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cerné naguère, au nom de cette Compagnie, les éloges les plus sentis pour son dévouement persévérant, éclairé et désintéressé à la science agricole qui, elle aussi, procure de délicates jouissances d'esprit à celui qui s'en occupe. Léon BOURGEOIS.

BOTANIQUE INDUSTRIELLE.

Un mot sur les Succédanés,

Par M. le Professeur Jules LÉON, membre correspond'.

Dans l'excellent mémoire publié par M. Fabre-Volpelière, dans le bulletin de janvier 1863, nous avons remarqué (sub fine) cette phrase: « Les succédanés, pris dans la pure acception de ce mot, n'ont pas de raison «< d'être. »

Cette proposition nous semble un peu trop exclusive, surtout si l'on veut considérer que dans une même famille botanique, il y a non seulement analogie, mais encore souvent identité de propriétés, soit médicinales, soit comestibles et économiques.

De plus, malgré l'évidente et imprescriptible utilité du mémoire de M. Fabre-Volpelière, dont nous sommes le premier à reconnaître le mérite, sa proposition pourrait, étant prise trop à la lettre, jeter le discrédit et le découragement sur les travaux des naturalistes qui dirigent leurs études vers le but si important des succédanés.

«Notre végétation méridionale, écrivions-nous, en 1859, dans le <«< journal du feu et regrettable M. Th. Léract (Industrie de Bordeaux, « 20 février 1859), n'est pas seulement propre à enrichir les herbiers « des botanistes, mais elle est à même, quand on l'étudie soigneusement, . « de fournir à l'industrie des produits nouveaux, souvent fort utiles en <«< ce qu'ils peuvent servir de succédanés à certaines matières végétales, lorsque la récolte de celles-ci vient à manquer. »

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« C'est ainsi que nous avons signalé à l'attention des industriels et des <«< agronomes, deux plantes des Landes et de la Gironde, l'asphodèle et « le panicdigité, la première comme plante vinicole, et la seconde comme « plante fourragère (voir le Journal de Paris, Le Palais de l'Industrie, « des 12 et 19 novembre 1854 ). »

Il est une plante textile qui croît abondamment à Port-de-Lanne, sur les bords de l'Adour et dans les marécages de Saint-Etienne-d'Orte, villages situés entre Dax et Bayonne. Cette plante est l'hibiscus roseus (malvacées).

L'hibiscus roseus est une belle et majestueuse malvacée, dont la tige de deux pieds et la corolle très-grande, d'un rose magnifique, pourraient faire l'ornement de nos parterres, si cette plante ne demandait pas un sol marécageux.

Ce végétal se propage par semis. Les graines sont faciles à cueillir, le fruit étant capsulaire et déhiscent. Par conséquent, le meilleur moyen de multiplier l'hibisque, serait d'en semer les graines le long des cours d'eau, dans les marécages, où elles germeraient dans des conditions tout-à-fait favorables au développement des individus.

Les expériences que nous avons faites sur l'hibiscus roseus, nous ont

convaincu que l'hibisque rose est une plante textile, de culture économique et facile, attendu que de vastes marais incultes pourraient servir à sa propagation. On diminuerait ainsi l'épuisement si intense que le chanvre et le lin font subir aux meilleures terres arables.

On nous a fait l'objection tirée de la rareté de l'hibisque rose. Nous y avons répondu en nous livrant à des expériences très-sérieuses sur un proche parent botanique de cette plante, l'alcea rosea, la rose trémière des jardins, dont l'écorce, macérée 25 ou 30 jours dans l'eau pour détruire le mucilage, nous a fourni, par le rouissage, une très-belle filasse dont nous possédons encore de superbes échantillons. Disons encore que la quantité de filasse est un peu moins belle, il est vrai, mais plus considérable qu'avec la tige d'hibiscus roseus.

Dans un prochain article nous nous proposons de traiter des succédanés du café, du houblon, du sassafras, de l'encens, de la salsepareille, etc.

La culture de la Truffe dans le Jura.

PAR LE DOCTEUR E.-L. BERTHERAND.

Les publications récentes de MM. Rousseau, de Carpentras; Vigne, de Chamaret; Troubat; Lacroix, de Valréas, ont contribué à soulever le voile qui a si longtemps mis dans l'ombre les conditions de production de la truffe, et nous croyons faire œuvre utile en examinant cette intéressante question commerciale, culturale et alimentaire, avec l'aide de ces documents et surtout des observations de M. l'abbé Charvat, notre distingué membre correspondant.

On sait que la truffe est un tubercule fongueux, souterrain, à surface chagrinée, d'une forme arrondie, du volume d'une noisette à celui du poing, crépitant sous la dent, à odeur exquise, qui la fait rechercher pour les préparations culinaires et la confection de liqueurs. On en compte quatre variétés principales: 1° la blanche, inodore, assez dure, récoltée en été, difficile à conserver, et d'un prix minime (1 f. 50 le kil.); 2o le négron, noire dans les couches extérieures et blanche au centre, peu commune, à odeur forte et désagréable; 3o la marbrée blanc, odorante, récoltée en été, expédiée en tranches desséchées; 4o la marbrée noir, extrêmement supérieure, mûre à partir des gelées, expédiée après avoir bouilli et avoir été plongée dans son jus ou dans l'huile.— Les truffes ont une odeur alliacée chez les unes, musquée chez les autres.

Les avantages de la culture des truffes sont de combiner leur vente (de 12 à 30 fr. le kilog., selon les années) avec la production du bois du chêne-truffier, blanc ou vert.

Cet arbre n'est pas difficile pour le terrain: sols sablonneux, rocheux, calcaires, argilo-calcaires, mais non humides, lui conviennent. On récolte cependant de belles truffes dans des terres fumées, notamment sur celles dont la surface a reçu des marcs de raisin en mai ou juin.

La culture est simple et peu dispendieuse : après un premier défonrement, ou un bon labour, semez à l'automne, à 18 centimètres de profondeur et à cinq mètres de distance les uns des autres, des glands de chene-truffier, bien murs et bien sains ils seront, de cette façon, pré

servés de la gelée et de la dent des mulots. Les places d'ensemencement étant marquées, déterrez au printemps jusqu'à profondeur de 12 à 15 centimètres : les jeunes plants ne tarderont pas à sortir de terre. Deux façons par an entretiennent le sol en état de propreté et de fraicheur, et dès la 3e ou 4e année, vous trouverez quelques truffes sous les chênes. Les années assez pluvieuses favorisent leur production. Le sol doit être constamment entretenu, bien meuble et bien exposé à la lumière. On ne devra couper aucune branche ni racine au chêne-truffier. La truffe n'aime pas le voisinage de végétaux autres que la vigne, le buis, le pin, le genevrier, et, dit-on, mais c'est moins sûr, le châtaignier, le noisetier, l'olivier, le charme.

Si on préfère le printemps pour l'ensemencement, on conserve les glands par couches, dans de la paille ou du sable, ni humide ni sec; mais ce moyen est peu fidèle.

On récolte à la morte saison, à l'aide d'un cochon, ou mieux d'un chien, auquel on a fait manger des truffes pour l'habituer à l'odeur. Ce dernier animal est bien préférable, à cause de la rapidité de sa marche et de l'activité soutenue de son travail de fouille.

La truffe est blanche pendant la belle saison et ne se rembrunit qu'en automne, pour acquérir tout son parfum à la fin de décembre: elle acquiert alors des grosseurs variables et se récolte tout l'hiver, jusqu'au printemps. Toutes les truffes ne mûrissent pas en même temps dans le même lieu, aussi, ne peut-on les récolter toutes à la même époque. Les mouches, attirées par l'odeur du tubercule, le flair d'une poignée de terre que le parfum de la truffe a imprégnée, suffisent pour en reconnaître la présence.

La truffe ne se conserve fraîche qu'une quinzaine de jours, après quoi elle moisit, sèche et répand une odeur infecte. Lavée et brossée après la récolte, elle se garde dans le beurre fondu, dans l'huile ou la farine de maïs, etc.

Comment se produit la truffe? 1o Est-ce par la présence d'une mouche qui piquerait la racine du chêne? mais ce fait a été mal observé; les excroissances végétales produites par des piqures d'insectes sont inodores; puis on n'a jamais trouvé dans les truffes aucun débris d'insecte particulier, à l'existence duquel la vie souterraine et la saison d'hiver, époque de maturité, seraient peu propices; enfin, la truffe vit entièrement isolée des racines, et son perfectionnement et sa multiplication par une bonne culture éloignent toute idée d'un intermédiaire vivant qui aurait tout le mérite de la production. - 2o la propagation par des débris de truffes répandus sur le sol n'a jamais réussi; quant à ceux qui prétendent que la truffe possède des séminales, qu'ils veuillent bien commencer par démontrer, à l'aide du microscope, l'existence de ces germes reproducteurs. 3° M. l'abbé Charvat, considérant que les truffes n'occupent pas chaque année la même place autour de l'arbre,— que sous les chènes-truffiers le sol est dénudé et comme plaqué par le feu, - qu'un arbre truffier présente des truffes à une distance toujours proportionnée au rayon de ses branches, conclut que la truffe est produite, non par les racines auxquelles, du reste, on ne les a jamais vues annexées, mais bien par les branches, dont une efflorescence particulière, une poussière cendrée, assez adhérente à l'écorce, est détachée

par les vents ou délayée par les rosées, la pluie, puis entraînée dans le sol, où elle devient le germe et le rudiment du tubercule qui s'organise peu à peu après avoir aspiré les sucs du sol.-M. Lacroix, notre honorable collègue de Valréas, n'admet pas cette explication; il admet que la truffe produit elle-même son germe, en raison du parfum qu'elle exhale précisément dans la saison destinée aux amours de la plupart des cryptogames (1).

Maintenant, la culture de la truffe, qui est en honneur particulièrement dans le Midi, ne se ferait-elle pas avec succès dans nos contrées de l'Est? Nos terrains de vignobles en côte, la belle venue des chênes dans notre département si boisé, la découverte de truffes, il y a 20 à 25 ans, à Poligny, dans le jardin Bévalet, et à Montchauvrot, sous une charmille, par M. le receveur des finances Guyon, et à Arbois, sous l'ermitage, voilà des motifs suffisants pour admettre la possibilité d'obtenir, dans le Jura, la production de ce tubercule si recherché.

SÉANCE GÉNÉRALE DU 8 JANVIER 1863.

Présidence de M. CLERC.

A 2 heures, la réunion s'ouvre par la lecture des procès-verbaux des séances des 11 décembre et 5 janvier, lesquels sont adoptés.

La Société académique de Saint-Quentin fait connaître qu'elle a mis au Concours pour 1863 (clôture le 1er juin), les trois questions suivantes : 1° indiquer les moyens de diminuer l'insalubrité d'une grande industrie manufacturière ou agricole dans le département; 2° retracer la vie de Villard de Honnecourt, faire connaitre, avec les preuves à l'appui, les principaux édifices qu'il a élevés ou à la construction desquels il a pris part; 3° poésie dont le sujet est laissé au choix des concurrents; et pour 1864 (clôture du Concours le 1er juin 1864), l'histoire d'une localité quelconque de l'arrondissement de Saint-Quentin.

La Société vient de perdre un de ses correspondants les plus distingués, M. Zappel, Conservateur des eaux et forêts, Président de la Société d'histoire naturelle de Colmar.

Mme Bourgeois, dont la Société a couronné les poésies au Concours de 1860, vient de recevoir de la Société d'émulation des Vosges, une médaille de fre classe, en argent, pour ses Glanes au pied des Vosges et du Jura.

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Dans la correspondance, figurent: 1o une lettre de M. l'adjoint au maire de Souvans, annonçant que le Conseil municipal de cette commune « remercie « la Société de l'initiative de la généreuse pensée d'élever un buste ou statue « à la mémoire de l'agriculteur Brune, et s'empressera de coopérer aux frais «de ce monument. Des remerciements sont vôtés au Conseil municipal de Souvans et à M. le Sous-Préfet de Dole, qui a bien voulu l'autoriser à délibérer sur ce sujet.- M. le Président communique la lettre qu'il a adressée à M. le Préfet, pour le prier de solliciter de S. Exc. le Ministre de l'Intérieur un décret impérial permettant l'érection du monument.

2o Une demande de renseignements sur les cépages du Jura, par M. Chaverondier, de Roanne.

3o Une demande de 2,000 pieds d'enfarinés, par M. Vincens de Gourgas, conseiller général à Philippeville.

(1) Voir la Sériciculture pratique du 22 décembre 1862.

ajouterons qu'il est très-difficile et très-coûteux d'abriter ces grandes formes contre les intempéries du printemps.

Frappé de ces inconvénients, M. Du Breuil eût l'heureuse idée de planter les arbres en colonne assez rapprochés les uns des autres pour que les racines de chacun d'eux ne pussent prendre qu'un développement très-limité. Ces arbres, perdant ainsi de leur vigueur, se mettent à fruit dès qu'ils ont atteint la hauteur de 3 mètres.

La forme à colonne ainsi modifiée a été nommée cordon simple vertical, par M. Du Breui!.

Nous avons vu que cette dernière forme, palissée en contre-espalier double, était la seule adoptée pour le plein vent, par M. Du Breuil, et qu'il l'employait pour tous les arbres (poirier, pêcher, abricotier, prunier, cerisier, etc.) admis dans le jardin fruitier.

C'est sur le poirier cultivé en cordon vertical simple, que nous appliquerons le mode de taille des arbres à fruits à pépins, exposé par M. Du Breuil, dans sa 7 leçon.

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Plantation.

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Taille du Poirier. Are année. Après avoir choisi la plate-bande destinée aux poiriers, on a dû planter au mois de novembre, au pied de chacune des lattes verticales du contre-espalier, un sujet d'un an de greffe et n'ayant encore qu'une baguette, en se contentant d'en rogner l'extrémité pour faciliter la reprise, comme nous l'avons dit en parlant de l'habillage. Chaque tige sera palissée contre sa latte. Il ne faut pas tailler les poiriers pendant la première année de la plantation. On laissera croitre ces arbres en toute liberté, pour que leurs racines se constituent vigoureusement, pour qu'en terme de jardinier, ils se fassent bon pied. Ce ne sera donc qu'au deuxième mois de février, après la plantation, que commenceront les opérations de la taille. (A suivre). E. BLONDEAU, membre fondateur.

SYLVICULTURE.

Reboisement des montagnes,

M. Bel, membre correspondant à Orgelet, a développé les trois questions suivantes; la 1re est celle-ci : « des deux procédés de reboisement, le repiquage et le semis, lequel doit le mieux et le moins lentement atteindre le but?» Il se range du côté du semis et cite, à son appui, l'expérience de M. l'inspecteur des forêts de Clermont, qui, après avoir commencé par la plantation, y dût renoncer et revint au semis, qui lui fournit des sujets plus vigoureux, et dont l'éclaircissement procure d'ailleurs des bénéfices considérables par suite de nombreuses demandes de replants ces sommes provenant de la vente de ces derniers sont ensuite consacrées à étendre les semis. C'est ainsi que le Puy-de-Dôme peut compter aujourd'hui plusieurs mille hectares de la plus belle venue. La 2 question a trait au choix judicieux d'essences propres aux différents sois. Dans le Jura, les pins réussissent bien, tels que le sapin, le picéa (1), mais moins bien que le mélèze. Ainsi, il y a quelques 20 ans, furent

(1) Qu'on appelle abusivement épicea.

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