LA NAISSANCE ET LES PROGRÈS DU CHRISTIANISME, SECONDE PARTIE. SUITE DES MOEURS DES CHRÉTIENS. AGE PHILOSOPHIQUE. HÉRÉSIES. ANS ce second âge du christianisme, la Dgrandeur des mœurs publiques et la sublimité intellectuelle remplacent la vertu des mœurs privées et la beauté morale TOME V bis. 1 évangélique. Ce n'est plus l'Église militante, esclave, démocratique dans les cachots et dans le sang; c'est l'Église triomphante, libre, royale, à la tribune et sur la pourpre. Les docteurs succèdent aux martyrs: ceux-ci n'avoient eu que leur foi; ceux-là ont leur foi et leur génie. La partie choisie du monde païen, qui n'avoit cédé ni à la simplicité apostolique ni à l'autorité des bûchers, écoute, s'étonne, et bientôt se rend, en retrouvant dans la bouche des Pères les systèmes des Sages plus clairement et plus éloquemment expliqués. Les hautes écoles chrétiennes ressembloient aux écoles philosophiques; les chaires comptoient une suite non interrompue de professeurs comme à Athènes. Rodon hérite de Tatien, et Maxime, successeur de Rodon, examine la question de l'origine du mal et de l'éternité de la matière '. Clément d'Alexandrie qui remplace Panthénus, s'étoit nourri des ouvrages de Platon; il cite, dans ses Stromates, les maîtres sous lesquels il avoit étudié : un en Grèce, un en Italie, deux en Orient : « Mon maître en Palestine, dit-il, étoit » une abeille qui, suçant les fleurs de la prairie 1 Rodon... eruditus a Tatiano, libros quam plurimos et contra Marcionis hæresim scripsit. (Euseb., hist., lib. v, cap. 13.) |