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C

ANNALES

DE

PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE

LA LOGIQUE DU PÈRE GRATRY

ET L'ANALYSE INFINITÉSIMALE

Une conspiration tacite de silence et d'oubli pèse sur la mémoire du Père Gratry. La base ruineuse de sa « Logique »> a jeté le discrédit sur toute son œuvre. L'échec fut d'autant plus retentissant que l'édifice avait été plus hardi et la postérité injuste, peut-être seulement ignorante, a paru se détourner avec crainte d'une autorité compromise pour avoir soutenu << la plus étrange des thèses, l'une des chimères les plus étonnantes où un homme d'esprit ait pu se laisser entraîner »1.

Au moment même où Mgr Péraud et le Père Chauvin mettent en lumière la belle figure du grand oratorien il n'est peut-être pas inutile de rectifier ce jugement: reconnaître et préciser l'erreur du Père Gratry, sera montrer combien sa faute fut excusable.

Son seul tort est d'avoir cru que le calcul infinitésimal reposait solidement sur la base même que lui avaient donnée Wallis, Newton, Leibnitz. Trompé par l'autorité des illustres inventeurs il part d'un principe faux et. avec une vigueur, une fécondité, une puissance incomparables il en

1. Saisset: Une logique nouvelle à l'Oratoire. Revue des Deux-Mondes, août 1855.

saisit et développe toutes les conséquences. Les plus grands mathématiciens cherchent du reste en vain le vrai fondement de la méthode, les uns acceptent celui du philosophe; d'autres le repoussent; de savants contradicteurs assurent que sa théorie est fausse, ils ne peuvent le prouver.

Faut-il avouer enfin que Leibnitz lui-même aurait souscrit ou plutôt avait déjà souscrit à « la plus étrange des thèses, à la plus étonnante chimère ».

Que reste-t-il alors à reprocher au Père Gratry: son point de départ? - mais pendant près d'un siècle les plus profonds penseurs ne trouvent point « le vrai principe de rigueur de l'analyse infinitésimale » ; les conséquences qu'il en déduit? -- mais il est en cela merveilleux de logique et de pénétration!

«Mysticisme, exaltation, amour du mystère. » Pourquoi ne pas reconnaître comme trop sévère le jugement de M. Saisset, qui lui-même et sur ces matières, se trompe aussi gravement. Quand un coupable a pareils maîtres et pareils complices, on peut lui appliquer les circonstances atténuantes, c'est-à-dire lui conserver sa confiance et son admiration.

La raison pour arriver à la connaissance emploie deux procédés.

Le procédé syllogistique qui va du même au même, qui prend son point de départ comme principe de déduction, qui ne peut s'élever au-dessus, car il opère par voie d'identité.

Le procédé dialectique ou d'induction qui ne prend son point de départ que comme un point d'appui, une base

1. Qu'on nous permette d'essayer de détruire ici une légende ridicule accréditée autour du nom du Père Gratry. M. Saisset a contribué à la répandre en développant avec verve, cette thèse : « Est-il bien difficile de signaler dans le livre du Père Gratry des traces d'exaltation ?... Voilà sa grande formule : les algébristes ont une équation zéro multiplié par l'infini égale une quantité quelconque..... Il voit là un symbole et une preuve du dogme de la création. » Le Père Gratry a vainement pris soin de réfuter lui-même ce reproche. On l'accuse encore aujourd'hui, dans plusieurs ouvrages sérieux, d'avoir donné cette démonstration du dogme de la création.

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