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DÉDICACE DU TOME II DE L'ÉDITION EN 12 VOLUMES, IMPRIMÉE

A LA HAYE PAR PIERRE HUSSON, 1730-1737.

A Monsieur Jean Henri, comte de Wassenaer d'Obdam, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, député du corps des nobles de Hollande aux États Généraux, etc., etc.

Monsieur,

En prenant la liberté de vous offrir ce volume de sermons, je m'impose une loi qui m'empêche de vous adresser une dédicace dans les formes. Ce serait une espèce de contradiction de relever les grandeurs humaines à la tête d'un livre de religion destiné à les décrier. Ce n'est pas comme à un de mes plus puissants protecteurs que j'ai l'honneur de parler; c'est comme à une personne à laquelle je suis uni par des liens plus forts et plus aimables; c'est principalement comme à un chrétien, pénétré de respect pour ses vertus que je voudrais inspirer à tous les autres.

Il est doux, dans un ministère si souvent employé à déclamer contre le vice, de rendre hommage à ceux que la Grâce a affranchis et qu'elle a marqués de son sceau. Et ceux auxquels le désir sincère que j'ai de me rendre utile à l'Église fera naître quelques sentiments de bienveillance pour moi, aimeront à m'entendre raconter que j'ai trouvé le bien du monde le plus rare et le plus précieux: un ami, dont la générosité a fait évanouir la distance qu'il y avait naturellement entre lui et moi et dont la société est la plus grande douceur de ma vie.

Pour relever le prix de ce bonheur, pour parler dignement

de celui qui me le procure, il faudrait trahir en quelque sorte ces confidences de compassion pour les malheureux, de tendresse pour l'Église, d'amour pour la justice, de zèle pour la vérité, desquelles vous m'avez quelquefois honoré; il faudrait dépeindre l'état d'une âme toujours occupée à mortifier ses passions dans l'âge de leur empire et parmi toutes les occasions de les satisfaire.

Mais les vertus des chrétiens doivent servir de matière à la louange de Celui qui leur donne le pouvoir de les pratiquer, plutôt qu'aux éloges de ceux qui les pratiquent et qui ne les portent jamais à un degré si éminent qu'ils n'aient lieu de s'humilier de ce qu'ils ne les portent pas à un degré beaucoup plus éminent encore.

Redoublez en jetant les yeux sur ces sermons, cette indulgence et ce support que vous ne m'avez jamais refusés. Ce n'est ni à votre délicatesse, ni à votre génie que j'en appelle, ni à ce désir naturel que nous avons de voir des objets nouveaux ou de n'envisager les anciens que sous des faces nouvelles; c'est à votre bonté, c'est à votre condescendance, c'est à votre amitié, tribunaux devant lesquels je suis en droit de me tout promettre. Surtout, en acceptant mon livre, acceptez mon cœur, mon dévouement, ma tendresse la plus respectueuse, et soyez bien convaincu qu'en vous faisant ici ces protestations, je ne supprime pas moins de sentiments, je n'en renferme pas moins au fond de mon âme, que j'ai passé sous silence de vertus, dans l'idée que j'ai voulu donner de votre caractère.

Je suis, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

SAURIN.

Sire,

DEDICACE DU TOME III.

Au roi de la Grande-Bretagne.

Le repos dont jouissent les ministres de Jésus-Christ, et qu'ils consacrent à l'étude et à la publication de ses oracles, est un

fruit de cette paix que votre règne procure à l'Église. Mais s rien ne nous doit être plus précieux et plus vénérable que l'autorité de ces princes qui sont les défenseurs de la religion, rien n'est plus puissant aussi que la religion pour maintenir cette autorité. On dispute avec chaleur si les lois de Jésus-Christ sont avantageuses aux souverains ou si elles leur sont funestes. Le règne de Votre Majesté, les prospérités éclatantes dont il a été accompagné, les secousses mêmes qui l'ont agité, serviront à terminer cette controverse. Elles fournissent de nouvelles preuves à ceux qui soutiennent que le fondement le plus solide du pouvoir des rois, c'est le maintien des maximes de l'Évangile. Que ne sont-elles suivies de tous ceux qui font profession de les recevoir! La prospérité de votre règne et de cette auguste famille sur laquelle tous les chrétiens fixent leurs regards serait l'objet de tous les vœux. Plus la vérité et la justice se feraient des disciples, plus Votre Majesté aurait de sujets zélés et d'amis fidèles.

Sire, je serais au comble de mes désirs, si je pouvais me flatter de répandre quelque jour sur des vérités qui sont l'appui de ce trône que vous occupez avec tant de gloire. Mais Votre Majesté est à la source de la lumière; elle règne sur des peuples qui munissent aujourd'hui le monde chrétien des armes les plus formidables à l'irréligion et à l'impiété.

Ce n'est donc que pour donner à Votre Majesté une preuve de ma profonde vénération que je lui présente ce volume, et, si j'ose le dire aussi, pour lui ouvrir un cœur pénétré d'un tendre dévouement. Grâces au ciel, je ne porte pas la parole à un de ces potentats dont l'élévation est un spectacle de terreur. Les rois comme vous, sire, veulent qu'on les aime. Ils prennent pour leur modèle cet Être suprême, qui non-seulement donne à ses créatures la liberté de l'aimer, mais qui fait même de l'amour le grand but et la substance de ses lois.

Mais je sens que je fais paraître trop hardiment ces pensées qu'il faudrait couvrir d'un respectueux silence. Je serai pourtant plus supportable aux yeux de Votre Majesté que si j'entreprenais de raconter les mouvements d'admiration que ses actions éclatantes excitent dans tout l'univers. Et daigne le ciel éloigner ce fatal période où il sera permis de les publier! Je me fais violence à moi-même et l'on verra du moins une chose singulière à la

tête de mon livre : une dédicace sans louanges, et le nom d'un héros digne de toutes les louanges qui font la matière ordinaire des dédicaces.

Je suis avec toute la soumission et tout le respect imaginables, Sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant et trèszélé serviteur.

DEDICACE DU TOME V.

A Son Altesse Royale, la princesse de Galles.

Madame,

La matière de cet ouvrage justifie la liberté que je prends de l'offrir à Votre Altesse Royale. Les génies les plus favorisés de la nature et les plus experts dans l'art de joindre à la solidité des pensées la finesse du tour et de l'expression, ne paraissent à vos yeux qu'en tremblant; ils osent à peine exposer à votre jugement les productions les plus achevées. Mais tout ce qui roule sur les mystères de la religion attire vos regards; un auteur qui les médite et qui les publie peut toujours se promettre votre indulgence et attendre de votre piété ce qu'il ne saurait espérer de votre goût et de votre délicatesse.

Votre piété vous a fait dédaigner les grades les plus éminents lorsqu'ils étaient incompatibles avec elle, et elle vous les fait remplir avec modération lorsque la Providence vous y élève. Je rappelle ici à ma mémoire un des plus beaux jours qu'ait vus la Hollande c'est celui où elle vous reçut dans ses villes peu de temps après que Sa Majesté eut pris possession des royaumes pour lesquels nous avions eu tant d'alarmes. Tous les habitants de ces Provinces accouraient sur votre passage et entouraient votre palais. Ceux qui ne pouvaient aspirer au bonheur de vous entendre voulaient avoir celui de vous envisager. Vous daignâtes me démêler dans la foule, et j'avoue qu'en m'approchant de Votre Altesse Royale, en voyant tant de grandeur réunie autour de sa personne, je crus devoir me munir contre les impressions que font sur nos faibles esprits les pompes mondaines. Mais

quelle ne fut pas ma surprise lorsque vous m'adressàtes ces paroles: Ne pensez pas qu'éblouie de tant de prospérités que la révolution semble me promettre, je perde de vue ce Dieu de qui elle émane. Il a pris soin de la marquer de tant de traits surnaturels que je ne saurais y méconnaître sa divine main, et comme c'est de lui immédiatement que je vois partir cette longue suite de faveurs, c'est à lui seul que je les consacre. »

Qu'il est doux de voir de si grands sentiments dans une princesse pour laquelle l'Église a tant de raisons de s'intéresser. Ils sont les plus fidèles, ils sont même les uniques garants de la solidité de votre bonheur. Plus le rang qu'on occupe parmi les mortels est éminent, plus est déplorable l'idée du tombeau. Les personnes qui vivent dans l'obscurité et dans l'indigence ont une raison de moins que les grands du monde pour redouter ce formidable moment qui tire le rideau sur tout ce qu'on y possède. Mais entendre son nom porté jusqu'aux extrémités de l'univers, se voir mère d'une famille sur laquelle reposent les yeux de tout Israël, dans une condition où les nœuds les plus sacrés n'ont pour l'ordinaire d'autre ciment que la politique, être l'objet de la tendresse la plus vive et la plus pure, ce sont des avantages, Madame, qui font redouter la loi qui met de si étroites limites à la vie et qui range les conditions les plus brillantes dans la classe dn néant et des vanités.

La piété donne de la consistance à la vanité et au néant mêmes. Elle perpétue en quelque sorte la durée la plus courte et la plus rapide. Ne vouloir entendre retentir son nom dans le monde que pour y faire respecter Celui de qui l'on tient les éclatantes qualités dont on est distingué du reste des humains; n'avoir la noble ambition de placer ses enfants sur les trônes de la terre que pour y faire monter avec eux les lois du Roi des rois; en formant ici-bas les nœuds les plus tendres, conserver à Dieu dans son cœur la première place, c'est unir les félicités éternelles aux temporelles et se faire de ces dernières un titre pour s'assurer

les autres.

Que pourrai-je craindre en présentant à une princesse, que des mouvements si chrétiens animent, des discours qui roulent sur les sujets les plus intéressants du christianisme, sur les fêtes de l'Église, sur la naissance, sur la mort, sur la résurrection, et

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