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LA RÉPUBLIQUE DES OISEAUX

APOLOGUE,

PAR M. J.-A. DE LÉRUE.

Un grand nombre d'oiseaux légers
- Légers de jugement non moins que de plumage
Se querellaient dans les vergers;

Et leur assourdissant ramage,
Allant au-delà de raison,

Par les clameurs de son diapason
Jetait l'alarme au voisinage.

Quel danger mettait à ce point,
Parmi la nation aîlée,

Le trouble dans notre vallée

Où, d'ordinaire, on n'entend point

Tant de tapage?
Avait-on vu, sous le nuage,

Le Vautour au bec acéré

Plânant et guettant au passage

Quelque vagabond égaré

Par les ardeurs de son jeune âge?

Non. Le Ciel était pur; un zéphir bienfaisant
Rafraîchissait l'onde et la terre;

Les fleurs, en s'épanouissant,
Parfumaient l'atmosphère;

Et les nids, à l'abri du vent,

N'avaient à craindre, en ce moment,

Ni le Vautour ni le tonnerre.

Il s'agissait

le croira-t-on ?

D'une question politique.

Chez nous l'épée ou le canon,

Selon les us anciens et l'humaine pratique,

Auraient aisément eu raison

Des fauteurs de la République.

Mais autre chose est l'homme, autre chose l'oison;
Parmi la bruyante pécore

Qui nous préoccupe en ce jour,

D'aucuns voulaient un Roi.... qu'ils attendaient encore; Les uns le voulaient blanc, sans phrase ni détour, D'autres le voulaient tricolore.

Quant aux pillards, aux mange-tout,

Que tout frein contrarie et qu'en vain l'Ordre implore, Ils n'en admettaient pas du tout.

Le désaccord grandit, le bruit devînt tempête;
Injures, coups de bec, cris à rompre la tête
Otèrent bientôt à nos gens

Ce qui dans tous les temps fût l'esprit de la bête:
Le Bon sens.

Cependant un Chasseur survînt dans la mêlée;
Et, sans souci des bleus, des rouges et des blancs,
Il en fit une fricassée.

L'exemple de ces fous s'adresse au genre humain :
Un Peuple divisé n'a pas de lendemain.

UNE CONVERSATION D'AMIS

PAR M. DECORDE.

Par un beau soir d'été j'étais à ma fenêtre :
Après un jour entier de pénible labeur

Je savourais avec bonheur

Le calme et la fraicheur que la nuit faisait naître.
J'aperçois tout à coup au fond de son jardin,
Un peu dissimulé sous un frêle jasmin,

Mon voisin, qu'un ami de collége accompagne,
Respirant, comme moi, l'air pur de la campagne.
Ils fumaient aujourd'hui c'est l'usage adopté.
Du tabac autour d'eux la vapeur enivrante
En légers tourbillons s'élevait odorante.
Tout en eux révélait la paix et la gaieté;
Des rires et des voix l'éclat franc et sonore
Montait, puis s'apaisait, puis renaissait encore,
Et témoin attentif de cet heureux loisir,
J'éprouvais à les voir un sensible plaisir.
Mais je ne sais pourquoi soudain la scène change;
La conversation prend un aspect étrange.
Je les vois s'agiter; des mots précipités
En violents éclats partent des deux côtés.
Les poings frappent la table; un sourire ironique,
A défaut d'arguments, vient servir de réplique.

Du geste et du regard ardents à s'attaquer,
Leurs yeux étincelants semblent se provoquer.
L'un d'eux se lève enfin et comblant la mesure,
Il traverse, en grondant, le jardin à grands pas ;
Puis, lançant, comme un trait, une dernière injure;
Il sort, fermant sur lui la porte avec fracas.
Qu'ont-ils donc, ai-je dit? quelle mouche les pique?
Pourquoi chez deux amis ces débats irritants?
J'appris, le lendemain, par un de leurs parents
Qu'ils avaient parlé politique.

PRIX

PROPOSÉS

POUR LES ANNÉES 1879, 1880, 1881 ET 1882.

1879.

LEGS GOSSIER.

L'Académie décernera un prix de 700 fr. à l'auteur du meilleur Recueil critique des Inscriptions antérieures au XVIe siècle, existantes encore aujourd'hui dans le département de la Seine-Inférieure.

LEGS BOUCTOT.

L'Académie décernera un prix de 500 fr. à l'une des Œuvres qui ont figuré à l'Exposition municipale de Peinture de 1878 et dont l'auteur est né ou domicilié en Normandie.

Ce prix sera distribué dans la Séance publique de 1879.

1880.

LEGS BOUCTOT.

L'Académie décernera un prix de 500 fr. à l'auteur de la meilleure Etude sur la Météorologie de la Seine-Infé

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