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cipitation a lieu. La montagne est à la plaine continentale ce que le rivage est à la plaine océanique : c'est un condenseur du second ordre (1); et la puissance de ce condenseur dépend de sa hauteur (2).

Tous ces faits peuvent être constatés sur la carte suivante, qui représente le régime pluviométrique de la péninsule ibérique (figure 7). On voit immédiatement que les côtes agissent comme condenseurs, comme le prouve la bordure ombrée qui accompagne leur contour. On constate en même temps que les rivages de la Méditerranée sont des condenseurs moins puissants que ceux de l'Atlantique, puisqu'ils reçoivent moins de 500 millim. de pluie, alors que ceux-ci en reçoivent plus du double; la quantité de pluie qui tombe en un pays dépend de la quantité d'eau évaporée au-dessus

1. La quantité de pluie qui tombe annuellement à la Rochelle est de 655 millim.; elle est de 568 millim. à Paris, de 719 millim. à Metz, de 523 millim. à Berlin. Ces villes sont situées le long d'une certaine ligne sud-ouest-nord-est, sensiblement parallèle à la direction générale des vents qui amènent la pluie dans nos pays. On voit que la précipitation diminue de La Rochelle à Paris, pour augmenter en passant par Metz, et décroître jusqu'à Berlin : elle passe par deux valeurs maxima, l'une qui se produit au contact de la côte, l'autre à la rencontre de la montagne, qui est ici la chaîne des Vosges. Les couches d'air chargées des vapeurs venues de l'Atlantique atteignent d'abord les déclivités occidentales de cette chaîne, dirigée du sud au nord, et s'y précipitent en partie. La vapeur non liquéfiée passe par. dessus les monts, continuant son voyage vers l'Allemagne ; et la quantité de pluie qui tombe sur le versant alsacien est trois fois plus faible que celle qu'on recueille sur le versant lorrain.

2. La quantité de pluie qui tombe annuellement en France est de 700 millim.; elle est de 900 millim. en Suisse; et pourtant ce dernier pays est plus éloigné de l'Atlantique que la France. Keith Johnston a calculé qu'en Europe la plaine reçoit environ 575 millim. d'eau, et lá montagne 1,300 millim., plus du double.

de la mer la plus voisine; et cette quantité de vapeur est elle-même proportionnée à l'aire de la plaine liquide.

Figure 7 (1)

Enfin on peut observer que les montagnes ont leur part dans l'œuvre de la précipitation; les deux taches qui font ombre dans l'intérieur de la péninsule correspondent à la Sierra-Morena et au plateau Castillan; les Pyrénées, au nord, qui forment les sommets les plus élevés de l'Espagne, sont aussi ceux où la précipitation est la plus considérable.

La pluie qui tombe se ramasse au fond des vallées, qui sont comme les rides de l'épiderme terrestre; le cours d'eau ainsi alimenté se dirige vers la mer, tantôt en suivant la simple ligne droite, tantôt en se traînant à travers des circonvolutions répétées; ici, roulant ses flots dans un lit encaissé, aux berges abruptes, étroitement

1. Dans la figure 7, la partie du territoire espagnol figuré en blanc correspond à une quantité de pluie tombée inférieure à 500mm; la partie figurée par le 1er rectangle, à 750mm; celle figurée par le 2o rectangle, à 1,000mm; celle figurée par le 3o rectangle, à plus de 1,000mm.

serré par les chaînes latérales, là, s'étalant en nappe lacustre, pour reprendre ailleurs la forme allongée d'un canal. Par lui s'accomplit le travail de l'arrosement, une des plus importantes parmi les fonctions épidermiques de la planète. Le caractère de cette fonction, c'est la continuité; alors que la pluie, sauf dans les régions équatoriales où sa précipitation est soumise à des intermittences réglées, tombe en toute saison, à toute heure du jour et de la nuit, le débit des rivières est soumis à des fluctuations régulièrement périodiques. L'épiderme terrestre a sa circulation propre, comme tous les organismes; et même l'existence de vaisseaux invariablement tracés, de canaux nettement différenciés, le classe parmi les organismes supérieurs, puisque, ainsi que nous avons déjà eu l'occasion de le dire, la différenciation est la grande marque du perfectionnement chez les êtres vivants.

CHAPITRE TROISIEME

LES CLIMATS

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La marche générale des climats est due à la forme de la terre; les climats varient comme le cosinus de la latitude. L'inclinaison de l'équateur sur l'écliptique est l'origine des saisons. - Influence du voisinage de l'Océan sur les saisons. Grande capacité calorifique de l'eau. Influence des courants sur les saisons. Le courant chaud agit plus efficacement que le courant froid; l'action porte plus sur l'hiver que sur l'été. Influence des vents sur les saisons. Particularités principales du tracé isothermique. Les deux pôles arctiques. Les trois pôles du chaud.

L'influence qui imprime aux variations climatériques leur marche décisive est la forme générale de la terre. Notre planète, comme tous les corps qu'il nous est donné d'observer dans le ciel, a l'aspect d'un globe. Elle n'est pas une sphère parfaite, puisqu'elle est aplatie aux pôles; elle n'est pas davantage un ellipsoïde de révolution, car sa section équatoriale, au lieu d'être une circonférence exacte, s'allonge en ovale; elle n'est pas même un ellipsoïde à trois axes inégaux, en raison des irrégularités de son épiderme solide. Toutefois ces diverses inégalités sont peu importantes, puisque la plus considérable des trois n'atteint pas la quatre millième partie du rayon terrestre. La terre n'est qu'un sphéroïde;

mais le sphéroïde différe si peu d'une sphère, que l'on peut, sans erreur sensible, la considérer comme sphérique (1).

Le corps que nous habitons, si l'on admet l'égalité de ses dimensions radiales, jouit de la propriété fondamentale de la sphère tous les plans menés par son centre vont couper sa surface suivant des circonférences dont le diamètre égale celui de la terre. La rotation diurne fait passer successivement chacun de ces plans méridiens par le centre du soleil, de sorte que, pour l'étude des phénomènes thermiques, il suffit de considérer l'un quelconque d'entre eux, et ce que nous en dirons sera applicable à tous les autres.

La quantité de chaleur que les divers points d'un méridien terrestre reçoivent du soleil varie le long d'un même qnadrant, et cette variation est due tout entière aux inclinaisons changeantes des diverses parties de la circonférence. Toute courbe se compose d'une série d'éléments rectilignes infiniment petits, et l'on passe de l'un de ces éléments au suivant à l'aide d'une variation angulaire que l'on peut rendre aussi faible que l'on veut. Ces arcs infinitésimaux se présentent suivant toutes les inclinaisons possibles aux rayons solaires, dont la direc

1. En mesurant divers diamètres de l'équateur terrestre, on a trouvé que le diamètre maximum atteint 12752,9 kilomètres, et que le diamètre minimum est de 12749,7`kilomètres : la différence est de trois kilomètres environ. Le diamètre polaire a été trouvé de 12709,5 kilomètres ; il est de 42 kilomètres plus petit que le diamètre équatorial moyen. Quant aux accidents de la surface terrestre, on obtient leur plus haute valeur en ajoutant à la hauteur des montagnes les plus élevées la plus grande profondeur observée dans l'Océan, ce qui fait une vingtaine de kilomètres.

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