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semées des graines de pin dans les clairières des forêts de M. le Prince d'Aremberg. Les reprises ayant été un peu rares, il y fut jeté des graines de mélèze cette dernière essence a devancé les pins. Le mélèze a d'ailleurs un grand avantage sur les autres arbres résineux, c'est que perdant ses feuilles, la neige n'en peut casser les branches comme elle fait de celles de pins.

3o question : « Nous serait-il permis, ajoute notre honorable correspondant d'Orgelet, de dire quelques mots des résultats que donne l'exploitation en coupe blanche, des vieux quarts de réserve, et surtout des forêts de sapins? Baume-les-Dames ayant vendu la superficie d'un bois de hêtres séculaires, il n'y revint que du tremble. A une coupe blanche d'une antique forêt de sapins, à Vercel (Doubs) et dans les forêts de Clairvaux, succédèrent des myriades de framboisiers et de petits hètres. D'où venaient les graines de ces nouvelles productions? Du sol, sans aucun doute; les défauts de chaleur et l'ombre avaient empêché les conditions de leur germination. Tant que ces dernières ne sont pas données, les semences dorment, mais ne périssent pas. C'est ce qu'attestent les deux faits que voici :

Après chaque coupe de nos bois d'affouage, les semences de fraisiers recouvrent la surface, et en disparaissent au fur et à mesure que le taillis grandit, pour y renaitre ensuite aussi serrés que vingt-cinq ans auparavant.

En 1822, fut creusé à travers un riche finage du territoire de Baumeles-Dames, partie du canal du Rhône au Rhin; les bords de hallage se couvrirent l'année suivante de jolis pois roses inodores, dont les grains avaient du rester bien des siècles à 3 ou 4 mètres de profondeur.

VITICULTURE.

Leçons de M. le Professeur DU BREUIL, à Poligny, en 1862.

(Suite).

Les cépages doivent être enterrés plus ou moins profondément, et suivant la nature du sol. Si un plant craint la sécheresse, il faudra, en effet, l'enfoncer de 45 à 50 centim.; si le terrain est compact et humide, à 30 centim. au plus.

Dans un vignoble un peu étendu, des chemins doivent être ménagés pour faciliter le passage des attelages, le transport des engrais et la récolte des raisins sur tous les points, en voiture. On y arrive en faisant des carrés réguliers : des jallons permettent de chainer les extrémités des lignes de plantation; 80 centim. suffisent entre les ceps, on en marque la place, et on met les lignes à un mètre de distance.

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Modes de plantation. L'important ici est de développer vigoureusement et rapidement les racines; il convient donc d'appliquer de suite les engrais, et c'est ici que leur transport par les chemins ménagés dans la vigne, permet de les distribuer facilement et avec régularité.

Les crossettes se placent au plantoir (la taravelle en fer, usitée en

Saintonge, fait un trou de 7 à 8 centim. de diamètre, lorsque l'étrier arrive contre le sol). Dans le trou, on dépose la crossette à 30 ou 45 centim. de profondeur; l'ouvrier qui suit dépose dans chaque trou des engrais pulverulents (terreau, guano, crottins desséchés, bouses, mélangés avec de la terre, mais autant que possible additionnés d'un quart de cendres de bois, lessivées ou non); enfin, un troisième ouvrier tasse fortement ces matières contre le sarment avec un fouloir.

On utilise avec autant d'avantages les engrais liquides (matières fécales, sang, tourteaux, purin, étendus d'eau); il suffit alors d'en arroser le pied du cep.

Si l'on veut planter des sarments enracinés de deux ans, un ouvrier fait un trou de 40 centim. de longueur, ayant une direction oblique, de 40 centim. de côté, profond de 30 à 45 centim.: l'ouvrier qui suit projette sur le fond de ce trou de l'engrais pulvérulent; un troisième ouvrier introduit dans ce trou le plan enraciné, qui est ainsi couché, recouvert à nouveau d'engrais, puis de terre.

La plantation terminée, on ne doit laisser sortir de terre qu'un ou deux boutons, suivant leur rapprochement. Il est bon d'enterrer le sommet du sarment ou de la crosselte jusqu'au commencement de juillet, parce que le bois couvert de terre se ramollit plus aisément, les racines se forment plus promptement, le développement du jeune plant est mieux assuré.

On soustraiera les jeunes sujets à la sécheresse, par des binages rapidement exécutés au moyen d'instruments mus par un cheval. Pour 20 francs, on peut faire de cette manière trois binages sur un hectare pendant un été.

Des vides se forment-ils dans la plantation? on les comble par des plants enracinés et fortement fumés, afin de rattraper les sujets voisins et d'obtenir une production plus rapide dans la même vigne. C'est pourquoi il est de toute nécessité d'établir et d'entretenir une pépinière dans un des coins de la propriété.

La plantation à neuf d'une vigne doit-elle se faire par le moyen de crossettes ou de sujets enracinés? Il y a ici divergence d'opinions. Si les plants enracinés ont deux ans, s'ils sont bien soigneusement déplantés et préservés de la sécheresse, ils donnent des résultats plus rapides que les crossettes; dans le cas contraire, ils pourrissent en terre, ne donnent que du vieux bois et végétent très-lentement.

L'année suivante, quand deux bourgeons sont sortis, il convient de s'occuper de donner une forme au cep; car la souche a toujours un développement en rapport avec la nature du plant. La souche est-elle trop serrée et le plant vigoureux? alors on a beaucoup de bourgeons effilés. Il faut d'ailleurs que la souche ait une forme qui ne gêne pas la culture du sol par tous les temps.

A Poligny, par exemple, on néglige les binages d'été, parce que le feuillage est abondant et qu'il se répand dans tous les sens; cette forme de buisson est donc très-fautive.

Le cep doit avoir une forme telle que le soleil arrive sur les bourgeons et les grappes, la chaleur de cette lumière étant nécessaire pour saccharifier le suc et aoûter le bois. C'est une condition avantageuse que Foa e rencontre pas dans le Jura.

Les grappes doivent aussi être suffisamment rapprochées du sol, et d'autant plus qu'on s'approche du Nord; le sol, en effet, leur renvoie alors plus complètement la chaleur qu'il a acquise pendant le jour, et pendant la nuit la surface du terrain chauffe encore la grappe. Il est juste de dire qu'à Poligny les raisins sont assez près du sol.

E. B.

(A suivre).

BIBLIOGRAPHIE.

Le petit Livre du devoir, l'’Agriculture
des enfants,

Par M. DEFRANOux, rédacteur en chef de la Ferme, membre de la Société d'émulation des Vosges (Paris, éditeur : IlUMBERT).

L'instruction et l'éducation sont deux sœurs jumelles que, dans nos établissements d'instruction publique, on ne sépare pas. Pour les développer simultanément, des hommes de cœur et d'intelligence se sont mis à l'œuvre. Dans leurs ouvrages, les uns ont adopté la forme anecdotique, et les autres se sont servis de l'aphorisme, à la façon du Bonhomme Richard, modeste pseudonyme du vertueux Franklin.

Parmi les premiers, citons avec une sympathie toute personnelle, et s'il est permis de le dire, avec une gratitude scolaire pour leur avoir fait souvent des emprunts dans le choix varié de nos lectures et de nos devoirs de classe, MM. Eugène Rendu, H. Barrau et N. Javet, et en première ligne, parmi les femmes, Mmes Z. Carraud, l'auteur de la Petite Jeanne et des Lettres de famille.

Parmi les seconds, citons M. Defranoux, si justement renommé pour ses Prédications agricoles, pour sa publication du journal la Ferme, et pour son livre intitulé : le petit Livre du devoir.

Dans ce dernier ouvrage, la morale ne peut revêtir des formes plus simples, plus modestes et plus propres à la faire aimer et à en graver les préceptes dans la mémoire de l'enfance et de la jeunesse. On croirait, à cette lecture qui n'a rien de pénible, parce que chaque phrase renferme une idée morale exprimée d'une manière nette et concise, surtout accessible aux intelligences les moins avancées, on croirait, dis-je, entendre les conseils éclairés et pleins d'expérience de la vie d'un père à ses enfants. Nous voudrions voir cette excellente œuvre répandue dans nos écoles rurales, expliquée par l'instituteur, et donnée comme sujet de lecture courante.

Nous recommandons, au même titre, dans l'intérêt du progrès agricole, l'Agriculture des enfants, publiée par le même auteur. C'est là surtout que cette science féconde, dégagée des formules abstraites et scientifiques, se présente sous la forme la plus capable de permettre aux enfants de se l'approprier.

Ajoutons que M. Defranoux, si avantageusement connu dans notre Jura, où il a occupé de hautes fonctions administratives, consacre les loisirs d'une studieuse retraite à des publications qui intéressent au plus haut point l'agriculture. Aussi, M. Rambaud, avocat, rapporteur du dernier Concours de la Société d'émulation des Vosges, lui a-t-il dé

cerné naguère, au nom de cette Compagnie, les éloges les plus sentis pour son dévouement persévérant, éclairé et désintéressé à la science agricole qui, elle aussi, procure de délicates jouissances d'esprit à celui qui s'en occupe.

BOTANIQUE INDUSTRIELLE.

Léon BOURGEOIS.

Un mot sur les Succédanés,

Par M. le Professeur Jules LEON, membre correspond'.

Dans l'excellent mémoire publié par M. Fabre-Volpelière, dans le bulletin de janvier 1863, nous avons remarqué (sub fine) cette phrase: « Les succédanés, pris dans la pure acception de ce mot, n'ont pas de raison «<< d'être. »

Cette proposition nous semble un peu trop exclusive, surtout si l'on veut considérer que dans une même famille botanique, il y a non seulement analogie, mais encore souvent identité de propriétés, soit médicinales, soit comestibles et économiques.

De plus, malgré l'évidente et imprescriptible utilité du mémoire de M. Fabre-Volpelière, dont nous sommes le premier à reconnaître le mérite, sa proposition pourrait, étant prise trop à la lettre, jeter le discrédit et le découragement sur les travaux des naturalistes qui dirigent leurs études vers le but si important des succédanés.

« Notre végétation méridionale, écrivions-nous, en 1859, dans le « journal du feu et regrettable M. Th. Léract (Industrie de Bordeaux, « 20 février 1859), n'est pas seulement propre à enrichir les herbiers « des botanistes, mais elle est à même, quand on l'étudie soigneusement, « de fournir à l'industrie des produits nouveaux, souvent fort utiles en « ce qu'ils peuvent servir de succédanés à certaines matières végétales, lorsque la récolte de celles-ci vient à manquer. »

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« C'est ainsi que nous avons signalé à l'attention des industriels et des << agronomes, deux plantes des Landes et de la Gironde, l'asphodèle et « le panicdigité, la première comme plante vinicole, et la seconde comme << plante fourragère (voir le Journal de Paris, Le Palais de l'Industrie, « des 12 et 19 novembre 1854). »

Il est une plante textile qui croît abondamment à Port-de-Lanne, sur les bords de l'Adour et dans les marécages de Saint-Etienne-d'Orte, villages situés entre Dax et Bayonne. Cette plante est l'hibiscus roseus (malvacées).

L'hibiscus roseus est une belle et majestueuse malvacée, dont la tige de deux pieds et la corolle très-grande, d'un rose magnifique, pourraient faire l'ornement de nos parterres, si cette plante ne demandait pas un sol marécageux.

Ce végétal se propage par semis. Les graines sont faciles à cueillir, le fruit étant capsulaire et déhiscent. Par conséquent, le meilleur moyen de multiplier l'hibisque, serait d'en scmer les graines le long des cours d'eau, dans les marécages, où elles germeraient dans des conditions tout-à-fait favorables au développement des individus.

Les expériences que nous avons faites sur l'hibiscus roseus, nous ont

convaincu que l'hibisque rose est une plante textile, de culture économique et facile, attendu que de vastes marais incultes pourraient servir à sa propagation. On diminuerait ainsi l'épuisement si intense que le chanvre et le lin font subir aux meilleures terres arables.

On nous a fait l'objection tirée de la rareté de l'hibisque rose. Nous y avons répondu en nous livrant à des expériences très-sérieuses sur un proche parent botanique de cette plante, l'alcea rosea, la rose trémière des jardins, dont l'écorce, macérée 25 ou 30 jours dans l'eau pour détruire le mucilage, nous a fourni, par le rouissage, une très-belle filasse dont nous possédons encore de superbes échantillons. Disons encore que la quantité de filasse est un peu moins belle, il est vrai, mais plus considérable qu'avec la tige d'hibiscus roseus.

Dans un prochain article nous nous proposons de traiter des succédanés du café, du houblon, du sassafras, de l'encens, de la salsepareille, etc.

La culture de la Truffe dans le Jura.

PAR LE DOCTEUR E.-L. BERTHERAND.

Les publications récentes de MM. Rousseau, de Carpentras; Vigne, de Chamaret; Troubat; Lacroix, de Valréas, ont contribué à soulever le voile qui a si longtemps mis dans l'ombre les conditions de production de la truffe, et nous croyons faire œuvre utile en examinant cette intéressante question commerciale, culturale et alimentaire, avec l'aide de ces documents et surtout des observations de M. l'abbé Charvat, notre distingué membre correspondant.

On sait que la truffe est un tubercule fongueux, souterrain, à surface chagrinée, d'une forme arrondie, du volume d'une noisette à celui du poing, crépitant sous la dent, à odeur exquise, qui la fait rechercher pour les préparations culinaires et la confection de liqueurs. On en compte quatre variétés principales: 1° la blanche, inodore, assez dure, récoltée en été, difficile à conserver, et d'un prix minime (1 f. 50 le kil.); 2o le négron, noire dans les couches extérieures et blanche au centre, peu commune, à odeur forte et désagréable; 3o la marbrée blanc, odorante, récoltée en été, expédiée en tranches desséchées; 4o la marbrée noir, extrêmement supérieure, mùre à partir des gelées, expédiée après avoir bouilli et avoir été plongée dans son jus ou dans l'huile.— Les truffes ont une odeur alliacée chez les unes, musquée chez les autres. Les avantages de la culture des truffes sont de combiner leur vente (de 12 à 30 fr. le kilog., selon les années) avec la production du bois du chêne-truffier, blanc ou vert.

Cet arbre n'est pas difficile pour le terrain: sols sablonneux, rocheux, calcaires, argilo-calcaires, mais non humides, lui conviennent. On récolte cependant de belles truffes dans des terres fumées, notamment sur celles dont la surface a reçu des marcs de raisin en mai ou juin.

La culture est simple et peu dispendieuse : après un premier défoncement, ou un bon labour, semez à l'automne, à 18 centimètres de profondeur et à cinq mètres de distance les uns des autres, des glands de chene-truffier, bien murs et bien sains: ils seront, de cette façon, pré

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