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Molain, Chaussenans, Vaux, le Recept, Plasne, Miéry, Darbonay, Monay, Fangy et autres lieux, ne réservant à ses officiers que les exécutions à mort des coupables condamnés par le prieur, et déclara, en même temps, que les hommes du prieuré seraient, à l'avenir, quittes de quises, prises, garnisons et munitions de château, bourgs et villes, d'ost et de chevauchée, etc. Cette princesse voulut que le pricuré demeurât << en chef ou en membres en sa garde, ressort et souveraineté, à cause de son châtel de Poligny, » et que tous ses gardiens, lieutenants, baillis, capitaines, prévôts, maires et sergents, jurassent l'un après l'autre, au moment de leur entrée en fonctions, entre les mains du prieur, de maintenir les privilèges de son couvent.

Le monastère de Vaux fut en état, dès le second siècle de sa fondation, d'envoyer des colonies religieuses pour former de nouveaux établissements, tels que les prieurés de Montrond et de Frontenay. Il jouissait d'une telle considération dans Cluny, que Pierre II, abbé général de cet ordre, ordonna, en 1322, qu'il y aurait toujours seize religieux, qu'on y célébrerait chaque jour deux messes à haute voix, que l'on y ferait aussi chaque jour une aumône à tous les pauvres, à heure fixe, et qu'avant la distribution on sonnerait la cloche comme on le faisait à Cluny. Ce nombre de religieux était encore le même en 1424; ils étaient presque tous gentilshommes, comme à Saint-Claude, Baume et Gigny. Les maisons de Bressey, de Comard, de Clairon, de Vaudrey, de Vaugrenans, de Vaugrigneuse, de Le Bois, de Choux, de Scey, de Visemal, de Brognon, de Grozon, de Valefin, de Chissey, de Mouchet, de l'Aubespin et d'autres familles distinguées dans la noblesse, ont fourni des moines au monastère de Vaux. Il y avait plusieurs offices claustraux auxquels étaient attachés des revenus particuliers; les principaux étaient ceux de doyen, de chantre, de sacristain, de curé de Vaux et de prieur de Montrond. Les offices subalternes étaient ceux de cuisinier, de valet du cuisinier et de barbier. Le doyen était l'officier du prieur et le juge né des sujets du prieuré. Cet office a été uni à la dignité de prieur par bulle du pape en 1502. Le sacristain était le patron de la plupart des cures dépendantes du prieuré. L'office de sacristain avait déjà des droits, des charges et des revenus particuliers avant l'année 1250. Il serait difficile de trouver de plus anciennes preuves d'un office régulier de cette espèce érigé en titre. Les offices de chantre et de prieur de Montrond ont été réunis après la réforme à la mense commune des religieux. Plusieurs profès de cette maison lui ont fait honneur par leurs talents et leurs dignités, particulièrement Pierre et Pierre Choux, oncle et neveu, Jean Doroz, évêque de Lausanne, et Antoine de Roche. Les prieurs ont tenu un rang considérable dans l'ordre de Cluny; ils étaient presque toujours élus définiteurs ou visiteurs dans les chapitres généraux. La nomination des prieurs appartenait aux abbés de Cluny, qui les élisaient en chapitre général. Dans l'origine, le prieuré de Vaux fut une abbaye. Warnier en fut le premier abbé; il vivait en 1031, suivant une charte dans laquelle il est nommé avec cette qualité.

On ne connaît pas ses successeurs dans le premier siècle de la fondation, les titres de ce temps-là n'en faisant pas mention; on trouve seulement les noms des SS.-Odilon et Hugues, abbés de Cluny, ce qui fait présumer que ces SS. abbés étaient les supérieurs immédiats, qu'ils

avaient plein pouvoir pour gouverner le prieuré par eux-mêmes, par un vicaire ou un prieur claustral, et que c'est sous le régime de SaintHugues qu'il perdit son titre d'abbaye.

Narduin, dit Jorès, est le premier que l'on trouve avec le titre de prieur, déjà avant l'année 1115. L'abbé de Cluny avait obtenu du SaintSiége, dès l'année 1100, le pouvoir de faire régir les abbayes de son ordre par des prieurs claustraux. Ce premier prieur connu obtint du pape Calixte II, la confirmation des donations faites à son monastère par Otton ler, trisaïeul de ce pontife, et acquit, à titre d'engagère, pour 40 marcs d'argent, la terre de Blandans, de l'archevêque Améric.

En 1444, Bernard fut élu prieur, suivant une bulle du pape Luce II du nom. Thiébaud Ir obtint de l'impératrice Béatrix, en 1183, des dons et un accroissement de privilèges pour son monastère.

H paraît que le prieur Dalmace, qui succéda, était de la même maison que Saint-Hugues, sixième abbé de Cluny, fils du comte Dalmace. Thiébaud II succéda au prieur Dalmace. Marguerite de Blois le chargea, lui et ses religieux, d'un anniversaire solennel pour le comte Otton, son mari, en 1202; ce service, suivant quelques savants, est un des plus anciens de cette espèce qui ait été fondé dans le diocèse de Besançon. Puis viennent les prieurs :

Hugues, de 1255 à 1260; Guillaume II, de 1261 à 1280; Géofroi, en 1282; Guy ou Widon Ier, de 1285 à 1294, qualifié chambrier d'Allemagne et de Lorraine; Beraud ou Barait, en 1305; Guillaume III, de Vaugrigneuse, en 1308; Gérard Ier, surnommé Bernard, en 1342, suivant un acte d'Hugues de Vaudrey, religieux de Vaux, prieur de Montrond; Guillaume IV, de La Roche, en 1355, de la maison de ce nom, au comté de Bourgogne, dont était le cardinal Androuin de La Roche, abbé de Cluny dans le même temps; Ville, en 1361; Aimé, dit le Bois d'Allay, de 1362 à 1368; Jean ler, Favernier, en 1390; Gérard II, Le Bois, en 1391; Guy de Grozon, IIe du nom, en 1403; Antoine de Mamiral, de 1404 à 1424, il était de la maison de Chissey-Vannoz, qui possédait alors la terre de Mamirales.

La nomination des prieurs, comme nous l'avons dit, appartenait aux abbés de Cluny, mais ce droit fut violé en 1428. Pierre de Pretin avait été élu en 1427 et avait déjà fait un traité le 22 mars 1428, avec ses religieux, pour réduire le nombre des prébendes à douze et régler la division des menses, lorsque Jean Chevrot, de Poligny, évêque de Tournay, obtint du pape ce bénéfice à titre de commande, par le crédit du duc Philippe-le-Bon dont il était le conseiller. Pierre de Pretin se sentant trop faible pour lutter, donna sa démission et reprit humblement son rang parmi les simples moines.

Pierre Choux, Ile du nom, chanoine et chantre en l'église métropoJitaine de Besançon, chancelier de la cathédrale de Tournay, prieur commendataire de 1458 à 1469, reçut le bail à cens qu'il fit d'une contrée du territoire de Miéry, pour y établir le domaine appelé Moussard

Pierre Choux, IIIe du nom, bachelier en décret, neveu du précédent, simple religieux profès du monastère de Vaux, devint prieur de 1471 jusqu'en 1516, dans des temps difficiles. Son monastère fut brûlé et ruiné et le pays désolé durant les guerres de Louis XI, et ses domaines réduits en solitudes. Il rétablit le prieuré aussi bien que les temps le

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permirent et y fit unir l'office claustral de doyen, par le pape Alexandre, en 1502.

Pierre Choux, IVe du nom, neveu du précédent, fut prieur pendant 65 ans. On voyait encore, avant la démolition du prieuré, son tombeau et celui de son oncle, au milieu de la nef, sur lesquels ils étaient représentés de grandeur naturelle et en bas-relief, vêtus à la manière des anciens bénédictins. L'administration de Pierre Choux fut déplorable. Par un traité qu'il passa avec les officiers municipaux de Poligny, il eut la faiblesse de consentir à ce que les droits d'usage que possédait sa maison dans les bois de Poligny fussent réduits à l'avenir dans la faculté de prendre du bois pour le service des religieux et de faire un fourneau de cent queues de chaux, chaque fois qu'un accident nécessiterait des réparations aux cloîtres, aux granges et à l'église du prieuré. Ce traité devint plus tard une cause de procès interminables.

Jean Doroz, de Poligny, fut comme les onze prieurs, ses prédécesseurs immédiats, religieux profès de Vaux, vicaire général de l'ordre de Cluny, professeur en droit-canon, évêque de Nicopolis et ensuite de Lausanne; il posséda ce prieuré de 1582 à 1607.

Philippe de Poupet, dit de La Baume, fils de Louis de La Baume, comte de Saint-Amour, prieur commendataire de 1607 jusqu'en 1622, fut nommé à cette époque abbé de Luxeuil. Il fut abreuvé d'ennuis par ses religieux et eut à soutenir à l'occasion de leurs prébendes des discussions très-vives. Philibert Monnin et Jean Froissard, chanoines de l'église collégiale de Poligny, Jean Chapuis, docteur en droit, Maire, et Oudot Regnauldot, échevin de cette ville, parvinrent enfin à faire accepter leur médiation et rendirent, le 7 décembre 1619, une sentence qui procura pour quelque temps un calme apparent. D'après cette sentence, le nombre des prébendes fut fixé à dix. (A suivre).

PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.

Résultats d'expériences sur le GUI (viscum album L.), PAR M. B. GASPArd, docteur-médecin,

CORRESPONDANt de la société impériale et centrale d'agriculture

ET DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE DE PARIS, DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES ET ARTS DE POLIGNY..

Planto eadem propè modo, qua infantes in utero, vita participant. ARISTOT. Moral. Eud. I. 5.

La nutrition est la fonction physiologique qui complète toutes les autres. Les aliments ne sont ingérés, insalivés, digérés, absorbés, soumis à la respiration, transportés dans toute l'économie par la circulation, dépurés ou modifiés par les sécrétions, que pour être enfin assimilés au sang et aux organes. Dès lors, tout ce qui peut élucider celle fonction doit être recueilli dans l'intérêt de la physiologic animale et végétale, de l'agriculture, de l'élève et de l'engraissement des animaux.

Or, la vie parasitique du Gui, qui croit sur un grand nombre d'arbres très-divers, m'ayant paru susceptible de fournir des lumières sur cette importante fonction, j'en ai fait l'objet de nombreuses recherches. Je me suis principalement proposé de constater si cet arbuste vit comme indépendant de ses nourriciers, ou s'il présente des différences sensibles, corrélatives avec celle des arbres dont il tire sa nourriture, et qui diffèrent entr'eux sous tant de rapports. En effet, j'ai recueilli le Gui sur 34 espèces d'arbres, appartenant à beaucoup de familles très-diverses et énoncés dans la liste suivante, selon l'ordre de fréquence où le végétal parasite y a été trouvé :

Pommier, poirier, tilleul, épine blanche ou aubepin, épine noire ou prunellier, tremble, saule commun, bouleau, prunier, peuplier suisse ou de Virginie, érable commun, marronnier d'Inde, gui, peuplier de Caroline, églantier, pêcher, acacia ou robinier, sorbier domestique, noisetier, néflier, sapin, érable sycomore, peuplier d'Italie, sorbier des oiseleurs, saule-marsaulx, saule-vorte ou aquatique, frêne, griottier (cerisier acide), aulne ou verne, charmille et chêne.

J'ajouterai à cette liste : 1° le lilas et le laurier-rose, sur lesquels j'ai obtenu le Gui par suite de semis artificiel; 2° le nerprun et le sureau, où deux personnes tout-à-fait dignes de foi m'ont assuré en avoir vu.

On lit aussi dans divers livres qu'on l'a constaté sur l'amandier, le buis, le châtaignier, le coignassier, l'épicéa, le genevrier, le groseillier, le hêtre, le mélèze, (le rosier commun), le noyer, l'olivier, l'orme, l'oxicèdre, le pin, le pistachier, le rosier, le térébinthe, la vigne et l'yeuse.

Je suis bien éloigné de nier ces dernières observations; je me contenterai seulement de dire, à leur occasion, que j'ai semé le Gui, par centaines de baies, sans aucun succès, sur le cassis, la charmille, le chêne, le coignassier, le houx, le nerprun, le noyer et la vigne, tandis que sur le poirier ou le pommier, à peine une baie sur douze manquait de produire une tige parasite.

Quoi qu'il en soit, voici les résultats que j'ai obtenus, concernant le problème que je m'étais proposé à résoudre :

D'une part:

1° Puisque le Gui se rencontre sur un très-grand nombre d'arbres, différents cependant beaucoup par leur sucs et par leur mode de végétation;

2° Puisqu'il présente à peu près la même couleur, la même odeur et la même saveur, malgré les qualités très-variées des sujets qui le nourrissent;

3o Puisqu'il fleurit et entre en végétation à la même époque sur les arbres précoces et sur les arbres tardifs;

4° Puisqu'il conserve, quoi qu'en dise Théophraste (1), ses feuilles en hiver, sur les arbres qui perdent alors les leurs, comme sur ceux qui ne les perdent pas;

5o Puisqu'il ne suce pas la matière colorante du nourricier;

6o Puisque ses macérations ou ses décoctions fermentent, moisissent et s'altèrent de la même manière, quel que soit l'arbre dont il pro

(1) Caus. plantar. 11, cap. 23.

vienne;

7° Puisqu'il ne fournit pas évidemment plus d'acide gallique, de gomme ou de résine, sur les arbres les plus astringents, les plus gommeux et les plus résineux ;

8° Puisqu'il donne également, sans distinction, les mêmes proportions de gélatine et d'albumine, avec les mêmes indices douteux d'amidon ; 9° Puisque le tannin, qui abonde dans presque tous les arbres, n'existe dans le Gui d'aucun;

10° Puisque, au contraire, cette plante parasite contient une grande quantité de soufre, quoique ses sujets nourriciers n'en contiennent point;

14° Puisque le Gui de marronnier-d'Inde ne répand point d'odeur d'ammoniaque, au commencement de sa combustion, tandis que l'écorce de son arbre en exhale si fort;

12° Puisqu'enfin le Gui du laurier-rose n'a point une saveur âcre et caustique, et ne paraît pas plus vénéneux que celui des autres sujets; Je conclus que cette plante parasite ne participe pas en général des propriétés de l'arbre qui la porte; que c'est un arbuste d'une vie indépendante; et qu'à supposer qu'il ait des vertus médicinales, il est inutile de choisir par préférence celui du chêne.

D'autre part:

1. Puisque le Gui végète beaucoup mieux et plus fréquemment sur certains arbres que sur d'autres;

2o Puisque sa force végétative est constamment en rapport avec celle de son sujet nourricier;

3. Puisque celui des bois difficiles à incinérer l'est de même ;

4° Puisqu'il fournit une proportion variable de cendres, selon que l'arbre qui le porte est riche ou pauvre en produits d'incinération;

5o Puisque les cendres de cette plante parasite sont colorées par l'oxyde de manganèse, quand celles du sujet le sont elles-mêmes, et réciproquement;

6o Puisque le Gui de certains arbres contient constamment beaucoup plus de glu que celui de certains autres;

7° Puisque celui de prunier, d'épine noire et de bouleau offre toujours un aspect un peu plus jaunâtre qui contraste avec l'aspect toujours pâle et blanchâtre du Gui de néflier et d'aubépin;

8° Puisque celui du pécher présente, dans ses feuilles et son écorce, des taches ou granulations rougeâtres très-constantes, comme l'arbre lui-même ;

9° Puisque celui du sapin, desséché et pulvérisé, répand une odeur de poix, se conserve sans se couvrir de moisissures, et paraît fournir, aussi bien que celui de bouleau, un peu plus de résine que les autres; Je conclus aussi que cet arbuste n'est pas entièrement indépendant, et qu'il participe un peu des propriétés des arbres qui le nourrissent. Ces conclusions, en apparence contradictoires, sont cependant conformes à celles qu'on tire des faits relatifs à la nutrition des animaux et des végétaux. Elles sont encore plus spécialement conformes à celles qui ont rapport à la vie des greffes végétales et du foetus dans la matrice. Aussi bien, ce dernier est un vrai Gui animal qui vit aux dépens de sa mère, et le Gui lui-même n'est qu'une espèce de greffe enracinée, qui a

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