FABLE VII. L'IVROGNE ET SA FEMME. Chacun a son défaut, où toujours il revient : Sur ce propos, d'un conte il me souvient : De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus Altéroit sa santé, son esprit et sa bourse : gens fait la moitié de leur course Qu'ils sont au bout de leurs écus. Telles n'ont pas Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille, Oh! dit-il, qu'est-ce-ci? Ma femme est-elle veuve? Quelle personne es-tu? dit-il à ce fantôme. De Satan, reprit-elle ; et je porte à manger Le mari repart, sans songer: FABLE VIII. LA GOUTTE ET l'araignée. QUAND l'enfer eut produit la goutte et l'araignée, Or, avisons aux lieux qu'il vous faut habiter. Et ces palais si grands, si beaux, si bien dorés? Il n'est rien, dit l'aragne, aux cases qui me plaise. Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise. S'étend à son plaisir sur l'orteil d'un pauvre homme, Jamais Hippocrate me somme. L'aragne cependant se campe en un lambris, Une servante vient balayer tout l'ouvrage. Il va trouver la goutte. Elle étoit en campagne, Que la plus malheureuse aragne. Oh! je ne saurois plus, dit-elle, y résister, A jamais du lit ne bouger. Cataplasmes, Dieu sait! les gens n'ont point de honte FABLE IX. LE LOUP ET LA CIGOGNE. LES loups mangent gloutonnement. Un loup donc étant de frairie Se pressa, dit-on, tellement, Qu'il en pensa perdre la vie. Un os lui demeura bien avant au gosier.. De bonheur pour ce loup, qui ne pouvoit crier, Près de là passe une cigogne. Il lui fait signe; elle accourt. Voilà l'opératrice aussitôt en besogne. Elle retira l'os puis, pour un si bon tour, Elle demanda son salaire. Votre salaire, dit le loup: Vous riez, ma bonne commère ! D'avoir de mon gosier retiré votre cou? Allez, vous êtes une ingrate: FABLE X. LE LION ABATTU PAR L'HOMME. ON exposoit une peinture Où l'artisan avoit tracé Par un seul homme terrassé. Les regardants en tiroient gloire. Un lion en passant rabattit leur caquet: Avec plus de raison nous aurions le dessus, ་་་་་་་་་་་་ FABLE XI. LE RENARD ET LES RAISINS. CERTAIN renard gascon, d'autres disent normand, Et couverts d'une peau vermeille. Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats Fit-il pas mieux que de se plaindre ? FABLE XII. LE CYGNE ET LE CUISINIER. DANS une ménagerie De volatiles remplie, Vivoient le cygne et l'oison: Celui-là destiné pour les regards du maître; Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger, Et vit bien qu'il s'étoit mépris. Quoi! je mettrais, dit-il, un tel chanteur en soupe! Non, non, ne plaise aux dieux que jamais ma main coupe La gorge à qui s'en sert si bien! Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe |