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lien moral de la société. Je connois complètement mes devoirs à cet égard; je ne permettrai jamais que l'anarchie saisisse le gouvernail; si le parti révolutionnaire levoit la tête, il ne tarderoit pas à se convaincre qu'il n'a dans le Wurtemberg ni racine, ni force, ni soutien.»

20. Ouverture du Parlement allemand réuni à Erfurt et divisé en une Chambre populaire et une Chambre des Etats, dont la première se compose de 175 et la seconde de 68 membres. C'est la continuation du malheureux parlement de Francfort. On y poursuit le rêve d'un Etat fédéré allemand, sous la présidence de la Prusse. Les Etats qui ne prennent pas de part à cette réunion, sont: l'Autriche, la Bavière, le Wurtemberg, la Saxe, le Hanovre, etc.

La chambre des communes d'Angleterre rejète par 110 voix contre 52 la motion de M. Locke Ving, ayant pour objet de modifier le droit d'aînesse, tel qu'il a été pratiqué jusqu'à présent. L'orateur ne vouloit pas obliger le père de famille de partager ses biens immeubles entre tous ses enfants. Il demandoit simplement que, dans le cas où le père mouroit sans testament, l'aîné de la famille ne fût plus seul proprié taire de ces biens, mais qu'ils fussent partagés également entre tous les enfants.

21. Le gouvernement français présente à l'Assemblée législative des projets de loi sur la presse

et les réunions électorales. Il demande le rétablissement du cautionnement et du timbre et l'abolition des réunions préparatoires autorisées pendant les 40 jours qui précèdent les élections.

La Chambre des Représentans belges décide, par 48 voix contre 28, que la discussion du projet de loi sur l'instruction moyenne, commencera le 9 avril.

22. L'envoyé du roi de Prusse à Stuttgart, M. de Sydow, reçoit l'ordre de son gouvernement de quitter cette résidence. Le discours du roi de Wurtemberg, prononcé le 15 mars à l'ouverture des Chambres, a donné lieu à cette mesure. La cour de Berlin a vu dans ce discours des accusations et des soupçons injurieux, qu'elle ne croit pas avoir mérités. M. le baron de Hugel, envoyé wurtemburgeois à Berlin, demande et obtient ses passeports.

23. Epouvantable explosion de grisou dans la houillère dite des Vingt-Quatre-Actions, située dans la commune de Quaregnon, arrondissement de Mons. nombre des ouvriers mineurs qui perdent la vie par cette catastrophe, s'élève à 75.

Le

50. La cour d'assises de la Seine condamne à 1 mois, à 15 et à 10 jours de prison les préve nus dits de la Légion de St-Bubert, qui avoient pour but d'arborer le drapeau blanc et de rappeler Henri V, au cas que le gouvernement actuel fût renversé par la démagogie.

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LETTRE PASTORALE DE M L'ARCHEVÊQUE

DE BRESLAU.

Melchior par la grâce de Dieu, etc.

T. C. F. en Jésus-Christ notre Rédempteur, l'année qui vient de s'écouler a été remplie d'épreuves douloureuses et d'amères expériences, mais aussi de divine patience, de grâce, et de miséricordes pour ceux qui savent élever leurs yeux et leurs cœurs vers le Très-Haut.

Quand au commencement de cette année, je vous adressois la parole, la tempête de la rébellion mugissoit encore sur notre sol, les flots de l'insurrection s'élevoient, et il sembloit que tout alloit être enseveli sous leur limon. Les populations entières étoient saisies d'un esprit de vertige et se précipitoient vers un but inconnu, sous la conduite de guides trompeurs qui, le drapeau sanglant à la main, promettoient de changer cette misérable terre en un paradis des sens, par la violence, la destruction, le pillage et le meurtre. Dans notre propre patrie, des milliers se sont enivrés à la coupe du vertige; l'antique sagesse et la fidélité allemandes ont paru emportées par le tourbillon qui venoit de la terre étrangère, et l'édifice social chancela et craqua dans toutes ses jointures, quand les liens protecteurs du devoir et de l'obéissance se relâchèrent et se brisèrent dans les cœurs de tant d'hommes. Alors, M. C. F., je vous fis entendre des paroles de vigilance pastorale; je vous rappelai le saint, l'immuable devoir chrétien, de l'obéissance et de la fidélité aux puissances établies de Dieu, que nous ont commandé NotreSeigneur et ses Apôtres, et votre foi a reconnu dans ma voix la voix de Dieu, vous y avez prêté une oreille docile. Je vous en remercie du fond du cœur, et je prie Dieu tous les jours qu'il vous en récompense par ses bénédictions. Vous avez là conservé votre attitude de croyants catholiques et gardé intact l'honneur du nom chrétien.

Maintenant, au commencement de cette année, les choses paroissent bien changées. Dieu a fortifié le bras des puissances établies et raffermi leurs siéges grâce à l'inébranlable honneur et au courage de l'armée, la rébelllon est vaincue de toutes parts. Les gouvernants et leurs conseillers peuvent, par de nouvelles dispositions, remédier aux anciens abus et satisfaire aux justes plaintes des peuples, autant qu'il est possible, sur la terre, et leur préparer une liberté raisonnable et le progrès selon la sainte volonté de Dieu.

Mais le mauvais esprit d'inquiétude et de rébellion n'est pas

pour cela banni de dessus la terre. Comme le démon de l'Evangile, il erre dans les lieux déserts et s'unit sept autres esprits plus mauvais que lui, afin de revenir à l'endroit d'où il a été chassé, et alors l'état des choses est pire qu'avant. Ainsi arrivera-t-il à cette race perverse, dit le Seigneur; ainsi vous arrivera-t-il si vous n'opposez à cet esprit et à ses tentations l'arme de la parole de Dieu, et si vous n'abandonnez les voies d'une géné ration méchante et oublieuse de Dieu pour redevenir « un peuple saint et choisi, un peuple d'acquisition qui retrace les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ; qui s'est donné pour nous, afin de nous racheter de toute injustice et de se préparer un peuple pur qu'il pût adopter et qui pratiquât les bonnes œuvres. »

Il est bien remarquable, M. C. F., et surtout dans ces jours de sédition, il est bien digne de notre plus sérieuse attention que les princes des apôtres saint Pierre et saint Paul, dans les deux baux endroits que nous venons de citer, et où ils représentent la société chrétienne dans toute sa noblesse et sa beauté, comme une nation pure, sainte, soumise seulement à Dieu, comme un sacerdoce royal, ne craignent pas de conclure par une recommandation d'obéissance aux puissances de la terre.

Saint Paul, dans son épître aux Romains, après avoir représenté chaque fidèle comme un membre de Jésus-Christ, et vivant avec lui d'une même vie, ajoute cet avertissement frappant: que quiconque s'élève contre les puissances établies s'oppose à l'ordination de Dieu et se prépare sa ruine à soi-même. De même l'apôtre saint Jacques, dans son épître catholique, qu'il adresse à ceux qui sont appelés Saints, se sent pressé de les mettre en garde contre les guides impies qui renient le Christ, souillent la chair, méprisent le pouvoir, en rabaissent la dignité, et il les dépeint sous des traits auxquels nous pouvons reconnoître beaucoup des héros de la liberté de nos jours. Et cependant le pouvoir d'alors étoit un pouvoir idolâtre, qui opprimoit les Juifs par la force des armes, dont les représentants étoient le plus souvent vicieux, impies, injustes et cruels persécuteurs du Christianisme et de ses sectateurs, qu'ils auroient voulu faire disparoître de dessus la terre. Les deux princes des Apôtres, en mourant euxmêmes sous le glaive du pouvoir, ont reconnu qu'il lui avoit été remis dans la main par Dieu.

Aussi, quoique méconnu et répudié de nos jours, ce point de l'obéissance a l'autorité, sur lequel les saints Apôtres reviennent avec tant d'insistance, doit être rangé parmi les lois essentielles du Christianisme, et considéré comme le nerf de sa constitution. Et en effet il en est ainsi. Car si les leçons du Christianisme nous forcent à reconnoître que Dieu gouverne le monde avec une sagesse et une puissance infinie; qu'il sait faire servir à l'accom

-

si

plissement de ses desseins les actions libres des hommes, bonnes ou mauvaises ; que devant lui la méchanceté de la puissance et la puissance de la méchanceté ont des limites qui ne peuvent être impunément franchies; qu'il veille avec un amour particulier sur les siens, et ne laisse pas toucher un cheveu de leur tête sans sa permission; que, suivant sa volonté, toutes choses tournent au bien de ceux qui l'aiment ; qu'il protége son Eglise jusqu'à la fin des temps, où il se réserve le jugement et la rétribution; nous croyons tout cela, et nous n'en pouvons douter sans renier notre nom de chrétien, nous devons comprendre l'obéissance chrétienne et son précepte : quiconque résiste à l'autorité s'élève contre les dispositions de Dieu, c'est-à-dire s'immisce témérairement dans le divin gouvernement du monde, s'attribue le droit de justice souveraine qui n'appartient qu'à Dieu, se révolte contre sa sagesse et sa toute-puissance, et veut donner pour règle à la société ses courtes vues et ses volontés égoïstes.

En outre, si nous considérons que, dans le misérable état de notre nature tombée, un gouvernement même imparfait est un avantage infini, parce qu'il oppose une digue aux passions sonlevées, et que le glaive dans la main du pouvoir réprime les horreurs de l'anarchie et de tous les orages dévastateurs ; si nous pensons que l'homme sans loi et sans règle tombe au dessous de la bête féroce de toute la hauteur de son intelligence et de sa volonté, nous comprendrons encore mieux la maxime : Celui qui résiste à l'autorité, s'élève contre les dispositions de Dieu, c'està dire renverse toute barrière, brise tout frein et assume sur sa tête coupable la redoutable responsabilité de tout le désordre, de toutes les destructions, de toutes les horreurs, de tous les crimes qu'une révolte populaire répand sur le pays.

Enfin, si nous considérons que l'esprit de rébellion est presque toujours un esprit d'orgueil insupportable, de passions indomptées, de mensonge impudent (et si on ne le savoit pas, on l'auroit appris par les rudes vérités que se jetoient les uns aux autres les artisans des derniers désordres), nous reconnoîtrons qu'il est incompatible avec l'esprit de pureté, de douceur, d'humilité de celui qui, étant Dieu s'est anéanti jusqu'a prendre pour nous la forme d'un serviteur, et a été obéissant jusqu'à la mort et la mort de la croix; de celui qui nous a dit : «Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez la paix de vos âines. >>

"

Mais, nous dira-t-on peut-être, faut-il donc que les catholiques se laissent asservir, opprimer, fouler aux pieds selon les caprices du premier pouvoir venu, et devrons-nous en silence nous laisser arracher notre bien le plus cher, notre religion et notre église ; devons-nous abandonner notre droit le plus saint, la libre confession de notre croyance? L'obéissance et l'humilné

chrétienne iront-elles jusqu'à renoncer aux droits légitimes de citoyens libres?— Loin de là, N. T. C. F., l'obéissance aux hommes' a sa limite dans l'obéissance à la volonté de Dieu, et en même temps que l'Eglise nous rappelle avec tant d'instance le mot de Jésus-Christ: Rendez à César ce qui est à César, » et la parole de l'apôtre : « Soyez soumis au pouvoir, » elle n'oublie pas de nous répéter cette autre parole: «Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, » et celle-ci : «Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. » Or c'est Dieu qui a élevé l'humanité dans l'esprit de l'Evangile par la libre confession et la fidèle pratique de notre religion où nous entretiennent les enseignements de sa sainte Eglise; et si nous obéissons volontiers aux hommes, parce que c'est la volonté de Dieu, notre obéissance cesse dès que les ordres des hommes sont contraires aux commandements de Dieu. Dans le cas (et que Dieu nous en préserve!) dans le cas où par des lois, des ordonnances, soit anciennes, soit nouvelles, on voudroit nous obliger à des actes contraires à la volonté de Dieu, aux enseignements divins et aux prescriptions de notre sainte Eglise, et par conséquent blessant les droits inaliénables de notre conscience de chrétiens, alors nous ne lèverions pas l'étendard de la révolte, nous ne propagerions pas le désordre dans le pays, mais, avec calme, fermeté et résolution, nous dirions au législateur et au dépositaire du pouvoir; « Cela ne nous est pas permis, nous res» pectons votre pouvoir et nous obéissons en toutes les choses » de ce monde ; mais les droits sacrés de Dieu nous sont confiés »> nous ne les abandonnons pas. Faites ce que vous voudrez, nous » savons souffrir, prier, et au besoin, mourir. Voilà ce qu'a dit l'Eglise en latin et en grec dans les premiers siècles, ce qu'elle a répété en français dans le dix-huitième, ce qu'elle sauroit redire en allemand dans le dix neuvième siècle, si, au nom de la liberté, on vouloit nous imposer une nouvelle servitude: ayez confiance en votre Evêque, il sauroit alors, avec l'aide de Dieu, parler en votre nom!

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Mais si le cas supposé ne se présente pas, je réponds ici à la seconde question, catholiques, usez des droits légitimes que vous confère votre qualité de citoyens; usez en pour défendre votre conscience, votre foi et votre Eglise. Car le citoyen libre ne doit pas s'effacer derrière le chrétien obéissant et humble, doit au contraire l'appuyer de tous ses droits. Ainsi l'apôtre saint Paul pour soutenir sa mission apostolique contre l'iniquité persécutrice, la couvre de son titre de citoyen romain, et comme on lui contestoit son droit, il en appelle à César.

Aussi tous ceux parmi vous qui, par leur position ou par le choix de leurs concitoyens, sont appelés à défendre leurs droits ou à concourir aux affaires publiques, doivent y reconnoître une sainte obligation à laquelle il faut obéir. Il s'agit, en effet, des

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