envoyant un Dieu Sauveur. Il peint en→ fuite l'établiffement de l'Eglife & la propagation de la Foi. Il y a dans ce morceau des coups de maître, qui ont mérité l'éloge des plus célebres Poëtes de nos jours. Aux Humains, qu'entraînoit leur pente déréglée, airs, Et foutient la barriere où fe brifent les mers. C'étoit peu que lui-même annonçât fon effence: Son bras, aux yeux des Juifs, confirma fa puiffance. Il ont vu la Nature attentive à fes loix, En lui de fon Auteur reconnoître la voix, Le Soleil par fon ordre interrompre fa course, Les prodiges divers qu'il produit chaque jour, cœur. Ainfi des Nations triomphent les preftiges. Grand Dieu! de ta juftice il n'eft plus de veftiges. Qu'attends-tu pour punir ces forfaits éclatans? Leur cri jufqu'à ton Trône eft monté dès longtemps. Dans un trop long fommeil ta juftice repofe. Leve-toi, Dieu vengeur, & viens juger ta caufe. De ton glaive enflammé fais fortir ces éclairs ¦Qui pénetrent les Cieux & percent les Enfers. Prens ces traits préparés pour le jour de la guerre: Sur les aîles des vents fais voler ton tonnerre, Et qu'un noir tourbillon, dans les airs déployé, Difperfe les débris du monde foudroyé. Mais, grand Dieu! pour jamais perdras-tu ton ouvrage ? Non: tu dois dans nos cœurs réparer ton image. Hélas! quand viendra donc l'inftant, l'heureux inftant, Où naîtra le Sauveur que l'Univers attend ! Lévent le voile obfcur qui couvroit lesProphetes! Quel étonnant projet à leurs foins eft commis? En vain, pour renverfer ce merveilleux ouvrage, Et répand un éclat plus brillant & plus pur. Les fiecles un inftant, l'Univers un atôme, Sur le Jugement dernier. Un point auffi effentiel de la Foi Chrétienne, que celui du Jugement dernier a paru digne aux Poëtes d'être revêtu des couleurs de la Poéfie. Lorfqu'ils ont travaillé à nous en faire la peinture, on doit croire qu'ils ont eu pour but de jetter un falutaire effroi dans le cœur des Chrétiens, & de leur donner lieu de penfer à un évé nement qui fera la décision de leur bonheur ou de leur malheur éternel. On fait que les Prophétes appellent ce jour, le jour de colere & de vengeance, & qu'ils employent pour le dépeindre les expreffions les plus fortes & les plus capables d'infpirer la terreur (a). La peinture qu'en ont fait plufieurs Poëtes, eft affez vive pour frapper les efprits, fil'on veut y faire attention. Déja je crois le voir, j'en frémis par avance, Ce jour de châtiment comme de récompense. Déja j'entends des Mers mugir les flots troublés Déja je vois pâlir les Aftres ébranlés. Viento. Le feu vengeur s'allume, & le fon des trompettes Va réveiller les Morts dans leurs fombres retraites. Ce jour eft le dernier des jours de l'Univers. Dieu cite devant lui tous les Peuples, divers; Et pour en féparer les Saints, fon héritage, De fa Religion vient confommer l'ouvrage. (a) Juxtà eft dies Domini magnus... Vox dici Domini amara... Dies tribulationis & anguftia..... In igne zeli ejus devorabitur omnis Terra. Sophon. I... Antequam veniat dies Domini magnus & horribilis. Joël. 2... Ecce dies venit fuccenfa quafi caminus, & erunt omnes fuperbi & omnes facientes impietatem, stipula. Malac. 4. |