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MACAT E.

Oh bien, je vous y remettrai. Voyons un peu ce que cache ce grand voile.

SÉLÈNE.

Arrête, téméraire; tu en serois puni sur-le-champ.
MACAT E.

Je vois que vous avez la plus belle taille du monde, et un son de voix fort aimable. J'en saurai davantage; il ne sera point dit que je sois sorti comme un sot d'un tête-àtête avec une jolie ombre.

SÉLÈNE.

Arrête, encore une fois ; je ne suis pas ce que tu penses. MACAT E.

Au nom des dieux, finissons tout ce vain badinage: en venant ici, vous vous êtes bien doutée qu'on ne vous laisseroit pas toujours ce voile sur le nez ; et que si par hasard on n'étoit pas mort de peur, on vous prouveroit qu'on ne l'étoit pas. Abrégeons, s'il vous plaît, ce prélude ennuyeux, et venons à quelque chose de raisonnable.

SELEN E.

Et bien, je vous épargnerai la peine de lever mon voile : voyez-moi.....

Ah! ciel !

MACAT 1.

SÉLÈNE.

Qu'avez-vous, Macate?

MACAT E.

Je demeure interdit; je n'ai jamais vu tant de beauté. Vous avez bien raison de ne point craindre l'audace ni la témérité d'un jeune homme; je suis frappé d'un respect que

je n'avois point encore senti. La présence d'une divinité ne m'en inspireroit pas un plus grand.

SELEN E.

J'en suis ravie, Macate. Me voilà en état de vous parler; mais je ne parlerai point que vous ne m'ayiez promis pour un certain temps, qui sera court, une obéissance entière et aveugle me la promettez-vous ?

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Je ne me sens pas seulement le maître d'un moment de réflexion pour en délibérer je vous promets tout; je ne suis né que pour vous obéir.

SÉL ÈNE.

Ne me demandez point qui je suis, ni comment je suis ici. Mais vous, répondez-moi exactement à toutes les quesque je vais vous faire. Êtes-vous amoureux?

tions

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Et n'en avez-vous jamais eu pour personne ?

MACAT E.

Non, jamais rien qui méritât le nom d'amour.

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Quoi! vous me quittez si-tôt ? je ne puis plus vivre sans

vous voir.

SELENE.

Je reviendrai ne suivez point mes pas; demeurez-là, ne me regardez pas seulement partir: songez qu'il y va de tout à m'obéir fidellement ; sur-tout ne parlez de ceci à qui que ce puisse être. J'ai peur qu'il ne fût inutile de comprendre dans cette défense votre esclave favori: mais voyez si vous êtes bien sûr de sa discrétion. Adieu, Macate; vous me reverrez. Adieu; demeurez-là, et ne tournez pas la tête.

DANS

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SCENE VII

MACATE.

ANS quel trouble je demeure ! Qu'ai-je vu? que suis-je devenu? certainement ce n'est point une ombre qui vient de paroître; ce n'est point non plus quelqu'un qui se joue de moi c'est la plus belle personne du monde, qui a laissé dans mon cœur une agitation que je ne connoissois point. Ah! c'est donc-là cet amour que je me plaignois de ne point ressentir? Dieux ! quel désordre il jette dans une ame! car ce n'est point l'extraordinaire de l'aventure qui m'agite si vivement. Il n'y a rien-là d'effrayant ; et je me flatte que je soutiendrois bien des choses qui le seroient davantage. Je ne le sens que trop : les charmes que je viens de voir m'ont fait la plus profonde impression. Divine inconnue, quand vous reverrai-je? Hélas! je ne me suis pas assez possédé pour l'en conjurer avec toute la passion qu'elle m'a inspirée. Elle ne m'a pas défendu de visiter cet appartement pour voir par où elle peut être entrée, et par où elle reviendra. Allons, et tâchons de découvrir quelque chose sur tout ceci : peut-être Ho anbar en tirera-t-il quelqué avantage.

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MADAME, nos affaires vont bien. J'ai vu Phormion,

mon adorateur; il a imaginé de lui-même ce que je voulois lui insinuer finement, d'arrêter son maître ici en l'unissant à vous: outre que par rapport à moi il a intérêt à ce projet, il l'exécutera d'autant mieux, que c'est lui qui la pensé. De plus, il m'a bien dit que Macate vous trouve fort aimable.

MIRTAL E.

Je te voudrois, Céphise; car, pour lui, il est tout-àfait à mon gré,

CEP HISÉ.

Il y a bien plus, j'ai vu Macate lui-même, qui m'a dit en propres termes qu'il sortoit d'avec vous, et qu'il étoit charmé de vous. En propres termes, Madame, cela est fort.

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Ma chère Céphise, tu me transportes de joie. Je veux pourtant éprouver encore la passion de Macate: elle n'en deviendra que plus forte. Que je serai heureuse de la voir augmenter chaque jour!

CEP HIS E.

Oronte s'appercevra de ce bonheur-là, et fera beau bruit.

MIRTALE.

Oh! qu'il fasse, je ne m'en mets guère en peine, il ne m'a jamais plu: il est si brutal....

CEP HIS E.

Le voilà justement qui vient sur la louange que vous lui donnez.

SCÈNE I I.

MIRTALE, ORONTE,

CÉPHISE.

ORONT E.

MADAME, j'ai deux mots à vous dire. Il

y a ici un petit jouvenceau d'étranger qui vous fait les yeux doux, qui vous dit des fadeurs ; et vous, de votre côté, vous lui faites des coquetteries. Savez-vous que tout cela ne m'accommode point?

MIRTALE.

Monsieur, rien de tout cela n'est vrai : mais quand il le seroit, de quoi vous mêlez-vous? Quel droit avez-vous de m'en venir faire des reproches si insolens?

ORONT E.

Le droit d'un homme qui vous aime passionnément, qui a toujours songé à unir sa destinée à la vôtre, et à qui vous n'en avez pas ôté l'espérance.

!

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