PROLOGUE.' LA POÉSIE, LA MUSIQUE. LA POÉSIE. Quoi! par de vains accords et des sons impuissans, LA MUSIQUE. Aux doux transports, qu'Apollon vous inspire, Oui, vous pouvez aux bords d'une fontaine Ne me sauraient prêter qu'une cadence vaine. LA MUSIQUE. Je sais l'art d'embellir vos plus rares merveilles. LA POÉSIE. On ne veut plus alors entendre votre voix. 5 10 1 Texte de 1713... Des éditeurs ajoutent ici le mot d'opéra, qui est peu utile, à cause du titre courant. « Boileau, dans ce prologue, est bien au-dessous de Quinault. La Harpe, Lyc., II, 100. 2 V. E. Texte de 1713 et du manuscrit, et non pas faire CRAINDRE Climène, faute étrange de deux éditions modernes (1821, S.-S.; 1825, Daun.), mais que nous sommes bien éloignés d'imputer aux éditeurs. LA MUSIQUE. Pour entendre mes sons, les rochers et les bois LA POÉSIE. Ah! c'en est trop, ma sœur, il faut nous séparer: Nous allons voir sans moi ce que vous saurez faire. LA MUSIQUE. Je saurai divertir et plaire; 15 Et mes chants, moins forcés, n'en seront que plus doux.1 LA POÉSIE. Hé bien, ma sœur, séparons-nous. LA MUSIQUE. Séparons-nous. LA POESIE. Séparons-nous. CHOEUR DES POÈTES ET DES MUSICIENS. Séparons-nous, séparons-nous. LA POÉSIE. Mais quelle puissance inconnue Malgré moi m'arrête en ces lieux? 2 25 1 Vers 18 et 20. Boileau avait raison de ne pas vouloir joûter avec Quinault dans l'opéra. Il n'avait point de vocation pour ce genre, et je ne crois pas que ce prologue donne un démenti à ce que j'avance. Lulli, tout Lulli qu'il était, n'aurait pas mis facilement en musique ces deux vers. Le Brun, note sur le titre du Prologue. 2 V. E. Texte de l'édition de 1713, suivi dans celle de 1740. Ce n'est point une faute, comme le dit M. de S.-S., qui met, avec Brossette et tous les autres éditeurs, chœur DE poètes et DE musiciens. Il suffisait, pour adopter la leçon de 1713, de prendre garde que, dans l'avertissement (p. 479), Boileau parle de tous les poètes et de tous les musiciens. Enfin, ce qui tranche toute difficulté, l'édition de 113 est conforme au manuscrit du Prologue, lequel est en entier de la main de Boileau. TOME II. 61 LA MUSIQUE. Quelle divinité sort du sein de la nue? LA POÉSIE. Quels chants mélodieux Font retentir ici leur douceur infinie? LA MUSIQUE. Ah! c'est la divine Harmonie, Qu'elle étale à nos yeux LA MUSIQUE. Quel bonheur imprévu la fait ici revoir! Oublions nos querelles, Il faut nous accorder pour la bien recevoir. CHOEUR DES POÈTES ET DES MUSICIENS. Oublions nos querelles, Il faut nous accorder pour la bien recevoir. 1 V. E. Texte de 1713 et du manuscrit... Même observation qu'à la note précédente. POÉSIES LATINES. I DUM I. EPIGRAMMA. 2 In novum Caussidicum, 5 rustici lictoris filium. puer iste fero natus lictore perorat, Et clamat medio, stante parente, foro; Quæris, quid 4 sileat circumfusa undique turba? Non stupet ob natum, sed timet illa patrem. 15 II. ALTERUM. In Marullum, versibus phaleucis antea male laudatum. NOSTRI quid placeant minus phaleuci, 1 Cet intitulé a été mis par Brossette : la seule édition originale (1701) où soient les pièces latines, et seulement les deux premières, n'en donne point de commun à ces deux pièces. D'après cela, quelques éditeurs modernes n'auraient pas dû supprimer les mots Epigramma et Alterum, qui les précèdent dans l'édition de 170t. 2 Voy. la note 1, et au tome IV, lettre du 9 avril 1702. 5 V. E. Texte de 1701, et non pas causidicum, comme le mettent tous les éditeurs, excepté Saint-Marc. 4. V. E. M. de S.-S. a relevé avec raison la faute de Brossette et de plusieurs éditeurs qui lisent cur au lieu de quid, mais il aurait dû conserver, comme Brossette, la virgule qui est après quæris, dans l'édition de 1701. L'explication du nom Marullus (Brienne) est dans la même lettre du 5 9 avril. III. SATIRA. 1 QUID numeris iterum me balbutire latinis Bullatas nugas sese stupuere loquentes... 2 1 Brossette a le premier rapporté ce commencement d'une satire contre les Français qui font des vers latins. Voy. au tome III le dialogue relatif au même sujet, et au tome IV, la lettre du 6 octobre 1701. 2 On rapportera au tome IV (lettre du 15 juillet 1704, à Brossette), trois autres vers latins faits par Boileau. A l'égard des traductions latines des poésies de Boileau, nous donnons au tome I (note dernière de la préface v ) les raisons pour lesquelles nous ne les joignons point à notre édition. |