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raison de la longueur du sarment enfoncé. Nous avions remarqué qu'un sarment enfoncé de 25 centimètres seulement, pouvait donner ses fruits dès la deuxième année et qu'il ne pouvait en donner qu'à la troisième, quatrième, cinquième et sixième année à mesure que la partie enterrée prenait 35, 45, 60, 80 centimètres, et jusqu'à 1 mètre de longueur.

« Nous avions observé de même que trois yeux, deux yeux hors de terre étaient nuisibles à la reprise, et depuis dix à douze ans, nous avions constaté qu'un seul œil devait être laissé pour fournir à la végétation.

« Ce n'est pas tout nous avions reconnu que cet œil devait être recouvert de terre meuble ou de sable et qu'ainsi, mis dans les conditions d'une graine, sa végétation était double et triple de celle des boutures à plusieurs yeux ou à œil découvert.

« Enfin je venais de constater dans la Charente-Inférieure, et vous avez à cet égard mon rapport dans les mains, que le sarment aspirait l'eau de la terre et végétait aussi bien à l'envers qu'à l'endroit.

« Nous cheminions ainsi lentement, pas à pas, vers la vérité que M. JeanJoseph Hudelot établissait carrément et d'un seul coup dans toutes ses parties par son admirable idée, si bien appliquée et si bien réussie depuis 1859. (Je dis 1859, car M. Hudelot a dù avoir son idée au plus tard en 1859 pour l'appliquer en 1860).

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Ainsi, la meilleure condition de la bouture de la vigne est donc celle qui la rapproche le plus de la graine: c'est-à-dire que le germe ou l'œil soit enfoui sous terre à la profondeur où les graines prospèrent le mieux; que la tigelle sorte du sol et que la radicelle s'y enfonce; et que l'absorption de l'eau nécessaire à l'alimentation du bourgeon et à la dissolution des principes nutritifs déposés à sa base soit la plus étendue possible. Les deux sections du nœud qui porte le bourgeon sont donc la surface double d'absorption, et la face inférieure et la face supérieure absorbent donc également l'humidité du sol pour la porter à l'œil ou au germe.

«Tout cela est nettement démontré par le succès de M. Hudelot; et M. Chauvelot a mille fois raison de dire que le nœud qui a deux sections pour alimenter le bourgeon vaut mieux qu'une graine.

«Mais pour le succès il faut plomber la terre: c'est là encore ce que nous avions remarqué pour la bouture, c'est-à-dire qu'il fallait tasser fortement la terre autour, non seulement à la fiche, mais à coups de talon ou par l'eau.

« Quoi qu'il en soit, la vérité n'était pas connue, la vraie découverte n'était point faite, elle appartient tout entière à M. Jean-Joseph Hudelot, qui vient de rendre ainsi non-seulement un grand service à la viticulture pratique, mais encore à la viticulture rationnelle.

« Quelles que soient les difficultés et les déceptions qui puissent suivre ses heureuses applications, voilà un fait précis, bien deviné, bien appliqué, dont les conséquences seront, je ne crains pas de le prédire, des plus importantes pour l'extension et le progrès de la viticulture, surtout si les semis peuvent réussir en place définitive. Comme le dit fort bien M. Chauvelot, les produits de la vigne seront alors avancés de une, deux ou trois années, et la vigne sera plus physiologiquement constituée.

«Mais pour l'échange et les essais des cépages, quoi de plus précieux et de plus commode: un million de graines, du volume de un centimètre cube chaque, pourront être expédiées dans une caisse de un mètre cube, alors qu'il faudrait 10 à 15 mètres cubes et même 20 mètres, suivant la longueur des boutures, pour représenter la même quantité de plants.

« Voilà une véritable et précieuse découverte, et je veux être un des premiers à féliciter M. Hudelot.

« Je serai dans la Haute-Saône le 16 août, et j'espère bien que, comme vous et M. Cazeaux, je serai assez heureux pour être admis à étudier les vignes semées de M. Hudelot et à vous rendre compte de mon étude. « Dr Jules GUYOT. »

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Agréez, mon cher Directeur, etc.

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Permettez-moi de me servir de la publicité de votre journal pour répondre collectivement aux nombreuses lettres que j'ai reçues relativement au mode de multiplication de la vigne d'après le procédé Hudelot. Comme je ne puis répondre à chacun en particulier, les explications que j'ai l'honneur de vous adresser suffiront à toutes.

«Le bouton se détache du sarment en opérant sur celui-ci une section entière et transversale, à un demi-centimètre environ au-dessus et un demicentimètre au-dessous du bouton, de façon à n'avoir plus qu'une fraction de ce sarment, longue d'un centimètre à peu près, au centre de laquelle se trouve le bouton destiné à servir de semence. Ce bouton est donc tout-à-fait séparé du sarment; il est destiné désormais à former à lui seul un individu nouveau et complet.

«On peut encore lever le bouton comme un écusson, mais en lui laissant beaucoup plus de bois; seulement, il fournira une pousse moins vigoureuse. Enfin, on peut aussi laisser les boutons deux à deux sur le même sarment et les semer comme il a été dit. Ces boutons, ainsi disposés, donneront des jets vigoureux et seront séparés au moment de la mise en place des ceps

nouveaux.

«Mais le procédé que l'on doit préférer est celui dont j'ai eu l'honneur de vous faire part; car alors on peut faire les semis en place et gagner beaucoup de temps.

J'ai dit et je maintiens que des semis faits en place en 1860 avaient donné leur fruit en 1862, et que par conséquent l'époque de première production est avancée au moins de deux ans; que cette première fructification n'est point le fait du hasard; que ce ne sont pas seulement quelques pieds qui ont montré quelques raisins amaigris et mal constitués; mais que la presque totalité des ceps a produit au moins deux grappes de force moyenne.

«Maintenant, il est très-clair qu'en prenant ces ceps en pépinière pour les transplanter, on retardera l'époque de cette première fructification, qui n'aura plus lieu alors que la troisième année qui suivra le semis.

« On m'a demandé de quelle manière se faisait, d'après le procédé qui nous occupe, la transplantation de la vigne : c'est une question qui exige une réponse détaillée et dont la solution n'a, pour le moment, rien d'urgent; je vous demande en conséquence la permission d'ajourner ma réponse à une époque très-rapprochée, et pendant laquelle les travaux du dehors me prendront moins mon temps.

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Agréez, etc.

F. CHAUVELOT. » Colmar, 31 août 1863.

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«Me voici à Colmar, et déjà, grace à la vive impulsion de la préfecture, je vais partir dans le vignoble; j'ai donc à peine quelques minutes pour vous parler des semis-boutures Hudelot.

«Le 24 août, accompagné de MM. Laurens, vice-président, Berger, secrétaire de la Société d'agriculture du Doubs, de M. Briant, lieutenant-colonel d'artillerie, et de MM. Marchand et Hory, propriétaires vignerons des plus habiles de Besançon, je suis allé visiter le riche et beau vignoble de Beurre, où M. Hudelot a fait ses semis de nœuds de sarments.

« Mais ce n'est point au milieu des vergers ou sur les coteaux à vigne qui touchent le village que M. Hudelot aurait pu faire ses études. Ces vergers et ces vignes valent 25,000 francs l'hectare, et l'homme des recherches utiles n'a pas souvent les ressources nécessaires à l'acquisition des instruments les plus parfaits de son travail : c'est bien haut, bien haut sur la montagne, au fond et tout au-dessus d'une gorge étroite qu'on appelle le bout du monde,

aux environs et sur les déblais d'une carrière de gypse, joignant un petit marais, que M. Hudelot a installé ses plantations et ses pépinières en ligne. Il n'était point prévenu et n'était point là quand nous sommes arrivés : sa bonne vieille mère filait dans sa chambre: elle fut étonnée de nos questions, ne sut que nous répondre et continua à filer.

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« Nous perdimes quelque temps sur des renseignements équivoques et de fausses pistes; mais à la fin un vigneron propriétaire nous emmena d'abord au bout du monde, d'où il nous fit vraiment grimper jusqu'au paradis. Là nous avons vu une quantité de jeunes pousses de vignes en lignes, trèsrapprochées, et comme j'hésitais à en arracher, le propriétaire étant absent (j'ai toujours eu le plus grand respect pour la propriété d'autrui), le vigneron qui nous conduisait me dit : « Arrachez, arrachez, Hudelot est un bon cœur, il serait bien fâché s'il savait qu'on ne voie pas chez lui ce qu'on désire voir. » Nous avons donc fourrage, arraché, et nous avons vu des nœuds de sarments variés ayant de 0,05 à 0m, 10 de longueur; c'étaient là de bonnes études; ce n'était point le nœud simple, la vraie graine-bouture réduite à un œil et décrite par M. Chauvelot. Mais M. Berger mit bientôt la main sur le bon endroit, et là des noeuds de 0,01 seulement nous apparurent avec de jolies tiges et des racines plus belles encore, représentant à merveille un gland levé, garni de ses tigelles et de ses radicules; seulement les tiges n'avaient encore que 0,25 à 0m,30 de longueur, et les racines presque autant. La sécheresse avait dù cette année diminuer un peu la vigueur de la végétation: toutefois le semis des noeuds de vigne avait un plein succès sur une échelle assez grande pour ne laisser aucun doute en pleine terre terreautée, et les résultats dépassaient la végétation qu'on obtient des racines ou plants enracinés, plantés dans le pays. Je choisis six des plants les plus parfaits, et je les emportai.

En descendant la montagne, nous avons rencontré M. Hudelot, qui montait à son champ d'essai avec une grosse miche de pain bis sous son bras. Je lui montrai le vol que je venais de lui faire, et sans savoir qui nous étions, ni ce que nous voulions de lui, il se félicita, et nous fit don de nos plants dérobés avec la figure la plus ouverte et le grand cœur des chercheurs honnètes et désintéressés. Evidemment M. Hudelot est un homme de tous et non un homme pour lui. Tout son aspect est sympathique.

«Lorsqu'il répondit à ma demande d'explication, il nous prouva à tous qu'il avait cherché et trouvé logiquement le semis bouture pour avoir à la fois les avantages de la graine et ceux de la greffe, par ses réponses et ses explications aussi claires que fondées en raison.

A notre conférence publique du samedi 29 août, à laquelle assistaient, sur l'invitation et la présence des autorités de la Société d'agriculture et de la ville de Besançon, plus de deux cents viticulteurs, M. Hudelot apporta des jeunes plants de l'année avant de 0,50 à 0m,60 de tiges, et 0m,30 à 0m,40 de belles racines.

« Vous pensez bien, mon cher directeur, que je me suis empressé de les montrer à l'assemblée et de lui faire connaitre tous les avantages qu'on est en droit d'attendre de la découverte de M. Hudelot.

« Cette découverte ne manquera pas d'être contestée par la bouture anglaise, les sarments enfouis horizontalement. M. Hudelot ne connaissait rien de tout cela évidemment; mais ce qui prouve mieux que tout le reste le grand service qu'il a rendu et les services qu'il rendra encore, c'est qu'il n'a aucune prétention et qu'il se réjouit comme tout le monde d'avoir constaté une bonne pratique viticole. Voilà pourquoi les gens comme lui ne sont jamais riches.

« Dr Jules GUYOT. »

« Votre tout dévoué. M. Pidancet, Secrétaire, entre ensuite dans quelques détails relatifs à la physiologie de la vigne, et la séance est levée à 4 heures 112.

OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES RECUEILLIES A POLIGNY.-(Septembre 1863).

ÉLÉVATION: 338 AU LIEU D'OBSERVATION.

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NOTA. Les températures au-dessous de zéro sont précédées du signe - ; celles au-dessus ne sont précédées d'aucun signe.

Le signe B signifie beau temps; V temps variable ou demi-couvert; C ciel couvert; Br brouillard; P pluie; N neige; 0 orage avec tonnerre.

OZONOMÈTRE. Le chiffre 0 signifie la négation de l'ozone dans l'atmosphère, et le chiffre 21 le plus haut degré auquel on puisse le rencontrer. IMPRESSION DE L'AIR. A signifie apre, C chaud, D doux, F froid, Fa frais, G glacial, H humide, L lourd, S sec. Le signe 2 en surmontant un autre, exagère sa valeur ordinaire, la lettre a la diminue.

Récapitulation. La plus haute température de septembre a été de 24°, la plus basse de 12°; le barom. est monté à 749m et descendu à 722; les vents Nont soufflé 6 fois, le N-E 2 fois, le S-E 1 fois, le S 18 fois, le S-0 2 fois, l'0 1 fois; le ciel a été 13 fois beau, 10 fois variable et 7 fois couvert; il y a eu 9 jours de pluie. Dr GUILLAUMOT.

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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES RECUEILLIES A POLIGNY.—(

ÉLÉVATION: 338 AU LIEU D'OBSERVATION.

(Octobre 1863).

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Récapitulation.

La plus haute température d'octobre a été de 25o, la plus basse de 8o; le barom. est monté à 746m et descendu à 731; les vents Nont soufflé 4 fois, l'E 6 fois, le S-E 1 fois, le S 17 fois, le S-0 1 fois, l'01 fois, le N-0 1 fois; le ciel a été 15 fois beau, 12 fois variable et 4 fois couvert; il y a cu 9 jours de pluie. Dr GUILLAUMOT.

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PELLES LETTRES

POLIGNY, IMP. DE MARESCHAL.

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