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LA GÉOLOGIE DU JURA,

ETUDE PAR M. JUST PIDANCET

(Suite).

Les fossiles des marnes irisées du Jura sont très-peu nombreux, comme nous l'avons déjà fait pressentir, et tous ceux qui ont été signalés par les auteurs appartiennent à notre étage inférieur; aucune espèce n'ayant été rencontrée jusqu'ici dans les deux autres étages. Récemment, M. Chopard et moi avons été assez heureux pour récolter, dans les environs de Poligny, de nombreux débris d'un Saurien gigantesque, sur lequel nous avons envoyé à l'Académie des sciences la note suivante, qui peut suffire à faire connaître ses caractères.

Dimodosaurus Poligniensis.

PID. et CHOP.

PIED DE DERRIÈRE GAUCHE, 175.

« Nous avons l'honneur d'adresser à l'Académic un dessin réprésentant, de grandeur naturelle, le pied de derrière, du côté gauche, d'un Saurien gigantesque, dont nous avons découvert un grand nombre de débris dans les marnes irisées des environs de Poligny (Jura).

« Ces restes fossiles nous ont semblé appartenir à une espèce toutà-fait nouvelle, et qui ne rentrerait même pas dans les coupes génériques établies jusqu'à ce jour; s'il en était réellement ainsi, nous proposerions pour elle la dénomination de Dimodosaure de Poligny (Dimodosaurus poligniensis).

« Les ossements que nous avons pu recueillir et observer semblent, au premier abord, appartenir à un de ces grands reptiles perdus, qui ont été groupés dans la famille des Dinosauriens.

<<< Comme dans ceux-ci, les vertèbres de notre espèce sont biconcaves, les os longs offrent tous une cavité médullaire considérable, et les côtes s'attachent aux vertèbres par deux articulations. Mais le sacrum, formé seulement par trois grandes vertèbres qui paraissent soudées par leurs lames latérales, écarte immédiatement notre reptile de cette famille, en même temps qu'il le différencic suffisamment des autres Sauriens vivants ou fossiles qui ont été décrits jusqu'à présent.

« Ce caractère spécial nous a été fourni par une magnifique pièce déposée actuellement au musée de Poligny, et qui est composée de cinq vertèbres lombaires articulées entr'elles, et avec le sacrum fixé luimême à l'os iliaque gauche.

« Dans cette pièce, plusieurs vertèbres lombaires portent encore des fragments de côtes qui sont articulées avec elles, et nous avons pu nous convaincre que la dernière lombaire était également munie d'une paire de ces appendices, qui protégeaient ainsi toute la région abdominale.

« Les trois vertèbres sacrées ont leurs apophyses épineuses en forme de grandes lames rectangulaires à peine inclinées en arrière. Les apophyses des vertèbres lombaires forment des lames plus inclinées, et dont les bords antérieur et postérieur ne sont plus parallèles.

« Le trou vertébral présente aussi une particularité remarquable; au lieu d'être rectiligne, on observe dans sa partie inférieure une ou deux fosses profondes qui s'enfoncent dans le corps de la vertèbre.

«L'os iliaque est le seul os du bassin que nous connaissions; sa forme générale est semi-lunaire, et son bord inférieur, sensiblement rectiligne, présente deux grandes et fortes apophyses: l'une antérieure, inclinée d'arrière en avant, ayant la forme d'un prisme triangulaire

dont la face postérieure serait crcusée en gouttière; l'autre apophyse, partant du milieu du bord inférieur, est plus courte que la précédente et descend verticalement. Toutes deux se rejoignent à leur origine par une surface cylindrique, et déterminent ainsi une assez grande échancrure dans laquelle vient se loger la tête du fémur.

<< Celui-ci n'a pas moins de 0,77 de longueur et une grosseur considérable. Sa tête, rejetée sur le côté, n'est pas séparée du corps de l'os par un col appréciable. Le trochanter se présente sous la forme d'une crète allongée et assez saillante, qui est placée à peu près au tiers supérieur de l'os. La partie inférieure du fémur offre deux condyles saillants postérieurement, et séparés l'un de l'autre par une poulic. Les surfaces articulaires, comme toutes celles des os longs, sont gravées par des impressions digitaires qui les font paraitre tuberculeuses.

« Nous ne connaissons le tibia que par des fragments, mais nous avons été assez heureux pour rassembler les deux extrémités de l'os. Le péroné, que nous avons entier, a pu nous donner la longueur de la jambe, qui serait de 0,515. La partie inférieure du tibia offre une apophyse en crochet qui s'engage dans une cavité creusée dans l'astragale que nous avons trouvé articulé avec lui.

« Les os du tarse sont généralement cunéiformes et de petite taille. « Le croquis que nous avons l'honneur de communiquer à l'Académie nous dispense d'entrer dans de grands détails relativement au métatarse et aux phalanges. Nous ferons sculement observer que le nombre de celles-ci, dans chaque doigt, suit la proportion qui caractérise l'ordre des Sauriens, et que la grosseur des phalanges onguéales est en raison inverse du nombre de ces os qui entrent dans la composition du doigt. La phalange onguéale du gros orteil est donc la plus forte, elle est aussi plus arquée que les autres.

« Le membre antérieur présente des dimensions beaucoup plus considérables que celles du membre postérieur.

« L'humérus a 0,80 de longueur, et sa largeur à la base est de 0m, 22. Les os de l'avant-bras ont également d'énormes dimensions.

<«< Trois phalanges onguéales, beaucoup plus considérables et plus crochues que celle du pied de derrière, montrent que l'extrémité antérieure avait une destination spéciale. D'un autre côté, un grand nom-bre d'os plats non encore déterminés, mais qui nous ont paru appartenir à la région sternale, laissent supposer que le sternum donnait attache à des muscles puissants.

«Tels sont les principaux caractères offerts par les parties du squelette du Dimodosaurus; nous demanderons la permission à l'Académie d'entrer, en finissant, dans quelques détails sur son gisement.

par

« Les marnes irisées du Jura sont divisées en trois grandes assises deux bancs de dolomie qui existent presque constamment.

« Le banc inférieur est séparé du muschelcalk par des marnes qui sont généralement de couleur foncée, et dans lesquelles se trouvent les gisements du sel gemme, des gypses rouges et des lignites keupériens. Là, on remarque quelques plantes fossiles et quelques débris de reptiles.

« L'assise moyenne comprise entre les deux bancs de dolomie est caractérisée par des marnes d'un rouge lie de vin; c'est elle qui renferme la plupart des masses gypscuses exploitées dans le Jura. Absence complète de fossiles.

<«< Enfin, l'assise la plus supérieure, couronnée par l'infra-lias, est formée généralement par des marnes se délitant à l'air en fragments polyédriques ou sphéroïdaux, et dont les couleurs vives et variées ont fait donner à l'étage entier le nom de marnes irisées.

« C'est dans cette assise seulement qu'on rencontre les restes du Dimodosaurus, et cela dans des couches qui ont un caractère spécial.

«En effet, pendant que la plupart des bancs marneux qui composent cette assise sont à grains fins, à aspect dolomitique, à cassure conchoïdale dans les roches vierges; pendant que la régularité de leur stratification, la constance des moindres nuances se maintiennent sur des étendues considérables, on observe d'autres couches ne se rencontrant plus qu'accidentellement, variables en épaisseur, offrant une structure, une composition et même une coloration qui indiquent une origine différente.

« Les premières ont tous les caractères de dépôts effectués lentement au sein des eaux par une sédimentation plutôt chimique que mécanique; les autres, au contraire, offrent tous les caractères de matériaux meubles amenés de loin par des cours d'eau qui venaient interrompre de temps en temps l'action chimique, qui reprenait aussitôt que le trouble avait cessé.

« C'est toujours dans les couches meubles, irrégulières et inconstantes qu'on observe les débris du reptile qui a été l'objet de cette Note. Un pareil gisement peut donner quelques indications sur sa manière de vivre; tout porte à croire, en effet, qu'il vivait dans des estuaires ou dans le lit des fleuves, qui en transportaient les cadavres au milieu des

dépôts de sédiment de la mer keupérienne.

« Quoi qu'il en soit, le Dimodosaurus parait avoir été très-commun. Une seule tranchée du chemin de fer de Besançon à Bourg, celle de la Chassagne, près Poligny, nous a offert des restes ayant appartenu à cinq individus différents; la tranchée de Villette, près Arbois, en renfermait qui provenaient de deux individus; on en a rencontré également dans les environs de Domblans, et depuis longtemps l'un de nous en avait découvert des fragments dans les marnes irisées de Beurre, près Besançon, et cela dans les mêmes circonstances de gisement. »

ÉCONOMIE INDUSTRIELLE.

La Probité commerciale,

PAR M. BENOIT,

(A suivre).

Vérificateur des poids et mesures à Saint-Claude, membre correspondant.

(Suite).
V.

Mais alors quel sera le guide des professeurs dans cet enseignement nouveau?

Nous publions, à cette fin, un ouvrage comprenant deux parties, savoir :

1o Le Système métrique français, Manuel des Instituteurs primaires (1). 2o Le Système métrique français, Manuel des Elèves des Ecoles primaires (2).

Bien qu'il n'ait paru jusqu'alors aucun livre dans le genre du Manuel des Instituteurs primaires, nous n'avons négligé aucune des considérations qui se rattachent à ce vaste sujet, aucun des soins qu'exige la rédaction d'un travail qui s'adresse à des lecteurs aussi appréciateurs intelligents qu'instruits.

Préparé avec une égale attention, honoré de suffrages aussi bienveillants que distingués, et couronné par plusieurs Sociétés savantes, le Manuel des Elèves est l'accessoire indispensable du précédent livre. Par sa forme attrayante comme par sa disposition méthodique, claire et simple, cet exposé classique plaira aux jeunes gens autant qu'il leur sera utile dans l'étude des nouvelles mesures.

(1) Le Système métrique français, Manuel des instituteurs primaires, des professeurs des colleges, des chefs d'institutions, des élèves des écoles normales et supérieures, etc., etc.; rédigé d'après les programmes officiels, orné de nombreuses vignettes intercalées dans le texte et renfermant 1,000 problèmes relatifs à l'économie rurale, aux finances, au commerce, aux sciences, aux arts et à l'industrie, faisant suite et servant de complément aux exercices contenus dans le Manuel des élèves. --- Un vol. in-12.- Prix, franco: 2 francs.

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(2) Le Système métrique français, Manuel des élèves des écoles primaires et des classes élémentaires des collèges; rédigé d'après les programmes officiels, orné de plus de 60 vignettes intercalées dans le texte et contenant un grand nombre de problèmes relatifs à l'économie rurale, aux finances, au commerce, aux sciences, aux arts et à l'industrie. Un vol. in-12. --- Prix, cartonné: 50 centimes. Le même ouvrage, avec la solution des problèmes. --- Prix: 60 cent. A la librairie classique et administrative de Paul DUPONT, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 45, à Paris,

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