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DE L'UNIVERSITÉ.

DEVOIRS

DONNÉS AUX ÉLÈVES
DES COLLEGES

DE PARIS ET DE VERSAILLES,

TEXTES ET CORRIGÉS,

SUIVIS DE QUELQUES DEVOIRS D'ÉLÈVES,

PUBLIÉS PAR M. FRÉDÉRIC PRIEUR,
PROFESSEUR AU COLLEGE ROYAL DE

ANNÉE 1827.

CHARLEMAGNE.

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DE L'IMPRIMERIE DE JULES DELALAIN ET CH,
LIBRAIRES-ÉDITEURS, rue des Mathurins-St-Jacques, n° 5.

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Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois.

Tous les Exemplaires sont revétus de notre griffe.

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DE L'UNIVERSITÉ.

ANNÉE 1827.

RHÉTORIQUE.

DISCOURS LATIN *.

MATIÈRE.

ORATIO SEXTI POMPEII IN COLLOQUIO CUM ANTONIO ET OCTAVIANO TRIUMVIRIS.

DICET non ideo se coram in hanc insulam venisse, ut ab iis in Lepidi locum sufficeretur; neque tot ac tanta per novem annos fecisse ac passum esse, vel in Hispania, vel toto passim mari, ut conscius nunc publicæ servitutis esset.

Debere id se parentis fratrisque memoriæ, ut consulibus et curiæ imperium, legibus vim, Pompeïanis omnibus patriam redderet.

Nescire autem quid sibi velit ista orbis terrarum inter duos tresve partitio, neque ob tale regnum suos pugnasse aut cecidisse.

Si quid tamen novi atque inusitati pax ipsa

* Premier prix. Vétérans. Mitantier (Bernard - Félix), de Troyes (Aube), élève du collége Sainte-Barbe. Premier prix Nouveaux. Jauffret (Marie-Ange-Philippe-Jean-Joseph-Anatole), de Paris (Seine), élève du collége Charlemagne. Deuxième prix. Nouveaux. Nisard (Marie-Auguste ), de Châtillon-surSeine (Côte-d'Or), élève du collège Sainte-Barbe.

Concours 1827.

1

postularet, obtinere se Siciliam æquum esse, et Corsicam et Sardiniam, loca victoriis suis perlustrata, et Græciam post calamitates libertate dignam.

Has enim provincias proconsulari imperio habiturum, non ut regnaret, sed ut, donec summa rerum integraretur, aliquod saltem proscriptis perfugium esset.

CORRIGÉ.

ORATIO SEXTI POMPEII (1) IN COLLOQUIO CUM ANTONIO ET OCTAVIANO TRIUMVIRIS.

Quis ad vos processerim jam plane antea scitis, nec vos quidem in hanc insulam me coram venisse arbitramini, ut ingens illud Reipublicæ munus quo indignum jure ac merito Lepidum ejecistis, a vobis non dico postularem, sed acciperem. Longe mihi alia mens est, quum patriæ res afflictas temporumque difficultates

(1) Cet héritier d'un nom si grand et si malheureux, après avoir été condamné parmi les auteurs de la mort de César, quoiqu'on ne pût même le soupçonner d'avoir participé au complot ( car il était alors en Espagne), avait été mis sur la liste des proscrits. Il appela de cette injustice à son épée, et, profitant du titre de commandant général des mers, qui lui avait été donné dans un intervalle où le sénat pouvait quelque chose dans la république, il assembla autant de vaisseaux qu'il lui fut possible, et reçut sans distinction tous ceux qu'il trouva disposés à le servir. Pirates, esclaves, brigands, tous furent bien venus auprès de lui. Les citoyens des villes d'Italie, qui devaient être sacrifiés pour la récompense des légions des triumvirs, accoururent en foule se ranger autour de celui qu'ils regardaient comme un vengeur. Bientôt il se trouva assez puissant non-seulement pour tenir la mer de Toscane, piller, faire des courses, enlever des vaisseaux dans les ports de l'Italie. mais encore pour s'emparer de la Sicile, de la Sardaigne et de la

considero et, absit verbis invidia, quod de me loqui cogor, quum his annis plerique eorum qui exercitibus præfuerunt, patriam certatim dilaceraverint, aut ut sese instantibus usque belli aut proscriptionum periculis

Corse. Tout cela mit Sextus en état de devenir l'asyle le plus favorable aux proscrits. Il s'y employa avec zèle et générosité, il fit afficher dans Rome et dans toutes les grandes villes d'Italie des placards, par lesquels il promettait à ceux qui sauveraient un proscrit, le double de la somme que donnaient les triumvirs pour chaque têté qui leur était apportée. Il distribua des barques légères et ses vaisseaux le long des côtes, pour avertir par des signaux les malheureux qui se cachaient, et pour recevoir ceux qui pouvaient aborder. Lorsque quelqu'un des proscrits était arrivé auprès de lui, il l'accueillait gracieusement; il lui fournissait des habits et tout ce qui pouvait lui être nécessaire, et il donnait à ceux qui en étaient capables des commandements dans ses légions ou sur sa flotte. Maître de toute l'étendue de mer entre l'Italie et l'Afrique, commandant d'une flotte aguerrie et dévouée, recherché par Antoine, craint d'Octavien, il jouait alors un très-beau rôle. Il en conçut un orgueil extrême, jusqu'à se faire appeler le fils de Neptune, comme renouvelant la gloire navale de son père et possédant l'empire héréditaire des mers. Cependant il devait son élévation aux circonstances et n'avait pas, à beaucoup près, toutes les qualités nécessaires pour en tirer un fruit solide et durable. Velléius nous le dépeint brave de sa personne, actif et ardent, d'une imagination vive et prompte, fidèle à ses engagements, mais esprit grossier, et dont la barbarie se faisait sentir même dans son langage: se laissant gouverner par des valets, et, pour me servir des termes de l'historien, l'affranchi de ses affranchis, et l'esclave de ses esclaves.

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Cependant ses escadres répandues le long des côtes faisaient souffrir à Rome et à toute l'Italie une disette cruelle. Comme il était maître de la mer et des îles, il interrompait le commerce et interceptait tous les convois qui auraient pu venir d'Afrique. Le peuple Romain s'ameuta, et pressa les triumvirs de faire la paix avec Sextus. Il fallut bien qu'ils cédassent aux vœux du peuple. Sextus n'avait nulle inclination à la paix, et Ménas, son affranchi et son homme de confiance, qui commandait pour lui en Sardaigne

*

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