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surnom lui resta, Tabourot se plut à le mettre sur le titre de son livre, qui, pour n'être pas bien rare, n'en est pas moins très curieux.

Le blason parlant de Tabourot ne dit plus rien pour sa famille, depuis que tabour est devenu tambour; mais il conviendrait admirablement au virtuose Tamburini.

Beaumarchais s'était aussi donné pour emblème un tambour, avec cette devise: Silet nisi percussus, il se tait s'il n'est battu.

Sous le titre d'Amusements philologiques, ou Variétés en tous genres, par G. P. Philomneste, un autre Dijonnais, Peignot a reproduit une partie des Bigarrures et touches du Seigneur des Accords. Dijon, V. Lagier, 1842, in-8, troisième édition.

La Parodie d'Amphitryon, drame en vaudevilles en trois actes, avec un prologue, par Raguenet, représentée, le 11 janvier 1713, sur le théâtre de Lille. 1713, in-12, sans nom de ville ni d'imprimeur.

L'Amphitryon de Molière, devenu livret d'opéra dans les mains de Sedaine, musiqué par Grétry, ne réussit point lorsqu'il fut représenté devant la cour, au chateau de Versailles, le 15 mars 1786. — Les paroles en ont été trouvées plates et burlesques. Le musicien Grétry est convenu lui-même que le poème (style de l'époque) ne lui avait rien inspiré, et que la musique ne répondait point à la réputation de son auteur. » BACHAUMONT ET PIDANSAT, Mémoires secrets.

Revu, corrigé, diminué, ce lyrique Amphitryon ne fut pas plus heureux à Paris lorsqu'il s'y montra, le 15 juillet 1788, sur le théâtre de l'Académie royale de Musique.

Il Marito, comédie de Ludovico Dolce, imprimée à Venise, est une imitation de l'Amphitryon de Plaute.

Dryden a traité ce sujet pour le théâtre de Londres, et s'est aidé beaucoup de l'œuvre de Molière.

Lady Worthley Montague, dans sa huitième lettre datée de Vienne, parle d'une comédie d'Amphitryon, qu'elle vit en 1716 dans cette capitale de l'Autriche, et dit: - La farce commença par Jupiter qui tombait amoureux en lorgnant à

travers une ouverture de nuages... Mais le plus plaisant était l'usage que Jupiter faisait de sa métamorphose; car à peine le voyez-vous sous la figure d'Amphitryon qu'au lieu de courir chez Alcmène avec les transports que Dryden lui prête, il fait appeler le tailleur du prince, et lui filoute un manteau galonné. Il escroque encore à son banquier un sac d'argent, à un juif, une bague en diamants, et l'intrigue enfin roule sur les chagrins que ces particuliers causent au véritable Amphitryon pour les dettes contractées par le dieu... C'est ce que les Allemands appellent une pièce à brouhaha.»>

Le succès de l'Amphitryon de Molière, en vers libres, fit penser que cette versification était plus propre à la comédie; cependant l'usage des rimes plates et des alexandrins prévalut, surtout pour les comédies de caractère. Voltaire a dit: Les vers libres sont d'autant plus malaisés à faire, qu'ils semblent plus faciles, et qu'il y a un rhythme très peu connu qu'il faut y observer, sans quoi cette poésie rebute. >> Voltaire a raison; et, si nous exceptons l'Amphitryon de Molière, toutes les comédies, tous les opéras comiques écrits en vers libres devraient être mis en prose, pour la plus grande satisfaction de l'oreille.

Ce rhythme, dont le goût du musicien Molière l'avait si bien instruit, fait que sa comédie est un chef-d'œuvre de style. On y rencontre cependant une licence damnable, plus de soixante fois répétée; c'est celle de ne pas séparer des vers d'une consonnance différente soit masculine, soit féminine.

MERCURE.

Ma foi, me trouvant las, pour ne pouvoir fournir

Aux différents emplois où Jupiter m'engage,

Je me suis doucement assis sur ce nuage,

Pour vous attendre venir.

LA NUIT.

Vous vous moquez, Mercure, et vous n'y songez pas:
Sied-il bien à des dieux de dire qu'ils sont las?

Prologue.

SOSIE.

Sur un haut, vers cet endroit,
Était leur infanterie;

Et plus bas, du coté droit,
Était la cavalerie.

Après avoir aux dieux adressé les prières,

Tous les ordres donnés, on donne le signal.

Scène I.

Ce genre de poésie était sans doute alors dispensé de l'observation de la règle que nous suivons aujourd'hui pour l'ordonnance régulière des rimes mélées. Chaulieu, Chapelle, Mme Deshoulières et beaucoup d'autres poètes du même temps ont failli sur ce point. Ce défaut, insupportable pour une oreille musicienne, se rencontre même dans des couplets de chanson. Racine l'a reproduit dans les stances d'Esther: Rois, chassez la calomnie, qu'il destinait à la musique.

LE BOURGEOIS GENTILHOMME.

MOLIÈRE, 1670.

ACTE I, SCÈNE II.

M. JOURDAIN.

Cette chanson me semble un peu lugubre; elle endort; et je voudrais que vous la pussiez un peu ragaillardir par-ci par-là.

LE MAITRE DE MUSIQUE.

Il faut, monsieur, que l'air soit accommodé aux paroles.

Il y a deux manières d'accorder les paroles avec la mélodie d'abord à l'égard du sentiment, des images, de la passion qu'elles indiquent, annoncent et que le musicien doit exprimer et peindre par les moyens puissants de son art. La seconde consiste à faire marcher les vers d'aplomb et librement sous le chant vocal, en observant les règles de la ponctuation avec une exactitude suftisante pour ne pas altérer le sens grammatical. La première de ces conditions est presque toujours remplie par nos musiciens, ils savent donner une allure vive et brillante aux airs écrits sur des paroles gaies, et rembrunir leurs couleurs, ralentir le mouvement de leurs compositions si l'œuvre littéraire qui sert de thème à la mélodie est d'un caractère triste ou mélancolique. Nos musiciens rempliraient plus aisément encore la seconde condition, mais pour faire marcher librement et d'aplomb les vers sous le chant vocal, il est absolument nécessaire que ces vers existent, et nos paroliers leur donnent trop souvent de la prose consonnante, de la prose sans rhythme, cadence, ni mesure.

Comment faire alors pour observer le précepte que Molière a posé? Comment accommodera-t-on un air dont les moindres fragments sont dessinés avec toute la régularité gracieuse

du rhythme et de la mesure, comment accommoder cet air d'une symétrie élégante avec l'insipide fatras, la prose inerte et raboteuse, le gachis de nos paroliers? De tels éléments sont incompatibles avec toute mélodie cadencée; le musicien l'a vu du premier coup d'œil, et, désespérant de les accorder avec ses chants, il brise, torture, massacre ces paroles rebelles, et répand leurs déplorables lambeaux sur sa musique. Elle n'en procède pas moins librement, c'était le seul moyen de la débarrasser des entraves qui l'auraient arrétée à chaque pas, mais nul au monde ne pourra comprendre ce que les chanteurs vont dire en l'exécutant. Tous ces mots coupés, hachés, disloqués, n'ont plus aucune signification; c'est ce que vous entendez à l'Opéra tous les jours, et principalement quand Auber, Meyerbeer se sont donné le soin d'accommoder ainsi la prose des livrets. Vous ne comprenez pas le baragouin des acteurs, je le crois bien, les musiciens de l'orchestre après cent vingt, cent trente-huit répétitions ne se montrent pas plus habiles que vous. Ils n'auront les mots de toutes ces énigmes, la clé du grimoire que quand le livret leur aura produit les paroles remises en leur ton naturel par le bécarre de l'imprimeur.

Mme Damoreau nous avait gracieusement chanté plus de cent fois le décamoilon, décamoilon, décamoilon du Dieu et la Bayadère, mot grec que nous croyions égaré dans un opéra complètement indien, avant que nous cussions deviné ce que la charmante bayadère voulait nous dire. Le livret imprimé vint ensuite nous donner les éléments divers dont ce mot bizarre se composait: Dès qu'à moi l'on a recours.

Permettez-moi d'abandonner un instant le texte de Molière pour vous donner de la prose royale de Charles IX et de Louis XIV.

ACADÉMIE DE MUSIQUE.

Charles, par la grace de Dieu, roy de France. A tous présens et avenir, salut. Comme nous avons en singulière recommandation à l'exemple de très-bonne et louable mémoire, le roy François nostre ayeul, que Dieu

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