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LA GÉNISSE, LA CHÈVRE ET LA BREBIS, ETC.

Il en rapporta davantage.

D'argent, point de caché. Mais le père fut såge
De leur montrer, avant sa mort,

Que le travail est un trésor.

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-XV.-LA GÉNISSE, LA CHÈVRE ET LA BREBIS, EN SOCIÉTÉ AVEC LE LION.

La génisse, la chèvre, et leur sœur la brebis,
Avec un fier lion, seigneur du voisinage,
Firent société, dit-on, au temps jadis,

Et mirent en commun le gain et le dommage.
Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris.
Vers ses associés aussitôt elle envoie.

Eux venus, le lion par ses ongles compta;

Et dit: "Nous sommes quatre à partager la proie.' Puis en autant de parts le cerf il dépeça;

Prit pour lui la première en qualité de sire : "Elle doit être à moi, dit-il; et la raison,

C'est que je m'appelle lion :

A cela l'on n'a rien à dire.

La seconde, par droit, me doit échoir encor :

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Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort. 15
Comme le plus vaillant, je prétends la troisième.

Si quelqu'une de vous touche à la quatrième,
Je l'étranglerai tout d'abord."

-XVI. LE LION ET LE RAT.

Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.

De cette vérité deux fables feront foi;

Tant la chose en preuves abonde.

Entre les pattes d'un lion

Un rat sortit de terre assez à l'étourdie.
Le roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu'il était, et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un lion d'un rat eût affaire ?
Cependant il avint qu'au sortir des forêts
Ce lion fut pris dans des rets,

Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.

Patience et longueur de temps

Font plus que force ni que rage.

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XVII. LE CORBEAU ET LE RENARD.

Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard, par l'odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage:

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'Hé! bonjour, monsieur du corbeau.

Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!

Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

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Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et, pour montrer sa belle voix,

Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le renard s'en saisit, et dit: "Mon bon monsieur, Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l'écoute :

Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute."

Le corbeau, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

-XVIII.-LE RENARD AYANT LA QUEUE COUPÉE.

Un vieux renard, mais des plus fins,

Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins, Sentant son renard d'une lieue,

Fut enfin au piège attrapé.

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Par grand hasard en étant échappé,
Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue ;
S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il était habile),
Un jour que les renards tenaient conseil entre eux :
"Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux?
Que nous sert cette queue? il faut qu'on se la coupe :
Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.

-Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe :
Mais tournez-vous, de grâce; et l'on vous répondra."
A ces mots il se fit une telle huée

Que le pauvre écourté ne put être entendu.
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu :
La mode en fut continuée.

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XIX.-LES DEUX MULETS.

Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,
L'autre portant l'argent de la gabelle.

Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,

N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d'un pas relevé,

Et faisait sonner sa sonnette,
Quand l'ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l'argent;

Sur le mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein et l'arrête.

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