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places, & fans rien exiger des plaideurs. Cet établiffement fut fait le 13 avril 1771. L'opprobre de la vénalité dont François I & le chancelier Duprat avaient malheureusement fouillé la France, fut lavé par Louis XV & par les foins du chancelier de Maupeou, fecond du nom. On finit par la réforme de tous les parlemens, & on espéra de voir réformer la jurifprudence. On fut trompé : rien ne fut réformé. Louis XVI rétablit avec fageffe les parlemens que Louis XV avait caffés avec juftice. Le peuple vit leur retour avec des transports de joie.

PARLEMENT D'ANGLETERRE.

Les membres du parlement d'Angleterre aiment à fe comparer aux anciens Romains autant qu'ils le peuvent. (*)

Il n'y a pas long-temps que M. Schipping, dans la chambre des communes, commença fon difcours par ces mots: La majeflé du peuple anglais ferait bleffée. La fingularité de l'expreffion caufa un grand éclat de rire; mais fans fe déconcerter, il répéta les mêmes paroles d'un air ferme, & on ne rit plus. J'avoue que je ne vois rien de commun entre la majesté du peuple anglais & celle du peuple romain, encore moins entre leurs gouvernemens. Il y a un fénat à Londres dont quelques membres font foupçonnés, quoiqu'à tort fans doute, de vendre leurs voix dans l'occasion, comme on fefait à Rome : voilà toute la reffemblance.

(*) Cet article a été écrit vers 1731.

D'ailleurs les deux nations me paraissent entièrement différentes, foit en bien, foit en mal. On n'a jamais connu chez les Romains la folie horrible des guerres de religion; cette abomination était réfervée à des dévots, prêcheurs d'humilité & de patience. Marius & Sylla, Pompée & Cefar, Antoine & Augufle, ne se battaient point pour décider fi le Flamen devait porter fa chemife par-deffus fa robe, ou fa robe par-deffus fa chemife; & fi les poulets facrés devaient manger & boire, ou bien manger feulement, pour qu'on prît les augures. Les Anglais fe font fait pendre autrefois réciproquement à leurs affifes, & fe font détruits en bataille rangée pour des querelles de pareille espèce. La fecte des épifcopaux & le presbytérianifme ont tourné, pour un temps, ces têtes mélancoliques. Je m'imagine que pareille fottife ne leur arrivera plus; ils me paraiffent devenir fages à leurs dépens, & je ne leur vois nulle envie de s'égorger dorénavant pour des fyllogifmes. Toutefois qui peut répondre des hommes ?

Voici une différence plus effentielle entre Rome & l'Angleterre, qui met tout l'avantage du côté de la dernière; c'eft que le fruit des guerres civiles de Rome a été l'efclavage, & celui des troubles d'Angleterre, la liberté. La nation anglaise est la seule de la terre qui foit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant, & qui d'efforts en efforts ait enfin établi ce gouvernement fage, où le prince, tout-puiffant pour faire du bien, a les mains liées pour faire du mal, où les feigneurs font grands fans infolence & fans vaffaux, & où le peuple partage le gouverne ment fans confusion.

La chambre des pairs & celle des communes font les arbitres de la nation; le roi eft le fur-arbitre. Cette balance manquait aux Romains; les grands & le peuple étaient toujours en divifion à Rome, fans qu'il y eût un pouvoir mitoyen qui pût les accorder. Le fénat de Rome qui avait l'injufte & puniffable orgueil de ne vouloir rien partager avec les plébéïens, ne connaisfait d'autre fecret pour les éloigner du gouver nement, que de les occuper toujours dans les guerres étrangères; il regardait le peuple comme une bête féroce, qu'il fallait lâcher fur leurs voifins, de peur qu'elle ne dévorât fes maîtres. Ainfi le plus grand défaut du gouvernement des Romains en fit des conquérans; c'eft parce qu'ils étaient malheureux chez eux, qu'ils devinrent les maîtres du monde, jufqu'à ce qu'enfin leurs divifions les rendirent efclaves.

Le gouvernement d'Angleterre n'eft point fait pour un fi grand éclat, ni pour une fin fi funefte; fon but n'eft point la brillante folie de faire des conquêtes, mais d'empêcher que fes voifins n'en faffent. Ce peuple n'eft pas feulement jaloux de fa liberté, il l'eft encore de celle des autres. Les Anglais étaient acharnés contre Louis XIV, uniquement parce qu'ils lui croyaient de l'ambition.

Il en a couté, fans doute, pour établir la liberté en Angleterre; c'est dans des mers de fang qu'on a noyé l'idole du pouvoir defpotique: mais les Anglais ne croient point avoir acheté trop cher leurs lois. Les autres nations n'ont pas verfé moins de fang qu'eux; mais ce fang qu'elles ont répandu pour la caufe de leur liberté, n'a fait que cimenter leur fervitude.

Ce

Ce qui devient une révolution en Angleterre, n'est qu'une fédition dans les autres pays. Une ville prend les armes pour défendre fes priviléges, foit en Barbarie, foit en Turquie; auffitôt des foldats mercenaires la fubjuguent, des bourreaux la puniffent, & le refte de la nation baise fes chaînes. Les Français pensent que le gouvernement de cette île eft plus orageux que la mer qui l'environne, & cela eft vrai; mais c'est quand le roi commence la tempête, c'eft quand il veut fe rendre le maître du vaiffeau, dont il n'eft que le premier pilote. Les guerres civiles de France ont été plus longues, plus cruelles, plus fécondes en crimes que celles d'Angleterre ; mais de toutes ces guerres civiles aucune n'a eu une liberté fage pour objet. Dans le temps déteftable de Charles IX & de Henri III, il s'agiffait feulement de favoir fi on ferait l'efclave des Guifes; pour la dernière guerre de Paris elle ne mérite que des fifflets. Il me femble que je vois des écoliers qui fe mutinent contre le préfet d'un collége, & qui finiffent par être fouettés. Le cardinal de Retz, avec beaucoup d'efprit & de courage mal employé, rebelle fans aucun fujet, factieux fans dessein, chef de parti fans armée, cabalait pour cabaler, & femblait faire la guerre civile pour fon plaifir. Le parlement de Paris ne favait ce qu'il voulait, ni ce qu'il ne voulait pas. Il levait des troupes par arrêt, il les caffait: il menaçait, & demandait pardon; il mettait à prix la tête du cardinal Mazarin, & ensuite venait le complimenter en cérémonie. Nos guerres civiles fous Charles VI avaient été cruelles; celles de la ligue furent abominables; celle de la fronde fut ridicule.

Dictionn. philofoph. Tome VI.

R

Ce qu'on reproche le plus en France aux Anglais, & avec raifon, c'eft le fupplice de Charles I, monarque digne d'un meilleur fort, qui fut traité par fes vainqueurs, comme il les eût traités s'il eût été heureux. Après tout, regardez d'un côté Charles I vaincu en bataille rangée, prifonnier, jugé, condamné dans Weftminster, & décapité; & de l'autre, l'empereur Henri VII empoisonné par fon chapelain en communiant, Henri III affaffiné par un moine, trente affaffinats médités contre Henri IV, plufieurs exécutés, & le dernier privant enfin la France de ce grand roi: pesez ces attentats, & jugez.

PASSION S.

Leur influence fur le corps, & celle du corps fur elles.

DIS-MOI, docteur, (je n'entends pas un docteur en médecine qui fait quelque chofe, qui a long-temps examiné les finuofités du cervelet, qui a recherché fi les nerfs ont un fuc circulant, qui a fouillé en vain dans des matrices pour voir comment un être penfant s'y forme, & qui connaît tout ce qu'on peut connaître de notre machine) hélas! j'entends un docteur en théologie. Je t'adjure par la raison au nom de laquelle tu frémis : dis-moi pourquoi ayant vu faire à ta fervante un mouvement de gauche à droite & de droite à gauche formé par le muscle gluteus & par le vafte externe, fur le champ ton imagination s'alluma; deux muscles érecteurs, qui partent de l'iskion, donnèrent

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