C'est par toi qu'on va voir les muses enrichies En vain, pour s'exempter de l'oubli du cercueil, 2 160 En vain, malgré les vents, aux bords de l'Hespérie, 165 Sans le secours des vers, leurs noms tant publiés Non, à quelques hauts faits que ton destin t'appelle, 170 toute l'Europe. Boil., 1713. (La liste est citée au t. I, Not. Bibl., § 2, no 58.) V. E. Dans les éditions citées ci-devant, avis, note 1, page 7, on a mis mal-à-propos DANS toute l'Europe. 1 V. 153 à 158. Voy. pour ces beaux vers, Art poét., IV, 192. 2 Quels mauvais vers (159 et 160)! Le dernier hémistiche du premier rime avec le premier hémistiche du second, et le premier hémistiche du second avec le dernier. Mermet, 40. Un même mot pris dans la même signification, ne faisant jamais rime, loin de rendre l'hémistiche défectueux, lui donne une grâce et une force particulière, lorsque la répétition en est faite à propos, comme dans ce vers le mot héros... Fontenai, I, 223. ( Mermet, sans s'apercevoir qu'il se contredit, porte, p. 210, le même jugement de ces deux mauvais vers.) Horace 3 L'orgueil, quand il se manifeste ainsi, prend la place de la franchise, et loin d'être un vice devient presque la vertu du génie. Le Brun. (lib. IV, od. 9, v. 25) avait dit : Vixere fortes ante Agamemnona Nocte, carent quia vate sacro. Apollon te la doit ouvre-lui tes trésors. Pour moi qui, sur ton nom déjà brûlant d'écrire, 175 1,80 Im. d'Horace et de B... J.-B. Rousseau (Ode au prince Eugène, après la paix de Passarowitz): Mais combien de grands noms, couverts d'ombres funèbres, Sans les écrits divins qui les rendent célèbres, Dans l'éternel oubli languiraient inconnus...! Non, non sans le secours des filles de mémoire, N'éclaireront jamais les yeux de l'avenir. 1 Hyperbole adulatrice et fausse Boileau, si fidèle ami du vrai, auraitdû rayer cette figure. M. Lemercier, III, 27. avait dit, il est vrai : · Martial (v111, épigr. 55), Sint Mecœnates, non deerunt, Flacce, Marones. Mais, outre que c'est dans une épigramme, on voit que par le mot aisément Boileau étend beaucoup l'idée du poète latin. Im. de B.. Gâcon, épît. xv: Les héros tant vantés, et leur rare vaillance, Si quelque esprit malin les veut traiter de fables, 2 Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, 185 190 1 V. O. 1672 à 1697. B***. ( Au sujet de cette variante, Voy. tome I, Not. Bibl., § 1, n° 90, obs. 5.) 2 V. E. Texte de 1672 à 1713, au lieu de plein, qu'on lit dans quelques éditions modernes, telles que 1821, S.-S.; 1825, Daun.; 1826, Mar.; 1828, 3 Th. Quel misérable vers et dans le sens et dans l'expression...! Ce pourtant surtout est bien déplacé. Pradon, 79. Pourtant, au commencement d'une phrase, a sans doute vieilli, et doit être remplacé dans le style poétique par toutefois, cependant... Mais on peut, comme ici, l'insérer dans le vers. Clément, obs., 136. · Vers 179 190. Il semble que Boileau fait un grand effort pour louer le roi, et qu'il lui a fait grâce en ne le déchirant pas... Son 186° vers (on dira, etc.) est surtout fort insolent. Pradon, 78. — Il ne se peut rien imaginer de plus délicat que ces vers sur ce sujet. Bouhours, 228. — Qui jamais pourra se flatter de manier l'éloge avec cette grâce et cette finesse ? Le Brun. (La Harpe et MM. Amar, Daunou, etc., sont à-peu-près du même sentiment, ainsi que d'Alembert, cité à l'épît. vi, note sur le vers 80.) ÉPITRE II.' A MONSIEUR L'ABBÉ DES ROCHES. 2 A quoi bon réveiller mes muses3 endormies, 5 Qui m'appelle au combat sans prendre un plus long terme. De l'encre, du papier! dit-il; qu'on nous enferme! iơ Voyons qui de nous deux, plus aisé dans ses vers, Aura plutôt rempli la page et le revers.7 1 Pour sa composition, voy. ci-dev., ép. 1, note du v. 150, p. 19 et 20. 2 V. O. 1674 à 1682. L'abbé D***. (Voy. note du vers 22.) 3 Boileau emploie ce mot tantôt au singulier, tantôt au pluriel (sat. 1, v. 82; Art poét., ch. 11, v. 45): serait-ce à cause de la gêne de la mesure, comme le dit Féraud? 4 Vers 2 et 4. Tracer aux auteurs des règles ennemies... Une raison qui parle par ma voix.. Galimatias. Desmarets, 74. 5 V. O. 1674 à 1685. L***. — Il venait de critiquer l'épît. 1v (publiée en 1672). Bross. (Voy. tome I, Essai, no 128.) 6 Mouvement impétueux. Le vers suit l'action. Boileau, en se laissant emporter par l'inspiration satirique, entraîne avec lui son lecteur, qui brûle de savoir comme il finira. Le Brun. 7 Horace, liv. I, sat. IV, v. 14: Crispinus minimo me provocat : accipe, si vis, Moi donc, qui suis peu fait à ce genre d'escrime, 15 20 Mais toi, qui ne crains point qu'un rimeur te noircisse, Accipe jam tabulas; detur nobis locus, hora, 4 6 25 1 Ici le papier est vraiment innocent: ailleurs (Art poét., Iv, 95),1 , Boileau le qualifie de coupable, c'est qu'il y fait écrire des choses contre la vertu. Ces figures, dit avec raison M. Amar, lorsqu'elles sont sagement employées donnent au style de la dignité et de la force. 2 Des Roches avait dans le midi trois abbayes commendataires assez considérables (d'environ 30,000 fr. de rentes). Cela sert à nous expliquer, 1. Le sens de ces vers et de quelques-uns des suivans; car les droits assez obscurs de ces abbés amphibies donnaient souvent lieu à des différends avec leurs moines; 2. Pourquoi Boileau lui dédia cette épître contre la chicane. Voilà ce que Brossette et ses copistes auraient dû nous dire plutôt que la généalogie fort inutile de ce Des Roches. 5 Fameux avocat au parlement de Paris. Boil., 1713. — Recherché dans les principales affaires comme conseil ou arbitre. Bross. Engraisser la justice; expression plaisante. Le Brun. 5 Texte de 1674 à 1713. Il faudrait aujourd'hui assignant. * Si le ridicule corrigeait, quel plaideur ne le serait par ces deux vers aussi fermes que précis? Le Brun. |