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s'est soutenue sur le même ton jusqu'à la syllabe s'en, baisse un peu et se laisse tomber sur la syllabe dort.

Nous imitons aussi quelquefois des bruits; mais c'est un avantage que nous avons si rarement, qu'il ne paroît être qu'un hasard.

Pour qui sont ces serpens quisifflent sur vos têtes.

Les s répétées paroissent rendre le sifflement du serpent.

Fait siffler ses serpens, s'excite à la vengeance.

La qualité des sons contribue à l'expression des sentimens. Les sons ouverts et soutenus sont propres à l'admiration; les sons aigus et rapides, à la gaieté; les syllabes muettes, à la crainte ; les syllables traînantes et peu sonores, à l'irrésolution. Les mots durs à prononcer expriment la colère; plus faciles à prononcer, ils expriment le plaisir ou la tendresse. Les longues phrases ont une expression, les courtes en ont une autre ; l'expression est la plus grande lorsque les mots y contribuent, non-seulement

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comme signes des idées, mais encore comme

sons.

C'est un effet du hasard, lorsqu'on peut faire concourir toutes ces choses. Il ne faut pas se faire une loi de les chercher; il suffit de les connoître, afin de ne les pas laisser échapper quand elles se présentent.

En général, tout discours est agréable à l'oreille, lorsqu'il se prononce facilemènt. Il faut donc éviter la répétition des mêmes sons, et sur-out des mêmes consonnes, les hiatus, et tout ce qui fait faire des efforts à celui qui lit. Mais, sur tout cela, il n'y a point de préceptes à donner à ceux qui ne sont pas heureusement organisés ; les autres ont l'oreille pour guide.

Il faut même remarquer que, lorsqu'on ne cherche pas uniquement ce qui rend la prononciation plus facile et plus agréable, on peut répéter les mêmes mots, préférer les plus durs, et se permettre les hiatus, car tout cela peut quelquefois contribuer à l'expression,

FIN DE L'HARMONIE DU STYLE ET DE CE YOLUME.

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DES MATIÈRES.

TRAITÉ DE L'ART D'ÉCRIRE,

PAGE

I.

DEUX
EUX choses à considérer dans le style; la netteté
et le caractère. Ce qui constitue la netteté du
style. Ce qui constitue le caractère. Les mêmes
pensées prennent différens caractères suivant les
circonstances.

LIVRE PREMIER.

Des constructions, pag. 4.

Pour savoir comment nous devons écrire, il faut
savoir comment nous concevons.

CHAPITRE I

De l'ordre des idées dans l'esprit, quand on porte
des jugemens, pag. 5.

Quand on porte un jugement, toutes les idées
qu'il renferme s'offrent en même temps à l'esprit.
Deux jugemens sont même présens à-la-fois, lors-
qu'on apperçoit quelque rapport entre enx. L'es-
prit peut se rendre capable d'apercevoir à-la-fois
un grand nombre d'idées. Comment il y peut réus
sir. S'il n'y réussit pas, il s'expose à être faux. Ce
qui caractérise l'esprit, faux. Ce qui caractérise
l'esprit juste. C'est la liaison des idées qui fait

toute la netteté de nos pensées. Elle fait donc aussi
toute la nettete des discours. Elle en fait même le
caractère.

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CHAPITRE II.

Comment dans une proposition, tous les mots sont
subordonnés à un seul, pag. 14.

Subordination des mots dans le discours. A quoi
se reconnoissent les rapports de subordination. Le
nom est le premier terme d'une proposition. Cons-
truction directe et construction renversée, ou in-
version. L'invers on est vicieuse pour peu qu'elle
altère le rapport des mots. Ce qu'on entend par
régissant et régime.

CHAPITRE

III.

Des propositions simples et des propositions com-
posées de plusieurs sujets ou de plusieurs attri
buts, pag. 18.

Propositions simples. Proposition qui en renferme
plusieurs autres.

CHAPITRE IV.

Des propositions composées par la multitude des
rapports, pag. 20.

La multitude des rapports rend une construc
tion vicieuse. Le même rapport peut être répété,
Dans quel ordre les rapporis se hent au verbe. a
Idées nécessaires au sens de la phrase, idées sur-
ajoutées. Une construction peut être terminee par
une idée sur-ajoutée. Ele ne doit pas être ter-
minée par plusieurs. Les idées sur-ajoutées n'ont

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