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Au monde entier épuisé pour vous plaire.
O faux dévot, véritable mondain !
Connoiffez-vous ; & dans votre prochain
Ne blâmez pas ce que votre indolence
Souffre chez vous avec tant d'indulgence.
Sachez fur-tout que le luxe enrichit
Un grand État, s'il en perd un petit.
Cette fplendeur, cette pompe mondaine,
D'un règne heureux eft la marque certaine.
(Voltaire; Défenfe du Mondain.)

MAÇON.

Maçon enrichi.

De piqueur de moilons, gros Rentier devenu,

Midas, de jour en jour, accroît fon revenu.
Que fa fortune eft grande! Est-il rien qui l'égale?
Sans doute que, parmi ces pierres que jadis
On le vit piquer dans Paris,

Il trouva la philofophale. (Le Brun.)

MAGISTRAT.

Le Magiftrat regarde l'étude & le travail comme des foins obfcurs, qui ne conviennent qu'à des hommes qui ne font pas faits pour le monde. On voit fouvent de ces Magiftrats aimables, qui, dans les affaires d'éclat, font moins des Juges que des folliciteurs, qui recommandent à leurs Confreres les intérêts des gens connus.

MAGNANIMITÉ.

Porus à Epheftion.

(Duclos.)

Que verrois-je, & que pourrois-je apprendre, Qui m'abaiffe fi fort au-deffous d'Alexandre? Seroit-ce fans effort les Perfans fubjugués, Et vos bras tant de fois de meurtres fatigués ? Quelle gloire en effet d'accabler la foibleffe D'un Roi déja vaincu par fa propre molleffe; D'un peuple fans vigueur & prefque inanimé, Qui gémiffoit fous l'or dont il étoit armé ;

Et qui, tombant en foule, au-lieu de fe défendre, N'oppofoit que des morts au grand cœur d'Alexandre!

Les autres, éblouis de fes moindres exploits,
Sont venus à genoux lui demander des loix;
Et, leur crainte écoutant je ne fais quels oracles,
Ils n'ont pas cru qu'un Dieu pût trouver des obstacles;
Mais nous, qui d'un autre œil jugeons des Conquérants,
Nous favons que les Dieux ne font pas des tyrans;
Et, de quelque façon qu'un esclave le nomme,
Le fils de Jupiter paffe ici pour un homme :
Nous n'allons point de fleurs parfumer fon chemin ;
Il nous trouve par-tout les armes à la main.
Il voit, à chaque pas, arrêter fes conquêtes.
Un feul rocher ici lui coûte plus de têtes,
Plus de foins, plus d'affauts, & prefque plus de temps,
Que n'en coûte à fon bras l'Empire des Perfans.
Ennemis du repos qui perdit ces infâmes,

L'or qui naît fous nos pas, ne corrompt point nos âmes¿
La gloire eft le feul bien qui nous puiffe tenter,
Et le feul que mon cœur cherche à lui difputer.
(Racine; Alexandre, a&t. 2. fc. 2.)

Taxile à Porus.

Nous rendons ce qu'on doit aux illuftres exemples; Vous adorez des Dieux qui nous doivent leurs temples. Des Héros, qui chez vous paffoient pour des mortels, En venant parmi nous, ont trouvé des autels.

Mais en vain l'on prétend chez des peuples fi braves, Au lieu d'adorateurs, fe faire des efclaves.

Croyez-moi, quelque éclat qui les puiffe toucher, Ils refufent l'encens qu'on leur veut arracher. (Racine; Alexandr. alt. 2. fc. 2.)

MAIGREUR.

Femme maigre, qui faifoit coucher un chien

dans fon lit.

On ne fait à quoi Catin fonge,

D'avoir un chien près d'elle en prenant fon repos.

Elle

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(Bardou.)

Elle doit, n'ayant que les os,
Appréhender qu'il ne la ronge.

MAIN.

Belle Main.

Quand le bouchon d'une bouteille,
Sous vos beaux doigts, part fans effort
Vous charmez le Dieu de la treille ;
L'Amour eft jaloux de fon fort.
Ah! que ce font de fûres armes,
Pour mettre un Amant fous vos loix,
De joindre à des yeux pleins de charmes,
Des grâces jufqu'au bout des doigts !

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Je crois qu'elle n'eft pas moins bonne,
Cette main fi pleine d'attraits
Que la façon dont elle donne:
C'est ajoûter à fes bienfaits.
Pourriez-vous voir un miférable;
Languir & vous prier en vain ?
Non; vous êtes trop charitable
Pour ne lui pas prêter la main.

(L'Abbé de Lattaignant.】

MAINE.

Eloge de Madame la Ducheffe du Maine.

La Mere des Amours ne fauroit fe vanter
Que du vain titre d'être belle;
Et l'on ne vit jamais en elle

Ce favoir que par-tout vous faites éclater.
La beauté ne vous rend point vaine,
Et vous exercez fans rigueur
Votre puiffance fouveraine.
Belle Princeffe, aimable Reine,
Vous commandez avec douceur,
Et l'on vous obéit fans peine.
Tome II.

C

Près de vous, il n'eft point de rigoureux devoir
On ne fauroit jamais s'en plaindre.
En ufant de votre pouvoir,

Vous craignez de vous faire craindre.
(Danchet.)

MAISON.

Defcription de la maison d'un particulier

Mon bâtiment n'eft pas de ces hauts édifices
De rapines meublés, fondés en injuftices;
Où le luxe infolent met des pays en parcs,
Des fleuves en canaux, & des monts en remparts *
On n'y voit rien de tous ces artifices,
Qui fervent de matière aux bifarres délices.
Mais on y voit la médiocrité,

Prife au compas de l'exacte équité.

(Le P. le Moine.)

MAITRESSE.

Une Maitreffe eft Reine & une femme eft efclave.

Tant qu'ils ne font qu'Amans, nous fommes fouveraines, Et jufqu'à la conquête, ils nous traitent de Reines; Mais, après l'hymenée, ils font Rois à leur tour.

(Corneille.) Combat entre le refpect & l'amour qu'inspire une

Maitreffe.

Secrets tyrans de ma pensée,

Refpect, amour, de qui les loix,
D'un jufte & fâcheux contrepoids,
La tiennent toujours balancée;
Que vos mouvemens oppofés
Vos traits, l'un par l'autre brifés,
Sont puiffans à s'entredétruire!

Que l'un m'offre d'efpoir, que l'autre a de rigueur !

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