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DE LA VIE DE LYCURGUE.

Diversité d'opinions sur le temps où Lycurgue a vécu. II. Son origine. III. Il monte sur le tróne de Lacédémone, et devient ensuite tuteur du roi Charilaüs son neveu. IV. Ses voyages. VII. Son retour. VIII. Il va à Delphes. IX. Loix qu'il donne à Lacédémone. Création du sénat. XI. Autorité des éphores. XII. Partage des terres. XIII. Monnoie d'or et d'argent bannie. Etablissement de la monnoie de fer. XV. Ordonnance des repas publics. Mécontentement des riches sur cette ordonnance. XVI. Alcandre crève un œil à Lycurgue, et devient son ami. XVII. Loix et avantages des repas publics. XXIII. Réglement pour les bâtimens. XXIV. Ordonnance militaire. XXV. Mariages des femmes, éducation des filles. XXXII. Education des garçons. XXXIX. Reparties courtes et vives des Lacédémoniens et de Lycurgue. XLIII. Divertissemens, chansons. XLV. Musique. XLVI. Parure dans les jours de bataille. LI. Vie militaire. LII. Exclusion des arts méchaniques qui sont abandonnés aux Hilotes. LIII. Nuls procès. Réjouissances continuelles. LIV. Le dieu Ris révéré par Lycurgue. LV. Loix pour l'élection des sénateurs. LVI. Ré

glemens pour les funérailles, pour le deuil. LVII. Pour les voyages en pays étranger et pour les étrangers. LVIII. Observation sur les loix de Lycurgue. LX. Il en fait jurer l'observation aux Lacédémoniens, et part pour Delphes. LXI. Ses loix sont en vigueur pendant cinq siècles. LXII Leur corruption, dès que le roi Agis eut introduit l'or et largent. LXIII. Avantages des loix Lacédémoniennes. LXVI. Honneurs divins rendus à Lycurgue après

sa mort.

Vers l'an 884 avant Jesus-Christ.

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ilz

ON IN ne sçauroit du tout rien dire de Lycurgus, qui establit les loix des Lacedæmoniens, en quoy il n'y ait toujours quelque diversité entre les historiens car et de sa race, et de la saillie qu'il feit hors de son païs, de sa mort, et mesme de ses loix, et de la forme du gouvernement qu'il institua, ont presque tous escrit differentement. Mais moins encore, que de toute autre chose, s'accordent ilz du temps auquel il a vescu: pource que les uns, entre lesquelz est le philosophe Aristote, veulent qu'il ait esté du temps d'Iphitus, et qu'il luy ait aidé à ordonner la surseance d'armes qui se garde durant la feste des jeux olympiques : en tesmoignage dequoy ilz alleguent la placque de cuivre dont on joue és dits jeux, sur laquelle est encores aujourd'huy engravé le nom de Lycurgus. Au contraire, ceulx qui comptent les temps par la suitte des roys de Lacedæmone, comme font Eratosthenes 'Disque dont on se servoit dans les jeux du palet.

que

et Apollodorus, le mettent plusieurs années avant la premiere olympiade : et Timæus se doubte qu'il y ait eu deux de ce nom, en divers temps, mais l'un ayant esté plus renommé que l'autre, on luy ait attribué les faits de tous les deux, et que le plus ancien n'ait esté gueres de temps après Homere: encore y en a il qui veulent dire qu'il l'a veu. Xeno→ phon mesme nous donne bien à penser qu'il soit fort ancien, quand il dit, qu'il a esté du temps des Heraclides, c'est à dire, des prochains descendans de Hercules: car il n'est pas vraysemblable, qu'il ait voulu entendre indifferemment des descendans de Hercules, pource que les derniers roys de Sparte ont esté de sa race aussi bien que les premiers, ainsi fault il entendre de ceulx qui ont esté, sans moyen, prochains du temps mesme de Hercules. Mais toutefois, encore qu'il y ait tant de diversité entre les historiens, nous ne laisserons pas pour cela de recueillir et mettre par escript ce que lon treuve de luy és anciennes histoires, en elisant les choses où il y aura moins de contradiction, ou qui auront de plus graves et plus approuvez tesmoings.

I. CAR tout premierement le poëte Simonides dit, que son pere fut nommé Prytanis, non pas Eunomus : et la plus part escrit autrement la genealogie tant de Lycurgus mesme, que de Eunomus: pource qu'ilz disent que Patrocles filz de Aristodemus engendra Soüs, de Sous nasquit Eurytion, duquel Prytanis fut filz, de Prytanis nasquit Eunomus, de

La première Olympiade remonte à l'an 776 avant JésusChrist.

Eunomus

Eunomus Polydectes, qu'il eut de sa premiere femme, et de sa seconde, qui eut nom Dianasse, nasquit Lycurgus: toutefois Eutychides, qui est un autre historien, le met sixieme en droitte ligne après Polydectes, et unzieme après Hercules. Mais entre tous ses ancestres le plus renommé a esté Soüs, du temps duquel ceulx de la ville de Sparte subjuguerent les Ilotes, qu'ilz feirent esclaves, et s'augmenterent et eslargirent de plusieurs terres qu'ilz conquirent sur les Arcadiens. Et dit on que luy mesme estant un jour assiegé fort à destroit par les Clitoriens, en un lieu aspre, où il n'y avoit point d'eau, leur feit offre de leur rendre toutes les terres qu'ilz avoient conquises sur eulx, moyennant qu'il beust luy et toute sa compagnie en une fontaine qui estoit assez près de là. Les Clitoriens le luy accorderent: et fut l'appointement ainsi juré entre eulx. Si feit adonc assembler ses gens, et leur declara s'il y avoit aucun d'eulx qui se voulust abstenir de boire, qu'il luy cederoit et donneroit sa royauté : il n'y eut pas un en toute la trouppe qui s'en peust garder, tant ilz estoient pressez de la soif, ains beurent tous à bon esciant, excepté luy, qui descendant le dernier, ne feit autre chose, que seulement se refreschir, et arroser un petit par dehors en presence des ennemis mesmes, sans boire goutte quelconque au moyen dequoy il ne voulut point depuis rendre les terres, comme il avoit promis, alleguant qu'ilz n'avoient pas tous beu.

II. MAIS encore que pour ses faicts il ait esté fort estimé, si est-ce que sa maison n'a point esté Tome I.

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