transformation dans les conditions sociales. Les deux mouvements contrariés du seizième n'ont, après leur période sanglante, abouti qu'à un compromis. Mais pour n'avoir pas produit son plein effet, le mouvement de la Renaissance n'a pas été stérile; loin de là, il s'est continué depuis, discrètement pendant le XVII siècle, plus hardiment pendant le XVIII où il s'est mêlé au mouvement philosophique, et il poursuit son action jusqu'à nos jours. L'histoire de ce mouvement se confond avec l'histoire de la réputation de Rabelais. C'est qu'en effet Rabelais, c'est la Renaissance française. En Italie, où la Renaissance fut surtout artistique, elle a pour réprésentant un artiste, peintre, sculpteur, ingénieur, savant, Léonard de Vinci. En France la Renaissance, c'est Rabelais. Il en a toutes les traditions et toutes les aspirations. Avant lui la littérature française avait déjà parcouru deux périodes, la période féodale, qui avait fourni cette abondante moisson de chansons de geste et de chansons d'aventures dont les littératures étrangères se sont enrichies plus tard, tandis que nous les négligions, puis la période satirique, la période des fabliaux, du Renard, des contes gaillards →→→→ gaulois, si l'on veut pourvu qu'on ne donne pas à ce mot le sens de celtique, Rabelais réunit en lui ces deux genres d'inspiration: le premier, qui a fait son temps, il le parodie dans ses géants et leurs exploits fantastiques; le second, qui par sa nature semblait destiné à ramper dans les bas fonds du domaine littéraire, il le relève, l'agrandit, en fait une épopée d'un genre nouveau, l'épopée du rire, et il le féconde par la pensée dont il l'anime, il le pénètre des révélations que la Renais sance vient d'évoquer; à ce produit mixte de trois inspirations différentes, il insuffle ses idées de réformé et de progrès, et il en fait un livre qui s'appuyant sur tout le passé, s'adresse à la fois au présent et à l'avenir. Le nom d'Homère est le type de la Grèce héroïque, Cicéron nous fournit celui de l'éloquence romaine, Dante figure le moyen âge catholique, Shakespeare, c'est le drame, Molière, la comédie; Voltaire et Rousseau représentent les deux faces de notre XVIII siècle, défauts et qualités. Rabelais est au même titre le représentant de son époque. Il en a les défauts et les qualités, la force et les faiblesses, les vices et les vertus, en sorte que nous pouvons dire: en France la Renaissance, ce n'est ni Montaigne, ni Calvin, c'est Rabelais. Son livre, satirique en apparence, est nettement dogmatique en réalité : c'est un hymne en l'honneur de la science. Pendant ces longues étapes du voyage où les obstacles se multiplient, Panurge, la nature vulgaire, laisse échapper un soupir de fatigue il ne comprend qu'à demi; mais Pantagruel comprend tout et n'hésite pas ; il a foi dans le but, et il y marche résolument. C'est cette persévérance qui nous donne la morale de l'œuvre : Vivons en paix, tolérons-nous, aimons-nous et cherchons. La destination de l'homme est la recherche de la vérité. Travaillons sans nous laisser distraire, creusons, sans nous lasser, la mine de la science: <bon espoir gît au fond.> FIX. - TABLE DES CHAPITRES. CHAPITRE X. Livre III. - Pantagruel. LE MARIAGE DE PANURGE. 1. La consultation en écho. - 2. Les ricochets et les cloches. 3. Les sorts virgilianes. 5. La sibylle de Panzoust. - 6. Ramina- grobis et les moines. - 7. Les Dieux en exil. 8. L'astrolo- gue et les modes de divination.-9. La consultation des trois. L'avis du théologien. 10. L'avis du médecin.- 11. La fête de la Jalousie.-12. L'attrait du fruit défendu. -13. Le sa- laire du médecin. - 14. Le docteur en philosophie et Mon- taigne. 15. L'avis du fou. - 16. Rabelais et Molière.-- 17. I. LE JUGE BRIDOYE 1. Bridoye devant ses juges. - 2. Sa défense, 3. Emploi des dés pour juger les procès. - 4. Il ne faut juger les procès qu'à leur maturité. 5. Comment on fait mûrir les procès. - 6. Bridoye et Brid'oison.—7. In- II. LE PANTAGKUÉLION. 9. Description de cette plante. 10. Ses vertus. 11. Le lin et le bois incombustibles. - 12. Ce que le chanvre symbolise pour Rabelais. III.EXPLICATIONS.-13. Position du problème. Panurge veut- - IV. LES VOYAGES A LA RECHERCHE DE L'INCONNU. 15 La soif 16. L'Histoire véritable.-17. L'Ile des Heu- reux (Orphée). 18. La recherche du Paradis terrestre : VOYAGE A L'ORACLE DE LA DIVE BOUTEILLE. 1. La société. - 2. Départ de la flot- II. LES MOUTONS DE DINDENAULT.-6. Teofilo Folengo et l'Or- - -- - 10. Les moutons 43 Page. III. 12. Ennasin ou l'île du faux bel esprit. - 13. Chéli ou l'île des complimenteurs. nous. ---- - - - IV. LA CHICANE. 14. L'ile de Procuration ou des Chica- - VOYAGE A L'ORACLE DE LA DIVE BOUTEILLE. II. La religion. II. L'ILE DES MACREONS ou la sagesse antique. 8. Situation -- - --- III. CATHOLIQUES ET PROTESTANTS.-11. Quaresmeprenant et - VOYAGE à L'ORACLE DE LA DIVE BOUTEILLE. - I. LE CINQUIÈME cette question. II. L'ÎLE DE L'ÉGLISE ROMAINE. - 5. Arrivée dans l'île Son- seaux. Les ordres militaires. 7. D'où viennent ces oi- 8. Les revenus de l'île 9. L'âne et le cheval. Respect dû aux oiseaux sacrés. - II L'ÎLE DES CAUSES FINALES. 11. Les ferrements. - IV. L'ÎLE DE LA JUSTICE CRIMINELLE. 15. Arrivée dans - 16. Grip- 84 135 19. Les Chats fourrés vivent de corruption. CHAPITRE XV. Livre V. – Pantagruel., VOYAGE à L'ORACLE DE LA DIVE BOUTEILLE. I. LA FAUSSE - sophique. 3. Le royaume d'Entéléchie.-4. Les chemins - - - II. L'ÎLE DES LANTERNES. 8. Lychnopolis. 9. Les deux Instructions de la prêtresse. - 14. 15. Explication de l'Oracle CHAPITRE XVI. Les doctrines de Rabelais. 1. RELIGION ET PHILOSOPHIE. 1. La religion de Rabelais. - -- - - -- 13. II. POLITIQUE ET MORALE. — 14. Rabelais et la monarchie. 17. La science de Rabelais. III. ÉDUCATION. 18. L'éducation par les choses et l'édu- - -- pédagogue apprécié par François_Guizot. 23. Id., par CHAPITRE XVII. L'art de Rabelais. I. LES TYPES.-1. Les géants. Typhon.-2. Polyphème chez Sancho Panza. 13. Cervantès et Rabelais.-14. Figaro. 16. J. Janin et le Neveu 21. Les scènes comiques chez Rabelais. - 22. Le ré- Page. 237 272 |