La philosophie de Maine de Biran: essai suivi de fragments inédits

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Librairie Germer Baillière, 1876 - 519 pages
 

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Popular passages

Page 75 - De quoi dépend donc l'état de mon âme ? D'où viennent ces sentiments confus, tumultueux au travers desquels je ne me connais plus? Je fuis l'agitation, et sans cesse elle se reproduit en moi malgré mes efforts; ma volonté n'exerce aucun pouvoir sur mon état moral ; elle approuve ou elle blâme, elle adopte ou elle rejette; elle se complaît ou elle se déplaît; elle se livre ou elle fuit tels ou tels sentiments donnés, mais jamais elle ne les procure, jamais elle ne les écarte. Qu'est-ce...
Page xlix - ... syllogisme, mais comme Une chose connue de soi ; il la voit par une simple inspection de l'esprit, comme il paraît de ce que, s'il la déduisait d'un syllogisme, il aurait dû auparavant connaître cette majeure : tout ce qui pense, est ou existe. Mais, au contraire, elle lui est enseignée de ce qu'il sent en lui-même qu'il ne se peut pas faire qu'il pense, s'il n'existe.
Page xxxiv - Dès que la faculté de croire s'exerce, l'axiome dont il s'agit a toute sa force et son caractère de primauté. Nul mode n'est conçu, nul phénomène ou mouvement ou action n'est représenté à l'imagination ou aux sens sans être rapporté, soit à une substance, soit à une cause qui est censée ou crue nécessairement exister avant comme après. En suivant le procédé de la connaissance, on établit comme axiome également nécessaire qu'avant d'avoir ou pour avoir la croyance d'un absolu...
Page liii - Il ne faut donc pas dire que nous formons les propositions universelles (qui emportent avec elles un caractère de nécessité absolue) de la connaissance des particulières, mais au contraire que nous n'ajoutons le caractère universel à des propositions individuelles ou particulières qu'autant que cet universel est donné indépendamment d'elles, en vertu d'un principe antérieur de croyance inhérent à notre nature. Sans doute, je n'acquiers la connaissance du principe qu'autant que je pense...
Page xxxii - Si quelque chose d'absolu ne nous était pas donné primitivement et nécessairement, comme objet de croyance, il n'y aurait pas de connaissance relative, c'est-à-dire que nous ne connaîtrions rien du tout. Le relatif suppose un absolu préexistant, mais, comme cet absolu cesse d'être tel et prend nécessairement le caractère de relatif dès que nous venons à le connaître, il implique contradiction de dire que nous ayons quelque connaissance positive ou idée de l'absolu., quoique nous ne puissions...
Page 138 - Ce point de vue, il faut en convenir, ne peut se concilier avec la manière ordinaire d'entendre et de définir le moral de l'homme, considéré dans ses rapports avec le physique. Le moral, selon nous, réside tout entier dans la partie active et libre de l'homme. Tout ce qui est passif en lui, tout ce qui tient immédiatement à l'organisme , tout ce qui s'y rapporte comme à son siège local, ou vient de sa force aveugle, fatale, nécessaire , appartient au physique de l'homme. Des affections...
Page xx - ... dans une résistance. ou inertie absolue aussi nécessaire d'une autre substance que nous appelons corps. Nous croyons à ces deux existences, nous sommes certains qu'elles restent, qu'elles durent, quand tout effort, toute résistance s'évanouit avec le moi, quoique nous n'ayons aucune idée de cet absolu, hors du sentiment ou de la connaissance présente. Par suite, l'identité, la permanence 'de notre moi ou le sentiment de notre identité ou individualité constante, a son principe...
Page xlix - ... syllogisme, il aurait dû auparavant connaître cette majeure : Tout ce qui pense est, ou existe; mais au contraire elle lui est enseignée de ce qu'il sent en lui-même qu'il ne se peut pas faire qu'il pense, s'il n'existe. Car c'est le propre de notre esprit de former les propositions générales de la connaissance des particulières.
Page 81 - ... mouvement. Il prouve , de plus , que ce même sentiment du mouvement tient à celui de la volonté qui l'exécute ou qui s'efforce de l'exécuter ; qu'il n'existe véritablement que par elle ; qu'en conséquence l'impression ou la conscience du moi senti , du moi reconnu distinct des autres existences, ne peut s'acquérir que par la conscience d'un effort voulu ; qu'en un mot , le moi réside exclusivement dans la volonté.
Page ix - ... comme de toute intuition rapportée à quelque lieu de l'espace, pour ne concevoir que l'effort primitif et l'inertie musculaire qui sont les deux éléments corrélatifs et essentiellement indivisibles : la résistance musculaire à laquelle l'effort s'applique est déjà dans un espace, où le moi aperçoit immédiatement la contraction, ou le mouvement, comme un effet, dont il est la cause.

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