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Porter les humbles nouvelles 1
De Namur pris à vos yeux.2

Pour moi, que Phébus anime
De ses transports les plus doux,3
Rempli de ce dieu sublime,*
Je vais, plus hardi que vous,
Montrer que sur le Parnasse,
Des bois fréquentés d'Horace
Ma muse dans son declin

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1 Humbles nouvelles pour nouvelles humiliantes... Ces sortes de significa tions transposées ne sont pas du génie de notre langue. Saint-Marc. rection et prosaïsme. M. Planche.

Incor

2 Les six derniers vers de cette strophe sont fort peu de chose; mais les quatre premiers sont fort bons quoiqu'ils ne sortent point du style narratif. Ils sont ranimés par la hardiesse de cette expression: ces rochers éperdus, et par la vivacité de ce vers : Le feu cesse ; ils sont rendus. Saint-Marc.

3

Comment cela s'accorde-t-il avec la sainte ivresse qui lui fait la loi, etc., avec ce qu'il a promis dans l'avis au lecteur, qu'il va paraître plutot entraîné par le démon de la poésie, que guidé par la raison...? Perrault, Lett. II, Dans cet état, en effet, les transports de l'imagination sont des transports vifs, animés, violens, et non pas doux. Saint-Marc.

p. 36.

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4 Dieu sublime ne s'est jamais dit; on dit une pensée sublime, un discours sublime, mais non pas un homme sublime, ni un dieu sublime. Perrault, ib.

Saint-Marc approuve cette critique : il avoue pourtant que J.-B. Rousseau ( Ode à la Fortune ) a employé (et il aurait dû ajouter, heureusement ) la même expression ( montrez-nous, héros sublimes).

5 P. C. O. D'après la lettre citée, p. 417, note du vers 89 (cette première leçon y est effacée)... Des antres chéris d'Horace.

6 P. C. O. (Même lettre ).. Sur son déclin.

Vers 164 et 167. Il n'y a aucun repos dans cette stance, contre la règle universellement reçue, qui veut qu'il y en ait un au quatrième et au septième vers. Perrault, ibid., p. 37. - Nos poètes se dispensent assez souvent du repos du septième vers; mais il faut du moins ne pas manquer à celui du quatrième. Il me semble d'ailleurs, que l'auteur, en supprimant la seconde stance, n'aurait pas dû conserver celle-ci. Saint-Marc.

TOME II.

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Sait encor les avenues,

1

Et des sources inconnues2

A l'auteur du Saint-Paulin. 3

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1 Vers 164 et 168. Comme il est sur la fin de son ode, il devait dire qu'il a montré qu'il savait un chemin, et non pas qu'il va montrer qu'il le sait. Perrault, ib., p. 136.

2 Vers 164, 168 et 169. Y a-t-il de la hardiesse à montrer qu'on sait un chemin.. et des routes et des sources inconnues? Et supposé qu'il y en ait, peut-on ajouter que cette hardiesse est plus grande que celle des dix mille Alcides qui ont défendu Namur avec tant de vigueur? Perrault, ib., p. 37.

3 V. O. ou E. (en part.). Poème héroïque du sieur P**. Boil., 1693 à 1701... De M. P**. id., 1713. — N. B. On a mis du sieur P** à 1695, CT.; 1697 et 1698, R., et 1700, A.; mais on lit Perrault, tout au long, à 1697, 1701, 1702, A., etc. (Nous parlons des déguisemens inutiles des noms des auteurs critiqués, tome I, Essai, no 55 ).

« Ce trait de satire a été désapprouvé de tout le monde; on a trouvé qu'il blessait le respect dû au prince et à la gravité (un respect dú à une gravité !) de l'ode. » Perrault, ib.

Vers 161 à 170. Un poète plus hardi que les ennemis fuit les avenues des bois fréquentés d'Horace, et s'élève de ses propres ailes. Toute cette strophe en général languit et meurt, et n'est point ressuscitée par l'auteur du SaintPaulin qui la termine. Le Brun.

ODE

Sur un bruit qui courut, en 1656, que Cromwell et les Anglais allaient faire la guerre à la France. 2

Quor! ce peuple aveugle en son crime,
Qui, prenant son roi 3 pour victime,
Fit du trône un théâtre affreux, 4
Pense-t-il que le ciel, complice.
D'un si funeste sacrifice,

N'a pour lui ni foudres ni feux? 5

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5

1 Je n'avais que dix-huit ans, quand je fis cette ode, mais je l'ai raccommodée. Boil., 1701 et 1713.

(tome I, Essai, no 1 et 144 ).

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Il avait alors dix-neuf ou vingt ans Cette ode fut d'abord publiée en 1671 1, no 25) dont nous citerons les variantes. Elle a été supprimée au Boileau classique, mais conservée dans celui de

dans un recueil ( ib., Not. bibl., §

la jeunesse (est à Br., I, 431; S.-M., II, 363; S.-S., II, 518).

2 V.O. 1671. Au lieu de ce titre, il y a celui-ci : A la France, durant les derniers troubles d'Angleterre. - Brossette met simplement : Ode contre

les Anglais.

3

Charles Ier, en 1649. Brossette.

4 Pour soutenir la métaphore de victime et de sacrifice, il fallait autel, et non théatre. Saint-Marc.

5 Texte de 1671, 1701 et 1713, suivi par Saint-Marc et M. de S.-S. La plupart des éditeurs mettent foudre, au singulier. —L'usage, dit Saint-Marc, ne distingue point le feu du ciel d'avec la foudre.

6 V. E. En pleines voiles... Faute de 1713.

"On ne voit pas ce que les étoiles font là, et si la flotte va à pleines voiles, comment les vents lui sont-ils contraires? Saint-Marc. On ne sait trop ce que viennent faire ici les étoiles, sinon rimer avec les voiles. M. Daunou.

Veut maîtriser tout l'univers;
Et croit que l'Europe étonnée,
A son audace forcenée

Va céder l'empire des mers.

Arme-toi, France; prends la foudre;
C'est à toi de réduire en poudre
Ces sanglans1 ennemis des lois.
Suis la victoire qui t'appelle,
Et va sur ce peuple rebelle
Venger la querelle des rois. 2

Jadis on vit ces parricides,
Aidés de nos soldats perfides,

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Les critiques de Saint-Marc sur les trois premiers vers de cette strophe sont peu fondées. M. de Saint-Surin.

1 Sanglant n'a d'usage parmi nous, par rapport aux personnes, que dans son sens propre. On dit un tyran cruel, mais non pas un tyran sanglant. Saint-Marc; Féraud. - M. Daunou approuve encore ou plutôt développe cette critique. M. de S. S. prétend, chose assez singulière, que sanglant est ici employé au propre.

2 On lit aussi dans Voltaire (Henriade, chant I, vers 360):

Et venger avec moi la querelle des rois.

Cela n'est pas français, prétend La Beaumelle; on venge un outrage, mais non pas une querelle... Cela est très français, répond Clément. Il cite alors le vers ci-dessus, ainsi que celui-ci de Mithridate, acte I, sc. 1:

Vengeait de tous les rois la querelle commune.

V. 1671. Après la 3o stance, il y a celle-ci :

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Chez nous, au comble de l'orgueil,
Briser tes plus fortes murailles,
Et par le gain de vingt batailles
Mettre tous tes peuples en deuil.1

2

Mais bientôt le ciel en colère,
Par la main d'une humble bergère
Renversant tous leurs bataillons, 3
Borna leurs succès et nos peines; +
Et leurs corps, pourris dans nos plaines,
N'ont fait qu'engraisser nos sillons. 5

1 V. Recueil de 1671, cité p. 427. Les vers 21 à 24 y sont ainsi :

De sang inonder nos guérets,

Faire des déserts de nos villes,

Et dans nos campagnes fertiles
Brûler jusqu'au jonc des marais.

Le changement n'est pas heureux quant au premier vers,

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chez nous au

comble de l'orgueil, qui est une pure cheville. Saint-Marc. — M. Daunou trouve au contraire que la seconde leçon vaut mieux que la première, si l'on excepte les mots chez nous, qui sont parasites.

2 Jeanne d'Arc, ou la Pucelle d'Orléans.

5 F. N. R. Tous les bataillons, faute grossière de 1716 in-4° et in-12, Bross.; 1717, Vest.; 1721, Vest. et Bru.; 1735, Souch., et 1745, P. 4 V. 1671. On lit ainsi les vers 25 à 28:

Mais bientôt, malgré leurs furies,

Dans ces campagnes refleuries,

Leur sang coulant à gros bouillons

Paya l'usure de nos peines.

5 Vers 19 à 30. Ces deux dernières stances n'ont pas de repos au troisième vers, comme la règle l'exigerait. Saint-Marc.

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