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en 1738. Rinaldi et Mile Barbarina se signalèrent en 1740.

Fort adroite au bilboquet, Mile Desmares s'exerçait à ce jeu devant le public dans ses rôles comiques; et lorsque Dorine ou Lisette se présentait sur le théâtre sans bilboquet, on réclamait le précieux instrument, qui valait des applaudissements frénétiques à la virtuose. Plus tard, les pantins devinrent à la mode, et les acteurs firent danser des pantins attachés à leur boutonnière.

CHANTAIENT ET DANSAIENT: La Thorillière, Quinault (J.-B. Maurice), Dufresne (Quinault le cadet), Sallé, Drouin. Mmes Molière, Duparc, Sallé, Miles Lecouvreur, Dangeville, Gaussin (1), Labatte, Dubreuil, Legrand, cette dernière imitait fort bien Orsola Astori, cantatrice de la Comédie-Ita lienne, et Violetta.

Beauvallet aurait été bien précieux pour cette comédie chantante. Ce tragédien possède une voix de basse profonde et puissante que je voulais faire sonner à l'Odéon; il refusa de passer dans le camp des chanteurs.

MUSICIENS COMPOSITEURS ATTACHÉS A LA COMÉDIE-FRANÇAISE.

Mollier (Louis de), Cambert, Lulli, Charpentier, La Lande, Couperin, Quinault (J.-B. Maurice), Raisin l'ainé, Gilliers (Claude), Touvenelle, Grandval (Bacot de), Gauthier, Drouin, Baudron, de 4766 à 1823, pendant 56 ans; Aimon (Léopold), Loiseau, Offenbach.

Grandval (Bacot de), père du célèbre acteur, déjà nommé, travaillait aux opéras donnés par Destouches, musicien qui n'était pas suffisamment instruit; Grandval l'aidait pour composition des chœurs et des morceaux concertés.

la

Fabre-d'Églantine tenait le premier emploi dans la comé die au théâtre de Montpellier; il n'avait chanté de sa vie, et ne connaissait pas même les notes de la musique; mais il

(1) Taulaigo dansait à l'Opéra depuis quatre ans, lorsque Mlle Gaussin l'épousa le 29 mai 1759.

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était vivement épris de Me Lesage, petite-fille de l'auteur de
Gil Blas et de Turcaret. Prima donna de la compagnie lyrique
du même théâtre, Mile Lesage ne devait jamais se trouver en
scène avec un amoureux de comédie. Son rôle commençait
lorsque Fabre avait fini le sien. Les parents de la cantatrice
veillaient sur elle de telle manière que
nul propos d'amour

ne pouvait murmurer à son oreille, et le langage des yeux
était insuffisant pour donner aux demandes, aux réponses le
développement et la précision nécessaires en pareille circon-
stance. Comédien de haut style, Fabre imagina de tenter un
début dans l'opéra comique, au grand ébahissement de ses
camarades, et choisit le rôle d'Ottavio dans le Magnifique,
opéra de Grétry, rôle très difficile sans doute, mais qui le
plaçait admirablement en face de la virtuose, pour lui dé-
clarer son amour et recevoir une réponse significative en
laissant tomber la rose aux pieds du Magnifique. Fabre
chanta si bien, mit une expression si naturelle et si cha-
leureuse dans ses discours, qu'il séduisit la cantatrice et le
public. A demi-voix, en confidence, il improvisait une infi-
nité de propos galants sur les ritournelles de l'orchestre, en
obtenait les réponses, que le son des instruments rendait
mystérieuses, et dont la conclusion fut un enlèvement, une
fugue réelle.

Le lendemain les deux fugitifs soupaient à-n-Avignon, en terre papale, où l'Église bénit, sanctifia leur union. Cette aventure fit un tel bruit dans la ville, qu'on desira voir les deux époux se dire des douceurs dans le Magnifique, source de leur bonheur; et les vers suivants tombèrent sur le théâtre en même temps que la rose s'échappait de la main de Clémentine.

Le Magnifique à l'amour te dispose,
De son bonheur il doit s'enorgueillir.
Heureux qui fait tomber la rose,
Plus heureux qui sait la cueillir.

Violoniste habile, musicien consommé, l'excellent comé

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dien Ferville, que nous avons applaudi si longtemps au Gymnase, chantait l'opéra d'une manière très remarquable. Le rôle de Joseph, dans le drame lyrique de Méhul, l'avait mis au premier rang des ténors de la province. Gontier, acteur du même théâtre, écrivait des symphonies qui n'étaient pas sans mérite, et les faisait entendre, à grand orchestre, à ses amis. Moreau-Sainti, chantant le rôle de ténor d'une ordure musicale ayant nom le Rossignol, s'y faisait doublement applaudir en jouant, sur le théâtre de Bordeaux, la partie de flûte concertant avec la voix de la première cantatrice. Devons-nous louer ou blamer Mmes Albert-Hymm, Damoreau, Laborde et les virtuoses Tulou, Dorus, MoreauSainti, des succès qu'ils ont obtenus en exécutant un gachis ignoble et déplorable, que la plèbe de Paris déguste encore au grand scandale de l'Europe musicienne? - Mme Laborde, M. Dorus, que vous êtes d'habiles cuisiniers! votre sauce piquante, brillante, fait avaler bien pis qu'une vieille culotte de peau; mais il est juste de dire que ce sont des Parisiens qui l'avalent.

Dans les Trois Cousines de Dancourt, 1700, nous voyons Touvenelle, compositeur et chef d'orchestre de la ComédieFrançaise, jouer et chanter sur le théâtre un rôle de musi cien.

Les Folies amoureuses, opéra bouffon en trois actes, d'après Regnard, paroles ajustées sur la musique de Mozart, Cimarosa, Paër, Rossini, Pavesi, Generali, Steibelt et Castil-Blaze, par le même Castil-Blaze; représenté, pour la première fois, à Lyon, le 1er mars 1823; à Paris, sur le théâtre du Gymnase-Dramatique, le 3 avril suivant. Succès merveilleux. Mile Lalande y révèle, à Paris, sa voix superbe, énergique, légère, et son beau talent de cantatrice, elle y fonde sa répu tation, et va tenir, deux mois après, l'emploi de prima donna assoluta au théâtre de la Scala à Milan. Du 3 avril au 1er mai suivant, vingt-cinq représentations des Folies amoureuses, avec salle comble, furent données au Gymnase.

TURCARET.

LESAGE, 1709.

ACTE II, SCÈNE VI.

FRONTIN.

Pour égayer le repas, vous aurez des voix et des instruments.

De la musique, Frontin?

LA BARONNE.

FRONTIN.

Oui, madame; à telles enseignes que j'ai ordre de commander cent bouteilles de Surène pour abreuver la symphonie.

Cent bouteilles?

LA BARONNE.

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FRONTIN.

Ce n'est pas trop, madame. Il y aura huit concertants, quatre Italiens de Paris, trois chanteuses et deux gros chantres.

Chardin, Italien de Rouen, s'est fait applaudir pendant treize ans à l'Opéra, de 1780 à 1793. Il chantait purement avec une belle voix de baryton. Sacchini lui donna le rôle de Thésée dans OEdipe à Colone, le préférant à Lays, chef de l'emploi. Chardin, voulant italianiser son nom, aurait dû signer Sciardini, et non pas Chardiny. Terminé par un y, ce nom restait français. Lulli signa Lully, quand il se fit naturaliser chez nous.

Elisabeth Duparc, Italienne de Paris, surnommée la Fran

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cesina, avait chanté longtemps en Italie, à Londres, lorsque Hændel la choisit, en 1745, pour tenir la partie de premier soprane dans ses oratoires. On a gravé le portrait de cette virtuose, qui pourrait fort bien être une descendante de Duparc et de sa femme, associés en 1660 aux nobles travaux de Molière.

FOUCARAL.

Que voulez-vous donc faire avec ces chantres-ci?

DON JAPHET.

J'en veux dulcifier mon amoureux souci.

FOUCARAL.

Et si le Commandeur entend votre musique?

DON JAPHET.

Foucaral, ta raison est assez énergique;
Mais aussi j'irai perdre un ducat avancé.

FOUCARAL.

Préférez-vous l'argent à quelque bras cassé?

Don Japhet d'Arménie, Acte IV, Scène 4. 1653.

Outre ce concert merveilleux

Qui ravit les plus pointilleux,

Quatre beaux récits de musique,

Dont chacun semble être angélique,
Au gré des auditeurs contents,
S'y font ouïr en divers temps.
Pour amplifier ces nouvelles,
Voyous les noms de ceux, de celles
Par qui les vers furent chantés,
Dignes certes d'êtres exaltés.

La Barre, cette illustre fille,
Dans les yeux de laquelle brille
Je ne sais quoi de si charmant,
Qu'un dieu même en serait amant.

La sage demoiselle Hilaire,
Dont la voix douce, nette et claire,
Ne peut, avec droit et raison,
Recevoir de comparaison.

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