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Saufal eft le Phénix des Efprits relevez.

Perrin.....Bon, mon Efprit, courage, pourfuivez. 295 Mais ne voïez-vous pas, que leur troupe en furie Va prendre encor ces vers pour une raillerie?

Et Dieu fait, auffi-tôt, que d'Auteurs en courroux, Que de Rimeurs bleffez s'en vont fondre fur vous! Vous les verrez bien-tôt, féconds en impoftures, 300 Amaffer contre vous des volumes d'injures,

Traiter en vos Ecrits chaque vers d'attentat,

Et d'un mot innocent faire un crime d'Etat.
Vous aurez beau vanter le Roi dans vos Ouvrages,
Et de ce nom facré fanctifier vos pages.

Qui

célèbre par les Traductions qu'il a données. Il étoit de l'Académie Françoise, & mourut en 1664.

Patru: OLIVIER PATRU, de l'Académie Françoise, a été un des plus célèbres Avocats du Parlement de Paris, Notre Poëte a joint ici ces deux Illuftres Ecrivains, Ablancourt & Patru; parce qu'ils étoient unis d'une étroite amitié.

VERS 291. Corin à fes Sermons &c.] Voïez le vers 60. de la Satire III.

VERS 293. Saufal eft le Phénix &c.] C'eft SAUVALLE. Voïez le vers 40. de la Satire VII.

VERS 294. Perrin.

la Satire VII.

&c.] Voïez le vers 44.

de

VERS 302. Et d'un mot innocent faire un crime d'Etat. ] Mr. le Duc de Montauzier avoit voulu faire un crime d'Etat à notre Satirique, de ce qu'il avoit traité ce Siècle, de Sicsle de fer, dans la Satire I. Mr. Peliffon, piqué contre l'Auteur, vouloit infinuer que, dans le vers 224. de cette Satire neuvième, Midas, le Roi Midas &c. Mr. Despréaux avoit eu à l'égard du Roi, le même deffein, que Perfe avoit eu contre Neron dans ce vers: Auriculas afini Mida Rex habet: deffein extrèmement éloigné de la pensée de notre Auteur.

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305 Qui méprife Cotin, n'eftime point fon Roi,
Et n'a, felon, Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.
Mais quoi? répondrez-vous: Cotin nous peut-il nuire?
Et par fes cris enfin que fauroit-il produire ?

Interdire à mes vers, dont peut-être il fait cas, 310 L'entrée aux penfions, où je ne prétens pas ?

Non, pour louer un Roi, que tout l'Univers loue,
Ma langue n'attend point que l'argent la dénouë;
Et fans efperer rien de mes foibles Ecrits,

L'honneur de le louer m'eft un trop digne prix.
315 On me verra toûjours, fage dans mes caprices,
De ce même pinceau, dont j'ai noirci les Vices,
Et peint, du nom d'Auteur tant de Sots revêtus,
Lui marquer mon refpect, & tracer ses vertus,
Je vous croi, mais pourtant on crie, on vous menace.

Je

VERS 306. Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni lei.] Ce font les mêmes injures que Cotin avoit publiées contre notre Auteur, dans fa Critique défintereffée fur les Satires du tems, où il l'accufoit d'être criminel de lèze-Majefté Divime & Humaine.

VERS. 307.

Cotin nous peut-il nuire?] Voici la neuvième fois que le mot de Cotin fe préfente dans cette Satire. Les Amis de notre Auteur craignirent que le fréquent retour du même nom, ne parût affecté, & ne déplût aux Lecteurs. Il faut voir, dit-il: Je confens d'ôter tout ce qui fera de trop. On s'affembla, on lut la Satire entière; mais on trouva par tout le nom de Cotin fi bien placé, qu'on ne crat pas qu'il y eût aucun de ces endroits qui dût être retranché.

VERS 310. L'entrée aux penfions où je ne prétens pas. ] Le. Roi donnoit des Penfions aux Gens de Lettres; & Cotin en un des Prufionnaires,

320 Je crains peu, direz-vous, les Braves du Parnaffe. Hé, mon Dieu, craignez tout d'un Auteur en cour

roux,

Qui peut.... Quoi? Je m'entens. Mais encor? Taifez-vous.

VERS 322. Qui peut.

Quoi? Je m'entens. Mais encor? Taifez-vous. ] 11 faut diftinguer le Dialogue dans ce dernier vers.

IMIT. Ibid. Qui peut.... Quoi? &c.] Ce Dialogue eft femblable à celui que fait MERLIN COCAÏE avec fon Efprit, ou avec foi-même, au commencement de la septième Macaronique.

Sifte labrum. Quare? "Cupies tacuiffe. Tacendum eft
Quod nocet. Imo nocet Vatem nimis effe loquacem.

* Son véritable nom eft THEOPHILO FOLENGI O de Mantouë mort en 1543%

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AVERTISSEMENT

SUR

LA X. SATIRE.

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grans

OICL enfin la Satire qu'on me de mande depuis fi long-tems. Si j'ai tant tardé à la mettre au jour, c'est que j'ai été bien aise qu'elle ne pa rút qu'avec la nouvelle Edition qu'on faifoit de mon Livre * où je voulois qu'elle fût inferée. Plufieurs de mes Amis, à qui je l'ai lue, en ont parlé dans le monde avec de éloges, & ont publié que c'étoit la meilleure de mes Satires. Ils ne m'ont pas en cela fait plaifir. Je connois le Public. Je fai que naturellement il fe revolte contre les louanges outrées, qu'on donne aux Quvrages avant qu'ils aient paru; & que la plupart des Lecteurs ne lifent ce qu'on leur a élevé fi bant, qu'avec un deffein formé de le rabaiffer.

Je déclare donc que je ne veux point profiter de ces discours avantageux: & non feulement je laiffe au Public fon jugement libre, mais je donne plein pouvoir à tous ceux qui ont tant critiqué. mon Ode fur Namur, d'exercer auffi contre ma Satire toute la rigueur de leur Critique. J'espère qu'ils le feront avec le même fuccès: & je puis les affurer que tous leurs discours ne m'obligeront point à rompre l'espèce de vœu que j'ai fait de ne jamais défendre mes Ouvrages, quand on n'en

* En 1694.

attaquera que les mots & les fyllabes. Je saurai fort bien foutenir contre ces Cenfeurs, Homère, Horace, Virgile, & tous ces autres grans Perfonnages dont j'admire les Ecrits: mais pour mes Ecrits que je n'admire point, c'est à ceux qui les approuveront à trouver des raifons pour les dé fendre. C'est tout l'avis que j'ai à donner ici au

Lecteur.

La bienséance néanmoins voudroit, ce mefemble que je fille quelque excufe au Beau Sexe, de la liberté que je me fuis donnée de peindre ses vices. Mais au fond, toutes les peintures que je fais dans ma Satire font fi générales, que bien loin d'appréhender que les Femmes s'en offenfent, c'eft fur leur approbation & fur leur curiofité que je fonde la plus grande efperance du fuccès de mon Ouvrage. Une chose au moins, dont je fuis certain qu'elles me loueront; c'est d'avoir trouvé moïen, dans une matière auffi délicate qu'est celle que j'y traite, de ne pas laiffer échaper un seul mot qui put le moins du monde blesser la pudeur. Fefpère donc que j'obtiendrai aisément ma & qu'elles ne feront pas plus choquées des prédications que je fais contre leurs défauts dans ceite Satire, que des Satires que les Prédicateurs font tous les jours en chaire contre ces mêmes défauts.

agrace.

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