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mais seulement par la forme, la couleur et la grosseur du grain. L'épi étant déjà formé bien avant la floraison, le blé barbu porte barbe en naissant. A la seconde année, le changement est beaucoup plus sensible. Les épis naissent tout différents; on en voit de toutes les nuances. Aussi, dans un champ d'un journal, on ne trouvera peut-être pas vingt épis dont le signalement soit le même. Pour conserver une variété de blé, il faudrait commencer par semer un grain, et toujours ressemer le produit à part et à une grande distance de tout autre blé. La fécondation d'un épi à l'autre n'en aurait pas moins lieu, mais la variété ne changerait pas.

L'effet principal du croisement des pollens est l'augmen'ation du nombre des grains dans chaque épi. Il y a moins de cases vides. On sait qu'il y a quelquefois jusqu'à cinq cases renfermant chacune un grain, dans la rangée placée à la base de l'épi. Ce nombre va en diminuant vers le sommet, où l'on trouve cependant encore trois grains formant la crête au-dessus de l'épi dans les années favorables. Aussi, nous autres cultivateurs, quand nous voyons que le grain est formé et qu'il n'y en a pas moins de trois en rang de bataille sur les côtés de l'épi, et surtout au sommet, nous sommes bien contents sur notre plateau, et nous disons: le blé porte le grain du fermier, marions nos filles, il y aura de la farine de blé pour faire des gaudes à leurs nourrissons. Malheureusement, il n'en est pas toujours ainsi, et il arrive souvent que bien des cases de l'epi naissant sont désertes, surtout s'il fait un brouillard froid et humide qui abat le pollen. Dans ce cas, chaque épi doit se suffire à lui-même. Il en résulte que dans beaucoup de cases la fécondation n'est pas complète et que le grain avorte.

Après une discussion à laquelle prennent part plusieurs cultivateurs présents à la séance, sur les faits signalés par M. Baud, il est donné communication à l'assemblée de la note suivante, de M. Vionnet.

DES PRÉS NATURELS DANS LA PLAINE DU JURA.

De toutes les natures de culture du département du Jura, il n'y en a point de plus négligée que celles des prés naturels, situés dans les bas-fonds ou sur les cours d'eau. C'est vraiment une honte pour notre pays de voir, en été, de vastes et grasses prairies tantôt couvertes par d'immenses nappes d'eau, tantôt crevasées à tel point, que le bétail ne peut les parcourir sans qu'il soit exposé à se briser les jambes. Aussi les fourrages de ces bons prés sont-ils souvent rouillés, ou il ne croit point de secondes herbes.

Il est vrai que quelques communes ont voulu parer au premier de ces inconvénients en faisant procéder au curage des cours d'eau. Ensuite de ce travail, les parties basses de ces prés ont été assainies; mais on est tombé dans un excès contraire pour tout le surplus de la prairie, qui se trouve privée de son aliment naturel, les eaux troubles d'automne et d'hiver. Il aurait

fallu, tout en procédant au curage des cours d'eau, établir sur ceux-ci un certain nombre de barrages économiques pour pouvoir déverser les eaux à volonté à travers la prairie, comme cela se pratique très-méthodiquement dans les départements de la Haute-Saône et des Vosges. Une loi a été promulguée pour faciliter ces irrigations, et les propriétaires de nos contrées restent tout-à-fait indifférents sur des mesures aussi salutaires. Nous ne voyons, en effet, presqu'aucun travail récent le long de nos cours d'eau dans le but d'irriguer périodiquement les prés. Cette négligence cause pourtant une perte considérable dans nos prairies du pied du Jura, et il serait bien à propos que quelques forts propriétaires prissent l'initiative pour remédier à cet état de choses.

Il faudrait d'abord que les propriétaires intéressés s'entendissent pour contribuer aux premiers frais d'études des travaux. Au moyen d'un léger sacrifice de deux francs au plus par hectare, pour premiers frais, ils sauraient à quoi s'en tenir pour l'exécution des travaux. Nul doute que quand ils verraient la modicité de la somme que chacun devrait payer, et l'avantage que ces travaux procureraient, il serait facile de faire prendre une prompte détermination à ces propriétaires.

Nous connaissons une prairie d'environ deux cents hectares sur un cours d'eau, dont le curage seul a plus coûté que la dépense à laquelle pourrait s'élever l'établissement de barrages économiques en bois, dont on ôte les vannes au printemps. Cette prairie, formée en grande partie de gramens, s'est trouvée trop desséchée par suite du curage et du défaut d'irrigation en automne et en hiver. Les touffes d'herbes vivaces n'étant plus rechaussées par le limon, ont péri dans les années de sécheresse, et ces herbes ont été remplacées par la marguerite, le rhinante ou grillot, le colchique et une multitude d'ombellifères. C'est à peine si le lotier, cette précieuse légumineuse, a pu résister en si mauvaise compagnie. Les parties aquatiques ne se sont guère plus améliorées depuis le curage, car si les laiches se sont éclaircies, la mousse, qu'on n'a pas eu soin d'enlever au rateau crochu, a pris un développement extraordinaire.

En résumé, les cultivateurs disent que les curages effectués ces dernières années ont diminué considérablement la récolte, et que sans l'établissement de barrages, le remède a été pire que le mal.

Nous appelons donc l'attention des propriétaires à ce sujet, et nous les engageons à se décider enfin à faire les sacrifices que réclame l'état de leurs propriétés.

La séance est levée à 4 heures.

De l'Influence

de certaines Eaux sur les Prairies,

PAR M. VIONNET.

Nous venons de dire que quelques sources placées dans des prés ne pouvaient être utilisées pour l'irrigation, à cause de la présence, dans ces eaux, de certains gazs impropres à la végétation. On sait, en effet, que l'eau des tourbières est toujours rejetée des cultivateurs. On ne tient pas non plus beaucoup de cas des eaux qui sortent des forêts ou des vignes, parce que, dit-on, elles contiennent trop de principes acides. Mais il est bon de faire remarquer que les eaux de sources sont rarement employées en temps opportun par les cultivateurs. Si l'on arrosse en hiver, une nappe de glace recouvre le pré et soulève les jeunes plantes tout en les étouffant. L'irrigation faite au printemps fait verdir les plantes aquatiques, mais elle empêche les herbes annuelles de se développer, et, d'un autre côté, si cet arrosage est trop prolongé, l'eau ayant une température plus basse que le sol et l'atmosphère, il s'ensuit un retard dans l'accroissement du fourrage qui, certes, est loin d'être de bonne qualité. Un autre inconvénient, résultant d'un arrosage prolongé, c'est le crevassement du sol, lorsque viennent les chaleurs. Les prés qui se trouvent en dessous des habitations sont en général d'un grand rapport, parce qu'ils sont arrosés avec de l'eau qui contient beaucoup de matières fertilisantes. Nous avons remarqué qu'on abuse souvent de cette proximité d'arroser. Des plantes qui ne sont nullement fourragères infestent souvent ces prés trop bien fumés. La bardane, qui a des feuilles aussi grandes que celles des choux, étouffe les graminées; la berce blanc-ursine, qu'on nomme vulgairement panais bátard, occupe aussi dans ces sortes de prés la place des bonnes herbes, quoiqu'elle puisse être consommée par le gros bétail. Le meilleur moyen de se débarrasser de ces plantes, est de labourer le pré, y semer des plantes sarclées pendant deux ou trois années, puis le remettre dans son état primitif en faisant un bon choix de graines fourragères.

Il y a aussi des prés qui, sans être trop humides, se couvrent tout-à-coup d'une épaisse couche de mousse et ne produisent presque plus rien. Une fumure mélangée de cendres les ranimerait un peu, mais le meilleur moyen est encore de les cultiver avec la charrue pendant quelque temps et de les réensemencer ensuite. Cette clause devrait être réservée en faveur des fermiers, en passant les baux. Mais les connaissances agricoles étant encore peu avancées sous ce rapport, parmi certains propriétaires, ils consentiraient difficilement à permettre de convertir des prés en champs.

Il ne faut pas avoir des connaissances bien étendues en agriculture, pour s'apercevoir qu'en général les prairies du pied du Jura sont très-mal entretenues. Il n'y a guère que les propriétaires exploitant eux-mêmes qui fassent des

travaux d'irrigation au moyen de vannage sur les cours d'eau, et le nombre de ces propriétaires est tout-à-fait restreint. Les grandes crues qui perdaient nos fourrages, il y a quelques années, ont déterminé les communes à demander l'autorisation de faire opérer le curage des cours d'eau. Les motifs qu'on a fait valoir étaient certainement bien fondés, mais on n'a pas songé qu'on tombait dans un excès contraire, en privant tout-à-coup les prairies d'un aliment qui leur est nécessaire : l'irrigation par les eaux pluviales en automne et en hiver. Tout en creusant le lit des cours d'eau, on aurait dù s'entendre pour construire des endiguements sous lesquels passerait l'eau claire dans ces deux dernières saisons, et qu'on ouvrirait totalement au printemps.

Ce défaut de vannage, même sur nos petits cours d'eau, cause un préjudice considérable à l'agriculture: Les fourrages sont beaucoup moins abondants, sans compensation pour la qualité, car les prés, dits prés gras, dont le foin n'était presque composé que de fines tiges de divers gramens, se sont peuplés par suite du dessèchement des racines vivaces, d'herbes dures et souvent funestes au bétail. Dans ce nombre se trouvent le colchique, la rhinanthe, la grande marguerite et les ombellifères.

Le mal est moins grand qu'il n'était avant le curage qui a été exécuté, mais on doit faire tous ses efforts pour déterminer les propriétaires des prés à s'entendre pour la construction de vannages en tête des prairies. Cette question est d'une importance telle, qu'elle mérite d'être étudiée sérieusement par les Sociétés d'agriculture.

Seize communes du canton de Poligny, situées au-dessous de cette ville, possèdent environ 2,200 hectares de prés, presque tous placés le long des cours d'eau. La commune de Colonne en possède 286 hectares, et cette surface n'est pas le tiers de la prairie qui porte ce nom. Chaque hectare, terme moyen, rapporte 200 francs au propriétaire, sans entretien; mais le produit augmenterait considérablement si des travaux d'irrigation et d'écoulement étaient pratiqués dans cette prairie.

Il est offert à la Société, par :

DONS.

M. DE MISEREY : Une belle médaille commémorative de la mort du maréchal de Saint-Arnault, venant du général Cler, son beau-frère.

Mile Gabrielle DE POLIGNY Ses poésies, intitulées: Légendes napoléo

niennes.

M. Adolphe CHEVASSUS: Ses poésies, intitulées : Les Jurassiennes. M. le Président de la Société des sciences de l'Yonne Rapport sur le Concours pour le prix Crochot.

:

M. A. QUIQUEREZ Topographie d'une partie du Jura oriental, dont il est l'auteur.

M. Gabriel AZAIS Introduction au breviari d'amor de Matre Ermengaud. M. GINDRE Un Chat phénoménal, ayant huit pattes.

OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES RECUEILLIES A POLIGNY.

ÉLÉVATION: 338 AU LIEU D'OBSERVATION.

(Février 1864),

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NOTA. Les températures au-dessous de zéro sont précédées du signe celles au-dessus ne sont précédées d'aucun signe.

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Le signe B signifie beau temps; V temps variable ou demi-couvert; C ciel couvert; Br brouillard; P pluie; N neige; O orage avec tonnerre.

OZONOMÈTRE. Le chiffre 0 signifie la négation de l'ozone dans l'atmosphère, et le chiffre 21 le plus haut degré auquel on puisse le rencontrer. IMPRESSION DE L'AIR. A signifie âpre, C chaud, D doux, F froid, Fa frais, G glacial, H humide, L lourd, S sec. Le signe 2 en surmontant un autre, exagère sa valeur ordinaire, la lettre a la diminue.

Recapitulation. La plus haute température de février a été de 15°, la plus basse de -4°; le barom. est monté à 747m et descendu à 728; les vents N ont soufflé 8 fois, l'E 1 fois, le S 14 fois, l'0 2 fois, le N-0 4 fois; le ciel a été 9 fois beau, 11 fois variable et 7 fois couvert; il y a eu 9 jours de pluie et 4 de neige. Dr GUILLAUMOT.

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