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facilement sur chaque plant. Les toiles auront un mètre carré, à 20 centimes; on les maintient par des traverses d'un mètre, placées tous les deux mètres au moyen d'ourlets, puis ces traverses sont attachées à un fil de fer. Les piquets qui supportent ce fil de fer se trouvent à 60 centim. de distance, fortifiés par une traverse placée obliquement : du côté du levant, le fil de fer est plus élevé de 10 centim. Dès que les toiles, de 50 ou 60 mètres de long sont tendues, elle doivent dépasser les lignes de vignes afin de les bien abriter; on attache alors les toiles après les piquets, au moyen de brins d'osier. L'inclinaison de ces abris favorise l'arrivée de la lumière et de la chaleur sur les plants, et les protège contre les vents et les pluies.

Ces toiles sont précieuses contre les gelées blanches d'avril et de mai, contre la coulure de mai-juin. Voyons maintenant la question de dépense par hectare et par an:

Pour deux lignes de ceps de 100 mètres chaque, nous aurons :
Toile à 20 cent. le mètre: 100 mètres,

50 traverses à 1 centime,

20 f. »

C.

50

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Par hectare, 6,200 mètres de toile, à 24 fr. 70 cent. les 100 mètres, coûteront 1,531 fr. 40 cent.

La durée des toiles étant de 15 ans, les toiles coûteront 102 fr. par hectare et par an.

Les hangards nécessaires pour abriter ces toiles, en évaluant à 25 m. cubes l'espace nécessaire pour les abris d'un hectare, coûteront 80 fr.; ils dureront 20 ans; soit donc une dépense de 4 fr. par an.

Pour placer et déplacer les toiles, comptons 25 journées à 2 f. 50 c., ce sera une dépense de 62 f. 50 cent. par hectare.

La ligne qui ne pourra être cultivée qu'à bras d'homme, nécessitera aussi une augmentation de frais de journées que l'on peut évaluer à 26 f. par an.

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Le rendement moyen des gros plants, par hectare, est de 90 hectolitres qui, à 20 fr., donnent

1,800 fr.

La destruction par gelée blanche et coulure équivaut à la perte com

plète de 3 récoltes en 10 ans, soit par an

Or, les abris en toile ne coûtent par an que

Ils donnent donc un bénéfice net et annuel de

540 f. » c.

194 50

345 50

Ainsi donc, la culture à la charrue et l'emploi des toiles-abris procureront les bénéfices suivants :

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Cette différence, si grande avec le rapport de la méthode usitée dans le Jura, monterait de 400 fr. à 720 fr. si les fins plants étaient remplacés par l'enfariné.

Maladies. L'oïdium a été signalé pour la première fois en Angleterre, vers 1845, sur des vignes en serre; puis à Paris en 1849, sur des treilles, et depuis lors dans les vignobles. Tous les cépages en sont plus ou moins atteints; les ravages semblent d'autant plus intenses que la température est plus élevée; ainsi dans les treilles, ainsi dans le midi de la France. On ignore complètement les causes de ce fléau; les uns l'attribuent à un insecte, d'autres à un champignon. Toujours est-il que le bourgeon, la grappe, la feuille se couvrent de taches blanchâtres, grisåtres, couvertes d'une poussière très-fine, due à un champignon qui est cause en effet du mal; le grain s'arrête dans son développement et pourrit; le bois s'altère et il ne reste plus de sarment pour tailler l'année suivante; d'un autre côté, les racines finissent également par souffrir. Les traitements proposés et employés varient à l'infini. On a surtout conseillé et pratiqué le brossage de chaque grain, son revêtement avec de la colle forte, etc., etc.; vient ensuite le soufrage, que les Anglais employèrent les premiers en projetant la poussière sulfureuse sur les ceps de treilles préalablement mouillés : le soufre adhérant alors à la rafle, on était exposé à manger des grains souffrés et par conséquent fort désagréables au goût. - En France, Rose Charmeux de Thomery se contenta de vaporiser le soufre dans ses serres en hiver, et c'est de là que naquit l'idée, depuis généralisée, de soufrer à sec.

On doit employer le soufrage comme moyen préventif, c'est-à-dire sur les bourgeons qui ont à peine 12 à 15 centimètres de long et sur les jeunes grappes, puis une seconde fois quand la vigne est en fleurs, enfin une 3 fois dès que le raisin entre en verjus. Dès que la pluie aura enlevé la poudre de soufre il faudra renouveler l'opération.

Le soufre sublimé n'est pas absolument nécessaire; de plus, il coûte fort cher, environ 60 fr. les 100 kilog. C'est ce qui amena la falsification du soufre dans les usines du midi, puis l'essai par M. Laforgue, de Béziers, du soufre brut, bien trituré ce dernier ne coûte que 22 fr. les 100 kilog. et réussit tout aussi bien.

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Le soufre se répand au moyen d'un soufflet armé d'une boite qui en contient jusqu'à 500 grammes: cet instrument, du prix de 5 fr., est. beaucoup trop lourd et fatiguant. Mieux vaut un soufflet léger en maronnier d'Inde, et dans l'intérieur duquel on introduit le soufre : il ne coûte que 2 fr. 50 cent., et le vigneron porte à sa ceinture un sac à Soufre. M. Laforgue préfère une boite à soufre garnie d'une houpeen laine, avec laquelle il peut badigeonner le cep dans le cas où il est bumide. L'expérience prouve que le soufflet devient absolument nécessaire pour les deux premières opérations, parce qu'il faut que la pou

«la main. Qui aurait osé prévoir les ténèbres où devait aboutir cette << marche triomphale! Mais le bonheur est comme la vie humaine, qui << tient à la morsure d'un vil insecte, ou à une piqûre d'épingle! Le « passé ne saurait nous préserver de l'avenir. »

En 1808, le général Travot quitta Nantes pour faire partie de l'expédition d'Espagne et de Portugal, et commanda successivement les quatre divisions placées sous les ordres des généraux de Laborde, Loison, Kellermann et Junot. Ce dernier s'étant absenté de Lisbonne, Travot fut nommé Gouverneur de la ville, en remplacement de Laborde.

Un évènement, passé à cette époque, démontre une seconde fois la grandeur d'âme de notre héros, et prouve combien était courageuse sa fermeté dans les circonstances où dominait le danger.

Voici cet évènement, exceptionnel dans les annales militaires.

Une violente insurrection venait d'éclater à Lisbonne, et le peuple ne songeait à rien moins qu'à massacrer tous les français qui s'y trouvaient. Travot, nouvellement installé à son poste de Gouverneur, se présenta en personne aux insurgés, et, par son langage à la fois énergique et digne, les obligea à rentrer dans le devoir, sans qu'il fût besoin d'employer contre eux d'autres moyens de répression.

Quelque temps après, lorsque sonna pour le général l'heure de son départ de Lisbonne, la municipalité de la ville lui fit présent de deux magnifiques chevaux, « en témoignage de son dévouement à la cause « de l'ordre et de sa sagesse comme administrateur. »

Pendant la campagne de France, Travot prit une part active à la célèbre bataille de Toulouse; par sa bravoure et ses talents militaires, il seconda puissamment le maréchal Soult, qui, à la tête de trente-trois mille hommes, opposa une héroïque résistance aux soixante-cinq mille alliés commandés par Wellington. Notre héros, avec une réserve de conscrits inexpérimentés, soutint un choc terrible, dans les ouvrages du Pont-des-Demoiselles, contre un corps d'armée supérieur en nombre et parfaitement discipliné.

Huit mois après, le 27 décembre 1814, Travot était créé Chevalier de Saint-Louis, en récompense de ses services et de son dévouement à la patrie.

Les étrangers ayant envahi le sol de la France, Travot se retira dans son département; mais, après le 20 mars 1815, il reprit son rang dans l'armée active, et, le 17 mai, fut envoyé en Vendée, théâtre de ses premiers exploits. « Car, disent les écrivains que nous avons précédem«ment cités, la Vendée qui, comme un serpent, s'était réchauffée à l'approche des Bourbons, releva la tete et ralluma la guerre civile, grâce aux menées du comte d'Artois et à l'instigation de l'Angleterre, qui se hâta d'effectuer les promesses qu'elle avait faites, et débarqua « des armes et des munitions. >>

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Il s'agissait, comme on le voit, de se rendre promptement maître de l'insurrection royaliste.

Travot, investi d'un commandement supérieur, voulut appaiser l'émeute par le système conciliateur qui déjà lui avait pleinement réussi. Il adressa aux populations vendéennes une proclamation dans laquelle on remarquait ces belles pensées :

« Souvenez-vous que vous êtes Français, et que le sang de vos frères,

« que vous allez verser, fera souche d'ennemis. Ralliez-vous donc au drapeau de la patrie; il ne doit y avoir pour des Français qu'un Gou« vernement : l'honneur national! »

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Malheureusement, les vendéens restèrent sourds à ce loyal appel, et Travot dut employer contre eux les mesures de rigueur prescrites par le Gouvernement des Cent-Jours.

Néanmoins, lorsque les circonstances le rendirent vainqueur, le général ne se départit pas des sentiments d'humanité qui formèrent un des plus beaux fleurons de sa carrière militaire.

Ainsi, le lendemain du combat de la Roche-Servière, des chouans, qui tiraillaient depuis plusieurs heures sur nos soldats, ayant été faits prisonniers, allaient être passés par les armes. Travot intervint, les délivra, et après les avoir exhortés à abandonner une guerre fratricide, les renvoya libres dans leurs foyers.

Ces actes de générosité se renouvelèrent encore au bourg d'Aizenai, à la surprise des trois armées réunies et commandées par MM. de la Rochejacquelein, Sapinau et Suzannet, ainsi qu'aux combats de SaintGilles et de Mathes, où Louis de la Rochejacquelein fut tué d'une balle dans la poitrine.

Et cependant les Vendéens faisaient à notre armée une guerre de partisans; embusqués dans les haies et dans les fossés, ils tuaient nos officiers et nos soldats, sans que ceux-ci pussent se garer de leurs attaques meurtrières !...

Enfin le calme se rétablit, et le général Travot, surnommé à juste titre : le Pacificateur de la Vendée, revint à Paris, prendre place à la chambre des Pairs, pouvoir pondérateur, créé par Napoléon pendant les CentJours.

Après la seconde rentrée de Louis XVIII, notre héros se retira encore dans son département et refusa de servir une dynastie qui devait la couronne aux baïonnettes étrangères.

Cette fidélité à la gloire nationale déplut à la réaction royaliste, qui, promenant ses échafauds dans les contrées méridionales de la France, avait mérité le surnom de Terreur blanche.

Travot fut arrêté le 11 janvier 1816, veille de la promulgation de l'amnistie royale concernant les hommes politiques.

Par le télégraphe, le duc de Feltre envoya l'ordre au Conseil militaire de Rennes (13a division), de poursuivre judiciairement Travot, et de faire entendre de suite un témoin.

Cette mesure était prise, disait la dépêche, afin de justifier d'un commencement d'instruction qui devait enlever, selon les termes de l'amnistie, le bénéfice de la clémence royale.

Le témoin, absent, ne put être entendu; mais la dépêche télégraphique fut considérée par le complaisant capitaine-instructeur, comme un commencement d'instruction, et la procédure suivit son cours.

Travot fut d'autant plus surpris de ces rigueurs à son égard, qu'il venait de recevoir du Ministre de la guerre une lettre flatteuse, dans laquelle le mandataire du roi lui annonçait qu'une pension de retraite était accordée à ses éminents services.

Le brave général fut traduit devant un Conseil de guerre.

Son acte d'accusation reposait sur des suspicions politiques sans im

portance; mais en ce moment de représailles, ces suspicions prenaient un dangereux caractère de gravité. « D'ailleurs, disait alors le fou<«<gueux Clermont-Tonnerre, tous les anciens serviteurs de l'Ogre de « Corse doivent disparaître de la terre où poussent les lys de la divine << royauté ! »>

Travot récusa comme juge le président du Conseil de guerre. « Il a <«< combattu les soldats de sa patrie dans le camp des émigrés, s'écria« t-il; par conséquent, il doit être mon ennemi personnel ! »

Le Conseil, après mûre délibération, passa outre et les débats continuèrent.

Si l'on considère le principal délit reproché au général, les autres étaient complètement illusoires. Que conclure, en effet, d'une semblable accusation, que nous extrayons des termes mêmes du réquisitoire? « La « modération de Travot ne fut point une des armes les moins redou«<tables entre ses mains; la clémence, elle-même, fut un de ses moyens « de succès. >>

N'est-ce pas une étrange aberration de l'esprit, que celle qui permet à des hommes sérieux de faire un crime à un de leurs semblables des sentiments d'humanité qui règnent dans son cœur.

Mais les passions politiques sont sans pitié; la Restauration fut aussi implacable dans ses représailles que la Révolution de 93, et ce n'est pas sans raison que les séides du droit divin avaient surnommé Louis XVIÌI : le Jacobin du Royalisme, parce que le roi, plus prudent, sinon meilleur que ses partisans, répugnait à se prêter à toutes les vengeances de la Camarilla et de l'OEil-de-Bœuf.

Malgré ses réponses franches et dignes, malgré les efforts de ses défenseurs, le général Travot fut condamné à mort par le Conseil de guerre.

Il se pourvut en révision contre l'arrêt qui le frappait de la peine des traîtres, lui, la loyauté et l'honneur par excellence.

La sentence des premiers juges fut confirmée.

Au moment de l'exécution capitale, Louis XVIII, poussé sans doute par un remords de conscience, commua la peine du général en vingt années de prison; mais le protégé des Anglais crut devoir, par respect pour les chefs de la répression royaliste, formuler ainsi le considérant de ses lettres de grâce: « Nous avons reconnu que certaines considéra« tions provoquent notre indulgence.... »

Le général fut enfermé au château de Ham, où Mme la baronne Travot, l'entourant de l'affection la plus vive, essaya d'adoucir les ennuis de sa captivité.

Mais le brave soldat, qui avait courageusement exposé sa vie sur les champs de bataile, ne put supporter l'idée d'être privé, pendant vingt années, de cette liberté si chère à l'homme de bien.

Sa raison s'altéra; et les efforts de la science, les consolations d'une tendre épouse, ne purent arrêter les désastres de la maladie. Quelques mois plus tard, le général était complètement aliéné.

Me la baronne Travot, espérant que le retour à la liberté rendrait au pauvre captif les lueurs de son intelligence, fit le voyage de Paris, et, par l'intermédiaire du duc d'Angoulême, prince aussi bon que Louis XVIII était cruel, elle obtint la grâce de son époux.

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