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doyen, qu'il appelle la première place après la fuprême, il fe juftifiait par l'exemple de tous fes prédéceffeurs, qui ont paffé incontes tablement devant les rois à toutes les cérémonies de Rome.

La cour de France et le parlement de Paris avaient des maximes entièrement diférentes. Le procureur général d'Aguesseau, depuis chancelier, l'accufa devant les chambres affemblées, qui rendirent contre lui un décret de prife de corps, et confifquèrent tous fes biens. I vécut à Rome honoré, quoique pauvre, et mourut victime du quiétifme qu'il méprifait, et de l'amitié qu'il avait noblement conciliée avec fon devoir.

Il ne faut pas omettre que, lorsqu'il se retira des Pays-Bas à Rome, on fembla craindre à la cour qu'il ne devînt pape. J'ai entre les mains la lettre du roi au cardinal de la Trimouille, du 26 mai 1710, dans laquelle il manifefte cette crainte. On peut tout " préfumer, dit-il, d'un fujet prévenu de " l'opinion qu'il ne dépend que de lui feul. "Il fuffira que la place dont le cardinal de » Bouillon eft présentement ébloui, lui paraisse

inférieure à fa naiffance et à fes talens: il "fe croira toute voie permise pour parvenir " à la première place de l'Eglife, lorfqu'il en ❞ aura contemplé la fplendeur de plus près.??

Ainfi en décrétant le cardinal de Bouillon, et en donnant ordre qu'on le mît dans les prifons de la conciergerie, fi on pouvait se faifir de lui, on craignit qu'il ne montât fur un trône qui eft regardé comme le premier de la terre par tous ceux de la religion catholique; et qu'alors, en s'uniffant avec les ennemis de Louis XIV, il ne fe vengeât encore plus que le prince Eugène; les armes de l'Eglife ne pouvant rien par elles-mêmes, mais pouvant alors beaucoup par celles d'Autriche.

CHAPITRE XXXIV.

Difputes fur les cérémonies chinoifes. Comment ces querelles contribuèrent à faire profcrire le chriftianifme à la Chine.

Ce n'était pas affez, pour l'inquiétude de notre efprit, que nous difputaffions au bout de dix fept cents ans fur des points de notre religion, il fallut encore que celle des Chinois entrât dans nos querelles. Cette dispute ne produifit pas de grands mouvemens; mais elle caractérifa, plus qu'aucune autre, cet efprit actif, contentieux et querelleur qui règne dans nos climats.

Le jéfuite Matthieu Ricci, fur la fin du dixfeptième siècle, avait été un des premiers

I n'v a point de pays au n religion chretienne ait été fi fort barrae, et defendue fi favamment gleterre. Depuis Heri VIII jufqu' on avait rute et combattu c ancienne espèce de gladiateurs q daient dans l'arene, un cimeter-e3 et un bandeau fur les yeux. Qudgy d. Jerences dans le culte et dans 1. avaient produit des guerres horr quand, depuis la redauration jus jours, on a attaqué tout le chr preique chaque année, ces difputes n' exelte le moindre trouble; on n'a it qu'avec la fience: autrefois c'etait a ier et la damme.

C`ed far-tout en philofophie que les A ent ete les maîtres des autres nations. s'agirait plus de fvitèmes ingénieux. Les.. des Grecs devaient diparaitre depuis. temps, et les tables des modernes ne dev jamais paraître. Le chancelier Bacon commence par dire qu'on devait intene nature d'une manière nouvelle, qu'il i faire des eve knæs : Zal paťla fa vic faire. Ce n'ež vas te le lieu d'une diffe phaque; 2 12 dice qu'après trois ans de vaines recherchs, Nuter elle mier qui de cookiest et démontre la gra

Chriftia

Chine.

miffionnaires de la Chine. Les Chinois étaient et font encore, en philofophie et en littérature, à peu près ce que nous étions il y a deux cents ans. Le refpect pour leurs anciens maîtres leur prefcrit des bornes qu'ils n'ofent paffer. Le progrès dans les fciences eft l'ouvrage du temps et de la hardieffe de l'esprit. Mais la morale et la police étant plus aifées à comprendre que les fciences, et s'étant perfectionnées chez eux quand les autres arts ne l'étaient pas encore, il eft arrivé que les Chinois, demeurés depuis plus de deux mille ans à tous les termes où ils étaient parvenus, font reftés médiocres dans les fciences, et le premier peuple de la terre dans la morale et dans la police, comme le plus ancien.

Après Ricci, beaucoup d'autres jéfuites nifme en pénétrèrent dans ce vafte empire; et, à la faveur des fciences de l'Europe, ils parvinrent à jeter fecrètement quelques femences de la religion chrétienne parmi les enfans du peuple, qu'ils inftruifirent comme ils purent. Des dominicains, qui partageaient la miffion, accusèrent les jéfuites de permettre l'idolâtrie en prêchant le chriftianisme. La question était délicate, ainfi que la conduite qu'il fallait tenir à la Chine.

Les lois et la tranquillité de ce grand empire font fondées fur le droit le plus naturel enfemble

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