Connaître, aimer, vouloir, ne sont pour notre faiblesse trois notions distinctes, que parce qu'il se produit dans notre cerveau un effet analogue à la réfraction de la lumière dans le prisme. On a vu quelquefois confondre la liberté avec l'indifférence dans le choix des motifs qui nous font agir. Descartes réfute admirablement cette erreur Cette indifférence, » dit-il, dans ses Méditations, « fait plutôt paraître un défaut dans « la connaissance qu'une perfection dans la vo : 66 lonté, car, si je connaissais toujours claire«ment ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel juge - ment et quel choix je devrais faire; et ainsi je serais entièrement libre, sans jamais être indifférent.. NOTE 35. Page 60. La corrélation exacte du langage et de la liberté chez les individus et chez les peuples est facile à saisir. L'enfant bégaie, le vieillard mâchonne. L'un n'est pas encore libre, l'autre a cessé de l'être. De même à mesure que les sociétés arrivent, par la civilisation, à un degré supérieur de liberté morale, les langues se développent, s'épurent, s'affranchissent. La plus harmonieuse langue que les hommes aient jamais parlée, la langue grecque, a servi d'organe au peuple le plus libre, et quand les Romains eurent asservi la Grèce, la langue ne tarda pas à dégénérer. « Le génie de chaque langue, dit M. de Maistre, se meut comme un animal pour trouver de tout côté ce qui lui con 46 NOTE 36. — Page 61. La Bruyère entrait dans le sentiment de cette vérité lorsqu'il a dit : La vie des héros a enrichi l'histoire, et l'histoire a embelli les actions des héros : ainsi je ne sais qui sont plus redevables, ou ceux qui ont écrit l'histoire à ceux qui leur en ont fourni une si noble matière, ou ces grands hommes à leurs historiens. " J'entends ici l'harmonie vivante fondée sur la justice vraie, et non pas ce qu'on appelle bien improprement, dans le langage officiel, l'ordre public, chose morte où la jouissance égoïste de quelques-uns est fondée sur la compression et l'inanition du plus grand nombre. 66 Par une heureuse nécessité, l'intérêt de chaque individu ne saurait jamais être véritablement séparé de l'intérêt des autres hommes; les efforts qu'il peut vouloir tenter pour cela sont des actes d'hostilité générale qui retombent inévitablement tôt ou tard sur leurs auteurs. » CABANIS. NOTE 39. Page 61. Le tyran n'est ni plus libre, ni plus heureux que l'esclave, car l'égoïsme bâtit autour de l'âme humaine des murailles impénétrables aux rayons de la béatitude. 66 Sous le titre d'éducation morale il faut comprendre l'ensemble des moyens qui peuvent agir et sur l'esprit et sur le caractère de l'homme depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Car l'homme environné d'objets qui font sans cesse sur lui de nouvelles impressions, ne discontinue pas un seul instant son éducation. » 46 Nul n'est tenu, selon le droit de nature, de vivre au gré d'un autre, mais chacun est le pro tecteur-né de sa propre liberté. SPINOZA. Théol. pol. NOTE 43. Page 77. On conçoit aisément qu'une vie collective, fondée sur des notions imparfaites, sources de mille préjugés, ait rendu d'immenses sacrifices individuels nécessaires au bien général; mais il est déjà possible d'entrevoir des temps où la légalité sociale se mettant d'accord avec l'équité naturelle, la justice, comprise et voulue par tous, rendra les vertus de renoncement à peu près superflues. 66 Il faut être bon, mais avant tout il faut être juste. » SÉNANCOUR. NOTE 45. Page 79. Il faut de toute nécessité qu'il (l'homme) soit à lui-même le premier objet de sa sollici |