants, jusque dans leurs croyances. Ainsi, le sol de l'Écosse offre en quelques endroits cette particularité, que les plus beaux herbages se trouvent dans les montagnes, et les terrains secs, dans les plaines; en Franche-Comté, ce curieux phénomène se reproduit le même.

En Écosse, aux environs des hautes cimes glaces, la température est âpre et froide per Franche-Comté, les vents qui soufflent sur les; l'air si violent, que l'habitant des chalets y et se voit forcé, dès les premiers jours de l'a troupeaux dans les régions inférieures.

En Écosse, deux des montagnes les plus

le Jura est-ce la nature, est-ce le hasard qui

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presque toujours couvertes de lant huit mois de l'année; en l'auteurs sont si impétueux, et peut à peine passer quatre mois utomne, de redescendre avec ses

connues s'appellent le Lomond et

l'a voulu? mais il y a la Franche

Comté du Lomond et du Jura, comme l'Écosse du Jura et du Lomond.

Que si l'on passe des choses aux homm populations au point de vue physique et n montagnard franc-comtois présente, com

es, et que l'on compare les deux oral, l'analogie se continue: Le ne l'higlander écossais, un angle

facial bien développé, une taille plutôt élevée que moyenne, plutôt vigoureuse que correcte, des mains larges et puissantes, le bras nerveux des athlètes, le cou musculeux et court, les épaules riches et carrées, et l'une un peu plus haute que l'autre, signe distinctif des races militaires, d'après la remarque de Chateaubriand. Pour la ressemblance morale, elle se retrouve, chez les uns comme chez les autres, dans l'expression d'une physionomie honnête, dans des habitudes invariables et simples, dans des principes d'économie et d'ordre assez communément poussés trop loin; dans une patience que rien ne rebute, un génie persévérant, un courage à toute épreuve, un caractère empruntant quelque chose de l'apreté de leurs montagnes; dans des convictions fortes, un profond attachement au sol natal, un grand respect pour la religion et la famille, une haute opinion de la dignité humaine. On retrouve encore, chez ceux-ci comme chez ceux-là, des traditions populaires qui semblent puisées aux mêmes sources, des chroniques qui rappellent les mêmes croyances, des faits et gestes de personnages ou fabuleux ou historiques, qui ont souvent une conformité remarquable.

Ainsi, les voilà, cette Écosse et cette Franche-Comté, qui toutes deux paraissent avoir été jetées dans le même moule, ou façonnées par la même main; les voilà possédant au même degré ce genre de richesses et de beautés qui sont la fortune des touristes; toutes deux, les voilà magnifiquement traitées par la nature, et disposant, comme les fiancées de haut parage, d'une de ces dots princières qui attirent la foule des prétendants. Eh bien, puisqu'elles sont également avenantes et riches et belles, pourquoi cet empressement des adorateurs à ne courtiser que l'une, tandis qu'ils ne daignent pas regarder l'autre seulement ? pourquoi tout à celle-ci et rien à celle-là? Pourquoi? Charles Nodier l'a dit: L'immense avantage des Écossais sur les Frane-Comtois, c'est qu'ils ont produit un Macpherson d'abord, et depuis, un Walter-Scott, pour consacrer à la dernière postérité leurs souvenirs nationaux. L'art enchanteur de ces magiciens a su présenter l'heureuse Écosse sous des formes si séduisantes et la revêtir d'habits si féeriques, il a su la rendre si poétique et si merveilleuse, que l'on a fini par s'éprendre d'amour pour elle, et que chacun a voulu lui porter ses hommages. Au lieu que l'autre, la pauvre délaissée, elle est restée sans magicien jusqu'à présent; et c'est ce qui l'a condamnée à vivre ignorée comme une recluse, dédaignée comme une vieille fille.

Mais qu'à son tour elle soit assez heureuse pour avoir quelque jour son magicien, mais qu'il lui vienne un Macpherson ou un Walter-Scott, et alors on la verra prendre une éclatante revanche, alors on la connaîtra tout entière : elle ne se contentera plus de n'être que pittoresque, de n'avoir que des grottes ou des cascades pour le curieux, des vallons et des lacs pour le rêveur, des sites ou des paysages pour l'artiste, de n'émerveiller enfin que par le kaleidoscope de ses prairies et de ses forêts, de ses vallées et de ses montagnes; elle voudra fixer les regards de la science et l'attention de l'histoire, et les forcer, comme la peinture et la poésie, à s'arrêter chez elle pour en emporter une ample provision d'observations et de faits: elle sera jalouse d'offrir au naturaliste l'écrin

elle la doit au caractère pittoresque de ses montagnes, de ses lacs, de ses vallées, de ses paysages, en un mot à cet ensemble de beautés naturelles qui la poétisent. Mais si l'Écosse n'avait pas eu du bonheur, si la plume n'avait fait pour elle autant et peut-être plus que la nature, elle partagerait le sort de la Franche-Comté on n'en parlerait pas. La 1 neilleure preuve qu'on en puisse donner se trouve dans la ressemblance frapp ante qui existe entre ces deux contrées. Elles sont l'une et l'autre belles, accidentées, pittoresques; elles ont l'une et l'autre ce que recherchent l'artiste et le voyageur :

Si l'Écosse est fière de ses prairies, de ses vallons, de ses collines, de ses forêts, de la variété de ses aspects, la Franche-Comté ne lui cède rien sous ce rapport.

Si l'Écosse a des cascades que l'on admire, des torrents qui attirent, des lacs aux eaux bleues qui scintillent, des grottes aux pétrifications étranges que l'on vient voir de loin, il y a tout à travers la Franche-Comté, des lacs, des torrents, des cascades et des grottes que la Suisse envien ait.

Si l'Écosse étonne par quelqu'une de ces bi zarreries familières à la nature, par quelqu'un de ces tableaux étalant d'un côté des fleurs odoriférantes et des fruits vermeils, la richesse et l'animation, de l'autre des fleurs étiolées et des arbustes décrépits, l'allanguissement et la ruine; ces bizarreries-là, ces tableauxlà se retrouvent dans la Franche-Comté.

Si l'Écosse montre avec orgueil ses montagnes majestueuses, cachant leur tête dans la brume des cieux et déroulant à leur pied des prairies éclatantes de verdure, les montagnes de la Franche-Co inté offrent le même spectacle. Jusqu'ici la ressemblance des deux pays es t: assez parfaite pour leur donner des droits égaux à la curiosité du touriste. En poursuivant le parallèle, on retrouve entre l'Écosse et la Franche-Comté, plus qu'un air de famille, plus que des caractères de similitude, mais de l'ilentité dans de certains phénomènes, dans quelques noms propres, jusque dans la constitution physique des habitants, jusque dans leurs croyances. Ainsi, le sol de l'Écosse offre en quelques endroits cette particularité, que les plus beaux herbages se trouvent dans les montagnes, et les terrains secs, dans les plaines; en Franche-Comté, ce curieux phénomène se reproduit le même.

En Écosse, aux environs des hautes cimes glaces, la température est âpre et froide per Franche-Comté, les vents qui soufflent sur les l'air si violent, que l'habitant des chalets y et se voit forcé, dès les premiers jours de l'a troupeaux dans les régions inférieures.

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hauteurs sont si impétueux, et peut à peine passer quatre mois utomne, de redescendre avec ses

En Écosse, deux des montagnes les plus connues s'appellent le Lomond et le Jura est-ce la nature, est-ce le hasard qui l'a voulu? mais il y a la FrancheComté du Lomond et du Jura, comme l'Écosse du Jura et du Lomond.

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Que si l'on passe des choses aux hommes, et que l'on compare les deux populations au point de vue physique et n oral, l'analogie se continue: Le montagnard franc-comtois présente, comme l'higlander écossais, un angle

facial bien développé, une taille plutôt élevée que moyenne, plutôt vigoureuse que correcte, des mains larges et puissantes, le bras nerveux des athlètes, le com musculeux et court, les épaules riches et carrées, et l'une un peu plus haute que l'autre, signe distinctif des races militaires, d'après la remarque de Chateau riand. Pour la ressemblance morale, elle se retrouve, chez les uns comme chez les autres, dans l'expression d'une physionomie honnête, dans des habi

invariables et simples, dans des principes d'économie et d'ordre assez Cunément poussés trop loin; dans une patience que rien ne rebute, un 2 5o persévérant, un courage à toute épreuve, un caractère empruntant quelque chose de l'apreté de leurs montagnes; dans des convictions fortes, un find attachement au sol natal, un grand respect pour la religion et la fam lie, une haute opinion de la dignité humaine. On retrouve encore, chez eux-ci comme chez ceux-là, des traditions populaires qui semblent puisées aux mêmes sources, des chroniques qui rappellent les mêmes croyances, des fa's et gestes de personnages ou fabuleux ou historiques, qui ont souvent une onformité remarquable.

Ainsi, les voilà, cette Écosse et cette Franche-Comté, qui toutes deux paraissent avoir été jetées dans le même moule, ou façonnées par la même main; les voila possédant au même degré ce genre de richesses et de beautés qui sont la fortune des touristes; toutes deux, les voilà magnifiquement traitées par la nature, et disposant, comme les fiancées de haut parage, d'une de ces dots princieres qui attirent la foule des prétendants. Eh bien, puisqu'elles sont egalement avenantes et riches et belles, pourquoi cet empressement des adorateurs à ne courtiser que l'une, tandis qu'ils ne daignent pas regarder l'autre wu'ement? pourquoi tout à celle-ci et rien à celle-la? Pourquoi? Charles Noder l'a dit : « L'immense avantage des Écossais sur les Franc-Comtois, c'est qu'ils ont produit un Macpherson d'abord, et depuis, un Walter-Scott, pour consacrer à la dernière postérité leurs souvenirs nationaux. L'art enchanteur de ces magiciens a su présenter l'heureuse Écosse sous des formes si séduisantes et la revêtir d'habits si féeriques, il a su la rendre si poétique et si mervilleuse, que l'on a fini par s'éprendre d'amour pour elle, et que chacun a voulu lui porter ses hommages. Au lieu que l'autre, la pauvre délaissée, elle est restée sans magicien jusqu'à présent; et c'est ce qui l'a condamnée à vivre gnoree comme une recluse, dédaignée comme une vieille fille.

Mais qu'à son tour elle soit assez heureuse pour avoir quelque jour son magicien, mais qu'il lui vienne un Macpherson ou un Walter-Scott, et alors on la verra prendre une éclatante revanche, alors on la connaîtra tout entière : elle ne se contentera plus de n'être que pittoresque, de n'avoir que des grottes ou des cascades pour le curieux, des vallons et des lacs pour le rêveur, des sites on des paysages pour l'artiste, de n'émerveiller enfin que par le kaleidoscope de ses prairies et de ses forêts, de ses vallées et de ses montagnes; elle voudra fiver les regards de la science et l'attention de l'histoire, et les forcer, comme la peinture et la poésie, à s'arrêter chez elle pour en emporter une ample provision d'observations et de faits : elle sera jalouse d'offrir au naturaliste l'écrin

de ses richesses indigènes; au botaniste, l'étude de ses fleurs et de ses plantes; au géologue, le mystère de ses révolutions terrestres; à l'amateur des ruines, l'aspect de ses vieux débris; à l'archéologue, le trésor de ses antiquités; à l'historien, le tableau de ses événements et de ses commotions politiques; elle voudra enfin que si l'artiste et le poëte disent, en la regardant : Elle est belle, le savant et l'écrivain ajoutent, en l'interrogeant : Elle est riche.

LE DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-SAONE.

Avant la Révolution de 1789, la Franche-Comté géographique se partageait en quatre grands bailliages, lesquels se subdivisaient en quatorze bailliages secondaires, et les quatre principales villes de la province étaient Besançon, Dôle, Salins et Gray. Besançon portait, dans ses armes, un aigle éployé de sable et lampassé de gueules', soutenant en chacune de ses serres une colonne de gueules mise en pal, le tout sur champ d'or; avec cette devise: DEO ET CESARI FIDELIS PERPETUÒò. Dôle portait, en chef, d'azur billeté d'or, au lion naissant d'or, armé et lampassé de gueules, et en pointe, de gueules au soleil rayonnant d'or; avec la devise: JUSTITIA ET ARMIS, DOLA. Salins portait d'or à la bande de gueules; et Gray, d'azur billeté d'or, au lion naissant d'or, armé et lampassé de gueules, en chef; de gueules, chargé de trois flammes d'or posées deux et une, en pointe; avec cette devise: EX TRIPlici cinere novus IGNIS. Quant à la FrancheComté, ses armes étaient le grand lion d'or de Bourgogne, armé et lampassé de gueules, sur champ d'azur parsemé de billettes d'or sans nombre.

Lorsqu'en 1790 la France fut divisée en départements, la Franche-Comté forma les trois départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône, le premier avec Besançon pour chef-lieu, le second avec Lons-le-Saulnier, et le troisième avec Vesoul. Lons-le-Saulnier portait, coupé en chef et parti à droite, de gueules à la bande d'or, et à gauche, au cornet d'argent lié de gueules; en pointe, d'argent simple. Les armes de Vesoul portaient, en chef, d'azur billeté d'or, au lion naissant d'or, armé et lampassé de gueules; en pointe, de gueules au croissant d'argent. Il semble que, dans la nouvelle organisation territoriale. de la France, les villes de Gray et de Dôle eussent dû, par leur importance et par le privilége de leur vieille renommée historique, être désignées pour les chefs-lieux de leur département respectif; mais les considérations topographiques l'emportèrent la position plus centrale de Lons-le-Saulnier pour le Jura et de Vesoul pour la Haute-Saône détermina le choix qu'on fit en leur faveur. Le département de la Haute-Saône, formé de la partie septentrionale de l'ancienne province de Franche-Comté, tire son nom de sa position sur le cours supérieur de la Saône; il est divisé en trois arrondissements qui renferment 581 communes, et l'on évalue sa surface à 515,000 hectares (206 lieues carrées),

Le gueules est la couleur rouge, et le sable la couleur noire.

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